[5,6] Ὁ δὲ Ἱππόθοος διανύσας τὸν πλοῦν κατήχθη μὲν
εἰς Σικελίαν, οὐκ εἰς Συρακούσας δέ, ἀλλ´ εἰς Ταυρομένιον,
καὶ ἐζήτει καιρὸν δι´ οὗ τὰ ἐπιτήδεια ἕξει. Τῷ δὲ
Ἁβροκόμῃ ἐν Συρακούσαις ὡς χρόνος πολὺς ἐγένετο,
ἀθυμία ἐμπίπτει καὶ ἀπορία δεινή, ὅτι μηδὲ Ἀνθίαν
εὑρίσκοι μηδὲ εἰς τὴν πατρίδα ἀνασῴζοιτο. Διέγνω
οὖν ἀποπλεύσας ἐκ Σικελίας εἰς Ἰταλίαν ἀνελθεῖν κἀκεῖθεν,
εἰ μηδὲν εὑρίσκοι τῶν ζητουμένων, εἰς Ἔφεσον
πλεῦσαι πλοῦν δυστυχῆ. Ἤδη δὲ καὶ οἱ γονεῖς αὐτῶν καὶ
οἱ Ἐφέσιοι πάντες ἐν πολλῷ πένθει ἦσαν, οὔτε ἀγγέλου
παρ´ αὐτῶν ἀφιγμένου οὔτε γραμμάτων· ἀπέπεμπον δὲ
πανταχοῦ τοὺς ἀναζητήσοντας. Ὑπὸ ἀθυμίας δὲ καὶ
γήρως οὐ δυνηθέντες ἀντισχεῖν οἱ γονεῖς ἑκατέρων ἑαυτοὺς
ἐξήγαγον τοῦ βίου. Καὶ ὁ μὲν Ἁβροκόμης ᾔει τὴν ἐπὶ
Ἰταλίας ὁδόν· ὁ δὲ Λεύκων καὶ ἡ Ῥόδη, οἱ σύντροφοι τοῦ
Ἁβροκόμου καὶ τῆς Ἀνθίας, τεθνηκότος αὐτοῖς ἐν Ξάνθῳ
τοῦ δεσπότου καὶ τὸν κλῆρον (ἦν δὲ πολὺς) ἐκείνοις καταλιπόντος,
διέγνωσαν εἰς Ἔφεσον πλεῖν, ὡς ἤδη μὲν αὐτοῖς
〈ἐκεῖ〉 τῶν δεσποτῶν σεσωσμένων, ἱκανῶς δὲ τῆς κατὰ τὴν
ἀποδημίαν συμφορᾶς πεπειραμένοι. Ἐνθέμενοι δὲ
πάντα τὰ αὑτῶν νηὶ ἀνήγοντο εἰς Ἔφεσον, καὶ ἡμέραις τε
οὐ πολλαῖς διανύσαντες τὸν πλοῦν ἧκον εἰς Ῥόδον, κἀκεῖ
μαθόντες ὅτι οὐδέπω μὲν Ἁβροκόμης καὶ Ἀνθία σῴζοιντο,
τεθνήκασι δὲ αὐτῶν οἱ πατέρες, διέγνωσαν εἰς Ἔφεσον μὴ
κατελθεῖν, χρόνῳ δέ τινι ἐκεῖ γενέσθαι, μέχρις οὗ τι περὶ
τῶν δεσποτῶν πύθωνται.
| [5,6] La navigation d'Hyppotoùs se termina sur les côtes de Sicile, non point à Syracuse, mais à Taormine, où de grandes vues ne l'occupaient plus : il cherchait seulement à vivre.
Abrocome, toujours à Syracuse, y mourait de tristesse de ne pouvoir retrouver Anthia, et n'avait pas même le moyen de rejoindre sa patrie ; il résolut, par un dernier essai, de côtoyer les bords de la Sicile pour voguer en Italie, et de là, s'il n'était pas plus heureux dans ce dernier voyage, d'aller porter son ennui à Ephèse, et d'y attendre la mort en pensant à sa chère Anthia.
Pendant ce temps-là, toute sa patrie était dans un deuil universel. Les auteurs de leurs jours, qui ne recevaient d'eux ni lettres ni messages, avaient envoyé sur mer et de tous côtés pour savoir de leurs nouvelles. Las enfin de voir leur espérance trahie, accablés de douleur, et succombant sous le fardeau des années, ils se laissèrent mourir volontairement. Abrocome partit pour l'Italie.
Leucon et Rode, ces deux compagnons fidèles de l'enfance d'Abrocome et d'Anthia, avaient perdu leur maître et leur père en même-temps, puisqu'il les avait adoptés; et les biens considérables dont ils héritèrent par sa mort les mirent en état de revoir leur patrie. Ils se flattaient que de plus heureux destins y auraient conduit leurs jeunes maîtres. Ils chargèrent toutes leurs richesses sur un vaisseau pour s'en retourner à Ephèse; mais on leur apprit à Rhodes, où ils avaient été forcés de relâcher, qu'Abrocome et la belle Anthia ri'étaient point de retour, et que leurs parents étaient morts. Cette nouvelle leur fit interrompre le cours de leur voyage ; ils restèrent à Rhodes en attendant qu'ils pussent être instruits de ce qu'ils souhaitaient.
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