[5,4,20] Οἱ δ´ αὖ Θηβαῖοι καὶ αὐτοὶ φοβούμενοι, εἰ μηδένες
ἄλλοι ἢ αὐτοὶ πολεμήσοιεν τοῖς Λακεδαιμονίοις, τοιόνδε
εὑρίσκουσι μηχάνημα. πείθουσι τὸν ἐν ταῖς Θεσπιαῖς ἁρμοστὴν
Σφοδρίαν, χρήματα δόντες, ὡς ὑπωπτεύετο, ἐμβαλεῖν
εἰς τὴν Ἀττικήν, ἵν´ ἐκπολεμώσειε τοὺς Ἀθηναίους πρὸς
τοὺς Λακεδαιμονίους. κἀκεῖνος πειθόμενος αὐτοῖς, προσποιησάμενος
τὸν Πειραιᾶ καταλήψεσθαι, ὅτι δὴ ἀπύλωτος ἦν,
ἦγεν ἐκ τῶν Θεσπιῶν πρῲ δειπνήσαντας τοὺς στρατιώτας,
φάσκων πρὸ ἡμέρας καθανύσειν εἰς τὸν Πειραιᾶ. Θριᾶσι
δ´ αὐτῷ ἡμέρα ἐπεγένετο, καὶ οὐδὲν ἐντεῦθεν ἐποίησεν ὥστε
λαθεῖν, ἀλλ´ ἐπεὶ ἀπετράπετο, βοσκήματα διήρπασε καὶ
οἰκίας ἐπόρθησε. τῶν δ´ ἐντυχόντων τινὲς τῆς νυκτὸς φεύγοντες
εἰς τὸ ἄστυ ἀπήγγελλον τοῖς Ἀθηναίοις ὅτι στράτευμα
πάμπολυ προσίοι. οἱ μὲν δὴ ταχὺ ὁπλισάμενοι καὶ
ἱππεῖς καὶ ὁπλῖται ἐν φυλακῇ τῆς πόλεως ἦσαν. τῶν δὲ
Λακεδαιμονίων καὶ πρέσβεις ἐτύγχανον Ἀθήνησιν ὄντες
παρὰ Καλλίᾳ τῷ προξένῳ Ἐτυμοκλῆς τε καὶ Ἀριστόλοχος
καὶ Ὤκυλλος· οὓς οἱ Ἀθηναῖοι, ἐπεὶ τὸ πρᾶγμα ἠγγέλθη,
συλλαβόντες ἐφύλαττον, ὡς καὶ τούτους συνεπιβουλεύοντας.
οἱ δὲ ἐκπεπληγμένοι τε ἦσαν τῷ πράγματι καὶ ἀπελογοῦντο
ὡς οὐκ ἄν ποτε οὕτω μῶροι ἦσαν ὡς εἰ ᾔδεσαν καταλαμβανόμενον
τὸν Πειραιᾶ, ἐν τῷ ἄστει ἂν ὑποχειρίους αὑτοὺς
παρεῖχον, καὶ ταῦτα παρὰ τῷ προξένῳ, οὗ τάχιστ´ ἂν ηὑρέθησαν.
ἔτι δ´ ἔλεγον ὡς εὔδηλον καὶ τοῖς Ἀθηναίοις ἔσοιτο
ὅτι οὐδ´ ἡ πόλις τῶν Λακεδαιμονίων ταῦτα συνῄδει. Σφοδρίαν
γὰρ εὖ εἰδέναι ἔφασαν ὅτι ἀπολωλότα πεύσοιντο ὑπὸ
τῆς πόλεως. κἀκεῖνοι μὲν κριθέντες μηδὲν συνειδέναι ἀφείθησαν.
οἱ δ´ ἔφοροι ἀνεκάλεσάν τε τὸν Σφοδρίαν καὶ
ὑπῆγον θανάτου. ἐκεῖνος μέντοι φοβούμενος οὐχ ὑπήκουσεν·
ὅμως δὲ καίπερ οὐχ ὑπακούων εἰς τὴν κρίσιν ἀπέφυγε. καὶ
πολλοῖς ἔδοξεν αὕτη δὴ ἀδικώτατα ἐν Λακεδαίμονι ἡ δίκη
κριθῆναι. ἐγένετο δὲ τοῦτο τὸ αἴτιον.
Ἦν υἱὸς τῷ Σφοδρία Κλεώνυμος, ἡλικίαν τε ἔχων τὴν
ἄρτι ἐκ παίδων, καὶ ἅμα κάλλιστός τε καὶ εὐδοκιμώτατος
τῶν ἡλίκων. τούτου δὲ ἐρῶν ἐτύγχανεν Ἀρχίδαμος ὁ
Ἀγησιλάου. οἱ μὲν οὖν τοῦ Κλεομβότου φίλοι, ἅτε
ἑταῖροι ὄντες τῷ Σφοδρίᾳ, ἀπολυτικῶς αὐτοῦ εἶχον, τὸν δέ
γε Ἀγησίλαον καὶ τοὺς ἐκείνου φίλους ἐφοβοῦντο, καὶ τοὺς
διὰ μέσου δέ· δεινὰ γὰρ ἐδόκει πεποιηκέναι. ἐκ τούτου δὲ
ὁ μὲν Σφοδρίας εἶπε πρὸς τὸν Κλεώνυμον· Ἔξεστί σοι, ὦ
υἱέ, σῶσαι τὸν πατέρα, δεηθέντι Ἀρχιδάμου εὐμενῆ Ἀγησίλαον
ἐμοὶ εἰς τὴν κρίσιν παρασχεῖν. ὁ δὲ ἀκούσας ἐτόλμησεν
ἐλθεῖν πρὸς τὸν Ἀρχίδαμον, καὶ ἐδεῖτο σωτῆρα αὐτῷ
τοῦ πατρὸς γενέσθαι. ὁ μέντοι Ἀρχίδαμος ἰδὼν μὲν τὸν
Κλεώνυμον κλαίοντα συνεδάκρυε παρεστηκώς· ἀκούσας δὲ
δεομένου, ἀπεκρίνατο· Ἀλλ´, ὦ Κλεώνυμε, ἴσθι μὲν ὅτι ἐγὼ
τῷ ἐμῷ πατρὶ οὐδ´ ἀντιβλέπειν δύναμαι, ἀλλὰ κἄν τι βούλωμαι
διαπράξασθαι ἐν τῇ πόλει, πάντων μᾶλλον ἢ τοῦ
πατρὸς δέομαι· ὅμως δ´, ἐπεὶ σὺ κελεύεις, νόμιζε πᾶσάν με
προθυμίαν ἕξειν ταῦτά σοι πραχθῆναι. καὶ τότε μὲν δὴ ἐκ
τοῦ φιλιτίου εἰς τὸν οἶκον ἐλθὼν ἀνεπαύετο· τοῦ δ´ ὄρθρου
ἀναστὰς ἐφύλαττε μὴ λάθοι αὐτὸν ὁ πατὴρ ἐξελθών. ἐπεὶ
δὲ εἶδεν αὐτὸν ἐξιόντα, πρῶτον μέν, εἴ τις τῶν πολιτῶν
παρῆν, παρίει τούτους διαλέγεσθαι αὐτῷ, ἔπειτα δ´, εἴ τις
ξένος, ἔπειτα δὲ καὶ τῶν θεραπόντων τῷ δεομένῳ παρεχώρει.
τέλος δ´, ἐπεὶ ἀπὸ τοῦ Εὐρώτα ἀπιὼν ὁ Ἀγησίλαος εἰσῆλθεν
οἴκαδε, ἀπιὼν ᾤχετο οὐδὲ προσελθών. καὶ τῇ ὑστεραίᾳ δὲ
ταὐτὰ ταῦτα ἐποίησεν. ὁ δ´ Ἀγησίλαος ὑπώπτευε μὲν ὧν
ἕνεκεν ἐφοίτα, οὐδὲν μέντοι ἠρώτα, ἀλλ´ εἴα αὐτόν. ὁ δ´
αὖ Ἀρχίδαμος ἐπεθύμει μέν, ὥσπερ εἰκός, ὁρᾶν τὸν Κλεώνυμον·
ὅπως μέντοι ἔλθοι πρὸς αὐτὸν μὴ διειλεγμένος τῷ
πατρὶ περὶ ὧν ἐκεῖνος ἐδεήθη οὐκ εἶχεν. οἱ δὲ ἀμφὶ τὸν
Σφοδρίαν οὐχ ὁρῶντες τὸν Ἀρχίδαμον ἰόντα, πρόσθεν δὲ
θαμίζοντα, ἐν παντὶ ἦσαν μὴ λελοιδορημένος ὑπὸ Ἀγησιλάου εἴη.
| [5,4,20] Les Thébains aussi, craignant d'être les seuls à combattre
les Lacédémoniens, imaginèrent cet expédient. Ils
persuadèrent à l'harmoste Sphodrias, qui était à Thespies,
et qui fut soupçonné d'avoir reçu de l'argent pour cela,
d'envahir l'Attique, pour exciter les Athéniens à faire la
guerre aux Lacédémoniens. Gagné par les Thébains, il fit
semblant de vouloir s'emparer du Pirée qui était sans
portes. Il partit de Thespies, le matin, après avoir fait
déjeuner ses soldats, assurant qu'il arriverait au Pirée
avant le jour. 21. Mais le jour le surprit à Thria, et il
ne fit rien alors pour cacher son projet, mais, en s'en
retournant, il enleva les troupeaux et pilla les maisons.
Quelques-uns de ceux qu'il avait rencontrés de nuit
s'enfuirent à la ville et annoncèrent aux Athéniens qu'une
armée très nombreuse s'approchait. Ceux-ci s'armèrent en
toute hâte, cavaliers et hoplites, et veillèrent à la garde de
la ville. 22. Il y avait justement à Athènes des
ambassadeurs lacédémoniens, qui demeuraient chez
Callias, leur proxène : c'étaient Étymoclès, Aristolochos et
Ocyllos. Quand on leur eut annoncé l'affaire, les Athéniens
les arrêtèrent et les gardèrent comme complices du
complot. Les ambassadeurs, consternés, se défendirent en
disant qu'ils n'auraient pas été assez fous, s'ils avaient su
qu'on voulait prendre le Pirée, pour se livrer entre les mains
des Athéniens dans la ville et surtout chez leur proxène, où
on les aurait trouvés tout de suite. 23. Ils ajoutaient que
les Athéniens eux-mêmes verraient que l'État de Sparte ne
savait rien non plus de cette entreprise. Ils étaient bien
sûrs, disaient-ils, qu'on leur annoncerait la mort de
Sphodrias condamné par l'État. On jugea qu'ils ne savaient
rien de l'affaire et on les relâcha. 24. Les éphores
rappelèrent Sphodrias et lui intentèrent une accusation
capitale. La crainte l'empêcha de se rendre à la citation;
cependant, bien qu'il ne s'y fût point rendu, il fut absous.
Beaucoup trouvèrent que c'était le jugement le plus injuste
qui eût été prononcé à Lacédémone. Voici quelle en fut la
cause. 25. Sphodrias avait un fils, qui venait de quitter la
classe des enfants, il s'appelait Cléonymos, et c'était le plus
beau et le plus estimé des garçons de son âge. Il se
trouvait qu'Archidamos, fils d'Agésilas, était épris de lui. Or
les amis de Cléombrotos étaient pour l'acquittement de
Sphodrias, dont ils étaient les camarades; mais ils
redoutaient Agésilas et ses amis et ceux qui tenaient le
milieu entre les deux partis, car la conduite de Sphodrias
paraissait révoltante. 26. Aussi Sphodrias dit à Cléonymos :
« Il dépend de toi, mon fils, de sauver ton père, en priant
Archidamos de rendre Agésilas favorable à ma cause. »
Ayant entendu cette prière, le jeune homme se hasarda à
se rendre près d'Archidamos et le pria d'être le sauveur de
son père. 27. En voyant Cléonymos pleurer, Archidamos
pleura aussi, debout à ses côtés; mais, lorsqu'il eut
entendu sa prière, il répondit « Il faut que tu saches,
Cléonymos, que je ne peux même pas regarder mon père
en face, et que, si je veux obtenir quelque chose qui
regarde l'État, je m'adresse à n'importe qui plutôt qu'à mon
père. Néanmoins, puisque tu me le demandes, sois assuré
que je mettrai tout mon zèle à faire cela pour toi. » 28.
Puis il rentra chez lui au sortir du repas commun et se
coucha. Il se leva de bonne heure et fit le guet pour que
son père ne sortît pas à son insu. Quand il le vit sortir, il
laissa d'abord les citoyens qui se trouvaient là s'entretenir
avec lui, puis les étrangers, et il céda même le pas aux
serviteurs qui avaient quelque chose à demander; enfin,
quand Agésilas revint de l'Éurotas et rentra chez lui,
il retourna à son logis sans l'avoir même abordé. Même
manège le lendemain. 29. Cependant Agésilas soupçonnait
bien le motif de ces allées et venues, mais il ne lui posait
point de question et le laissait faire. De son côté,
Archidamos désirait, comme on peut croire, voir
Cléonymos, mais il ne savait comment l'aborder, tant qu'il
n'avait pas parlé à son père de la prière de son ami. Les
partisans de Sphodrias ne voyant plus venir Archidamos,
qui auparavant fréquentait la maison, étaient dans la plus
vive anxiété qu'il n'eût été rebuté par Agésilas.
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