[5,1,30] ὥστ´ ἐπεὶ παρήγγειλεν ὁ Τιρίβαζος παρεῖναι
τοὺς βουλομένους ὑπακοῦσαι ἣν βασιλεὺς εἰρήνην καταπέμποι,
ταχέως πάντες παρεγένοντο. ἐπεὶ δὲ συνῆλθον,
ἐπιδείξας ὁ Τιρίβαζος τὰ βασιλέως σημεῖα ἀνεγίγνωσκε τὰ
γεγραμμένα. εἶχε δὲ ὧδε.
Ἀρταξέρξης βασιλεὺς νομίζει δίκαιον τὰς μὲν ἐν τῇ
Ἀσίᾳ πόλεις ἑαυτοῦ εἶναι καὶ τῶν νήσων Κλαζομενὰς καὶ
Κύπρον, τὰς δὲ ἄλλας Ἑλληνίδας πόλεις καὶ μικρὰς καὶ
μεγάλας αὐτονόμους ἀφεῖναι πλὴν Λήμνου καὶ Ἴμβρου
καὶ Σκύρου· ταύτας δὲ ὥσπερ τὸ ἀρχαῖον εἶναι Ἀθηναίων.
ὁπότεροι δὲ ταύτην τὴν εἰρήνην μὴ δέχονται, τούτοις ἐγὼ
πολεμήσω μετὰ τῶν ταῦτα βουλομένων καὶ πεζῇ καὶ κατὰ
θάλατταν καὶ ναυσὶ καὶ χρήμασιν.
Ἀκούοντες οὖν ταῦτα οἱ ἀπὸ τῶν πόλεων πρέσβεις ἀπήγγελλον
ἐπὶ τὰς ἑαυτῶν ἕκαστοι πόλεις. καὶ οἱ μὲν ἄλλοι
ἅπαντες ὤμνυσαν ἐμπεδώσειν ταῦτα, οἱ δὲ Θηβαῖοι ἠξίουν
ὑπὲρ πάντων Βοιωτῶν ὀμνύναι. ὁ δὲ Ἀγησίλαος οὐκ ἔφη
δέξασθαι τοὺς ὅρκους, ἐὰν μὴ ὀμνύωσιν, ὥσπερ τὰ βασιλέως
γράμματα ἔλεγεν, αὐτονόμους εἶναι καὶ μικρὰν καὶ μεγάλην
πόλιν. οἱ δὲ τῶν Θηβαίων πρέσβεις ἔλεγον ὅτι οὐκ
ἐπεσταλμένα σφίσι ταῦτ´ εἴη. Ἴτε νυν, ἔφη ὁ Ἀγησίλαος,
καὶ ἐρωτᾶτε· ἀπαγγέλλετε δ´ αὐτοῖς καὶ ταῦτα, ὅτι εἰ μὴ
ποιήσουσι ταῦτα, ἔκσπονδοι ἔσονται. οἱ μὲν δὴ ᾤχοντο.
ὁ δ´ Ἀγησίλαος διὰ τὴν πρὸς Θηβαίους ἔχθραν οὐκ ἔμελλεν,
ἀλλὰ πείσας τοὺς ἐφόρους εὐθὺς ἐθύετο. ἐπειδὴ δὲ
ἐγένετο τὰ διαβατήρια, ἀφικόμενος εἰς τὴν Τεγέαν διέπεμπε
τῶν μὲν ἱππέων κατὰ τοὺς περιοίκους ἐπισπεύσοντας, διέπεμπε
δὲ καὶ ξεναγοὺς εἰς τὰς πόλεις. πρὶν δὲ αὐτὸν
ὁρμηθῆναι ἐκ Τεγέας, παρῆσαν οἱ Θηβαῖοι λέγοντες ὅτι
ἀφιᾶσι τὰς πόλεις αὐτονόμους. καὶ οὕτω Λακεδαιμόντιοι
μὲν οἴκαδε ἀπῆλθον, Θηβαῖοι δ´ εἰς τὰς σπονδὰς εἰσελθεῖν
ἠναγκάσθησαν, αὐτονόμους ἀφέντες τὰς Βοιωτίας πόλεις.
οἱ δ´ αὖ Κορίνθιοι οὐκ ἐξέπεμπον τὴν τῶν Ἀργείων φρουράν.
ἀλλ´ ὁ Ἀγησίλαος καὶ τούτοις προεῖπε, τοῖς μέν, εἰ μὴ
ἐκπέμψοιεν τοὺς Ἀργείους, τοῖς δέ, εἰ μὴ ἀπίοιεν ἐκ τῆς
Κορίνθου, ὅτι πόλεμον ἐξοίσει πρὸς αὐτούς. ἐπεὶ δὲ φοβηθέντων
ἀμφοτέρων ἐξῆλθον οἱ Ἀργεῖοι καὶ αὐτὴ ἐφ´ αὑτῆς
ἡ τῶν Κορινθίων πόλις ἐγένετο, οἱ μὲν σφαγεῖς καὶ οἱ
μεταίτιοι τοῦ ἔργου αὐτοὶ γνόντες ἀπῆλθον ἐκ τῆς Κορίνθου·
οἱ δ´ ἄλλοι πολῖται ἑκόντες κατεδέχοντο τοὺς πρόσθεν φεύγοντας.
Ἐπεὶ δὲ ταῦτ´ ἐπράχθη καὶ ὠμωμόκεσαν αἱ πόλεις ἐμμενεῖν
ἐν τῇ εἰρήνῃ ἣν κατέπεμψε βασιλεύς, ἐκ τούτου διελύθη
μὲν τὰ πεζικά, διελύθη δὲ καὶ τὰ ναυτικὰ στρατεύματα.
Λακεδαιμονίοις μὲν δὴ καὶ Ἀθηναίοις καὶ τοῖς συμμάχοις
οὕτω μετὰ τὸν ὕστερον πόλεμον τῆς καθαιρέσεως τῶν
Ἀθήνησι τειχῶν αὕτη πρώτη εἰρήνη ἐγένετο. ἐν δὲ τῷ
πολέμῳ μᾶλλον ἀντιρρόπως τοῖς ἐναντίοις πράττοντες οἱ
Λακεδαιμόνιοι πολὺ ἐπικυδέστεροι ἐγένοντο ἐκ τῆς ἐπ´
Ἀνταλκίδου εἰρήνης καλουμένης. προστάται γὰρ γενόμενοι
τῆς ὑπὸ βασιλέως καταπεμφθείσης εἰρήνης καὶ τὴν αὐτονομίαν
ταῖς πόλεσι πράττοντες, προσέλαβον μὲν σύμμαχον
Κόρινθον, αὐτονόμους δὲ ἀπὸ τῶν Θηβαίων τὰς Βοιωτίδας
πόλεις ἐποίησαν, οὗπερ πάλαι ἐπεθύμουν, ἔπαυσαν δὲ καὶ
Ἀργείους Κόρινθον σφετεριζομένους, φρουρὰν φήναντες ἐπ´
αὐτούς, εἰ μὴ ἐξίοιεν ἐκ Κορίνθου.
| [5,1,30] Aussi, quand Tiribaze invita à se présenter ceux qui voulaient
prêter l'oreille aux conditions de paix envoyées par le roi,
tous les Grecs s'empressèrent de se rendre à son invitation.
Quand ils furent réunis, Tiribaze, leur montrant le cachet du
roi, leur lut sa lettre. En voici la teneur : 31. « Le roi
Artaxerxès pense qu'il est juste que les villes d'Asie soient à
lui, ainsi que Clazomène et Chypre parmi les îles, et qu'on
laisse leur indépendance aux autres villes grecques, petites
et grandes, à l'exception de Lemnos, Imbros et Scyros, qui
seront comme par le passé aux Athéniens. Ceux de l'un ou
l'autre parti qui n'accepteront pas cette paix, je leur ferai la
guerre de concert avec ceux qui l'accepteront, sur terre et
sur mer, avec mes flottes et mon argent. » 32. Ayant
entendu ces conditions, les députés les rapportèrent à leurs
États respectifs. Tous jurèrent de les ratifier; mais les
Thébains prétendant jurer au nom de tous les Béotiens,
Agésilas refusa de recevoir leurs serments, s'ils ne juraient
pas, comme le portait la lettre du roi, que toutes les villes,
petites et grandes, seraient indépendantes. Les députés de
Thèbes déclarèrent que ce n'était pas dans leurs
instructions. « Allez donc, dit Agésilas, et demandez à vos
concitoyens ce qu'ils veulent faire. Annoncez-leur aussi
que, s'ils refusent ces conditions, ils seront exclus du traité. »
33. Les députés partirent. Agésilas, animé par la haine
qu'il portait aux Thébains, ne perdit pas de temps. Il
persuada les éphores et aussitôt il sacrifia pour le départ.
Le sacrifice terminé, il partit pour Tégée, d'où il envoya des
cavaliers chez les périèques pour hâter leur arrivée; il
dépêcha aussi des officiers dans les villes. Mais il
n'était pas encore parti de Tégée que les Thébains
arrivèrent et déclarèrent qu'ils reconnaissaient
l'indépendance des villes. Dans ces conditions, les
Lacédémoniens retournèrent chez eux, après avoir forcé les
Thébains d'adhérer au traité, en laissant libres les villes de
Béotie. 34. Cependant les Corinthiens ne renvoyaient pas
leur garnison d'Argiens. Agésilas les menaça, eux aussi, et
fit dire aux Corinthiens que, s'ils ne renvoyaient pas les
Argiens, et aux Argiens, s'ils n'évacuaient pas Corinthe, il
porterait la guerre chez eux. Les deux peuples en furent si
effrayés que les Argiens quittèrent Corinthe et que cette
ville reprit son indépendance. Les auteurs du massacre et
leurs complices se décidèrent d'eux-mêmes à quitter
Corinthe et le reste des citoyens accueillit volontiers les
anciens exilés. 35. Cela fait et les villes ayant juré
d'observer la paix proposée par le roi, on licencia les
troupes de terre, on licencia les armées navales. C'est ainsi
que fut conclue entre les Lacédémoniens et les Athéniens et
leurs alliés cette paix, qui fut la première depuis l'ouverture
des hostilités qui suivirent la destruction des murs
d'Athènes. 36. Au cours de la guerre, la balance était plutôt
restée égale entre les Lacédémoniens et leurs adversaires;
mais la paix appelée paix d'Antalcidas rapporta plus de
gloire aux Lacédémoniens; car, en se faisant les champions
de la paix proposée par le roi et en obtenant l'indépendance
des villes, ils s'adjoignirent Corinthe pour alliée, ils
affranchirent les villes béotiennes de la domination de
Thèbes, but qu'ils visaient depuis longtemps; enfin ils firent
cesser l'occupation de Corinthe par les Argiens, en les
menaçant d'une invasion, s'ils n'évacuaient pas cette ville.
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