[5,2,30] ἐλθὼν δὲ εἶπε τάδε·
Ὅτι μέν, ὦ ἄνδρες, Λακεδαιμόνιοι κατέχουσι τὴν ἀκρόπολιν,
μηδὲν ἀθυμεῖτε· οὐδενὶ γάρ φασι πολέμιοι ἥκειν,
ὅστις μὴ πολέμου ἐρᾷ· ἐγὼ δὲ τοῦ νόμου κελεύοντος ἐξεῖναι
πολεμάρχῳ λαβεῖν, εἴ τις δοκεῖ ἄξια θανάτου ποιεῖν,
λαμβάνω τουτονὶ Ἰσμηνίαν, ὡς πολεμοποιοῦντα. καὶ ὑμεῖς
δὲ οἱ λοχαγοί τε καὶ οἱ μετὰ τούτων τεταγμένοι, ἀνίστασθε,
καὶ λαβόντες ἀπαγάγετε τοῦτον ἔνθα εἴρηται. οἱ
μὲν δὴ εἰδότες τὸ πρᾶγμα παρῆσάν τε καὶ ἐπείθοντο καὶ
συνελάμβανον· τῶν δὲ μὴ εἰδότων, ἐναντίων δὲ ὄντων τοῖς
περὶ Λεοντιάδην, οἱ μὲν ἔφευγον εὐθὺς ἔξω τῆς πόλεως,
δείσαντες μὴ ἀποθάνοιεν· οἱ δὲ καὶ οἴκαδε πρῶτον ἀπεχώρησαν·
ἐπεὶ δὲ εἰργμένον τὸν Ἰσμηνίαν ᾔσθοντο {οἱ}
ἐν τῇ Καδμείᾳ, τότε δὴ ἀπεχώρησαν εἰς τὰς Ἀθήνας
οἱ ταὐτὰ γιγνώσκοντες Ἀνδροκλείδᾳ τε καὶ Ἰσμηνίᾳ μάλιστα
τριακόσιοι. ὡς δὲ ταῦτ´ ἐπέπρακτο, πολέμαρχον
μὲν ἀντὶ Ἰσμηνίου ἄλλον εἵλοντο, ὁ δὲ Λεοντιάδης εὐθὺς
εἰς Λακεδαίμονα ἐπορεύετο. ηὗρε δ´ ἐκεῖ τοὺς μὲν ἐφόρους
καὶ τῆς πόλεως τὸ πλῆθος χαλεπῶς ἔχοντας τῷ Φοιβίδᾳ,
ὅτι οὐ προσταχθέντα ὑπὸ τῆς πόλεως ταῦτα ἐπεπράχει· ὁ
μέντοι Ἀγησίλαος ἔλεγεν ὅτι εἰ μὲν βλαβερὰ τῇ Λακεδαίμονι
πεπραχὼς εἴη, δίκαιος εἴη ζημιοῦσθαι, εἰ δὲ ἀγαθά,
ἀρχαῖον εἶναι νόμιμον ἐξεῖναι τὰ τοιαῦτα αὐτοσχεδιάζειν.
αὐτὸ οὖν τοῦτ´, ἔφη, προσήκει σκοπεῖν, πότερον ἀγαθὰ ἢ
κακά ἐστι τὰ πεπραγμένα. ἔπειτα μέντοι ὁ Λεοντιάδης
ἐλθὼν εἰς τοὺς ἐκκλήτους ἔλεγε τοιάδε· Ἄνδρες Λακεδαιμόνιοι,
ὡς μὲν πολεμικῶς εἶχον ὑμῖν οἱ Θηβαῖοι, πρὶν τὰ
νῦν πεπραγμένα γενέσθαι, καὶ ὑμεῖς ἐλέγετε· ἑωρᾶτε γὰρ
ἀεὶ τούτους τοῖς μὲν ὑμετέροις δυσμενέσι φιλικῶς ἔχοντας,
τοῖς δ´ ὑμετέροις φίλοις ἐχθροὺς ὄντας. οὐκ ἐπὶ μὲν τὸν
ἐν Πειραιεῖ δῆμον, πολεμιώτατον ὄντα ὑμῖν, οὐκ ἠθέλησαν
συστρατεύειν, Φωκεῦσι δέ, ὅτι ὑμᾶς εὐμενεῖς ὄντας ἑώρων,
ἐπεστράτευον; ἀλλὰ μὴν καὶ πρὸς Ὀλυνθίους εἰδότες ὑμᾶς
πόλεμον ἐκφέροντας συμμαχίαν ἐποιοῦντο, καὶ ὑμεῖς γε τότε
μὲν ἀεὶ προσείχετε τὸν νοῦν πότε ἀκούσεσθε βιαζομένους
αὐτοὺς τὴν Βοιωτίαν ὑφ´ αὑτοῖς εἶναι· νῦν δ´ ἐπεὶ τάδε
πέπρακται, οὐδὲν ὑμᾶς δεῖ Θηβαίους φοβεῖσθαι· ἀλλ´ ἀρκέσει
ὑμῖν μικρὰ σκυτάλη ὥστ´ ἐκεῖθεν πάντα ὑπηρετεῖσθαι
ὅσων ἂν δέησθε, ἐὰν ὥσπερ ἡμεῖς ὑμῶν, οὕτω καὶ ὑμεῖς
ἡμῶν ἐπιμελῆσθε. ἀκούουσι ταῦτα τοῖς Λακεδαιμονίοις
ἔδοξε τήν τε ἀκρόπολιν ὥσπερ κατείληπτο φυλάττειν καὶ
Ἰσμηνίᾳ κρίσιν ποιῆσαι. ἐκ δὲ τούτου πέμπουσι δικαστὰς
Λακεδαιμονίων μὲν τρεῖς, ἀπὸ δὲ τῶν συμμαχίδων ἕνα ἀφ´
ἑκάστης καὶ μικρᾶς καὶ μεγάλης πόλεως. ἐπεὶ δὲ συνεκαθίζετο
τὸ δικαστήριον, τότε δὴ κατηγορεῖτο τοῦ Ἰσμηνίου καὶ
ὡς βαρβαρίζοι καὶ ὡς ξένος τῷ Πέρσῃ ἐπ´ οὐδενὶ ἀγαθῷ
τῆς Ἑλλάδος γεγενημένος εἴη καὶ ὡς τῶν παρὰ βασιλέως
χρημάτων μετειληφὼς εἴη καὶ ὅτι τῆς ἐν τῇ Ἑλλάδι ταραχῆς
πάσης ἐκεῖνός τε καὶ Ἀνδροκλείδας αἰτιώτατοι εἶεν. ὁ δὲ
ἀπελογεῖτο μὲν πρὸς πάντα ταῦτα, οὐ μέντοι ἔπειθέ γε τὸ
μὴ οὐ μεγαλοπράγμων τε καὶ κακοπράγμων εἶναι. καὶ
ἐκεῖνος μὲν κατεψηφίσθη καὶ ἀποθνῄσκει· οἱ δὲ περὶ Λεοντιάδην
εἶχόν τε τὴν πόλιν καὶ τοῖς Λακεδαιμονίοις ἔτι
πλείω ὑπηρέτουν ἢ προσετάττετο αὐτοῖς. τούτων δὴ πεπραγμένων
οἱ Λακεδαιμόνιοι πολὺ προθυμότερον τὴν εἰς τὴν
Ὄλυνθον στρατιὰν συναπέστελλον. καὶ ἐκπέμπουσι Τελευτίαν
μὲν ἁρμοστήν, τὴν δ´ εἰς τοὺς μυρίους σύνταξιν αὐτοί
τε ἅπαντας συνεξέπεμπον, καὶ εἰς τὰς συμμαχίδας πόλεις
σκυτάλας διέπεμπον, κελεύοντες ἀκολουθεῖν Τελευτίᾳ κατὰ
τὸ δόγμα τῶν συμμάχων. καὶ οἵ τε ἄλλοι προθύμως τῷ
Τελευτίᾳ ὑπηρέτουν, καὶ γὰρ οὐκ ἀχάριστος ἐδόκει εἶναι
τοῖς ὑπουργοῦσί τι, καὶ ἡ τῶν Θηβαίων δὲ πόλις, ἅτε καὶ
Ἀγησιλάου ὄντος αὐτῷ ἀδελφοῦ, προθύμως συνέπεμψε καὶ
ὁπλίτας καὶ ἱππέας. ὁ δὲ σπεύδων μὲν οὐ μάλα ἐπορεύετο,
ἐπιμελόμενος δὲ τοῦ τε μὴ ἀδικῶν τοὺς φίλους πορεύεσθαι
καὶ τοῦ ὡς πλείστην δύναμιν ἁθροίζειν. προέπεμπε δὲ καὶ
πρὸς Ἀμύνταν, καὶ ἠξίου αὐτὸν καὶ ξένους μισθοῦσθαι καὶ
τοῖς πλησίον βασιλεῦσι χρήματα διδόναι, ὡς συμμάχους
εἶναι, εἴπερ βούλοιτο τὴν ἀρχὴν ἀναλαβεῖν. ἔπεμπε δὲ καὶ
πρὸς Δέρδαν τὸν Ἐλιμίας ἄρχοντα, διδάσκων ὅτι οἱ Ὀλύνθιοι
κατεστραμμένοι τὴν μείζω δύναμιν Μακεδονίας εἶεν, καὶ
οὐκ ἀνήσουσι τὴν ἐλάττω, εἰ μή τις αὐτοὺς παύσει τῆς
ὕβρεως. ταῦτα δὲ ποιῶν, μάλα πολλὴν ἔχων στρατιὰν
ἀφίκετο εἰς τὴν ἑαυτῶν συμμαχίδα. ἐπεὶ δ´ ἦλθεν εἰς τὴν
Ποτείδαιαν, ἐκεῖθεν συνταξάμενος ἐπορεύετο εἰς τὴν πολεμίαν.
καὶ πρὸς μὲν τὴν πόλιν ἰὼν οὔτ´ ἔκαεν οὔτ´ ἔκοπτε, νομίζων,
εἴ τι ποιήσειε τούτων, ἐμποδὼν ἂν αὐτῷ πάντα γίγνεσθαι
καὶ προσιόντι καὶ ἀπιόντι· ὁπότε δὲ ἀναχωροίη ἀπὸ τῆς πόλεως,
τότε ὀρθῶς ἔχειν κόπτοντα τὰ δένδρα ἐμποδὼν καταβάλλειν,
εἴ τις ὄπισθεν ἐπίοι.
| [5,2,30] Aussitôt entré, il dit : « Les Lacédémoniens, citoyens,
occupent l'acropole, mais n'en soyez pas effrayés; car ils
protestent qu'ils ne sont pas venus en ennemis et ne feront
aucun mal à quiconque ne désire pas la guerre. Pour moi,
en vertu de la loi qui permet au polémarque d'arrêter ceux
dont la conduite paraît mériter la mort, j'arrête Ismènias ici
présent, comme fauteur de guerre. Vous donc, lochages et
vous qui êtes rangés sous leurs ordres, levez-vous,
saisissez-le et emmenez-le où l'on vous a dit. » 31. Ces
gens, qui avaient reçu des instructions, obéirent et
s'emparèrent d'Ismènias. Parmi ceux qui ne savaient rien
et qui étaient opposés au parti de Léontiadès, les uns
s'enfuirent immédiatement de la ville dans la crainte d'être
mis à mort, les autres se retirèrent d'abord chez eux; mais
quand ils apprirent qu'Ismènias était enfermé dans la
Cadmée, alors ceux du parti d'Androcleidas et d'Ismènias
se réfugièrent à Athènes, au nombre d'environ trois cents.
32. Cela fait, on choisit un nouveau polémarque à la place
d'Ismènias, et Léontiadès prit aussitôt le chemin de
Lacédémone. Il y trouva les éphores et le peuple de la ville
irrités contre Phoibidas, parce qu'il avait fait ce coup de
force sans l'ordre de l'État. Cependant Agésilas dit
que, s'il avait fait quelque chose de nuisible à Lacédémone,
il méritait d'être puni, mais que, s'il avait fait quelque chose
qui servît l'intérêt de la patrie, il était permis, suivant un
ancien usage, de prendre de telles initiatives. « Voici donc
ce qu'il faut examiner, ajouta-t-il, c'est à savoir si ce qu'il a
fait est bon ou mauvais pour la cité. » 33. Alors Léontiadès
se présenta dans l'assemblée et tint ce discours : « Les
Thébains, citoyens de Lacédémone, vous étaient hostiles
avant les derniers événements, vous le disiez vous-mêmes;
car vous les voyiez toujours amis de vos adversaires et
ennemis de vos amis. N'ont-ils pas en effet refusé de
marcher avec vous contre le peuple du Pirée, le plus
acharné de vos ennemis ? N'ont-ils pas marché contre les
Phocidiens, parce qu'ils les voyaient bien disposés pour
vous ? 34. Naguère encore ils faisaient alliance avec les
Olynthiens, parce qu'ils savaient que vous leur portiez la
guerre. Et vous-mêmes, vous vous attendiez toujours à
apprendre qu'ils soumettaient de force la Béotie à leur
domination. Mais maintenant, après ce qui s'est passé,
vous n'avez plus rien à craindre des Thébains. Il vous
suffira d'une petite scytale pour vous assurer de là-bas tous
les services que vous réclamerez, si vous voulez bien vous
intéresser à nous comme nous nous intéressons à vous. »
35. Après avoir entendu ce discours, les Lacédémoniens
décidèrent de garder la citadelle, puisqu'elle était prise, et
de mettre Ismènias en jugement. En conséquence, ils
envoyèrent trois juges de Lacédémone et un de chacune
des villes alliées, petites ou grandes. Quand le tribunal prit
séance, Ismènias fut accusé d'être du parti des barbares,
d'être devenu l'hôte du roi de Perse pour le plus grand
dommage de la Grèce, d'avoir participé aux largesses du roi
et d'avoir été avec Androcleidas le principal instigateur de
tous les troubles de la Grèce. 36. Il se défendit sur tous ces
points, mais il ne put persuader ses juges qu'il n'avait pas
été un ambitieux mal-faisant. Il fut condamné à mort et
exécuté. Le parti de Léontiadès fut maître de la ville et
servit les intérêts des Lacédémoniens au-delà même de
leurs exigences. 37. Ces affaires terminées, les
Lacédémoniens n'en eurent que plus d'ardeur à pousser
l'expédition contre Olynthe. Ils envoyèrent Téleutias
comme harmoste, et non seulement ils firent partir avec lui
tous les hommes qu'ils devaient fournir sur les dix mille,
mais encore ils envoyèrent des scytales aux villes alliées
pour leur enjoindre de suivre Téleutias conformément à la
décision des alliés. On se mit volontiers au service de
Téleutias, car il avait la réputation de n'être pas ingrat
envers ceux qui le servaient, mais la ville de Thèbes en
particulier, sachant qu'il était frère d'Agésilas, mit beaucoup
de zèle à lui envoyer des hoplites et des cavaliers. 38.
Quant à lui, il s'avançait sans hâte, soucieux qu'il était de
ne pas léser ses amis dans sa marche et de rassembler le
plus de forces possible. Il envoya d'avance des députés à
Amyntas, pour l'engager, s'il voulait recouvrer son
royaume, à lever des mercenaires et à donner de l'argent
aux rois voisins, afin de s'en faire des alliés. Il en envoya
aussi à Derdas, souverain de l'Élimia, pour lui
représenter que les Olynthiens, ayant déjà subjugué la plus
grande puissance de la Macédoine, ne laisseraient pas en
paix la plus petite, si l'on ne mettait pas un terme à leurs
arrogantes prétentions. 39. Grâce à ces démarches, il
arriva dans le pays des alliés de Sparte à la tête d'une
armée très nombreuse. Parvenu à Potidée, il pénétra de là
en ordre de bataille sur le territoire ennemi. En marchant
sur la ville, il ne brûla ni ne coupa rien. Il pensait que, s'il le
faisait, il se créerait autant d'obstacles pour sa marche et
pour sa retraite, et que, c'est quand il s'éloignerait de la
ville, qu'il serait à propos de couper les arbres pour barrer
la route à ceux qui le suivraient.
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