HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Xénophon, Les Helléniques, livre II

Chapitre 4

  par. 20

[2,4,20] (20) Κλεόκριτος δὲ τῶν μυστῶν κῆρυξ, μάλεὔφωνος ὤν, κατασιωπησάμενος ἔλεξεν· « Ἄνδρες πολῖται, τί ἡμᾶς ἐξελαύνετε; Τί ἀποκτεῖναι βούλεσθε; Ἡμεῖς γὰρ ὑμᾶς κακὸν μὲν οὐδὲν πώποτε ἐποιήσαμεν, μετεσχήκαμεν δὲ ὑμῖν καὶ ἱερῶν τῶν σεμνοτάτων καὶ θυσιῶν καὶ ἑορτῶν τῶν καλλίστων, καὶ συγχορευταὶ καὶ συμφοιτηταὶ γεγενήμεθα καὶ συστρατιῶται, καὶ πολλὰ μεθὑμῶν κεκινδυνεύκαμεν καὶ κατὰ γῆν καὶ κατὰ θάλατταν ὑπὲρ τῆς κοινῆς ἀμφοτέρων ἡμῶν σωτηρίας τε καὶ ἐλευθερίας. (21) Πρὸς θεῶν πατρῴων καὶ μητρῴων καὶ συγγενείας καὶ κηδεστίας καὶ ἑταιρίας, πάντων γὰρ τούτων πολλοὶ κοινωνοῦμεν ἀλλήλοις, αἰδούμενοι καὶ θεοὺς καὶ ἀνθρώπους παύσασθε ἁμαρτάνοντες εἰς τὴν πατρίδα, καὶ μὴ πείθεσθε τοῖς ἀνοσιωτάτοις τριάκοντα, οἳ ἰδίων κερδέων ἕνεκα ὀλίγου δεῖν πλείους ἀπεκτόνασιν Ἀθηναίων ἐν ὀκτὼ μησὶν πάντες Πελοποννήσιοι δέκα ἔτη πολεμοῦντες. (22) Ἐξὸν δἡμῖν ἐν εἰρήνῃ πολιτεύεσθαι, οὗτοι τὸν πάντων αἴσχιστόν τε καὶ χαλεπώτατον καὶ ἀνοσιώτατον καὶ ἔχθιστον καὶ θεοῖς καὶ ἀνθρώποις πόλεμον ἡμῖν πρὸς ἀλλήλους παρέχουσιν. Ἀλλεὖ γε μέντοι ἐπίστασθε ὅτι καὶ τῶν νῦν ὑφἡμῶν ἀποθανόντων οὐ μόνον ὑμεῖς ἀλλὰ καὶ ἡμεῖς ἔστιν οὓς πολλὰ κατεδακρύσαμεν. » μὲν τοιαῦτα ἔλεγεν· οἱ δὲ λοιποὶ ἄρχοντες καὶ διὰ τὸ τοιαῦτα προσακούειν τοὺς μεθαὑτῶν ἀπήγαγον εἰς τὸ ἄστυ. (23) Τῇ δὑστεραίᾳ οἱ μὲν τριάκοντα πάνυ δὴ ταπεινοὶ καὶ ἔρημοι συνεκάθηντο ἐν τῷ συνεδρίῳ· τῶν δὲ τρισχιλίων ὅπου ἕκαστοι τεταγμένοι ἦσαν, πανταχοῦ διεφέροντο πρὸς ἀλλήλους. ὅσοι μὲν γὰρ ἐπεποιήκεσάν τι βιαιότερον καὶ ἐφοβοῦντο, ἐντόνως ἔλεγον ὡς οὐ χρείη καθυφίεσθαι τοῖς ἐν Πειραιεῖ· ὅσοι δὲ ἐπίστευον μηδὲν ἠδικηκέναι, αὐτοί τε ἀνελογίζοντο καὶ τοὺς ἄλλους ἐδίδασκον ὡς οὐδὲν δέοιντο τούτων τῶν κακῶν, καὶ τοῖς τριάκοντα οὐκ ἔφασαν χρῆναι πείθεσθαι οὐδἐπιτρέπειν ἀπολλύναι τὴν πόλιν. Καὶ τὸ τελευταῖον ἐψηφίσαντο ἐκείνους μὲν καταπαῦσαι, ἄλλους δὲ ἑλέσθαι. Καὶ εἵλοντο δέκα, ἕνα ἀπὸ φυλῆς. (24) Καὶ οἱ μὲν τριάκοντα Ἐλευσῖνάδε ἀπῆλθον· οἱ δὲ δέκα τῶν ἐν ἄστει καὶ μάλα τεταραγμένων καὶ ἀπιστούντων ἀλλήλοις σὺν τοῖς ἱππάρχοις ἐπεμέλοντο. Ἐξεκάθευδον δὲ καὶ οἱ ἱππεῖς ἐν τῷ Ὠιδείῳ, τούς τε ἵππους καὶ τὰς ἀσπίδας ἔχοντες, καὶ διἀπιστίαν ἐφώδευον τὸ μὲν ἀφἑσπέρας σὺν ταῖς ἀσπίσι κατὰ τείχη, τὸ δὲ πρὸς ὄρθρον σὺν τοῖς ἵπποις, ἀεὶ φοβούμενοι μὴ ἐπεισπέσοιέν τινες αὐτοῖς τῶν ἐκ τοῦ Πειραιῶς. [2,4,20] 20. Cléocritos, le héraut des initiés, qui avait une forte voix, fit faire silence et cria : « Citoyens, pourquoi nous chassez-vous ? Pourquoi voulez-vous nous tuer? Nous ne vous avons jamais fait aucun mal, nous avons pris part avec vous aux cérémonies religieuses les plus solennelles, aux sacrifices, aux fêtes les plus belles; nous avons dansé dans les mêmes choeurs, fréquenté les mêmes écoles, fait la guerre ensemble et affronté les mêmes dangers sur terre et sur mer pour le salut commun et la liberté de tous. 21. Au nom des dieux paternels et maternels, au nom de la parenté et des alliances de nos familles, au nom de la camaraderie, respectez les dieux et les hommes, cessez de manquer à vos devoirs envers la patrie et n'obéissez plus aux Trente, les plus impies des hommes, qui, pour leur intérêt personnel, ont tué en huit mois presque plus d'Athéniens que tous les Péloponnésiens en dix ans de guerre. 22. Nous pouvions nous gouverner en paix et ces misérables ont allumé entre nous la guerre la plus déshonorante, la plus terrible, la plus impie, la plus odieuse aux dieux et aux hommes. Mais sachez bien pourtant que, parmi ceux que nous venons de tuer, il en est que vous n'êtes pas seuls à pleurer; nous les pleurons aussi amèrement que vous. » Tel fut son discours. Les chefs survivants, voyant que leurs hommes prêtaient l'oreille à ces propos, s'empressèrent d'autant plus de les ramener à la ville. 23. Le lendemain, les Trente, humiliés et abandonnés, se réunirent dans leur salle de conseil. Quant aux trois mille, en quelque endroit qu'on les eût détachés, partout ils se disputaient entre eux. Tous ceux en effet qui avaient commis quelque violence et qui avaient peur soutenaient avec force qu'il ne fallait point céder à ceux du Pirée; tous ceux au contraire qui avaient conscience de n'avoir fait de mal à personne se disaient en eux-mêmes et représentaient aux autres qu'on n'avait nul besoin de ces maux et ils déclaraient qu'il ne fallait pas obéir aux Trente ni leur permettre de perdre la ville. À la fin, ils votèrent leur déchéance et de nouvelles élections, et ils choisirent dix hommes nouveaux, un par tribu. 24. Les Trente se réfugièrent alors à Éleusis, et les Dix, de concert avec les hipparques, veillèrent sur les gens de la ville qui étaient fort troublés et se défiaient les uns des autres. Les cavaliers eux-mêmes montaient la garde la nuit à l'Odéon, avec leurs chevaux et leurs boucliers et, dans leur défiance, ils patrouillaient dès le soir le long des murs avec leurs boucliers, et le matin avec leurs chevaux, redoutant toujours une attaque à l'improviste des gens du Pirée.


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Dernière mise à jour : 1/06/2006