[3,1,10] (10) Καὶ εὐθὺς μὲν τοσούτῳ διέφερεν εἰς τὸ ἄρχειν τοῦ Θίβρωνος ὥστε παρήγαγε
τὸ στράτευμα διὰ τῆς φιλίας χώρας μέχρι τῆς Φαρναβάζου Αἰολίδος οὐδὲν
βλάψας τοὺς συμμάχους. Ἡ δὲ Αἰολὶς αὕτη ἦν μὲν Φαρναβάζου, ἐσατράπευε δ᾽
αὐτῷ ταύτης τῆς χώρας, ἕως μὲν ἔζη, Ζῆνις Δαρδανεύς· ἐπειδὴ δὲ ἐκεῖνος νόσῳ
ἀπέθανε, παρασκευαζομένου τοῦ Φαρναβάζου ἄλλῳ δοῦναι τὴν σατραπείαν,
Μανία ἡ τοῦ Ζήνιος γυνή, Δαρδανὶς καὶ αὐτή, ἀναζεύξασα στόλον καὶ δῶρα
λαβοῦσα ὥστε καὶ αὐτῷ Φαρναβάζῳ δοῦναι καὶ παλλακίσιν αὐτοῦ χαρίσασθαι
καὶ τοῖς δυναμένοις μάλιστα παρὰ Φαρναβάζῳ, ἐπορεύετο.
(11) Ἐλθοῦσα δ᾽ εἰς λόγους εἶπεν·
« Ὦ Φαρνάβαζε, ὁ ἀνήρ σοι ὁ ἐμὸς καὶ τἆλλα φίλος ἦν καὶ τοὺς φόρους
ἀπεδίδου ὥστε σὺ ἐπαινῶν αὐτὸν ἐτίμας. ἂν οὖν ἐγώ σοι μηδὲν χεῖρον ἐκείνου
ὑπηρετῶ, τί σε δεῖ ἄλλον σατράπην καθιστάναι; ἂν δέ τί σοι μὴ ἀρέσκω, ἐπὶ σοὶ
δήπου ἔσται ἀφελομένῳ ἐμὲ ἄλλῳ δοῦναι τὴν ἀρχήν. »
(12) Ἀκούσας ταῦτα ὁ Φαρνάβαζος ἔγνω δεῖν τὴν γυναῖκα σατραπεύειν. Ἡ δ᾽
ἐπεὶ κυρία τῆς χώρας ἐγένετο, τούς τε φόρους οὐδὲν ἧττον τἀνδρὸς ἀπεδίδου,
καὶ πρὸς τούτοις, ὁπότε ἀφικνοῖτο πρὸς Φαρνάβαζον, ἀεὶ ἦγε δῶρα αὐτῷ, καὶ
ὁπότε ἐκεῖνος εἰς τὴν χώραν καταβαίνοι, πολὺ πάντων τῶν ὑπάρχων κάλλιστα
καὶ ἥδιστα ἐδέχετο αὐτόν,
(13) καὶ ἅς τε παρέλαβε πόλεις διεφύλαττεν αὐτῷ καὶ τῶν οὐχ ὑπηκόων
προσέλαβεν ἐπιθαλαττιδίας Λάρισάν τε καὶ Ἁμαξιτὸν καὶ Κολωνάς, ξενικῷ μὲν
Ἑλληνικῷ προσβαλοῦσα τοῖς τείχεσιν, αὐτὴ δὲ ἐφ᾽ ἁρμαμάξης θεωμένη· ὃν δ᾽
ἐπαινέσειε, τούτῳ δῶρα ἀμέμπτως ἐδίδου, ὥστε λαμπρότατα τὸ ξενικὸν
κατεσκευάσατο. συνεστρατεύετο δὲ τῷ Φαρναβάζῳ καὶ ὁπότε εἰς Μυσοὺς ἢ
Πισίδας ἐμβάλοι, ὅτι τὴν βασιλέως χώραν κακουργοῦσιν. ὥστε καὶ ἀντετίμα
αὐτὴν μεγαλοπρεπῶς ὁ Φαρνάβαζος καὶ σύμβουλον ἔστιν ὅτε παρεκάλει.
(14) Ἤδη δ᾽ οὔσης αὐτῆς ἐτῶν πλέον ἢ τετταράκοντα, Μειδίας, θυγατρὸς ἀνὴρ
αὐτῆς ὤν, ἀναπτερωθεὶς ὑπό τινων ὡς αἰσχρὸν εἴη γυναῖκα μὲν ἄρχειν, αὐτὸν δ᾽
ἰδιώτην εἶναι, τοὺς μὲν ἄλλους μάλα φυλαττομένης αὐτῆς, ὥσπερ ἐν τυραννίδι
προσῆκεν, ἐκείνῳ δὲ πιστευούσης καὶ ἀσπαζομένης ὥσπερ ἂν γυνὴ γαμβρὸν
ἀσπάζοιτο, εἰσελθὼν ἀποπνῖξαι αὐτὴν λέγεται. ἀπέκτεινε δὲ καὶ τὸν υἱὸν αὐτῆς,
τό τε εἶδος ὄντα πάγκαλον καὶ ἐτῶν ὄντα ὡς ἑπτακαίδεκα.
| [3,1,10] 10. Il se montra dès le début bien supérieur à Thibron dans l'exercice du commandement;
car il mena son armée en pays ami jusqu'à l'Éolide de Pharnabaze, sans causer aucun dommage
aux alliés. Cette Éolide appartenait bien à Pharnabaze; mais en fait c'était le Dardanien Zènis
qui en exerça à sa place le gouvernement, tant qu'il vécut. Zènis étant mort de maladie,
Pharnabaze se préparait à donner la satrapie à un autre; mais la femme de Zènis, Mania,
dardanienne elle-même, ayant rassemblé une escorte et préparé des cadeaux pour les donner
à Pharnabaze et pour gagner la faveur de ses concubines et de ceux qui avaient le plus de
crédit sur lui, se mit en route pour le voir.
11. Ayant obtenu audience, elle lui dit : « Mon mari, Pharnabaze, était entièrement dévoué à ta
personne et il te payait régulièrement les tributs, si bien que tu le louais et l'honorais. Si donc
moi-même je te sers aussi bien que lui, qu'as-tu besoin de nommer un autre satrape ? Si je ne
te donne pas satisfaction, il te sera toujours possible de m'ôter le commandement et de le
donner à un autre. » 12. Après l'avoir entendue, Pharnabaze décida qu'elle aurait la satrapie.
Une fois maîtresse du pays, non seulement elle paya les tributs avec la même fidélité que son
mari, mais encore chaque fois qu'elle rendait visite à Pharnabaze, elle ne manquait pas de lui
apporter des présents et, quand il descendait dans sa province, elle le recevait avec beaucoup
plus de magnificence et d'attentions que tous les autres gouverneurs.
13. Elle ne se borna pas à lui conserver les villes qu'elle avait reçues, mais elle ajouta à sa
domination des villes de la côte qui étaient indépendantes, Larisa, Hamaxitos et Colones. Elle
attaqua leurs murs avec des mercenaires grecs, qu'elle regardait faire du haut de sa voiture.
Quand elle avait à féliciter quelqu'un d'eux, elle lui faisait des présents appropriés à son mérite.
Aussi elle avait organisé un magnifique corps de mercenaires, et elle accompagnait
Pharnabaze dans ses expéditions, même quand il marchait contre les Mysiens et les Pisidiens,
qui ravageaient le pays du roi. Aussi Pharnabaze lui rendait-il de grands honneurs et il l'appelait
quelquefois à son conseil.
14. Elle avait déjà plus de quarante ans, quand Meidias, le mari de sa fille, prêta l'oreille aux
excitations de gens qui lui remontraient qu'il était honteux pour lui de laisser le pouvoir aux
mains d'une femme et de rester lui-même simple particulier. Elle se gardait soigneusement de
tout le monde, comme il convient au pouvoir tyrannique, mais elle avait confiance en lui et
l'accueillait aimablement comme une femme accueille son gendre; il en profita pour s'introduire
chez elle et l'étrangla, dit-on. Il tua également son fils, âgé d'environ dix-sept ans et qui était
d'une beauté parfaite.
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