[5,2,10] τοιαῦτα μὲν δὴ φοβηθέντες, ἐψηφίσαντο καταδέχεσθαι τοὺς φυγάδας,
καὶ ἐκείνοις μὲν ἀποδοῦναι τὰ ἐμφανῆ κτήματα, τοὺς δὲ τὰ ἐκείνων
πριαμένους ἐκ δημοσίου τὴν τιμὴν ἀπολαβεῖν· εἰ δέ τι
ἀμφίλογον πρὸς ἀλλήλους γίγνοιτο, δίκῃ διακριθῆναι. καὶ
ταῦτα μὲν αὖ περὶ τῶν Φλειασίων φυγάδων ἐν ἐκείνῳ τῷ
χρόνῳ ἐπέπρακτο.
Ἐξ Ἀκάνθου δὲ καὶ Ἀπολλωνίας, αἵπερ μέγισται τῶν
περὶ Ὄλυνθον πόλεων, πρέσβεις ἀφίκοντο εἰς Λακεδαίμονα.
ἀκούσαντες δ´ οἱ ἔφοροι ὧν ἕνεκα ἧκον, προσήγαγον αὐτοὺς
πρός τε τὴν ἐκκλησίαν καὶ τοὺς συμμάχους. ἔνθα δὴ
Κλειγένης Ἀκάνθιος ἔλεξεν· Ὦ ἄνδρες Λακεδαιμόνιοί τε
καὶ σύμμαχοι, οἰόμεθα λανθάνειν ὑμᾶς πρᾶγμα μέγα φυόμενον
ἐν τῇ Ἑλλάδι. ὅτι μὲν γὰρ τῶν ἐπὶ Θρᾴκης μεγίστη
πόλις Ὄλυνθος σχεδὸν πάντες ἐπίστασθε. οὗτοι τῶν
πόλεων προσηγάγοντο ἐφ´ ᾧτε νόμοις τοῖς αὐτοῖς χρῆσθαι
καὶ συμπολιτεύειν, ἔπειτα δὲ καὶ τῶν μειζόνων προσέλαβόν
τινας. ἐκ δὲ τούτου ἐπεχείρησαν καὶ τὰς τῆς Μακεδονίας
πόλεις ἐλευθεροῦν ἀπὸ Ἀμύντου τοῦ Μακεδόνων βασιλέως.
ἐπεὶ δὲ εἰσήκουσαν αἱ ἐγγύτατα αὐτῶν, ταχὺ καὶ ἐπὶ τὰς
πόρρω καὶ μείζους ἐπορεύοντο· καὶ κατελίπομεν ἡμεῖς ἔχοντας
ἤδη ἄλλας τε πολλὰς καὶ Πέλλαν, ἥπερ μεγίστη τῶν
ἐν Μακεδονίᾳ πόλεων· καὶ Ἀμύνταν δὲ ᾐσθανόμεθα ἀποχωροῦντά
τε ἐκ τῶν πόλεων καὶ ὅσον οὐκ ἐκπεπτωκότα ἤδη
ἐκ πάσης Μακεδονίας. πέμψαντες δὲ καὶ πρὸς ἡμᾶς καὶ
πρὸς Ἀπολλωνιάτας οἱ Ὀλύνθιοι προεῖπον ἡμῖν ὅτι εἰ μὴ
παρεσόμεθα συστρατευσόμενοι, ἐκεῖνοι ἐφ´ ἡμᾶς ἴοιεν. ἡμεῖς
δέ, ὦ ἄνδρες Λακεδαιμόνιοι, βουλόμεθα μὲν τοῖς πατρίοις
νόμοις χρῆσθαι καὶ αὐτοπολῖται εἶναι· εἰ μέντοι μὴ βοηθήσει
τις, ἀνάγκη καὶ ἡμῖν μετ´ ἐκείνων γίγνεσθαι. καίτοι
νῦν γ´ ἤδη αὐτοῖς εἰσὶν ὁπλῖται μὲν οὐκ ἐλάττους ὀκτακοσίων,
πελτασταὶ δὲ πολὺ πλείους ἢ τοσοῦτοι· ἱππεῖς γε
μέντοι, ἐὰν καὶ ἡμεῖς μετ´ αὐτῶν γενώμεθα, ἔσονται πλείους
ἢ χίλιοι. κατελίπομεν δὲ καὶ Ἀθηναίων καὶ Βοιωτῶν
πρέσβεις ἤδη αὐτόθι. ἠκούομεν δὲ ὡς καὶ αὐτοῖς Ὀλυνθίοις
ἐψηφισμένον εἴη συμπέμπειν πρέσβεις εἰς ταύτας τὰς
πόλεις περὶ συμμαχίας. καίτοι εἰ τοσαύτη δύναμις προσγενήσεται
τῇ τε Ἀθηναίων καὶ Θηβαίων ἰσχύι, ὁρᾶτε, ἔφη,
ὅπως μὴ οὐκέτι εὐμεταχείριστα ἔσται ἐκεῖνα ὑμῖν. ἐπεὶ δὲ
καὶ Ποτείδαιαν ἔχουσιν ἐπὶ τῷ ἰσθμῷ τῆς Παλλήνης οὖσαν,
νομίζετε καὶ τὰς ἐντὸς ταύτης πόλεις ὑπηκόους ἔσεσθαι
αὐτῶν. τεκμήριον δ´ ἔτι ἔστω ὑμῖν καὶ τοῦτο ὅτι ἰσχυρῶς
αὗται αἱ πόλεις πεφόβηνται· μάλιστα γὰρ μισοῦσαι τοὺς
Ὀλυνθίους ὅμως οὐκ ἐτόλμησαν μεθ´ ἡμῶν πρεσβείας πέμπειν
διδαξούσας ταῦτα. ἐννοήσατε δὲ καὶ τόδε, πῶς εἰκὸς
ὑμᾶς τῆς μὲν Βοιωτίας ἐπιμεληθῆναι ὅπως μὴ καθ´ ἓν εἴη,
πολὺ δὲ μείζονος ἁθροιζομένης δυνάμεως ἀμελῆσαι, καὶ
ταύτης οὐ κατὰ γῆν μόνον, ἀλλὰ καὶ κατὰ θάλατταν ἰσχυρᾶς
γιγνομένης. τί γὰρ δὴ καὶ ἐμποδών, ὅπου ξύλα μὲν ναυπηγήσιμα
ἐν αὐτῇ τῇ χώρᾳ ἐστί, χρημάτων δὲ πρόσοδοι ἐκ
πολλῶν μὲν λιμένων, ἐκ πολλῶν δ´ ἐμπορίων, πολυανθρωπία
γε μὴν διὰ τὴν πολυσιτίαν ὑπάρχει; ἀλλὰ μὴν καὶ γείτονές
γ´ εἰσὶν αὐτοῖς Θρᾷκες οἱ ἀβασίλευτοι, οἳ θεραπεύουσι μὲν
καὶ νῦν ἤδη τοὺς Ὀλυνθίους· εἰ δὲ ὑπ´ ἐκείνοις ἔσονται,
πολλὴ καὶ αὕτη δύναμις προσγένοιτ´ ἂν αὐτοῖς. τούτων γε
μὴν ἀκολουθούντων καὶ τὰ ἐν τῷ Παγγαίῳ χρύσεια χεῖρα
ἂν αὐτοῖς ἤδη ὀρέγοι. καὶ τούτων ἡμεῖς οὐδὲν λέγομεν ὅ τι
οὐ καὶ ἐν τῷ τῶν Ὀλυνθίων δήμῳ μυριόλεκτόν ἐστι. τό γε
μὴν φρόνημα αὐτῶν τί ἄν τις λέγοι; καὶ γὰρ ὁ θεὸς ἴσως
ἐποίησεν ἅμα τῷ δύνασθαι καὶ τὰ φρονήματα αὔξεσθαι τῶν
ἀνθρώπων. ἡμεῖς μὲν οὖν, ὦ ἄνδρες Λακεδαιμόνιοί τε καὶ
σύμμαχοι, ἐξαγγέλλομεν ὅτι οὕτω τἀκεῖ ἔχει· ὑμεῖς δὲ
βουλεύεσθε, εἰ δοκεῖ ἄξια ἐπιμελείας εἶναι. δεῖ γε μὴν
ὑμᾶς καὶ τόδε εἰδέναι, ὡς ἣν εἰρήκαμεν δύναμιν μεγάλην
οὖσαν, οὔπω δυσπάλαιστός ἐστιν. αἱ γὰρ ἄκουσαι τῶν
πόλεων τῆς πολιτείας κοινωνοῦσαι, αὗται, ἄν τι ἴδωσιν
ἀντίπαλον, ταχὺ ἀποστήσονται· εἰ μέντοι συγκλεισθήσονται
ταῖς τε ἐπιγαμίαις καὶ ἐγκτήσεσι παρ´ ἀλλήλοις, ἃς ἐψηφισμένοι
εἰσί, καὶ γνώσονται ὅτι μετὰ τῶν κρατούντων
ἕπεσθαι κερδαλέον ἐστίν, ὥσπερ Ἀρκάδες, ὅταν μεθ´ ὑμῶν
ἴωσι, τά τε αὑτῶν σῴζουσι καὶ τὰ ἀλλότρια ἁρπάζουσιν,
ἴσως οὐκέθ´ ὁμοίως εὔλυτα ἔσται.
| [5,2,10] Sous l'effet de ces craintes, ils décrétèrent de
recevoir les exilés, de leur rendre leurs biens reconnus et
de dédommager aux frais du trésor public ceux qui les
avaient achetés; et, s'il s'élevait entre eux quelque
contestation, d'en remettre la décision à la justice. Ainsi fut
réglé l'incident que provoquèrent en ce temps-là les bannis
de Phliunte. 11. Des députés d'Acanthos et
d'Apollonia, les plus grandes villes des environs d'Olynthe,
arrivèrent alors à Lacédémone. Après avoir entendu
les motifs de leur venue, les éphores les introduisirent dans
l'assemblée et devant les alliés. 12. Là, Cleigénès
d'Acanthos prit la parole et dit : « Lacédémoniens et alliés,
nous croyons que vous ignorez qu'une grande puissance est
en train de se développer en Grèce. Vous savez à peu près
tous que, des villes de Thrace, Olynthe est la plus grande.
Or les Olynthiens ont annexé des villes en leur imposant
leurs lois et leur constitution, puis ils ont mis aussi la main
sur les plus grandes. Ensuite ils ont essayé d'affranchir
aussi les villes de Macédoine de la domination d'Amyntas,
roi des Macédoniens. 13. Après avoir gagné les villes les
plus proches, ils n'ont pas tardé à se tourner vers les villes
lointaines et les plus considérables. Quand nous avons
quitté le pays, ils étaient déjà en possession d'un grand
nombre de places, en particulier de Pella, la plus grande
ville de Macédoine, et nous savions qu'Amyntas avait
évacué ses villes et qu'il avait été chassé de presque toute
la Macédoine. Enfin les Olynthiens nous ont fait savoir, à
nous et aux Apolloniates, que, si nous ne venions pas servir
dans leur armée, ils marcheraient contre nous. 14. Mais,
nous, Lacédémoniens, nous voulons conserver les lois de
nos pères et notre gouvernement national. Cependant, si
l'on ne vient pas à notre aide, nous serons forcés, nous
aussi, de nous joindre à eux. À présent ils disposent déjà
d'au moins huit cents hoplites et d'un plus grand
nombre de peltastes. Quant à la cavalerie, si nous nous
mettons avec eux, ils seront plus de mille. 15. Nous avons
aussi laissé là-bas des députés athéniens et béotiens, et
nous avons ouï dire que les Olynthiens, de leur côté,
avaient décrété d'envoyer des députés à ces États pour
négocier une alliance. Or si une pareille force se joint à
celles des Athéniens et des Thébains, prenez garde,
poursuivit-il, que vous n'ayez bien de la peine à maîtriser la
situation. Comme ils possèdent aussi Potidée sur l'isthme
de Pallènè, vous pouvez croire que les villes qui sont à
l'intérieur de l'isthme leur seront bientôt soumises. Voici
encore une preuve de la terreur profonde qu'ils inspirent à
ces villes, c'est que, malgré la haine extrême qu'elles ont
contre les Olynthiens, elles n'ont pas osé envoyer des
députés avec nous pour vous informer de ces faits. 16.
Réfléchissez encore à ceci : est-il conséquent, après avoir
veillé à ce que la Béotie ne soit pas unifiée en un seul État,
de laisser se concentrer une puissance bien plus grande,
quand elle accroît sa force non seulement sur terre, mais
encore sur mer ? Qui pourrait en effet l'en empêcher, dans
un pays qui possède des bois de construction, qui tire des
revenus de nombreux ports et de nombreux marchés, où
l'abondance des vivres favorise l'accroissement de la
population ? 17. En outre, ils ont pour voisins des Thraces
qui ne sont soumis à aucun roi et qui, même à présent, leur
font déjà la cour. S'ils tombent sous leur domination, ce
sera encore pour les Olynthiens un accroissement de
puissance, et les Thraces une fois dans leur sillage, les
mines d'or du Pangée aussi leur tendront les bras. Et en
disant cela, nous ne disons rien qui n'ait été répété mille
fois dans le peuple d'Olynthe. 18. Que dire maintenant de
leur orgueil ? La divinité en effet a sans doute voulu que
l'orgueil des hommes s'enfle avec leur puissance. Nous
venons donc, Lacédémoniens et alliés, vous annoncer que
telle est la situation là-bas. A vous de délibérer si elle vous
semble digne d'attention. Il faut pourtant que vous sachiez
encore une chose, c'est que cette puissance dont nous vous
avons montré la grandeur n'est pas encore invincible; car
les villes qui sont malgré elles associées à leur État, dès
qu'elles verront une puissance adverse, les abandonneront
vite. 19. Mais si elles s'unissent étroitement à eux par des
mariages et le droit de posséder les uns chez les autres, ce
qui est déjà voté, et qu'elles reconnaissent qu'il y a profit à
suivre les plus forts, comme le font les Arcadiens, qui,
lorsqu'ils vont avec vous, préservent leurs biens et pillent
ceux des autres, peut-être alors cette confédération sera
plus difficile à rompre. »
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