[3,5,10] (10) Καὶ μὴν ὅτι μέν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, βούλοισθ᾽ ἂν τὴν ἀρχὴν ἣν πρότερον
ἐκέκτησθε ἀναλαβεῖν πάντες ἐπιστάμεθα· τοῦτο δὲ πῶς μᾶλλον εἰκὸς γενέσθαι ἢ
εἰ αὐτοὶ τοῖς ὑπ᾽ ἐκείνων ἀδικουμένοις βοηθοῖτε; Ὅτι δὲ πολλῶν ἄρχουσι, μὴ
φοβηθῆτε, ἀλλὰ πολὺ μᾶλλον διὰ τοῦτο θαρρεῖτε, ἐνθυμούμενοι ὅτι καὶ ὑμεῖς ὅτε
πλείστων ἤρχετε, τότε πλείστους ἐχθροὺς ἐκέκτησθε. Ἀλλ᾽ ἕως μὲν οὐκ εἶχον
ὅποι ἀποσταῖεν, ἔκρυπτον τὴν πρὸς ὑμᾶς ἔχθραν· ἐπεὶ δέ γε Λακεδαιμόνιοι
προύστησαν, τότε ἔφηναν οἷα περὶ ὑμῶν ἐγίγνωσκον.
(11) Καὶ νῦν γε, ἂν φανεροὶ γενώμεθα ἡμεῖς τε καὶ ὑμεῖς συνασπιδοῦντες ἐναντία
τοῖς Λακεδαιμονίοις, εὖ ἴστε, ἀναφανήσονται πολλοὶ οἱ μισοῦντες αὐτούς. Ὡς δὲ
ἀληθῆ λέγομεν, ἐὰν ἀναλογίσησθε, αὐτίκα γνώσεσθε. Τίς γὰρ ἤδη καταλείπεται
αὐτοῖς εὐμενής; Τὐκ Ἀργεῖοι μὲν ἀεί ποτε δυσμενεῖς αὐτοῖς ὑπάρχουσιν;
(12) Ἠλεῖοί γε μὴν νῦν ἐστερημένοι καὶ χώρας πολλῆς καὶ πόλεων ἐχθροὶ αὐτοῖς
προσγεγένηνται. Κορινθίους δὲ καὶ Ἀρκάδας καὶ Ἀχαιοὺς τί φῶμεν, οἳ ἐν μὲν τῷ
πρὸς ὑμᾶς πολέμῳ μάλα λιπαρούμενοι ὑπ᾽ ἐκείνων πάντων καὶ πόνων καὶ
κινδύνων καὶ τῶν δαπανημάτων μετεῖχον, ἐπεὶ δ᾽ ἔπραξαν ἃ ἐβούλοντο οἱ
Λακεδαιμόνιοι, ποίας ἢ ἀρχῆς ἢ τιμῆς ἢ ποίων χρημάτων μεταδεδώκασιν αὐτοῖς;
Ἀλλὰ τοὺς μὲν εἵλωτας ἁρμοστὰς ἀξιοῦσι καθιστάναι, τῶν δὲ συμμάχων
ἐλευθέρων ὄντων, ἐπεὶ ηὐτύχησαν, δεσπόται ἀναπεφήνασιν.
(13) Ἀλλὰ μὴν καὶ οὓς ὑμῶν ἀπέστησαν φανεροί εἰσιν ἐξηπατηκότες· ἀντὶ γὰρ
ἐλευθερίας διπλῆν αὐτοῖς δουλείαν παρεσχήκασιν· ὑπό τε γὰρ τῶν ἁρμοστῶν
τυραννοῦνται καὶ ὑπὸ δέκα ἀνδρῶν, οὓς Λύσανδρος κατέστησεν ἐν ἑκάστῃ
πόλει. Ὅ γε μὴν τῆς Ἀσίας βασιλεὺς καὶ τὰ μέγιστ᾽ αὐτοῖς συμβαλλόμενος εἰς τὸ
ὑμῶν κρατῆσαι νῦν τί διάφορον πάσχει ἢ εἰ μεθ᾽ ὑμῶν κατεπολέμησεν αὐτούς;
(14) Πῶς οὖν οὐκ εἰκός, ἐὰν ὑμεῖς αὖ προστῆτε τῶν οὕτω φανερῶς
ἀδικουμένων, νῦν ὑμᾶς πολὺ ἤδη μεγίστους τῶν πώποτε γενέσθαι; Ὅτε μὲν γὰρ
ἤρχετε, τῶν κατὰ θάλατταν μόνων δήπου ἡγεῖσθε· νῦν δὲ πάντων καὶ ἡμῶν καὶ
Πελοποννησίων καὶ ὧν πρόσθεν ἤρχετε καὶ αὐτοῦ βασιλέως τοῦ μεγίστην
δύναμιν ἔχοντος ἡγεμόνες ἂν γένοισθε. καίτοι ἦμεν πολλοῦ ἄξιοι καὶ ἐκείνοις
σύμμαχοι, ὡς ὑμεῖς ἐπίστασθε· νῦν δέ γε εἰκὸς τῷ παντὶ ἐρρωμενεστέρως ὑμῖν
συμμαχεῖν ἡμᾶς ἢ τότε Λακεδαιμονίοις· οὐδὲ γὰρ ὑπὲρ νησιωτῶν ἢ Συρακοσίων
οὐδ᾽ ὑπὲρ ἀλλοτρίων, ὥσπερ τότε, ἀλλ᾽ ὑπὲρ ἡμῶν αὐτῶν ἀδικουμένων
βοηθήσομεν.
| [3,5,10] 10. D'ailleurs, Athéniens, nous savons tous que vous voudriez recouvrer l'empire que
vous possédiez jadis, mais pour y arriver, le moyen le plus propre n'est-il pas de prendre la défense
de ceux que Sparte opprime ? Ne vous laissez pas intimider par le grand nombre de peuples
auxquels elle commande; prenez-y bien plutôt un motif de confiance, vous souvenant que c'est
quand vous aviez le plus de sujets que vous aviez le plus d'ennemis. Tant qu'ils n'avaient
personne pour protéger leur défection, ils dissimulaient la haine qu'ils vous portaient; mais
quand les Lacédémoniens se furent mis à leur tête, ils montrèrent alors leurs véritables
sentiments à votre égard.
11. De même aujourd'hui, si l'on nous voit unir nos armes contre eux, n'en doutez pas, ceux qui
les haïssent apparaîtront nombreux. Si vous voulez y réfléchir, vous reconnaîtrez tout de suite
que nous disons la vérité. Quel peuple en effet reste-t-il qui leur soit attaché ? Les Argiens ne
leur sont-ils pas hostiles aujourd'hui comme toujours ?
12. Et les Éléens qu'ils ont naguère dépouillés d'un vaste territoire et de plusieurs villes, ne
viennent-ils pas de grossir le nombre de leurs ennemis ? Que dire des Corinthiens, des
Arcadiens et des Achéens qui, sur leurs vives instances, ont partagé dans la guerre qu'ils vous
ont faite, leurs travaux, leurs dangers et leurs dépenses ? Mais quand les Lacédémoniens
eurent atteint leur but, quels sont les gouvernements, les honneurs, les richesses dont ils leur
ont fait part ? Oui, ce sont des hilotes qu'ils établissent comme harmostes, tandis qu'envers
leurs alliés, qui sont des hommes libres, une fois le succès obtenu, ils se sont conduits comme
des maîtres.
13. Ils ont de même manifestement trompé les peuples qu'ils ont détachés de vous; car, au lieu
de la liberté, ils leur ont apporté une double servitude; ils les ont assujettis à la tyrannie des
harmostes et à celle des décemvirs que Lysandre a établis dans chaque cité. Le roi d'Asie
lui-même qui les a si puissamment aidés à vous vaincre est-il aujourd'hui autrement traité que
s'il avait lutté avec vous pour les réduire à merci ?
14. Dès lors, n'est-il pas à présumer que, si à votre tour vous vous mettez à la tête des peuples
si manifestement lésés, vous deviendrez plus puissants qu'aucun peuple le fut jamais ? Quand
en effet vous étiez les maîtres, vous n'aviez, n'est-ce pas ? que l'empire de la mer; aujourd'hui
vous pouvez commander à tout le monde, à nous, aux Péloponnésiens, à vos anciens sujets et
au roi lui-même, qui a une si grande puissance. Certes nous avons été pour eux de précieux
alliés, vous ne l'ignorez pas; mais à présent vous pouvez croire que nous combattrons avec
vous beaucoup plus résolument que nous ne l'avons fait avec eux; car ce ne sera plus pour des
insulaires, ni pour des Syracusains, ni pour des étrangers, mais pour nous-mêmes, victimes de
l'injustice, que nous combattrons.
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