[5,4,0] Πολλὰ μὲν οὖν ἄν τις ἔχοι καὶ ἄλλα λέγειν καὶ Ἑλληνικὰ
καὶ βαρβαρικά, ὡς θεοὶ οὔτε τῶν ἀσεβούντων οὔτε τῶν
ἀνόσια ποιούντων ἀμελοῦσι· νῦν γε μὴν λέξω τὰ προκείμενα.
Λακεδαιμόνιοί τε γὰρ οἱ ὀμόσαντες αὐτονόμους ἐάσειν
τὰς πόλεις τὴν ἐν Θήβαις ἀκρόπολιν κατασχόντες ὑπ´ αὐτῶν
μόνων τῶν ἀδικηθέντων ἐκολάσθησαν πρῶτον οὐδ´ ὑφ´
ἑνὸς τῶν πώποτε ἀνθρώπων κρατηθέντες, τούς τε τῶν πολιτῶν
εἰσαγαγόντας εἰς τὴν ἀκρόπολιν αὐτοὺς καὶ βουληθέντας
Λακεδαιμονίοις δουλεύειν τὴν πόλιν, ὥστε αὐτοὶ τυραννεῖν,
τὴν τούτων ἀρχὴν ἑπτὰ μόνον τῶν φυγόντων ἤρκεσαν καταλῦσαι.
ὡς δὲ τοῦτ´ ἐγένετο διηγήσομαι.
Ἦν τις Φιλλίδας, ὃς ἐγραμμάτευε τοῖς περὶ Ἀρχίαν
πολεμάρχοις, καὶ τἆλλα ὑπηρέτει, ὡς ἐδόκει, ἄριστα. τούτῳ
δ´ ἀφιγμένῳ Ἀθήναζε κατὰ πρᾶξίν τινα καὶ πρόσθεν γνώριμος
ὢν Μέλων τῶν Ἀθήναζε πεφευγότων Θηβαίων συγγίγνεται,
καὶ διαπυθόμενος μὲν τὰ περὶ Ἀρχίαν τε τὸν
πολεμαρχοῦντα καὶ τὴν περὶ Φίλιππον τυραννίδα, γνοὺς δὲ
μισοῦντα αὐτὸν ἔτι μᾶλλον αὑτοῦ τὰ οἴκοι, πιστὰ δοὺς καὶ
λαβὼν συνέθετο ὡς δεῖ ἕκαστα γίγνεσθαι. ἐκ δὲ τούτου
προσλαβὼν ὁ Μέλων ἓξ τοὺς ἐπιτηδειοτάτους τῶν φευγόντων
ξιφίδια ἔχοντας καὶ ἄλλο ὅπλον οὐδέν, ἔρχεται πρῶτον
μὲν εἰς τὴν χώραν νυκτός· ἔπειτα δὲ ἡμερεύσαντες ἔν τινι
τόπῳ ἐρήμῳ πρὸς τὰς πύλας ἦλθον, ὡς δὴ ἐξ ἀγροῦ ἀπιόντες,
ἡνίκαπερ οἱ ἀπὸ τῶν ἔργων ὀψιαίτατοι. ἐπεὶ δ´ εἰσῆλθον
εἰς τὴν πόλιν, διενυκτέρευσαν μὲν ἐκείνην τὴν νύκτα παρὰ
Χάρωνί τινι, καὶ τὴν ἐπιοῦσαν δὲ ἡμέραν διημέρευσαν. ὁ μὲν
οὖν Φιλλίδας τά τε ἄλλα ἐπεμελεῖτο τοῖς πολεμάρχοις, ὡς
Ἀφροδίσια ἄγουσιν ἐπ´ ἐξόδῳ τῆς ἀρχῆς, καὶ δὴ καὶ γυναῖκας
πάλαι ὑπισχνούμενος ἄξειν αὐτοῖς τὰς σεμνοτάτας καὶ
καλλίστας τῶν ἐν Θήβαις, τότε ἔφη ἄξειν. οἱ δέ, ἦσαν
γὰρ τοιοῦτοι, μάλα ἡδέως προσεδέχοντο νυκτερεύειν. ἐπεὶ
δὲ ἐδείπνησάν τε καὶ συμπροθυμουμένου ἐκείνου ταχὺ ἐμεθύσθησαν,
πάλαι κελευόντων ἄγειν τὰς ἑταίρας, ἐξελθὼν
ἤγαγε τοὺς περὶ Μέλωνα, τρεῖς μὲν στείλας ὡς δεσποίνας,
τοὺς δὲ ἄλλους ὡς θεραπαίνας. κἀκείνους μὲν εἰσήγαγεν
εἰς τὸ προταμιεῖον τοῦ πολεμαρχείου, αὐτὸς δ´ εἰσελθὼν εἶπε
τοῖς περὶ Ἀρχίαν ὅτι οὐκ ἄν φασιν εἰσελθεῖν αἱ γυναῖκες,
εἴ τις τῶν διακόνων ἔνδον ἔσοιτο. ἔνθεν οἱ μὲν ταχὺ ἐκέλευον
πάντας ἐξιέναι, ὁ δὲ Φιλλίδας δοὺς οἶνον εἰς ἑνὸς τῶν
διακόνων ἐξέπεμψεν αὐτούς. ἐκ δὲ τούτου εἰσήγαγε τὰς
ἑταίρας δή, καὶ ἐκάθιζε παρ´ ἑκάστῳ. ἦν δὲ σύνθημα, ἐπεὶ
καθίζοιντο, παίειν εὐθὺς ἀνακαλυψαμένους. οἱ μὲν δὴ οὕτω
λέγουσιν αὐτοὺς ἀποθανεῖν, οἱ δὲ καὶ ὡς κωμαστὰς εἰσελθόντας
τοὺς ἀμφὶ Μέλωνα ἀποκτεῖναι τοὺς πολεμάρχους.
λαβὼν δὲ ὁ Φιλλίδας τρεῖς αὐτῶν ἐπορεύετο ἐπὶ τὴν τοῦ
Λεοντιάδου οἰκίαν· κόψας δὲ τὴν θύραν εἶπεν ὅτι παρὰ τῶν
πολεμάρχων ἀπαγγεῖλαί τι βούλοιτο. ὁ δὲ ἐτύγχανε μὲν
χωρὶς κατακείμενος ἔτι μετὰ δεῖπνον, καὶ ἡ γυνὴ ἐριουργοῦσα
παρεκάθητο. ἐκέλευσε δὲ τὸν Φιλλίδαν πιστὸν νομίζων
εἰσιέναι. οἱ δ´ ἐπεὶ εἰσῆλθον, τὸν μὲν ἀποκτείναντες, τὴν
δὲ γυναῖκα φοβήσαντες κατεσιώπησαν. ἐξιόντες δὲ εἶπον
τὴν θύραν κεκλεῖσθαι· εἰ δὲ λήψονται ἀνεῳγμένην, ἠπείλησαν
ἀποκτεῖναι ἅπαντας τοὺς ἐν τῇ οἰκίᾳ. ἐπεὶ δὲ ταῦτα
ἐπέπρακτο, λαβὼν δύο ὁ Φιλλίδας τῶν ἀνδρῶν ἦλθε πρὸς
τὸ ἀνάκειον, καὶ εἶπε τῷ εἰργμοφύλακι ὅτι ἄνδρα ἄγοι παρὰ
πολεμάρχων ὃν εἶρξαι δέοι. ὡς δὲ ἀνέῳξε, τοῦτον μὲν
εὐθὺς ἀπέκτειναν, τοὺς δὲ δεσμώτας ἔλυσαν. καὶ τούτους
μὲν ταχὺ τῶν ἐκ τῆς στοᾶς ὅπλων καθελόντες ὥπλισαν, καὶ
ἀγαγόντες ἐπὶ τὸ Ἀμφεῖον θέσθαι ἐκέλευον τὰ ὅπλα. ἐκ
δὲ τούτου εὐθὺς ἐκήρυττον ἐξιέναι πάντας Θηβαίους, ἱππέας
τε καὶ ὁπλίτας, ὡς τῶν τυράννων τεθνεώτων. οἱ δὲ πολῖται,
ἕως μὲν νὺξ ἦν, ἀπιστοῦντες ἡσυχίαν εἶχον· ἐπεὶ δ´ ἡμέρα
τ´ ἦν καὶ φανερὸν ἦν τὸ γεγενημένον, ταχὺ δὴ καὶ οἱ ὁπλῖται
καὶ οἱ ἱππεῖς σὺν τοῖς ὅπλοις ἐξεβοήθουν. ἔπεμψαν δ´
ἱππέας οἱ κατεληλυθότες καὶ ἐπὶ τοὺς πρὸς τοῖς ὁρίοις Ἀθηναίων
{τοὺς} δύο τῶν στρατηγῶν. οἱ δ´ εἰδότες τὸ πρᾶγμα
ἐφ´ ὃ ἀπεστάλκεσαν - - -
| [5,4,0] CHAPITRE IV.
1. On pourrait citer dans l'histoire des Grecs et dans celle
des barbares nombre de faits qui prouvent que les dieux
veillent sur les actions des impies et des criminels ; pour le
moment, je me bornerai au cas que j'ai devant moi. En
effet, les Lacédémoniens, qui avaient juré de laisser aux
villes leur autonomie et s'étaient emparés de la citadelle de
Thèbes, en furent punis uniquement par les victimes de
leurs injustices, eux qui jusqu'alors n'avaient jamais été
soumis par aucun homme, et il suffit de sept exilés pour
renverser le gouvernement de ceux des citoyens qui les
avaient introduits dans la citadelle et qui voulaient que la
ville fût asservie aux Lacédémoniens, afin d'exercer eux-mêmes
la tyrannie, Je vais dire comment la chose se passa.
2. Il y avait un certain Phyllidas, secrétaire d'Archias et des
autres polémarques, qui passait pour les servir à
merveille. Cet homme, étant allé à Athènes pour quelque
affaire, y rencontra Mélon qu'il connaissait déjà et qui était
un des Thébains réfugiés dans cette ville, Mélon le
questionna sur Archias le polémarque et sur la tyrannie de
Philippe et s'aperçut qu'il avait en horreur plus encore que
lui-même, ce qui se passait chez eux. Ils échangèrent des
gages de fidélité et se concertèrent minutieusement sur ce
qu'ils devaient faire. 3. Alors Mélon, prenant avec lui six
exilés particulièrement propres à son dessein, et qui
n'avaient pas d'autres armes que des poignards, se dirigea
d'abord vers leur pays pendant la nuit, puis, après avoir
passé la journée dans un lieu désert, ils s'approchèrent des
portes, comme s'ils revenaient des champs, à l'heure où les
travailleurs les plus attardés rentrent de leurs travaux. Une
fois entrés dans la ville, ils passèrent la nuit chez un
nommé Charon et y restèrent tout le jour suivant. 4.
Cependant Phyllidas préparait tout pour les polémarques
qui devaient fêter Aphrodite à l'occasion de leur sortie de
charge. En particulier, il leur avait promis depuis longtemps
de leur amener les femmes les plus distinguées et les plus
belles de Thèbes; il leur dit qu'il les amènerait ce jour-là. Et
eux, avec leur goût pour la débauche, s'attendaient à
passer la nuit fort agréablement. 5. Quand ils se furent,
grâce à son zèle empressé, rapidement enivrés, ils lui
enjoignirent à plusieurs reprises d'introduire les
courtisanes. À la fin, il sortit et fit entrer Mélon et ses
complices, dont il avait habillé trois en maîtresses et les
autres en servantes. 6. Il les fit entrer dans l'office de la
maison des polémarques, puis il rentra lui-même dire à
Archias que les femmes refusaient d'entrer, s'il y avait
quelque servant dans la salle. Aussitôt les polémarques les
firent tous sortir, et Phyllidas, leur ayant donné du vin, les
envoya dans la chambre de l'un d'eux. Puis il introduisit les
courtisanes et les fit asseoir près de chacun des
polémarques. Or il avait été convenu qu'aussitôt assis, les
conjurés ôteraient leur voile et frapperaient. 7. C'est ainsi,
dit-on, que les polémarques périrent; d'autres prétendent
que c'est en se présentant comme des gens en ribote que
les conjurés tuèrent Archias et ses collègues. Phyllidas,
prenant ensuite trois d'entre eux, se rendit à la maison de
Léontiadès. Il frappa à la porte et dit qu'il voulait lui faire
une communication de la part des polémarques. Léontiadès
venait de dîner et se trouvait encore couché sur son lit de
table, seul avec sa femme, qui filait de la laine, assise à ses
côtés. Il fit entrer Phyllidas, qu'il regardait comme un
homme sûr. A peine entrés, les conjurés le tuèrent et
forcèrent par la peur sa femme à garder le silence. En
sortant, ils donnèrent l'ordre de tenir les portes fermées, en
menaçant, s'ils les trouvaient ouvertes, de tuer tous ceux
qui étaient dans la maison. 8. Cela fait, Phyllidas, prenant
deux de ses hommes, se rendit à la prison et dit au geôlier
qu'il amenait, sur l'ordre des polémarques, un homme à
enfermer. Le gardien n'eut pas plus tôt ouvert qu'ils le
tuèrent et délivrèrent les prisonniers et ils les armèrent
aussitôt avec des armes, qu'ils décrochèrent du portique;
ensuite les amenant à l'Amphéion, ils leur dirent de
rester là sous les armes. 9. Puis ils firent immédiatement
une proclamation pour dire à tous les Thébains de sortir,
cavaliers et hoplites, que les tyrans étaient morts. Les
citoyens, défiants, ne bougèrent pas tant qu'il fit nuit; mais
quand le jour parut et que l'événement fut connu, vite
hoplites et cavaliers accoururent avec leurs armes. Les
exilés rentrés envoyèrent aussi des cavaliers aux deux
stratèges athéniens qui étaient à la frontière. Ceux-ci
connaissant l'affaire pour laquelle on leur envoyait des
courriers, accoururent pour les soutenir.
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