[2,3,25] (25) Ἡμεῖς δὲ γνόντες μὲν τοῖς οἵοις ἡμῖν τε καὶ ὑμῖν χαλεπὴν πολιτείαν εἶναι
δημοκρατίαν, γνόντες δὲ ὅτι Λακεδαιμονίοις τοῖς περισώσασιν ἡμᾶς ὁ μὲν δῆμος
οὔποτ᾽ ἂν φίλος γένοιτο, οἱ δὲ βέλτιστοι ἀεὶ ἂν πιστοὶ διατελοῖεν, διὰ ταῦτα σὺν
τῇ Λακεδαιμονίων γνώμῃ τήνδε τὴν πολιτείαν καθίσταμεν.
(26) Καὶ ἐάν τινα αἰσθανώμεθα ἐναντίον τῇ ὀλιγαρχίᾳ, ὅσον δυνάμεθα ἐκποδὼν
ποιούμεθα· πολὺ δὲ μάλιστα δοκεῖ ἡμῖν δίκαιον εἶναι, εἴ τις ἡμῶν αὐτῶν
λυμαίνεται ταύτῃ τῇ καταστάσει, δίκην αὐτὸν διδόναι.
(27) Νῦν οὖν αἰσθανόμεθα Θηραμένην τουτονὶ οἷς δύναται ἀπολλύντα ἡμᾶς τε
καὶ ὑμᾶς. Ὡς δὲ ταῦτα ἀληθῆ, ἂν κατανοῆτε, εὑρήσετε οὔτε ψέγοντα οὐδένα
μᾶλλον Θηραμένους τουτουὶ τὰ παρόντα οὔτε ἐναντιούμενον, ὅταν τινὰ
ἐκποδὼν βουλώμεθα ποιήσασθαι τῶν δημαγωγῶν.Εἰ μὲν τοίνυν ἐξ ἀρχῆς ταῦτα
ἐγίγνωσκε, πολέμιος μὲν ἦν, οὐ μέντοι πονηρός γ᾽ ἂν δικαίως ἐνομίζετο·
(28) νῦν δὲ αὐτὸς μὲν ἄρξας τῆς πρὸς Λακεδαιμονίους πίστεως καὶ φιλίας, αὐτὸς
δὲ τῆς τοῦ δήμου καταλύσεως, μάλιστα δὲ ἐξορμήσας ὑμᾶς τοῖς πρώτοις
ὑπαγομένοις εἰς ὑμᾶς δίκην ἐπιτιθέναι, νῦν ἐπεὶ καὶ ὑμεῖς καὶ ἡμεῖς φανερῶς
ἐχθροὶ τῷ δήμῳ γεγενήμεθα, οὐκέτ᾽ αὐτῷ τὰ γιγνόμενα ἀρέσκει, ὅπως αὐτὸς μὲν
αὖ ἐν τῷ ἀσφαλεῖ καταστῇ, ἡμεῖς δὲ δίκην δῶμεν τῶν πεπραγμένων.
(29) Ὥστε οὐ μόνον ὡς ἐχθρῷ αὐτῷ προσήκει ἀλλὰ καὶ ὡς προδότῃ ὑμῶν τε καὶ
ἡμῶν διδόναι τὴν δίκην. Καίτοι τοσούτῳ μὲν δεινότερον προδοσία πολέμου,
ὅσῳ χαλεπώτερον φυλάξασθαι τὸ ἀφανὲς τοῦ φανεροῦ, τοσούτῳ δ᾽ ἔχθιον,
ὅσῳ πολεμίοις μὲν ἄνθρωποι καὶ σπένδονται καὶ αὖθις πιστοὶ γίγνονται, ὃν δ᾽ ἂν
προδιδόντα λαμβάνωσι, τούτῳ οὔτε ἐσπείσατο πώποτε οὐδεὶς οὔτ᾽ ἐπίστευσε
τοῦ λοιποῦ.
| [2,3,25] 25. Pour nous, qui savons que la démocratie est un gouvernement insupportable à des gens
tels que nous et vous, qui savons d'autre part que les démocrates ne sauraient jamais être
amis des Lacédémoniens, nos sauveurs, tandis que les aristocrates leur seront toujours fidèles,
pour ces raisons nous avons, avec l'assentiment des Lacédémoniens, établi cette forme de
gouvernement.
26. Si nous voyons quelqu'un s'opposer à l'oligarchie, nous faisons notre possible pour nous en
débarrasser; mais si c'est l'un de nous-mêmes qui cherche à détruire cette constitution, il nous
semble particulièrement juste qu'il en soit puni.
27. Or nous avons constaté que Théramène ici présent fait tout ce qu'il peut pour nous perdre,
nous et vous. Cela est si vrai que, si vous l'observez, vous trouverez que personne ne blâme
l'état de choses actuel plus vivement que ce Théramène, et ne soulève plus d'opposition que
lui, quand nous voulons nous défaire de quelque démagogue. S'il avait eu ces sentiments dès
le début, il serait notre ennemi, mais on aurait tort de le tenir pour un pervers.
28. Seulement, c'est lui qui a inauguré cette politique de confiance et d'amitié avec
Lacédémone, lui qui a détruit la démocratie; c'est lui qui vous a le plus excités à punir les
premiers qu'on a traduits à votre tribunal, et, maintenant que nous sommes devenus, vous et
nous, les ennemis déclarés du peuple, il n'approuve plus notre conduite, afin de se mettre lui-
même à l'abri et de nous laisser porter la peine de ce qui s'est fait.
29. Aussi n'est-ce pas seulement comme ennemi, mais aussi comme traître à votre cause et à
la nôtre qu'il convient de le punir. La trahison est certainement beaucoup plus redoutable que la
guerre, d'autant qu'il est plus difficile de se garantir des dangers invisibles que des dangers
qu'on voit; elle est bien plus haïssable aussi, parce qu'on traite avec un ennemi et qu'on
redevient amis; mais quand on a pris un traître sur le fait, on ne traite jamais avec lui et l'on n'a
jamais plus confiance en lui.
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