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Du texte à l'hypertexte

Xénophon d'Éphèse, Les amours d'Abrocome et d'Anthia, livre V

Chapitre 5

 Chapitre 5

[5,5] Ἐπέπυστο δὲ Πολυίδου γυνὴ ὅτι ἄγει κόρην ἐρωμένην, καὶ φοβηθεῖσα μή πως αὐτὴν ξένη παρευδοκιμήσῃ, Πολυίδῳ μὲν οὐδὲν λέγει, ἐβουλεύετο δὲ καθ´ αὑτὴν ὅπως τιμωρήσεται τὴν δοκοῦσαν ἐπιβουλεύειν τοῖς γάμοις. Καὶ δὴ μὲν Πολύιδος ἀπήγγελλέ τε τῷ ἄρχοντι τῆς Αἰγύπτου τὰ γενόμενα καὶ τὰ λοιπὰ ἐπὶ τοῦ στρατοπέδου διῴκει τὰ τῆς ἀρχῆς· ἀπόντος δὲ αὐτοῦ Ῥηναία (τοῦτο γὰρ ἐκαλεῖτο τοῦ Πολυίδου γυνὴ) μεταπέμπεται τὴν Ἀνθίαν (ἦν δὲ ἐπὶ τῆς οἰκίας) καὶ περιρρήγνυσι τὴν ἐσθῆτα καὶ αἰκίζεται τὸ σῶμα » πονηρὰ« λέγουσα »καὶ τῶν γάμων τῶν ἐμῶν ἐπίβουλε, ματαίως ἔδοξας Πολυίδῳ καλή, οὐ γάρ σε ὀνήσει τὸ κάλλος τοῦτο. Ἴσως μὲν γὰρ πείθειν λῃστὰς ἐδύνασο καὶ συγκαθεύδειν νεανίσκοις μεθύουσι πολλοῖς· τῆς δὲ Ῥηναίας εὐνὴν οὔποτε ὑβρίσεις χαίρουσα«. Ταῦτα εἰποῦσα ἀπέκειρε τὴν κόμην αὐτῆς καὶ δεσμὰ περιτίθησι καὶ παραδοῦσα οἰκέτῃ τινὶ πιστῷ, Κλυτῷ τοὔνομα, κελεύει ἐμβιβάσαντα εἰς ναῦν, ἀπαγαγόντα εἰς Ἰταλίαν ἀποδόσθαι πορνοβοσκῷ τὴν Ἀνθίαν. »Οὕτω γὰρ« ἔφη »δυνήσῃ καλὴ τῆς ἀκρασίας κόρον λαβεῖν«. Ἤγετο δὲ Ἀνθία ὑπὸ τοῦ Κλυτοῦ κλαίουσα καὶ ὀδυρομένη » κάλλος ἐπίβουλον« λέγουσα, » δυστυχὴς εὐμορφία, τί μοι παραμένετε ἐνοχλοῦντα; τί δὲ αἴτια πολλῶν κακῶν μοι γίνεσθε; οὐκ ἤρκουν οἱ τάφοι, οἱ φόνοι, τὰ δεσμά, τὰ λῃστήρια, ἀλλ´ ἤδη καὶ ἐπὶ οἰκήματος στήσομαι καὶ τὴν μέχρι νῦν Ἁβροκόμῃ τηρουμένην σωφροσύνην πορνοβοσκὸς ἀναγκάσει με λύειν; Ἀλλ´, δέσποτα«, προσπεσοῦσα ἔλεγε τοῖς γόνασι τοῦ Κλυτοῦ, »μή με ἐπ´ ἐκείνην τὴν τιμωρίαν {ἅμα} προαγάγῃς, ἀλλὰ ἀπόκτεινόν με αὐτός· οὐκ οἴσω πορνοβοσκὸν δεσπότην· σωφρονεῖν, πίστευσον, εἰθίσμεθα«. Ταῦτα ἐδεῖτο, ἠλέει δὲ αὐτὴν Κλυτός. Καὶ μὲν ἀπήγετο εἰς Ἰταλίαν, δὲ Ῥηναία ἐλθόντι τῷ Πολυίδῳ λέγει ὅτι ἀπέδρα Ἀνθία, κἀκεῖνος ἐκ τῶν ἤδη πεπραγμένων ἐπίστευσεν αὐτῇ. δὲ Ἀνθία κατήχθη μὲν εἰς Τάραντα, πόλιν τῆς Ἰταλίας· ἐνταῦθα δὲ Κλυτὸς δεδοικὼς τὰς τῆς Ῥηναίας ἐντολὰς ἀποδίδοται αὐτὴν πορνοβοσκῷ. δὲ ἰδὼν κάλλος οἷον οὔπω πρότερον ἐτεθέατο, μέγα κέρδος ἕξειν τὴν παῖδα ἐνόμιζε, καὶ ἡμέραις μέν τισιν αὐτὴν ἀνελάμβανεν ἐκ τοῦ πλοῦ κεκμηκυῖαν καὶ ἐκ τῶν ὑπὸ τῆς Ῥηναίας βασάνων· δὲ Κλυτὸς ἧκεν εἰς Ἀλεξάνδρειαν καὶ τὰ πραχθέντα ἐμήνυσε τῇ Ῥηναίᾳ. [5,5] La femme de ce capitaine, apprenant qu'il amenait dans la maison une jeune personne dont il paraissait épris, se crut déjà entièrement bannie du cœur de son époux; elle ne lui fit néanmoins aucun reproche, mais la jalousie n'y perdit rien : elle machina dans son âme des moyens secrets de tirer vengeance de sa rivale, puisqu'elle aspirait à la supplanter. Poluide rendit compte de son expédition au gouverneur d'Egypte, qui le renvoya exercer son commandement à l'armée. Renéa (c'est ainsi que se nommait sa femme) profita de son absence pour se débarrasser d'Anthia. Elle la fait appeler; et, après s'être déchiré ses habits et meurtri le corps : Infâme, lui dit-elle, c'est donc toi qui voudrais m'enlever mon époux? En vain tes nobles attraits ont charmé son ame; cette même beauté te sera fatale. Quoi ! parce que tu pus radoucir par tes tromperies la férocité de quelques assassins, et dormir avec une foule de jeunes débauchés plongés dans l'ivresse, tu t'enhardis ! tu voudrais porter ton ambition jusqu'au lit de Renéa ! Il n'est pas fait pour un tel outrage ; ne t'en flatte pas. Au même instant Renéa coupa les cheveux de l'infortunée Anthia, et l'entoura de liens; puis elle ordonne à Clitus, l'un de ses domestiques, de l'aller vendre en Italie à quelqu'un de ces hommes dont la profession est d'entretenir des femmes esclaves pour l'amusement du public : Là tu pourras, ajoutat-elle, donner un libre cours à la dépravation de tes desirs. Clitus exécuta le commandement de sa maîtresse; Anthia le suivit toute en pleurs, disant en elle-même : O beauté pour le coup plus funeste que jamais! ô charmes trompeurs! que ne vous êtes-vous évanouis depuis longtemps! vous n'eussiez pas été l'occasion de tant de cruelles aventures. Quoi ! ce n'était pas assez des tombeaux, des homicides, des chaînes, du naufrage, des supplices, des assassins, il fallait une dernière épreuve à ma constance ! Je vais... O Dieux! puis-je y penser sans mourir d'effroi? je vais être livrée à la brutalité du premier venu, et cette fidélité conjugale que j'ai observée jusqu'à ce jour va peut-être s'évanouir dans un lieu public! O seigneur de mon sort! dit-elle à Clitus, en se jetant à ses genoux, épargne-moi l'horreur d'un semblable châtiment ! Je te demande la mort comme une grace ; seras-tu donc assez barbare pour me la refuser ? Elevée dans la vertu, crois-moi, il ne serait pas en mon pouvoir de vivre avec un maître qui tirerait une infâme rétribution de mes charmes. En vain elle s'efforçait de fléchir Clitus; cet esclave feignit de la plaindre : mais, inexorable touchant le devoir de sa commission, il s'embarqua sur un navire avec elle. Poluide de retour du camp, Renéa lui en imposa par un mensonge adroit ; elle dit qu'Anthia avait disparu, sans qu'on pût savoir ce qu'elle était devenue. Poluide, à demi convaincu déjà par la résistance d'Anthia, que cette fille avait de l'attachement pour quelqu'un qu'elle cherchait à rejoindre, Poluide, dis-je, ne se donna pas la peine d'approfondir la vérité de ce discours. Cependant le vaisseau qui portait Anthia ne tarda pas d'aborder en Italie ; elle fut débarquée à Tarente, où Clitus ne suivit que trop bien les volontés de l'implacable Renéa : il vendit Anthia à un certain Lénon. Celui-ci n'avait jamais vu des attraits d'un si grand éclat. Quelle fortune pour un homme de sa profession ! Il la laissa rétablir des fatigues de la mer et des mauvais traitements de Renéa, se flattant de réparer en peu de jours le désordre qui régnait dans ses charmes abattus. Clitus, débarrassé de sa commission, reprit le chemin d'Alexandrie, et rendit compte en secret à sa maîtresse de son exactitude.


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Dernière mise à jour : 15/04/2010