[2,4,15] (15) καὶ νῦν δὲ κεκομίκασιν ἡμᾶς εἰς χωρίον ἐν ᾧ οὗτοι μὲν οὔτε βάλλειν οὔτε
ἀκοντίζειν ὑπὲρ τῶν προτεταγμένων διὰ τὸ πρὸς ὄρθιον ἰέναι δύναιντ᾽ ἄν, ἡμεῖς
δὲ εἰς τὸ κάταντες καὶ δόρατα ἀφιέντες καὶ ἀκόντια καὶ πέτρους ἐξιξόμεθά τε
αὐτῶν καὶ πολλοὺς κατατρώσομεν.
(16) Καὶ ᾤετο μὲν ἄν τις δεήσειν τοῖς γε πρωτοστάταις ἐκ τοῦ ἴσου μάχεσθαι· νῦν
δέ, ἂν ὑμεῖς, ὥσπερ προσήκει, προθύμως ἀφιῆτε τὰ βέλη, ἁμαρτήσεται μὲν
οὐδεὶς ὧν γε μεστὴ ἡ ὁδός, φυλαττόμενοι δὲ δραπετεύσουσιν ἀεὶ ὑπὸ ταῖς
ἀσπίσιν· ὥστε ἐξέσται ὥσπερ τυφλοὺς καὶ τύπτειν ὅπου ἂν βουλώμεθα καὶ
ἐναλλομένους ἀνατρέπειν.
(17) Ἀλλ᾽, ὦ ἄνδρες, οὕτω χρὴ ποιεῖν ὅπως ἕκαστός τις ἑαυτῷ συνείσεται τῆς
νίκης αἰτιώτατος ὤν. Αὕτη γὰρ ἡμῖν, ἂν θεὸς θέλῃ, νῦν ἀποδώσει καὶ πατρίδα
καὶ οἴκους καὶ ἐλευθερίαν καὶ τιμὰς καὶ παῖδας, οἷς εἰσί, καὶ γυναῖκας. Ὦ μακάριοι
δῆτα, οἳ ἂν ἡμῶν νικήσαντες ἐπίδωσι τὴν πασῶν ἡδίστην ἡμέραν. Εὐδαίμων δὲ
καὶ ἄν τις ἀποθάνῃ· μνημείου γὰρ οὐδεὶς οὕτω πλούσιος ὢν καλοῦ τεύξεται.
Ἐξάρξω μὲν οὖν ἐγὼ ἡνίκ᾽ ἂν καιρὸς ᾖ παιᾶνα· ὅταν δὲ τὸν Ἐνυάλιον
παρακαλέσωμεν, τότε πάντες ὁμοθυμαδὸν ἀνθ᾽ ὧν ὑβρίσθημεν τιμωρώμεθα
τοὺς ἄνδρας. »
(18) Ταῦτα δ᾽ εἰπὼν καὶ μεταστραφεὶς πρὸς τοὺς ἐναντίους, ἡσυχίαν εἶχε· καὶ
γὰρ ὁ μάντις παρήγγελλεν αὐτοῖς μὴ πρότερον ἐπιτίθεσθαι, πρὶν (ἂν) τῶν
σφετέρων ἢ πέσοι τις ἢ τρωθείη· « Ἐπειδὰν μέντοι τοῦτο γένηται, ἡγησόμεθα
μέν, ἔφη, ἡμεῖς, νίκη δ᾽ ὑμῖν ἔσται ἑπομένοις, ἐμοὶ μέντοι θάνατος, ὥς γέ μοι
δοκεῖ. »
(19) Καὶ οὐκ ἐψεύσατο, ἀλλ᾽ ἐπεὶ ἀνέλαβον τὰ ὅπλα, αὐτὸς μὲν ὥσπερ ὑπὸ
μοίρας τινὸς ἀγόμενος ἐκπηδήσας πρῶτος ἐμπεσὼν τοῖς πολεμίοις ἀποθνῄσκει,
καὶ τέθαπται ἐν τῇ διαβάσει τοῦ Κηφισοῦ· οἱ δ᾽ ἄλλοι ἐνίκων καὶ κατεδίωξαν
μέχρι τοῦ ὁμαλοῦ. Ἀπέθανον δ᾽ ἐνταῦθα τῶν μὲν τριάκοντα Κριτίας τε καὶ
Ἱππόμαχος, τῶν δὲ ἐν Πειραιεῖ δέκα ἀρχόντων Χαρμίδης ὁ Γλαύκωνος, τῶν δ᾽
ἄλλων περὶ ἑβδομήκοντα. Καὶ τὰ μὲν ὅπλα ἔλαβον, τοὺς δὲ χιτῶνας οὐδενὸς
τῶν πολιτῶν ἐσκύλευσαν. Ἐπεὶ δὲ τοῦτο ἐγένετο καὶ τοὺς νεκροὺς
ὑποσπόνδους ἀπεδίδοσαν, προσιόντες ἀλλήλοις πολλοὶ διελέγοντο.
| [2,4,15] 15. Aujourd'hui encore ils nous ont amenés sur une position où nos adversaires ne pourront
lancer ni traits ni javelots par-dessus leurs premiers rangs, à cause de l'escarpement qu'ils ont
à gravir, au lieu que nous, lançant nos piques, nos javelots et nos pierres en contre-bas, nous
les atteindrons et en blesserons un grand nombre.
16. On aurait pu croire qu'il nous faudrait combattre avec les premiers rangs à armes égales ;
mais si vous lancez vos traits avec entrain, comme il convient, tous vos coups porteront sur ces
gens dont la route est remplie, et, pour s'en protéger, ils se cacheront constamment sous leurs
boucliers, en sorte que nous pourrons frapper où nous voudrons, comme sur des aveugles,
puis fondre sur eux et les mettre en fuite.
17. Maintenant, camarades, il faut que chacun de vous se persuade bien qu'il est
personnellement responsable de la victoire. Or cette victoire, si Dieu le veut, nous rendra notre
patrie, nos maisons, notre liberté, nos honneurs, nos enfants, si nous en avons, et nos femmes.
Bienheureux en vérité ceux de nous qui après la victoire verront le plus agréable des jours!
Heureux aussi ceux qui mourront! Jamais homme, si riche qu'il soit, n'obtiendra un monument
si glorieux. Moi, j'entonnerai le péan, quand le moment sera venu, et, quand nous aurons
invoqué Enyalios, tous alors, d'un même coeur, vengeons sur ces gens-là les outrages qu'ils
nous ont faits. »
18. Cela dit, il se retourna face à l'ennemi et resta en repos; car le devin avait recommandé aux
hommes de ne pas attaquer avant que l'un d'eux eût été tué ou blessé. « Mais aussitôt après,
dit-il, nous vous conduirons. Suivez-nous, et vous obtiendrez la victoire, et moi, la mort, je le
pressens. »
19. Il ne se trompait pas; car quand ils eurent repris leurs armes, il bondit le premier hors des
rangs, comme s'il eût été poussé par le destin, fondit sur les ennemis et fut tué. Il est enterré au
gué du Céphise. Les autres furent vainqueurs et poursuivirent l'ennemi jusqu'à la plaine. Dans
ce combat périrent deux des Trente, Critias et Hippomachos, un des dix archontes du Pirée,
Charmidès, fils de Glaucon, et soixante-dix autres environ. Les vainqueurs s'emparèrent des
armes, mais ils ne dépouillèrent de leur tunique aucun de leurs concitoyens. Cela fait, et les
morts rendus en vertu d'une trêve, un grand nombre d'hommes des deux partis s'approchèrent
et s'abouchèrent les uns avec les autres.
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