| [5,1,20] ἐκεῖνος γὰρ ἐνόμισεν ἀμελέστερον μὲν ἔχειν τοὺς Ἀθηναίους
 περὶ τὸ ἐν τῷ λιμένι ναυτικὸν Γοργώπα ἀπολωλότος· εἰ δὲ
 καὶ εἶεν τριήρεις ὁρμοῦσαι, ἀσφαλέστερον ἡγήσατο ἐπ´ εἴκοσι
 ναῦς Ἀθήνησιν οὔσας πλεῦσαι ἢ ἄλλοθι δέκα. τῶν μὲν γὰρ
 ἔξω ᾔδει ὅτι κατὰ ναῦν ἔμελλον οἱ ναῦται σκηνήσειν, τῶν δὲ
 Ἀθήνησιν ἐγίγνωσκεν ὅτι οἱ μὲν τριήραρχοι οἴκοι καθευδήσοιεν, 
 οἱ δὲ ναῦται ἄλλος ἄλλῃ σκηνήσοιεν. ἔπλει μὲν δὴ
 ταῦτα διανοηθείς· ἐπειδὴ δὲ ἀπεῖχε πέντε ἢ ἓξ στάδια τοῦ 
 λιμένος, ἡσυχίαν εἶχε καὶ ἀνέπαυεν. ὡς δὲ ἡμέρα ὑπέφαινεν, 
 ἡγεῖτο· οἱ δὲ ἐπηκολούθουν. καὶ καταδύειν μὲν οὐδὲν
 εἴα στρογγύλον πλοῖον οὐδὲ λυμαίνεσθαι ταῖς ἑαυτῶν ναυσίν·
 εἰ δέ που τριήρη ἴδοιεν ὁρμοῦσαν, ταύτην πειρᾶσθαι ἄπλουν
 ποιεῖν, τὰ δὲ φορτηγικὰ πλοῖα καὶ γέμοντα ἀναδουμένους
 ἄγειν ἔξω, ἐκ δὲ τῶν μειζόνων ἐμβαίνοντας ὅπου δύναιντο
 τοὺς ἀνθρώπους λαμβάνειν. ἦσαν δέ τινες οἳ καὶ ἐκπηδήσαντες 
 εἰς τὸ Δεῖγμα ἐμπόρους τέ τινας καὶ ναυκλήρους
 συναρπάσαντες εἰς τὰς ναῦς εἰσήνεγκαν. ὁ μὲν δὴ ταῦτα
 ἐπεποιήκει. τῶν δὲ Ἀθηναίων οἱ μὲν αἰσθόμενοι ἔνδοθεν
 ἔθεον ἔξω, σκεψόμενοι τίς ἡ κραυγή, οἱ δὲ ἔξωθεν οἴκαδε
 ἐπὶ τὰ ὅπλα, οἱ δὲ καὶ εἰς ἄστυ ἀγγελοῦντες. πάντες δ´
 Ἀθηναῖοι τότε ἐβοήθησαν καὶ ὁπλῖται καὶ ἱππεῖς, ὡς τοῦ
 Πειραιῶς ἑαλωκότος. ὁ δὲ τὰ μὲν πλοῖα ἀπέστειλεν εἰς
 Αἴγιναν, καὶ τῶν τριήρων τρεῖς ἢ τέτταρας συναπαγαγεῖν
 ἐκέλευσε, ταῖς δὲ ἄλλαις παραπλέων παρὰ τὴν Ἀττικήν,
 ἅτε ἐκ τοῦ λιμένος πλέων, πολλὰ καὶ ἁλιευτικὰ ἔλαβε καὶ
 πορθμεῖα ἀνθρώπων μεστά, καταπλέοντα ἀπὸ νήσων. ἐπὶ
 δὲ Σούνιον ἐλθὼν καὶ ὁλκάδας γεμούσας τὰς μέν τινας σίτου,
 τὰς δὲ καὶ ἐμπολῆς, ἔλαβε. ταῦτα δὲ ποιήσας ἀπέπλευσεν
 εἰς Αἴγιναν. καὶ ἀποδόμενος τὰ λάφυρα μηνὸς μισθὸν
 προέδωκε τοῖς στρατιώταις. καὶ τὸ λοιπὸν δὲ περιπλέων
 ἐλάμβανεν ὅ τι ἐδύνατο. καὶ ταῦτα ποιῶν πλήρεις τε τὰς ναῦς 
 ἔτρεφε καὶ τοὺς στρατιώτας εἶχεν ἡδέως καὶ ταχέως ὑπηρετοῦντας.
 Ὁ δὲ Ἀνταλκίδας κατέβη μὲν μετὰ Τιριβάζου διαπεπραγμένος 
 συμμαχεῖν βασιλέα, εἰ μὴ ἐθέλοιεν Ἀθηναῖοι
 καὶ οἱ σύμμαχοι χρῆσθαι τῇ εἰρήνῃ ᾗ αὐτὸς ἔλεγεν. ὡς δ´
 ἤκουσε Νικόλοχον σὺν ταῖς ναυσὶ πολιορκεῖσθαι ἐν Ἀβύδῳ
 ὑπὸ Ἰφικράτους καὶ Διοτίμου, πεζῇ ᾤχετο εἰς Ἄβυδον.
 ἐκεῖθεν δὲ λαβὼν τὸ ναυτικὸν νυκτὸς ἀνήγετο, διασπείρας 
 λόγον ὡς μεταπεμπομένων τῶν Καλχηδονίων· ὁρμισάμενος
 δὲ ἐν Περκώτῃ ἡσυχίαν εἶχεν. αἰσθόμενοι δὲ οἱ περὶ
 Δημαίνετον καὶ Διονύσιον καὶ Λεόντιχον καὶ Φανίαν ἐδίωκον 
 αὐτὸν τὴν ἐπὶ Προκοννήσου· ὁ δ´, ἐπεὶ ἐκεῖνοι παρέπλευσαν, 
 ὑποστρέψας εἰς Ἄβυδον ἀφίκετο· ἠκηκόει γὰρ
 ὅτι προσπλέοι Πολύξενος ἄγων τὰς ἀπὸ Συρακουσῶν καὶ
 Ἰταλίας ναῦς εἴκοσιν, ὅπως ἀναλάβοι καὶ ταύτας. ἐκ δὲ
 τούτου Θρασύβουλος ὁ Κολλυτεὺς ἔχων ναῦς ὀκτὼ ἔπλει
 ἀπὸ Θρᾴκης, βουλόμενος ταῖς ἄλλαις Ἀττικαῖς ναυσὶ συμμεῖξαι. 
 ὁ δὲ Ἀνταλκίδας, ἐπεὶ αὐτῷ οἱ σκοποὶ ἐσήμηναν
 ὅτι προσπλέοιεν τριήρεις ὀκτώ, ἐμβιβάσας τοὺς ναύτας εἰς
 δώδεκα ναῦς τὰς ἄριστα πλεούσας, καὶ προσπληρώσασθαι
 κελεύσας, εἴ τις ἐνεδεῖτο, ἐκ τῶν καταλειπομένων, ἐνήδρευεν
 ὡς ἐδύνατο ἀφανέστατα. ἐπεὶ δὲ παρέπλεον, ἐδίωκεν· οἱ
 δὲ ἰδόντες ἔφευγον. τὰς μὲν οὖν βραδύτατα πλεούσας ταῖς
 ἄριστα πλεούσαις ταχὺ κατειλήφει· παραγγείλας δὲ τοῖς
 πρωτόπλοις τῶν μεθ´ αὑτοῦ μὴ ἐμβαλεῖν ταῖς ὑστάταις,
 ἐδίωκε τὰς προεχούσας. ἐπεὶ δὲ ταύτας ἔλαβεν, ἰδόντες οἱ
 ὕστεροι ἁλισκομένους σφῶν αὐτῶν τοὺς πρόπλους ὑπ´
 ἀθυμίας καὶ† τῶν βραδυτέρων ἡλίσκοντο· ὥσθ´ ἥλωσαν
 ἅπασαι. ἐπεὶ δ´ ἦλθον αὐτῷ αἵ τε ἐκ Συρακουσῶν νῆες
 εἴκοσιν, ἦλθον δὲ καὶ αἱ ἀπὸ Ἰωνίας, ὅσης ἐγκρατὴς ἦν
 Τιρίβαζος, συνεπληρώθησαν δὲ καὶ ἐκ τῆς Ἀριοβαρζάνους,
 καὶ γὰρ ἦν ξένος ἐκ παλαιοῦ τῷ Ἀριοβαρζάνει, ὁ δὲ Φαρνάβαζος 
 ἤδη ἀνακεκλημένος ᾤχετο ἄνω, ὅτε δὴ καὶ ἔγημε
 τὴν βασιλέως θυγατέρα· ὁ δὲ Ἀνταλκίδας γενομέναις ταῖς
 πάσαις ναυσὶ πλείοσιν ἢ ὀγδοήκοντα ἐκράτει τῆς θαλάττης·
 ὥστε καὶ τὰς ἐκ τοῦ Πόντου ναῦς Ἀθήναζε μὲν ἐκώλυε
 καταπλεῖν, εἰς δὲ τοὺς ἑαυτῶν συμμάχους κατῆγεν. οἱ μὲν
 οὖν Ἀθηναῖοι, ὁρῶντες μὲν πολλὰς τὰς πολεμίας ναῦς, 
 φοβούμενοι δὲ μὴ ὡς πρότερον καταπολεμηθείησαν, συμμάχου 
 Λακεδαιμονίοις βασιλέως γεγενημένου, πολιορκούμενοι 
 δ´ ἐκ τῆς Αἰγίνης ὑπὸ τῶν λῃστῶν, διὰ ταῦτα μὲν
 ἰσχυρῶς ἐπεθύμουν τῆς εἰρήνης. οἱ δ´ αὖ Λακεδαιμόνιοι,
 φρουροῦντες μόρᾳ μὲν ἐν Λεχαίῳ, μόρᾳ δ´ ἐν Ὀρχομενῷ,
 φυλάττοντες δὲ τὰς πόλεις, αἷς μὲν ἐπίστευον, μὴ ἀπόλοιντο, 
 αἷς δὲ ἠπίστουν, μὴ ἀποσταῖεν, πράγματα δ´ ἔχοντες
 καὶ παρέχοντες περὶ τὴν Κόρινθον, χαλεπῶς ἔφερον τῷ
 πολέμῳ. οἵ γε μὴν Ἀργεῖοι, εἰδότες φρουράν τε πεφασμένην 
 ἐφ´ ἑαυτοὺς καὶ γιγνώσκοντες ὅτι ἡ τῶν μηνῶν
 ὑποφορὰ οὐδὲν ἔτι σφᾶς ὠφελήσει, καὶ οὗτοι εἰς τὴν εἰρήνην
 πρόθυμοι ἦσαν. 
 | [5,1,20] Il s'était dit que, depuis la mort de Gorgopas, les Athéniens 
surveillaient moins strictement la flotte qui était dans le 
port et il pensait que, s'il y avait des trières à l'ancre, il 
était plus sûr d'en attaquer vingt à Athènes que dix 
ailleurs; car il savait qu'une fois en mer les matelots 
devaient loger sur leur navire respectif, tandis qu'il 
n'ignorait pas qu'à Athènes les triérarques dormiraient dans 
leurs maisons et que les matelots logeraient, qui d'un côté, 
qui de l'autre. 21. C'est après avoir envisagé cela qu'il 
appareilla. Quand il fut à cinq ou six stades du port, il 
s'arrêta et fit reposer ses hommes. Lorsque le jour se 
montra, il prit la tête et ses hommes le suivirent. Il leur 
avait défendu de couler ou d'endommager avec leurs 
trières aucun vaisseau rond; mais s'ils voyaient une trière à 
l'ancre, ils devaient tâcher de la rendre inutilisable. Quant 
aux bâtiments de transport qui étaient chargés, ils devaient 
les prendre en remorque et les emmener dehors, monter 
sur les plus grands, quand ils le pourraient, et y prendre les 
hommes. Il y en eut même qui sautèrent sur le Deigma, 
y enlevèrent des marchands et des armateurs et les 
firent passer dans leurs vaisseaux. 22. Téleutias avait déjà 
mené à bien ces opérations. Quant aux Athéniens, 
quelques-uns, entendant le bruit, coururent de leur maison 
dans la rue pour voir quelle était cette rumeur, d'autres 
coururent de la rue dans leur maison pour prendre leurs 
armes, d'autres allèrent porter la nouvelle à la ville, et tous 
les Athéniens, hoplites et cavaliers, accoururent à la 
rescousse, comme si le Pirée était pris. 23. Téleutias 
expédia à Égine les bâtiments de transport qu'il fit convoyer 
par trois ou quatre trières; avec les autres, il longea 
l'Attique, et, comme il venait du port, il prit un grand 
nombre de barques de pêche et de bâtiments chargés de 
passagers venant des îles. Arrivé à Sounion, il captura aussi 
des chalands remplis, les uns de blé, les autres de 
marchandises. 24. Cela fait, il revint à Égine, et, après 
avoir vendu le butin, il paya d'avance un mois de solde à 
ses soldats. Il continua ensuite à courir la mer et à prendre 
tout ce qu'il pouvait. C'est ainsi qu'il entretint ses 
équipages au complet et qu'il eut des soldats qui le 
servaient avec joie et promptitude. 25. Cependant 
Antalcidas était revenu de la haute Asie avec 
Tiribaze, après avoir obtenu l'alliance du roi, au cas où les 
Athéniens et leurs alliés n'accepteraient pas la paix qu'il 
avait lui-même proposée. Mais quand il apprit que 
Nicolochos était bloqué avec sa flotte dans Abydos par 
Iphicrate et Diotimos, il partit par terre pour Abydos. De là, 
prenant le commandement de la flotte, il appareilla pendant 
la nuit, après avoir fait répandre le bruit que les 
Chalcédoniens l'appelaient, puis il mouilla à Percotè 
et y demeura en repos. 26. Dèmainétos, Dionysios, 
Léontichos et Phanias, instruits de son départ, le 
poursuivirent dans la direction de Proconnèse. Quand ils 
l'eurent dépassé, Antalcidas, rebroussant chemin, rentra à 
Abydos; car il avait appris que Polyxénos approchait avec 
les vaisseaux de Syracuse et d'Italie, au nombre de vingt, 
et il voulait les joindre à sa flotte. Bientôt après, Thrasybule 
de Collyte quittait la Thrace avec huit vaisseaux pour 
se réunir à la flotte athénienne. 27. Ses guetteurs lui ayant 
signalé l'approche des huit trières, Antalcidas, fit 
embarquer ses matelots sur ses douze vaisseaux les plus 
légers et donna l'ordre de compléter les équipages, s'il en 
était besoin, en prenant sur ceux qui restaient au port; puis 
il se mit en embuscade en se dissimulant du mieux qu'il 
put. Quand les Athéniens furent passés, il se lança à leur 
poursuite; à sa vue, ils s'enfuirent. Antalcidas atteignit 
bientôt les vaisseaux athéniens les plus lourds avec ses 
meilleurs marcheurs. Il fit passer l'ordre aux vaisseaux qui 
étaient en tête avec lui de ne pas attaquer les derniers de 
l'ennemi, et continua à poursuivre ceux de l'avant. Quand il 
les eut pris, les derniers voyant que ceux des leurs qui 
étaient en tête étaient capturés, perdirent courage et se 
laissèrent prendre par les vaisseaux d'Antalcidas qui 
marchaient le moins vite, de sorte qu'aucun n'échappa. 28. 
Cependant les vingt vaisseaux de Syracuse vinrent se 
joindre à lui; il lui en vint aussi de l'Ionie, dont Tiribaze 
était le gouverneur, et d'autres encore équipés par la 
province d'Ariobarzanès, dont il était l'hôte depuis 
longtemps. Quant à Pharnabaze, il était alors parti pour la 
haute Asie sur un appel du roi, qui lui donnait sa fille en 
mariage. Antalcidas, dont la flotte au complet comptait plus 
de quatre-vingts vaisseaux, était maître de la mer, en sorte 
qu'il empêchait les vaisseaux venant du Pont de gagner 
Athènes et les dirigeait chez ses alliés. 29. Aussi les 
Athéniens, voyant le nombre des vaisseaux ennemis, 
craignaient d'être réduits à merci, comme ils l'avaient déjà 
été, si le roi devenait l'allié des Lacédémoniens; en outre, 
ils se voyaient bloqués par les corsaires d'Égine; c'est 
pourquoi ils désiraient vivement la paix. De leur côté, les 
Lacédémoniens, qui avaient une more en garnison à 
Léchaion et une à Orchomène, qui gardaient les villes 
auxquelles ils avaient confiance pour les empêcher d'être 
détruites, et celles dont ils se défiaient pour les empêcher 
de faire défection, et qui, autour de Corinthe, éprouvaient 
autant de difficultés qu'ils en causaient, étaient fatigués de 
la guerre. Quant aux Argiens, qui savaient qu'une levée 
d'hommes avait été décrétée contre eux et qui n'ignoraient 
pas que le prétexte des mois sacrés ne leur servirait plus, 
eux aussi étaient grands partisans de la paix. 
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