[2,3,20] (20) Ὁ μὲν ταῦτ᾽ ἔλεγεν. Ὁἱ δ᾽ ἐξέτασιν ποιήσαντες τῶν μὲν τρισχιλίων ἐν τῇ
ἀγορᾷ, τῶν δ᾽ ἔξω τοῦ καταλόγου ἄλλων ἀλλαχοῦ, ἔπειτα κελεύσαντες ἐπὶ τὰ
ὅπλα, ἐν ᾧ ἐκεῖνοι ἀπεληλύθεσαν πέμψαντες τοὺς φρουροὺς καὶ τῶν πολιτῶν
τοὺς ὁμογνώμονας αὑτοῖς τὰ ὅπλα πάντων πλὴν τῶν τρισχιλίων παρείλοντο, καὶ
ἀνακομίσαντες ταῦτα εἰς τὴν ἀκρόπολιν συνέθηκαν ἐν τῷ ναῷ.
(21) Τούτων δὲ γενομένων, ὡς ἐξὸν ἤδη ποιεῖν αὐτοῖς ὅ τι βούλοιντο, πολλοὺς
μὲν ἔχθρας ἕνεκα ἀπέκτεινον, πολλοὺς δὲ χρημάτων. Ἔδοξε δ᾽ αὐτοῖς, ὅπως
ἔχοιεν καὶ τοῖς φρουροῖς χρήματα διδόναι, καὶ τῶν μετοίκων ἕνα ἕκαστον λαβεῖν,
καὶ αὐτοὺς μὲν ἀποκτεῖναι, τὰ δὲ χρήματα αὐτῶν ἀποσημήνασθαι.
(22) Ἐκέλευον δὲ καὶ τὸν Θηραμένην λαβεῖν ὅντινα βούλοιτο. ὁ δ᾽ ἀπεκρίνατο· «
Ἀλλ᾽ οὐ δοκεῖ μοι, ἔφη, καλὸν εἶναι φάσκοντας βελτίστους εἶναι ἀδικώτερα τῶν
συκοφαντῶν ποιεῖν. Ἐκεῖνοι μὲν γὰρ παρ᾽ ὧν χρήματα λαμβάνοιεν ζῆν εἴων,
ἡμεῖς δὲ ἀποκτενοῦμεν μηδὲν ἀδικοῦντας, ἵνα χρήματα λαμβάνωμεν; πῶς οὐ
ταῦτα τῷ παντὶ ἐκείνων ἀδικώτερα; »
(23) Οἱ δ᾽ ἐμποδὼν νομίζοντες αὐτὸν εἶναι τῷ ποιεῖν ὅ τι βούλοιντο,
ἐπιβουλεύουσιν αὐτῷ, καὶ ἰδίᾳ πρὸς τοὺς βουλευτὰς ἄλλος πρὸς ἄλλον
διέβαλλον ὡς λυμαινόμενον τὴν πολιτείαν. Καὶ παραγγείλαντες νεανίσκοις οἳ
ἐδόκουν αὐτοῖς θρασύτατοι εἶναι ξιφίδια ὑπὸ μάλης ἔχοντας παραγενέσθαι,
συνέλεξαν τὴν βουλήν.
(24) Ἐπεὶ δὲ ὁ Θηραμένης παρῆν, ἀναστὰς ὁ Κριτίας ἔλεξεν ὧδε. « Ὦ ἄνδρες
βουλευταί, εἰ μέν τις ὑμῶν νομίζει πλείους τοῦ καιροῦ ἀποθνῄσκειν, ἐννοησάτω
ὅτι ὅπου πολιτεῖαι μεθίστανται πανταχοῦ ταῦτα γίγνεται· πλείστους δὲ ἀνάγκη
ἐνθάδε πολεμίους εἶναι τοῖς εἰς ὀλιγαρχίαν μεθιστᾶσι διά τε τὸ
πολυανθρωποτάτην τῶν Ἑλληνίδων τὴν πόλιν εἶναι καὶ διὰ τὸ πλεῖστον χρόνον
ἐν ἐλευθερίᾳ τὸν δῆμον τεθράφθαι.
| [2,3,20] 20. Voilà ce qu'il dit. Les autres firent une revue des citoyens et assemblèrent les trois mille sur
la place publique, et ceux qui étaient hors de la liste dans un autre endroit; puis ils
commandèrent de mettre les armes en faisceaux et, quand les hommes furent partis, ils
envoyèrent leurs gardes et les citoyens de leur parti enlever les armes de tout le monde,
excepté des trois mille, les firent monter à l'acropole et déposer dans le temple.
21. Cette mesure prise, ils se crurent maîtres de faire ce qui leur plaisait, et ils firent périr
beaucoup de citoyens par haine, beaucoup pour avoir leurs biens. Ils décidèrent en outre, pour
se procurer de quoi payer leurs gardes, de se saisir chacun d'un métèque, de le tuer et de
confisquer sa fortune à leur profit.
22. Ils engagèrent aussi Théramène à prendre celui qu'il voudrait. Il répondit : « Il ne me
semble pas bien, quand on prétend être les meilleurs, d'agir plus mal que des sycophantes.
Ceux-ci laissaient vivre ceux dont ils prenaient les biens, et nous, nous ferions périr des
innocents, pour leur prendre leur fortune ? Cette conduite ne serait-elle pas infiniment plus
criminelle que la leur ? »
23. Les autres, pensant que Théramène était un obstacle à l'exécution de leurs desseins,
complotèrent contre lui, et le calomnièrent près des sénateurs, qu'ils prenaient chacun à part
pour l'accuser de perdre le gouvernement. Enfin ils engagèrent les jeunes gens qui leur
paraissaient les plus audacieux à se rendre auprès d'eux avec un poignard sous l'aisselle, et ils
assemblèrent le sénat.
24. Quand Théramène fut arrivé, Critias se leva et parla ainsi :« Sénateurs, si quelqu'un de
vous pense que l'on met à mort plus de gens que les circonstances ne l'exigent, qu'il
réfléchisse que partout où l'on change de gouvernement, ces rigueurs sont habituelles. Mais ici
l'introduction de l'oligarchie a nécessairement soulevé plus d'ennemis qu'ailleurs, parce que la
ville est la plus peuplée de la Grèce et que le peuple a été très longtemps nourri dans la
liberté.
|