[3,4,5] (5) Ἐπεὶ δὲ ἐκεῖσε ἀφίκετο, πρῶτον μὲν Τισσαφέρνης πέμψας ἤρετο αὐτὸν τίνος
δεόμενος ἥκοι. Ὁ δ᾽ εἶπεν αὐτονόμους καὶ τὰς ἐν τῇ Ἀσία πόλεις εἶναι, ὥσπερ
καὶ τὰς ἐν τῇ παρ᾽ ἡμῖν Ἑλλάδι. Πρὸς ταῦτ᾽ εἶπεν ὁ Τισσαφέρνης· « Εἰ τοίνυν
θέλεις σπείσασθαι ἕως ἂν ἐγὼ πρὸς βασιλέα πέμψω, οἶμαι ἄν σε ταῦτα
διαπραξάμενον ἀποπλεῖν, εἰ βούλοιο. »
« Ἀλλὰ βουλοίμην ἄν, » ἔφη, « εἰ μὴ οἰοίμην γε ὑπὸ σοῦ ἐξαπατᾶσθαι. »
« Ἀλλ᾽ ἔξεστιν, » ἔφη, « σοὶ τούτων πίστιν λαβεῖν ἦ μὴν ἀδόλως ... σοῦ
πράττοντος ταῦτα ἡμᾶς μηδὲν τῆς σῆς ἀρχῆς ἀδικήσειν ἐν ταῖς σπονδαῖς. »
(6) Ἐπὶ τούτοις ῥηθεῖσι Τισσαφέρνης μὲν ὤμοσε τοῖς πεμφθεῖσι πρὸς αὐτὸν
Ἡριππίδᾳ καὶ Δερκυλίδᾳ καὶ Μεγίλλῳ ἦ μὴν πράξειν ἀδόλως τὴν εἰρήνην, ἐκεῖνοι
δὲ ἀντώμοσαν ὑπὲρ Ἀγησιλάου Τισσαφέρνει ἦ μὴν ταῦτα πράττοντος αὐτοῦ
ἐμπεδώσειν τὰς σπονδάς. ὁ μὲν δὴ Τισσαφέρνης ἃ ὤμοσεν εὐθὺς ἐψεύσατο·
ἀντὶ γὰρ τοῦ εἰρήνην ἔχειν στράτευμα πολὺ παρὰ βασιλέως πρὸς ᾧ εἶχε
πρόσθεν μετεπέμπετο. Ἀγησίλαος δέ, καίπερ αἰσθανόμενος ταῦτα, ὅμως
ἐπέμενε ταῖς σπονδαῖς.
(7) Ὡς δὲ ἡσυχίαν τε καὶ σχολὴν ἔχων ὁ Ἀγησίλαος διέτριβεν ἐν τῇ Ἐφέσῳ, ἅτε
συντεταραγμένων ἐν ταῖς πόλεσι τῶν πολιτειῶν, καὶ οὔτε δημοκρατίας ἔτι οὔσης,
ὥσπερ ἐπ᾽ Ἀθηναίων, οὔτε δεκαρχίας, ὥσπερ ἐπὶ Λυσάνδρου, ἅτε
γιγνώσκοντες πάντες τὸν Λύσανδρον, προσέκειντο αὐτῷ ἀξιοῦντες
διαπράττεσθαι αὐτὸν παρ᾽ Ἀγησιλάου ὧν ἐδέοντο· καὶ διὰ ταῦτα ἀεὶ παμπλήθης
ὄχλος θεραπεύων αὐτὸν ἠκολούθει, ὥστε ὁ μὲν Ἀγησίλαος ἰδιώτης ἐφαίνετο, ὁ
δὲ Λύσανδρος βασιλεύς.
(8) Ὅτι μὲν οὖν ἔμηνε καὶ τὸν Ἀγησίλαον ταῦτα ἐδήλωσεν ὕστερον· οἵ γε μὴν
ἄλλοι τριάκοντα ὑπὸ τοῦ φθόνου οὐκ ἐσίγων, ἀλλ᾽ ἔλεγον πρὸς τὸν Ἀγησίλαον
ὡς παράνομα ποιοίη Λύσανδρος τῆς βασιλείας ὀγκηρότερον διάγων. Ἐπεὶ δὲ
καὶ ἤρξατο προσάγειν τινὰς τῷ Ἀγησιλάῳ ὁ Λύσανδρος, πάντας οἷς γνοίη αὐτὸν
συμπράττοντά τι ἡττωμένους ἀπέπεμπεν. Ὡς δ᾽ ἀεὶ τὰ ἐναντία ὧν ἐβούλετο
ἀπέβαινε τῷ Λυσάνδρῳ, ἔγνω δὴ τὸ γιγνόμενον· καὶ οὔτε ἕπεσθαι ἑαυτῷ ἔτι εἴα
ὄχλον τοῖς τε συμπρᾶξαί τι δεομένοις σαφῶς ἔλεγεν ὅτι ἔλαττον ἕξοιεν, εἰ αὐτὸς
παρείη.
(9) Βαρέως δὲ φέρων τῇ ἀτιμίᾳ, προσελθὼν εἶπεν· « Ὦ Ἀγησίλαε, μειοῦν μὲν
ἄρα σύγε τοὺς φίλους ἠπίστω. »
« Ναὶ μὰ Δί᾽, » ἔφη, « τούς γε βουλομένους ἐμοῦ μείζους φαίνεσθαι· τοὺς δέ γε
αὔξοντας εἰ μὴ ἐπισταίμην ἀντιτιμᾶν, αἰσχυνοίμην ἄν. »
Καὶ ὁ Λύσανδρος εἶπεν·
« Ἀλλ᾽ ἴσως καὶ μᾶλλον εἰκότα σὺ ποιεῖς ἢ ἐγὼ ἔπραττον. Τάδε οὖν μοι ἐκ τοῦ
λοιποῦ χάρισαι, ὅπως ἂν μήτ᾽ αἰσχύνωμαι ἀδυνατῶν παρὰ σοὶ μήτ᾽ ἐμποδών
σοι ὦ, ἀπόπεμψόν ποί με. Ὅπου γὰρ ἂν ὦ, πειράσομαι ἐν καιρῷ σοι εἶναι. »
| [3,4,5] 5. À peine y était-il arrivé que Tissapherne lui envoya demander dans quel dessein il était venu.
« Dans le dessein, répondit-il, d'assurer aux villes d'Asie l'indépendance dont jouissent les
villes grecques de chez nous. — Eh bien, répliqua Tissapherne, si tu veux conclure une trêve
jusqu'à ce que j'aie député au roi, je crois que tu pourras réaliser ton dessein et remettre à la
voile, si tu le désires. — C'est ce que je désirerais, dit Agésilas, si je ne craignais pas d'être
trompé par toi. — Eh bien, dit Tissapherne, tu peux prendre des garanties et t'assurer que, si tu
fais ce que je te dis, nous ne ferons pas de mal à ta province pendant la trêve. »
6. À la suite de cette conversation, Tissapherne jura aux députés qui lui furent envoyés,
Hèrippidas, Dercylidas et Mégillos qu'il négocierait loyalement la paix, et ces députés de leur
côté jurèrent à Tissapherne, au nom d'Agésilas, que, s'il tenait sa promesse, Agésilas
observerait fidèlement la trêve. Mais Tissapherne n'eut pas plus tôt fait son serment qu'il le
viola; car, au lieu de rester en paix, il fit demander au roi une nombreuse armée pour renforcer
celle qu'il avait. Agésilas le sut, mais ne s'en tint pas moins aux termes du traité.
7. Tandis qu'Agésilas passait le temps à Éphèse dans un paisible loisir, les villes se trouvaient
en pleine anarchie, parce qu'il n'y avait plus de démocratie, comme au temps des Athéniens, ni
de décarchie, comme au temps de Lysandre. Comme tout le monde connaissait Lysandre,
c'est à lui qu'on s'adressait pour qu'il obtînt d'Agésilas ce que l'on désirait. Aussi était-il
constamment suivi d'une foule considérable qui le courtisait, si bien qu'Agésilas semblait être
un simple particulier et Lysandre le roi.
8. Agésilas en fut profondément dépité, on le vit bien par la suite. Mais les trente Spartiates qui
étaient avec lui en conçurent tant de jalousie qu'ils ne purent se taire; ils représentèrent à
Agésilas que Lysandre enfreignait la loi en étalant un faste plus grand que la royauté. Dès lors,
quand Lysandre commença à présenter des solliciteurs à Agésilas, tous ceux que ce prince
savait soutenus par lui, il les renvoyait sans rien leur accorder. Comme les choses tournaient
contre ses désirs, Lysandre en devina la raison. Dès lors, il ne permit plus à la foule de le
suivre et, si on lui demandait de s'entremettre en quelque affaire, il répondait franchement aux
solliciteurs que son intervention ne pouvait que leur nuire.
9. Cependant, fâché de ces marques de mépris, il se présenta à Agésilas et lui dit : « Tu
t'entends, Agésilas, à humilier tes amis. — Oui, par Zeus, répondit celui-ci, ceux-là du moins
qui affectent de paraître plus grands que moi; pour ceux qui veulent me grandir, je rougirais, si
je ne savais pas les honorer à mon tour. — Il est possible, repartit Lysandre, que tu aies raison
contre moi. Mais accorde-moi au moins une faveur, afin que je n'aie pas la honte de ne pouvoir
rien auprès de toi et que je ne te sois pas un obstacle : renvoie-moi quelque part; où que ce
soit, je tâcherai de t'y être utile. »
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