[3,2,5] (5) Ταχὺ δὲ ταῦτα διαπραξάμενοι οἱ Βιθυνοὶ καὶ τοὺς σκηνοφύλακας τῶν
Ὀδρυσῶν Θρᾳκῶν ἀποκτείναντες, ἀπολαβόντες πάντα τὰ αἰχμάλωτα ἀπῆλθον·
ὥστε οἱ Ἕλληνες ἐπεὶ ᾔσθοντο, βοηθοῦντες οὐδὲν ἄλλο ηὗρον ἢ νεκροὺς
γυμνοὺς ἐν τῷ στρατοπέδῳ. Ἐπεὶ μέντοι ἐπανῆλθον οἱ Ὀδρύσαι, θάψαντες τοὺς
ἑαυτῶν καὶ πολὺν οἶνον ἐκπιόντες ἐπ᾽ αὐτοῖς καὶ ἱπποδρομίαν ποιήσαντες, ὁμοῦ
δὴ τὸ λοιπὸν τοῖς Ἕλλησι στρατοπεδευσάμενοι ἦγον καὶ ἔκαον τὴν Βιθυνίδα.
(6) Ἅμα δὲ τῷ ἦρι ἀποπορευόμενος ὁ Δερκυλίδας ἐκ τῶν Βιθυνῶν ἀφικνεῖται εἰς
Λάμψακον. Ἐνταῦθα δ᾽ ὄντος αὐτοῦ ἔρχονται ἀπὸ τῶν οἴκοι τελῶν Ἄρακός τε
καὶ Ναυβάτης καὶ Ἀντισθένης. οὗτοι δ᾽ ἦλθον ἐπισκεψόμενοι τά τε ἄλλα ὅπως
ἔχοι τὰ ἐν τῇ Ἀσίᾳ, καὶ Δερκυλίδᾳ ἐροῦντες μένοντι ἄρχειν καὶ τὸν ἐπιόντα
ἐνιαυτόν· ἐπιστεῖλαι δὲ σφίσιν αὐτοῖς τοὺς ἐφόρους καὶ συγκαλέσαντας τοὺς
στρατιώτας εἰπεῖν ὡς ὧν μὲν πρόσθεν ἐποίουν μέμφοιντο αὐτοῖς, ὅτι δὲ νῦν
οὐδὲν ἠδίκουν, ἐπαινοῖεν· καὶ περὶ τοῦ λοιποῦ χρόνου εἰπεῖν ὅτι ἂν μὲν
ἀδικῶσιν, οὐκ ἐπιτρέψουσιν, ἂν δὲ δίκαια περὶ τοὺς συμμάχους ποιῶσιν,
ἐπαινέσονται αὐτούς.
(7) Ἐπεὶ μέντοι συγκαλέσαντες τοὺς στρατιώτας ταῦτ᾽ ἔλεγον, ὁ τῶν Κυρείων
προεστηκὼς ἀπεκρίνατο· « Ἀλλ᾽, ὦ ἄνδρες Λακεδαιμόνιοι, ἡμεῖς μέν ἐσμεν οἱ
αὐτοὶ νῦν τε καὶ πέρυσιν· ἄρχων δὲ ἄλλος μὲν νῦν, ἄλλος δὲ τὸ παρελθόν. Τὸ
οὖν αἴτιον τοῦ νῦν μὲν μὴ ἐξαμαρτάνειν, τότε δέ, αὐτοὶ ἤδη ἱκανοί ἐστε γιγνώσκειν. »
(8) Συσκηνούντων δὲ τῶν τε οἴκοθεν πρέσβεων καὶ τοῦ Δερκυλίδα, ἐπεμνήσθη
τις τῶν περὶ τὸν Ἄρακον ὅτι καταλελοίποιεν πρέσβεις τῶν Χερρονησιτῶν ἐν
Λακεδαίμονι. τούτους δὲ λέγειν ἔφασαν ὡς νῦν μὲν οὐ δύναιντο τὴν Χερρόνησον
ἐργάζεσθαι· φέρεσθαι γὰρ καὶ ἄγεσθαι ὑπὸ τῶν Θρᾳκῶν· εἰ δ᾽ ἀποτειχισθείη ἐκ
θαλάττης εἰς θάλατταν, καὶ σφίσιν ἂν γῆν πολλὴν καὶ ἀγαθὴν εἶναι ἐργάζεσθαι
καὶ ἄλλοις ὁπόσοι βούλοιντο Λακεδαιμονίων· ὥστ᾽ ἔφασαν οὐκ ἂν θαυμάζειν εἰ
καὶ πεμφθείη τις Λακεδαιμονίων ἀπὸ τῆς πόλεως σὺν δυνάμει ταῦτα πράξων.
(9) Ὁ οὖν Δερκυλίδας πρὸς μὲν ἐκείνους οὐκ εἶπεν ἣν ἔχοι γνώμην ταῦτ᾽
ἀκούσας, ἀλλ᾽ ἔπεμψεν αὐτοὺς ἐπ᾽ Ἐφέσου διὰ τῶν Ἑλληνίδων πόλεων,
ἡδόμενος ὅτι ἔμελλον ὄψεσθαι τὰς πόλεις ἐν εἰρήνῃ εὐδαιμονικῶς διαγούσας. Οἱ
μὲν δὴ ἐπορεύοντο. Ὁ δὲ Δερκυλίδας ἐπειδὴ ἔγνω μενετέον ὄν, πάλιν πέμψας
πρὸς τὸν Φαρνάβαζον ἐπήρετο πότερα βούλοιτο σπονδὰς ἔχειν καθάπερ διὰ
τοῦ χειμῶνος ἢ πόλεμον. Ἑλομένου δὲ τοῦ Φαρναβάζου καὶ τότε σπονδάς, οὕτω
καταλιπὼν καὶ τὰς περὶ ἐκεῖνον πόλεις φιλίας ἐν εἰρήνῃ διαβαίνει τὸν
Ἑλλήσποντον σὺν τῷ στρατεύματι εἰς τὴν Εὐρώπην, καὶ διὰ φιλίας τῆς Θρᾴκης
πορευθεὶς καὶ ξενισθεὶς ὑπὸ Σεύθου ἀφικνεῖται εἰς Χερρόνησον.
| [3,2,5] 5. Après ce rapide succès, les Bithyniens massacrèrent ceux qui gardaient les tentes des
Odryses thraces, reprirent tout ce qu'on leur avait pris et se retirèrent. Quand les Grecs alertés
vinrent à la rescousse, ils ne trouvèrent plus dans le camp que des cadavres dépouillés.
Cependant les Odryses, à leur retour, ensevelirent leurs morts, burent beaucoup de vin en leur
honneur, et firent une course de chevaux. Désormais ils campèrent avec les Grecs et
continuèrent à ravager et à incendier la Bithynie.
6. Au début du printemps, Dercylidas quitta la Bithynie pour aller à Lampsaque. Tandis qu'il y
était, Aracos, Naubatès et Antisthénès, envoyés par les magistrats de Lacédémone, y
arrivèrent aussi. Ils venaient pour examiner l'état général des affaires en Asie et pour dire à
Dercylidas de rester et de garder le commandement pendant l'année suivante. Ils avaient
également mission de la part des éphores d'assembler les soldats et de leur dire qu'ils
blâmaient leur conduite passée, mais les louaient de ce qu'à présent ils ne commettaient plus
d'injustices. Ils devaient leur dire aussi qu'à l'avenir, s'ils se permettaient quelque violence, les
éphores ne le toléreraient pas; mais que, s'ils se comportaient honnêtement envers les alliés,
ils les en féliciteraient.
7. Mais lorsque après avoir convoqué les soldats, ils eurent dit ce dont ils étaient chargés, le
chef des troupes de Cyrus lui répondit : « Nous, Lacédémoniens, nous sommes les
mêmes aujourd'hui que l'an passé; mais nous avons un autre chef à présent que celui que
nous avions alors. Voilà pourquoi nous ne commettons plus d'abus à présent et pourquoi nous
en commettions alors, vous êtes capables de vous en rendre compte par vous-mêmes. »
8. Comme les envoyés de Sparte et Dercylidas logeaient dans la même tente, quelqu'un de la
suite d'Aracos dit qu'ils avaient laissé à Lacédémone des ambassadeurs de la Chersonèse.
D'après les envoyés, ces ambassadeurs se plaignaient de ne pouvoir plus cultiver leur pays,
parce que les Thraces le pillaient et le ravageaient; mais ils affirmaient que, si on l'isolait par un
mur allant d'une mer à l'autre, ils auraient beaucoup de bonne terre à cultiver, eux et tout
Lacédémonien qui le désirerait. Ils ajoutèrent qu'ils ne seraient pas étonnés qu'un
Lacédémonien fût envoyé de la ville avec une armée pour réaliser cette entreprise.
9. Dercylidas ne leur dit pas l'idée qui lui était venue en écoutant cette conversation, mais il les
fit partir pour Éphèse, en passant par les villes grecques, se félicitant de ce qu'ils allaient voir
ces villes en état de paix et de prospérité. Tandis qu'ils étaient en route, Dercylidas, désormais
sûr de rester, députa de nouveau à Pharnabaze pour lui demander s'il voulait prolonger la trêve
de l'hiver ou recommencer la guerre. Cette fois encore Pharnabaze préféra la trêve. Alors
Dercylidas, ayant assuré la paix aux villes alliées de ce pays, traverse l'Hellespont avec son
armée et passe en Europe. Il s'avance par la partie de la Thrace qui est son alliée, et après
avoir été l'hôte de Seuthès, il arrive dans la Chersonèse.
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