[3,2,1] CHAPITRE II.
(1) Ὁ μὲν δὴ Δερκυλίδας ταῦτα διαπραξάμενος καὶ λαβὼν ἐν ὀκτὼ ἡμέραις ἐννέα
πόλεις, ἐβουλεύετο ὅπως ἂν μὴ ἐν τῇ φιλίᾳ χειμάζων βαρὺς εἴη τοῖς συμμάχοις,
ὥσπερ Θίβρων, μηδ᾽ αὖ Φαρνάβαζος καταφρονῶν τῇ ἵππῳ κακουργῇ τὰς
Ἑλληνίδας πόλεις. Πέμπει οὖν πρὸς αὐτὸν καὶ ἐρωτᾷ πότερον βούλεται εἰρήνην
ἢ πόλεμον ἔχειν. Ὁ μέντοι Φαρνάβαζος νομίσας τὴν Αἰολίδα ἐπιτετειχίσθαι τῇ
ἑαυτοῦ οἰκήσει Φρυγίᾳ, σπονδὰς εἵλετο.
(2) Ὡς δὲ ταῦτα ἐγένετο, ἐλθὼν ὁ Δερκυλίδας εἰς τὴν Βιθυνίδα Θρᾴκην ἐκεῖ
διεχείμαζεν, οὐδὲ τοῦ Φαρναβάζου πάνυ τι ἀχθομένου· πολλάκις γὰρ οἱ Βιθυνοὶ
αὐτῷ ἐπολέμουν. Καὶ τὰ μὲν ἄλλα ὁ Δερκυλίδας ἀσφαλῶς φέρων καὶ ἄγων τὴν
Βιθυνίδα καὶ ἄφθονα ἔχων τὰ ἐπιτήδεια διετέλει· ἐπειδὴ δὲ ἦλθον αὐτῷ παρὰ
τοῦ Σεύθου πέραθεν σύμμαχοι τῶν Ὀδρυσῶν ἱππεῖς τε ὡς διακόσιοι καὶ
πελτασταὶ ὡς τριακόσιοι, οὗτοι στρατοπεδευσάμενοι καὶ περισταυρωσάμενοι
ἀπὸ τοῦ Ἑλληνικοῦ ὡς εἴκοσι στάδια, αἰτοῦντες φύλακας τοῦ στρατοπέδου τὸν
Δερκυλίδαν τῶν ὁπλιτῶν, ἐξῇσαν ἐπὶ λείαν, καὶ πολλὰ ἐλάμβανον ἀνδράποδά τε
καὶ χρήματα.
(3) Ἤδη δ᾽ ὄντος μεστοῦ τοῦ στρατοπέδου αὐτοῖς πολλῶν αἰχμαλώτων,
καταμαθόντες οἱ Βιθυνοὶ ὅσοι τ᾽ ἐξῇσαν καὶ ὅσους κατέλιπον Ἕλληνας φύλακας,
συλλεγέντες παμπλήθεις πελτασταὶ καὶ ἱππεῖς ἅμ᾽ ἡμέρᾳ προσπίπτουσι τοῖς
ὁπλίταις ὡς διακοσίοις οὖσιν. Ἐπειδὴ δ᾽ ἐγγὺς ἐγένοντο, οἱ μὲν ἔβαλλον, οἱ δ᾽
ἠκόντιζον εἰς αὐτούς. Οἱ δ᾽ ἐπεὶ ἐτιτρώσκοντο μὲν καὶ ἀπέθνῃσκον, ἐποίουν δ᾽
οὐδὲν κατειργμένοι ἐν τῷ σταυρώματι ὡς ἀνδρομήκει ὄντι, διασπάσαντες τὸ
αὑτῶν ὀχύρωμα ἐφέροντο εἰς αὐτούς·
(4) οἱ δὲ ᾗ μὲν ἐκθέοιεν ὑπεχώρουν, καὶ ῥᾳδίως ἀπέφευγον πελτασταὶ ὁπλίτας,
ἔνθεν δὲ καὶ ἔνθεν ἠκόντιζον, καὶ πολλοὺς αὐτῶν ἐφ᾽ ἑκάστῃ ἐκδρομῇ
κατέβαλλον· τέλος δὲ ὥσπερ ἐν αὐλίῳ σηκασθέντες κατηκοντίσθησαν.
Ἐσώθησαν μέντοι αὐτῶν ἀμφὶ τοὺς πεντεκαίδεκα εἰς τὸ Ἑλληνικόν, καὶ οὗτοι,
ἐπεὶ εὐθέως ᾔσθοντο τὸ πρᾶγμα, ἀποχωρήσαντες, ἐν τῇ μάχῃ διαπεσόντες
ἀμελησάντων τῶν Βιθυνῶν.
| [3,2,1] CHAPITRE II.
1. Ayant ainsi réalisé ses desseins et pris neuf villes en huit jours, Dercylidas
songeait aux moyens de ne pas être à charge aux alliés en passant l'hiver en
pays ami, comme l'avait fait Thibron, et d'empêcher cependant Pharnabaze de
faire du mal aux villes grecques, avec sa cavalerie, sans qu'il eût à se soucier
des Lacédémoniens. En conséquence il lui envoie des députés et lui demande
s'il veut la paix ou la guerre. Pharnabaze, pensant que l'Éolide était devenue
une base d'opérations contre la Phrygie, sa résidence, se déclara pour une trêve.
2. La trêve conclue, Dercylidas alla hiverner dans la Thrace bithynienne, et Phamabaze
lui-même n'en fut pas du tout fâché; car les Bithyniens étaient souvent en guerre avec lui.
Dercylidas ne cessa pas dès lors de piller en toute sûreté la Bithynie et d'avoir des vivres en
abondance. Cependant il lui vint, de l'autre côté du détroit, de chez Seuthès, un renfort
d'Odryses, au nombre d'environ deux cents cavaliers et trois cents peltastes. Ils placèrent leur
camp à environ vingt stades de celui des Grecs et l'entourèrent d'une palissade; ils
demandèrent à Dercylidas des hoplites pour le garder, puis ils sortirent pour piller et ils
ramenèrent un grand nombre de prisonniers et un riche butin.
3. Déjà leur camp regorgeait de prisonniers, quand les Bithyniens apprenant combien
d'hommes étaient sortis et combien ils avaient laissé de Grecs à la garde du camp, se
rassemblent en masse, peltastes et cavaliers, et, au point du jour, fondent sur les hoplites, qui
étaient environ deux cents, et, une fois à portée, leur décochent, les uns des flèches, les autres
des javelots. Ils les blessent et les tuent, sans que ceux-ci puissent rien faire, enfermés qu'ils
sont dans leur palissade à hauteur d'homme. Enfin les hoplites arrachent les pieux et les
chargent;
4. mais où qu'ils se portent, les autres se retirent et leur échappent facilement, peltastes contre
hoplites. De droite et de gauche, il les criblent de javelines et ils en abattent un grand nombre à
chaque sortie. À la fin, les hoplites furent exterminés à coups de javelots, comme s'ils eussent
été enfermés dans un parc. Cependant une quinzaine d'entre eux se sauvèrent dans le camp
des Grecs. Ceux-là s'étaient dès l'abord rendu compte de la situation et s'étaient dérobés
pendant le combat, sans éveiller l'attention des Bithyniens.
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