[5,8] ὁ δὲ Ἁβροκόμης ἀπὸ τῆς Σικελίας, ἐπαναχθεὶς
καταίρει μὲν εἰς Νουκέριον τῆς Ἰταλίας, ἀπορίᾳ
δὲ τῶν ἐπιτηδείων ἀμηχανῶν ὅ τι ποιήσει, τὰ μὲν πρῶτα
περιῄει τὴν Ἀνθίαν ζητῶν· αὕτη γὰρ ἦν αὐτῷ τοῦ
βίου παντὸς καὶ τῆς πλάνης ἡ ὑπόθεσις· ὡς δὲ οὐδὲν
ηὕρισκεν (ἦν γὰρ ἐν Τάραντι ἡ κόρη παρὰ τῷ πορνοβοσκῷ),
αὑτὸν ἀπεμίσθωσε τοῖς τοὺς λίθους ἐργαζομένοις. Καὶ
ἦν αὐτῷ τὸ ἔργον ἐπίπονον, οὐ γὰρ συνείθιστο τὸ σῶμα
οὐδὲ αὑτὸν ὑποβάλλειν ἔργοις ἐντόνοις ἢ σκληροῖς· διέκειτο
δὲ πονήρως καὶ πολλάκις κατοδυρόμενος τὴν αὑτοῦ τύχην
»ἰδοὺ« φησὶν »Ἀνθία, ὁ σὸς Ἁβροκόμης ἐργάτης τέχνης
πονηρᾶς καὶ τὸ σῶμα ὑποτέθεικα δουλείᾳ· καὶ εἰ μὲν
εἶχόν τινα ἐλπίδα εὑρήσειν σε καὶ τοῦ λοιποῦ συγκαταβιώσασθαι,
τοῦτο πάντων ἄμεινόν με παρεμυθεῖτο· νυνὶ
δὲ ἴσως κἀγὼ δυστυχὴς εἰς κενὰ καὶ ἀνόνητα πονῶ, καὶ
σύ που τέθνηκας πόθῳ τῷ πρὸς Ἁβροκόμην. Πέπεισμαι
γὰρ, φιλτάτη, ὡς οὐκ ἄν ποτε οὐδὲ ἀποθανοῦσα ἐκλάθοιό
μου.«Καὶ ὁ μὲν ταῦτα ὠδύρετο καὶ τοὺς πόνους ἔφερεν
ἀλγεινῶς, τῇ δὲ Ἀνθίᾳ ὄναρ ἐπέστη ἐν Τάραντι κοιμωμένῃ.
Ἐδόκει μὲν αὑτὴν εἶναι μετὰ Ἁβροκόμου, καλὴν οὖσαν
μετ´ ἐκείνου καλοῦ καὶ τὸν πρῶτον εἶναι τοῦ ἔρωτος αὐτοῖς
χρόνον· φανῆναι δέ τινα ἄλλην γυναῖκα καλὴν καὶ
ἀφέλκειν αὐτῆς τὸν Ἁβροκόμην· καὶ τέλος ἀναβοῶντος καὶ
καλοῦντος ὀνομαστὶ ἐξαναστῆναί τε καὶ παύσασθαι τὸ
ὄναρ. Ταῦτα ὡς ἔδοξεν ἰδεῖν, εὐθὺς μὲν ἀνέθορέ τε
καὶ ἀνεθρήνησε καὶ ἀληθῆ τὰ ὀφθέντα ἐνόμιζεν »οἴμοι
τῶν κακῶν« λέγουσα, »ἐγὼ μὲν καὶ πόνους ὑπομένω
πάντας καὶ ποικίλων πειρῶμαι δυστυχὴς συμφορῶν καὶ
τέχνας σωφροσύνης ὑπὲρ γυναῖκας εὑρίσκω Ἁβροκόμῃ·
σοὶ δὲ ἴσως ἄλλη που δέδοκται καλή· ταῦτα γάρ μοι σημαίνει
τὰ ὀνείρατα. Τί οὖν ἔτι ζῶ; τί δ´ ἐμαυτὴν λυπῶ;
κάλλιον οὖν ἀπολέσθαι καὶ ἀπαλλαγῆναι τοῦ πονήρου
τούτου βίου, ἀπαλλαγῆναι δὲ τῆς ἀπρεποῦς ταύτης καὶ
ἐπισφαλοῦς δουλείας. Ἁβροκόμης μὲν γὰρ εἰ καὶ τοὺς
ὅρκους παραβέβηκε, μηδὲν οἱ θεοὶ τιμωρήσαιντο τοῦτον·
ἴσως ἀνάγκῃ τι εἴργασται· ἐμοὶ δὲ ἀποθανεῖν καλῶς ἔχει
σωφρονούσῃ.« Ταῦτα ἔλεγε θρηνοῦσα καὶ μηχανὴν ἐζήτει
τελευτῆς.
| [5,8] Pendant qu'elle se félicitait d'avoir si bien réussi, Abrocome avait débarqué à Nocère en Italie, dénué de toute ressource pour subsister. Les premiers moments de son arrivée furent employés à la recherche d'Anthia; c'était là le principe et la fin de toutes ses actions. Comme il n'en apprenait aucune nouvelle, il s'associa chez des sculpteurs en pierre, où, ses bras n'étant point faits à aucune sorte de travail, il eut bien de la peine à s'y accoutumer. La fatigue le rendait quelquefois malade ; alors la réflexion lui dictait ces plaintes : Voilà donc, belle Anthia, ton cher Abrocome réduit à vivre de ses mains, esclave, pour ainsi dire, de vils ouvriers ! Si j'étais du moins assez heureux pour te retrouver! Si je pouvais concevoir la flatteuse idée de finir mes jours avec toi! me faudrait-il, ô ciel! d'autre consolation! Mais, infortuné que je suis, je prends peut-être une peine inutile ! Peut-être as-lu déjà passé la rive fatale pour me rester fidèle, et dans l'espoir de me rejoindre; car je ne doute pas un instant qu'Abrocome n'ait été l'objet de ton dernier soupir ! II se plaignait de cette manière, et, par-dessus le fardeau de son travail, il avait à porter encore le poids de sa douleur.
Pendant que la belle Anthia était encore à Tarente, un songe fâcheux vint inquiéter sa tendresse ; elle vit Abrocome, étant l'un et l'autre encore dans la plus brillante beauté, comme aux premiers temps de leurs amours ; une femme assez belle paraissait être aussi présente à son esprit, laquelle arrachait Abrocome d'entre ses bras ; toute endormie qu'elle était, l'exclamation qu'elle fit en rappelant Abrocome la réveille et la trouble ; elle se lève à l'instant, séduite par cette illusion : O Dieux ! s'écriet-elle! quel plus grand malheur pouvait-il m'arriver! Quoi! déchirée de toutes façons, je soutiens avec une constance au-dessus de mon sexe toutes sortes d'infortunes! Ma tendresse invente chaque jour quelque nouvel artifice pour ne trahir ni mon cœur ni mes serments, et toi, cruel Abrocome, un autre objet t'enchante ! du moins, dois-je en croire les songes qui me l'apprennent. Mais, pour quelle raison ne terminé-je pas mes tristes jours? Pourquoi les passer dans des gémissemens continuels. N'est-il pas plus sage de se délivrer tout d'un coup d'une vie toujours accompagnée de traverses, et de finir une dangereuse captivité? Cependant, si mon époux ne m'a pas gardé la foi qui m'était due, Dieux immortels, pardonnez-lui ! On l'aura contraint, sans doute, et son cœur n'a point de part à cette infidélité ; mais, pour moi, je dois mourir telle que j'ai vécu. Parmi toutes ces idées, Anthia cherchait à exécuter son sinistre projet.
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