[5,9] Ὁ δὲ Ἱππόθοος ὁ Περίνθιος ἐν τῷ Ταυρομενίῳ
τὰ μὲν πρῶτα διῆγε πονήρως ἀπορίᾳ τῶν ἐπιτηδείων·
χρόνου δὲ προϊόντος ἠράσθη πρεσβῦτις αὐτοῦ, καὶ ἔγημέ
τε ὑπ´ ἀνάγκης τῆς κατὰ τὴν ἀπορίαν τὴν πρεσβῦτιν, καὶ
ὀλίγῳ συγγενόμενος χρόνῳ, ἀποθανούσης αὐτῆς πλοῦτόν τε
διαδέχεται πολὺν καὶ εὐδαιμονίαν· πολλὴ μὲν οἰκετῶν
παραπομπή, πολλὴ δὲ {τῶν} ἐσθήτων ὕπαρξις καὶ σκευῶν
πολυτέλεια. Διέγνω δὲ πλεῦσαι μὲν εἰς Ἰταλίαν,
ὠνήσασθαι δὲ οἰκέτας ὡραίους καὶ θεραπαίνας καὶ ἄλλην
σκευῶν περιβολήν, ὅση γένοιτ´ ἂν ἀνδρὶ εὐδαίμονι· ἐμέμνητο
δὲ ἀεὶ τοῦ Ἁβροκόμου καὶ τοῦτον ἀνευρεῖν ηὔχετο, περὶ
πολλοῦ ποιούμενος κοινωνῆσαί τε αὐτῷ τοῦ βίου παντὸς
καὶ τῶν κτημάτων.
Καὶ ὁ μὲν ἐπαναχθεὶς κατῆρεν εἰς Ἰταλίαν, εἵπετο
δὲ αὐτῷ μειράκιον τῶν ἐν Σικελίᾳ εὖ γεγονότων, Κλεισθένης
τοὔνομα, καὶ πάντων μετεῖχε τῶν Ἱπποθόου κτημάτων,
καλὸς ὤν. Ὁ δὲ πορνοβοσκὸς ἤδη τῆς Ἀνθίας ὑγιαίνειν
δοκούσης ἐνενόει ὅπως αὐτὴν ἀποδώσεται, καὶ δὴ προῆγεν
αὐτὴν εἰς τὴν ἀγορὰν καὶ τοῖς ὠνησομένοις ἐπεδείκνυεν.
Ἐν τούτῳ δὲ ὁ Ἱππόθοος περιῄει τὴν πόλιν τὴν
Τάραντα, εἴ τι καλὸν ὠνήσασθαι ζητῶν· καὶ ὁρᾷ τὴν
Ἀνθίαν καὶ γνωρίζει καὶ ἐπὶ τῷ συμβάντι καταπλήσσεται
καὶ πολλὰ πρὸς ἑαυτὸν ἐλογίζετο »οὐχ αὕτη ἡ κόρη, ἣν
ἐγώ ποτε ἐν Αἰγύπτῳ τιμωρῶν τῷ Ἀγχιάλου φόνῳ εἰς
τάφρον κατώρυξα καὶ κύνας αὐτῇ συγκαθεῖρξα; Τίς οὖν ἡ
μεταβολή; πῶς δὲ σῴζεται; τίς ἡ ἐκ τῆς τάφρου φυγή;
τίς ἡ παράλογος σωτηρία;« Εἰπὼν ταῦτα προσῆλθεν
ὡς ὠνήσασθαι θέλων, καὶ παραστὰς αὐτῇ »ὦ κόρη«
ἔφησεν, »Αἴγυπτον οὐκ οἶδας οὐδὲ λῃσταῖς ἐν Αἰγύπτῳ
περιπέπτωκας οὐδὲ ἄλλο τι ἐν ἐκείνῃ τῇ γῇ πέπονθας
δεινόν; εἰπὲ θαρσοῦσα, γνωρίζω γάρ σε {ἐν ἐκείνῳ τῷ
χωρίῳ}.« Αἴγυπτον ἀκούσασα καὶ ἀναμνησθεῖσα
Ἀγχιάλου καὶ τοῦ λῃστηρίου καὶ τῆς τάφρου ἀνῴμωξέ τε
καὶ ἀνωδύρατο, ἀποβλέψασα δὲ εἰς τὸν Ἱππόθοον (ἐγνώρισε
δὲ αὐτὸν οὐδαμῶς) »πέπονθα« φησὶν »ἐν Αἰγύπτῳ
πολλά, ὦ ξένε, καὶ δεινά, ὅστις ποτε ὢν τυγχάνεις, καὶ
λῃσταῖς περιπέπτωκα· ἀλλὰ σὺ πῶς« εἶπε »γνωρίζεις τὰ
ἐμὰ διηγήματα; πόθεν δὲ εἰδέναι λέγεις ἐμὲ τὴν
δυστυχῆ; διαβόητα μὲν γὰρ καὶ ἔνδοξα πέπονθα {μὲν},
ἀλλὰ σὲ οὐ γινώσκω τὸ σύνολον.« Ἀκούσας ὁ Ἱππόθοος
καὶ μᾶλλον ἐξ ὧν ἔλεγεν ἀναγνωρίσας αὐτὴν τότε μὲν
ἡσυχίαν ἤγαγεν, ὠνησάμενος δὲ αὐτὴν παρὰ τοῦ πορνοβοσκοῦ
ἄγει πρὸς ἑαυτὸν καὶ θαρρεῖν παρεκελεύετο καὶ
ὅστις ἦν λέγει καὶ τῶν ἐν Αἰγύπτῳ γενομένων ἀναμιμνῄσκει
καὶ τὸν ἑαυτοῦ πλοῦτον διηγεῖται καὶ τὴν φυγήν. Ἡ
δὲ ᾐτεῖτο συγγνώμην ἔχειν καὶ αὐτῷ ἀπεξηγεῖτο ὅτι
Ἀγχίαλον ἀπέκτεινε μὴ σωφρονοῦντα, καὶ τὴν τάφρον καὶ
τὸν Ἀμφίνομον καὶ τὴν τῶν κυνῶν πραότητα καὶ τὴν
σωτηρίαν διηγεῖται. Κατῴκτειρεν αὐτὴν ὁ Ἱππόθοος
καὶ ἥτις μὲν ἦν ἐπέπυστο οὐδέπω, ἐκ δὲ τῆς καθημερινῆς
σὺν τῇ κόρῃ διαίτης εἰς ἐπιθυμίαν Ἀνθίας καὶ Ἱππόθοος
ἔρχεται καὶ συνελθεῖν ἐβούλετο καὶ πολλὰ ὑπισχνεῖται
αὐτῇ. Ἡ δὲ τὰ μὲν πρῶτα ἀντέλεγεν αὐτῷ, ἀναξία
εἶναι λέγουσα εὐνῆς δεσποτικῆς· τέλεον δὲ ὡς ἐνέκειτο
Ἱππόθοος, οὐκέτ´ ἔχουσα ὅ τι ποιήσει, κάλλιον εἶναι
νομίζουσα εἰπεῖν πάντα αὐτῷ τὰ ἀπόρρητα ἢ παραβῆναι
τὰς πρὸς Ἁβροκόμην συνθήκας, λέγει τὸν Ἁβροκόμην, τὴν
Ἔφεσον, τὸν ἔρωτα, τοὺς ὅρκους, τὰς συμφοράς, τὰ
λῃστήρια καὶ συνεχὲς Ἁβροκόμην ἀνωδύρετο· ὁ δὲ
Ἱππόθοος ἀκούσας ὅτι τε Ἀνθία εἴη καὶ ὅτι γυνὴ τοῦ
πάντων αὐτῷ φιλτάτου, ἀσπάζεταί τε αὐτὴν καὶ εὐθυμεῖν
παρεκάλει καὶ τὴν αὑτοῦ πρὸς Ἁβροκόμην φιλίαν διηγεῖται.
Καὶ τὴν μὲν ἁγνὴν εἶχεν ἐπὶ τῆς οἰκίας, πᾶσαν προσάγων
ἐπιμέλειαν, Ἁβροκόμην αἰδούμενος· αὐτὸς δὲ πάντα
ἀνηρεύνα, εἴ που τὸν Ἁβροκόμην ἀνεύροι.
| [5,9] Une vive détresse affligeait Hyppotoûs; la vengeance céleste lui faisait sentir la pesanteur de sa justice; étrange révolution produite par son repentir ! il préférait cet état de misère à sa vie passée. Le Destin, par pitié, suscita, pour l'en tirer, une vieille femme très-riche, qui devint passionnée de lui. Il l'épousa et sa mort le mit dans l'opulence ; grand nombre d'esclaves, une garde-robe bien fournie, des équipages somptueux, de l'or et des bijoux lui demeurèrent en partage : Hyppotoûs régla son train en conséquence; il voulut même aller en Italie acheter d'autres esclaves et toutes les choses nécessaires pour une maison montée avec éclat. Cette lueur de fortune n'avait pas cependant banni de sa mémoire le bel Abrocome; il brûlait de le revoir, afin de lui faire part de ses richesses; toujours occupé de lui, Hyppotous effectue son voyage d'Italie, en compagnie du beau Clistène. Ce jeune homme etait d'une des principales familles de Sicile, l'amitié rendait tout commun entre eux.
Le temps de la feinte maladie d'Anthia étant écoulé, Lénon la fit exposer dans un marché pour être vendue. Hyppotoûs, qui visitait la ville de Tarente, la reconnut ; jamais personne ne fut frappé d'un plus grand étonnement. N'est-ce pas là, dit-il en lui-même, cette jeune fille que j'ai vue en Egypte, et que je condamnai dans une fosse à la rage de deux chiens pour venger les mânes d'Anchialus ? Quelle métamorphose ! De quelle manière a-t-elle pu sortir de là? Quel événement extraordinaire? Hyppotoùs à l'instant s'approcha d'elle comme pour l'acheter, et lui dit à l'oreille : O jeune fille, n'as-tu jamais été en Egypte, et n'y tombas-tu point entre les mains des brigands ? Ne t'est-il pas arrivé dans ce pays-là quelque calamité funeste? Avoue-le-moi; je t'y ai vue sûrement.
Anthia, s'entendant rappeler son histoire d'Egypte, et le souvenir encore récent de la mort d'Anchialus et du supplice auquel on l'avait condamnée ; Anthia, dis-je, ne put retenir ses pleurs; mais, envisageant Hyppotoùs sans se remettre sa physionomie : J'ai souffert en. Egypte, lui répondit-elle, des maux de plus d'une espèce, ô étranger, qui que tu sois, et véritablement ma mauvaise étoile me fit donner dans l'embuscade de certains brigands: mais, par quel hasard mes malheurs sont-ils venus jusqu'à toi ? tu prétends me connaître, et je ne te reconnais point.
Hyppotoùs n'eut pas avec elle une plus grande explication; mais, très persuadé par ce qu'il venait d'entendre, qu'il ne se trompait point, il acheta de Lénon cette jeune esclave, et l'emmena chez lui. Quand ils furent seuls, Hyppotoùs, pour la mieux rassurer, lui raconta d'un ton d'amitié ce qui lui était arrivé à lui-même même en Egypte, sa fuite et les richesses dont il était possesseur. Anthia le pria de lui pardonner de ne s'être pas déclarée plutôt ; elle lui fit ensuite le récit fidèle du meurtre d'Anchialus et du motif qui l'avait forcée à le commettre : elle raconta aussi comment Anphinome avait eu soin d'elle et des chiens, et par quel hasard elle avait été ravie à ce brigand. Hyppotoûs parut s'intéresser à son sort; cependant il ne lui demanda pas encore pour cette fois qui elle était : mais plus il vivait avec Anthia, et plus il devenait l'esclave de ses charmes. Hyppotoûs en vint même jusqu'à vouloir l'épouser, et lui promit, pour y consentir, tout ce qu'il possédait de richesses. Anthia s'en excusa d'abord sur ce qu'elle ne se croyait pas digne de monter au lit de son maître ; mais Hyppotoûs insistait toujours. Alors elle se vit réduite à découvrir ses mauvais destins. C'était en effet la seule manière de rompre les projets d'Hyppotoùs, et de garder sa fidélité. Anthia reprit donc ses aventures dès la fête de Diane, et n'oublia pas la moindre circonstance, mêlant partout le nom d'Abrocome, et ne pouvant le prononcer sans répandre des larmes. Hyppotoùs, à ce récit, reconnut enfin la charmante Anthia, cette tendre épouse, adorée du plus cher de ses amis. Qu'on juge de sa joie. Il l'accabla de caresses, et lui apprit en même temps ses voyages avec Abrocome. Hyppotoùs depuis ce moment lui marqua tous les égards possibles, à cause de l'affection qu'il portait à son époux ; il était même résolu de mettre tout en usage pour le retrouver.
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