[5,4] Ὁ δὲ Πολύιδος οὐχ ἱκανὸν εἶναι ἐνόμισε κρατῆσαι
τῶν συμβαλόντων λῃστῶν, ἀλλ´ ἔγνω δεῖν ἀνερευνῆσαί
τε καὶ ἐκκαθᾶραι τὴν Αἴγυπτον, εἴ που ἢ τὸν Ἱππόθοον ἢ
τῶν σὺν αὐτῷ τινα ἀνεύροι. Παραλαβὼν οὖν μέρος τι
τοῦ στρατιωτικοῦ καὶ τοὺς εἰλημμένους τῶν λῃστῶν, ἵν´,
εἴ τις φαίνοιτο, οἱ μηνύσειαν, ἀνέπλει τὸν Νεῖλον καὶ τὰς
πόλεις διηρεύνα καὶ ἐνενόει μέχρις Αἰθιοπίας ἐλθεῖν.
Ἔρχονται δὴ καὶ εἰς Κοπτόν, ἔνθα ἦν Ἀνθία μετὰ Ἀμφινόμου.
Καὶ αὐτὴν μὲν ἔτυχεν ἐπὶ τῆς οἰκίας, τὸν δὲ
Ἀμφίνομον γνωρίζουσιν οἱ τῶν λῃστῶν εἰλημμένοι καὶ
λέγουσι τῷ Πολυίδῳ· καὶ Ἀμφίνομος λαμβάνεται καὶ
ἀνακρινόμενος τὰ περὶ τὴν Ἀνθίαν διηγεῖται. Ὁ δὲ
ἀκούσας κελεύει καὶ αὐτὴν ἄγεσθαι καὶ ἐλθούσης ἀνεπυνθάνετο
ἥτις εἴη καὶ πόθεν· ἡ δὲ τῶν μὲν ἀληθῶν οὐδὲν
λέγει, ὅτι δὲ Αἰγυπτία εἴη καὶ ὑπὸ τῶν λῃστῶν εἴληπτο.
Ἐν τούτῳ ἐρᾷ καὶ ὁ Πολύιδος Ἀνθίας ἔρωτα σφοδρόν
(ἦν δὲ αὐτῷ ἐν Ἀλεξανδρείᾳ γυνή)· ἐρασθεὶς δὲ τὰ μὲν
πρῶτα ἐπειρᾶτο πείθειν μεγάλα ὑπισχνούμενος· τελευταῖον
δὲ ὡς κατῄεσαν εἰς Ἀλεξάνδρειαν ἐγένοντο δὲ ἐν
Μέμφει, ἐπεχείρησεν ὁ Πολύιδος βιάζεσθαι τὴν Ἀνθίαν.
ἡ δὲ ἐκφυγεῖν δυνηθεῖσα, ἐπὶ τὸ τῆς Ἴσιδος ἱερὸν
ἔρχεται 〈καὶ〉 ἱκέτις γενομένη· »σύ με« εἶπεν, »ὦ δέσποινα
Αἰγύπτου, πάλιν σῶσον, ᾗ ἐβοήθησας πολλάκις·
φεισάσθω μου καὶ Πολύιδος τῆς διὰ σὲ σώφρονος Ἁβροκόμῃ
τηρουμένης«. Ὁ δὲ Πολύιδος ἅμα μὲν τὴν
θεὸν ἐδεδοίκει, ἅμα δὲ ἤρα τῆς Ἀνθίας καὶ τῆς τύχης
αὐτὴν ἠλέει· πρόσεισι δὲ τῷ ἱερῷ μόνος καὶ ὄμνυσι μήποτε
βιάσασθαι τὴν Ἀνθίαν, μήτε ὑβρίσαι τι εἰς αὐτήν, ἀλλὰ
τηρῆσαι ἁγνὴν ἐς ὅσον αὐτὴ θελήσει· αὔταρκες γὰρ αὐτῷ
φιλοῦντι ἐδόκει εἶναι κἂν βλέπειν μόνον καὶ λαλεῖν αὐτῇ.
Ἐπείσθη τοῖς ὅρκοις ἡ Ἀνθία καὶ κατῆλθεν ἐκ τοῦ
ἱεροῦ· καὶ ἐπειδὴ ἔγνωσαν ἡμέραις τρισὶν αὑτοὺς ἀναλαβεῖν
ἐν Μέμφει, ἔρχεται ἡ Ἀνθία εἰς τὸ τοῦ Ἄπιδος ἱερόν.
Διασημότατον δὲ τοῦτο ἐν Αἰγύπτῳ, καὶ ὁ θεὸς τοῖς βουλομένοις
μαντεύει. Ἐπειδὰν γάρ τις προσελθὼν εὔξηται
καὶ δεηθῇ τοῦ θεοῦ, αὐτὸς μὲν ἔξεισιν, οἱ δὲ πρὸ τοῦ
νεὼ παῖδες Αἰγύπτιοι ἃ μὲν καταλογάδην, ἃ δὲ ἐν μέτρῳ
προλέγουσι τῶν ἐσομένων ἕκαστα. Ἐλθοῦσα δὴ καὶ
ἡ Ἀνθία προσπίπτει τῷ Ἄπιδι. »Ὦ θεῶν« ἔφη
»φιλανθρωπότατε, ὁ πάντας οἰκτείρων ξένους, ἐλέησον κἀμὲ
τὴν κακοδαίμονα καί μοι μαντείαν ἀληθῆ περὶ Ἁβροκόμου
πρόειπε. Εἰ μὲν γὰρ αὐτὸν ἔτι ὄψομαι καὶ ἄνδρα
λήψομαι, καὶ μενῶ καὶ ζήσομαι· εἰ δὲ ἐκεῖνος τέθνηκεν,
ἀπαλλαγῆναι κἀμὲ καλῶς ἔχει τοῦ πονήρου τούτου βίου«.
Εἰποῦσα καὶ καταδακρύσασα ἐξῄει τοῦ ἱεροῦ· κἀν τούτῳ
οἱ παῖδες πρὸ τοῦ τεμένους παίζοντες ἅμα ἐξεβόησαν
»Ἀνθία Ἁβροκόμην ταχὺ λήψεται ἄνδρα τὸν αὑτῆς.«
Ἀκούσασα εὐθυμοτέρα ἐγένετο καὶ προσεύχεται τοῖς θεοῖς·
καὶ ἅμα μὲν ἀπῄεσαν εἰς Ἀλεξάνδρειαν.
| [5,4] Poluide ne se contenta pas de la victoire remportée sur le gros des brigands ; sa prudence le poussa plus loin: il crut nécessaire d'en nettoyer tout-à-fait l'Egypte et de se saisir de la personne d'Hyppotoùs et de ceux des siens qu'il croyait être échappés; cependant il renvoya la plus grande partie de ses troupes ; un petit nombre lui suffisait pour son projet : ayant pris avec lui les brigands qu'il avait fait prisonniers, afin de mieux reconnaître les endroits fréquentés de leurs camarades. Poluide remonta le Nil, visita toutes les villes des environs de ce fleuve ; et, se proposant de passer jusqu'aux confins de l'Ethiopie, il arriva à Coptos, où était Anphinome avec Anthia; celle-ci restait enfermée, mais Anphinome courait la ville; il fut aperçu de ses compagnons, que Poluide emmenait avec lui; on le dénonce, on l'arrête, et il est conduit devant Poluide, à qui le brigand s'avoua coupable, déclarant même tout ce qui concernait Anthia ; l'histoire de cette jeune personne intéresse la curiosité de Poluide; il veut la voir et se la fait amener.
Anthia lui déguisa, de même qu'elle avait fait à Hyppotoùs, son nom et sa patrie; elle dit qu'elle était Égyptienne et que des brigands l'a vaient enlevée; Poluide ne put soutenir l'éclat de tant de beauté sans être blessé vivement; sa demeure ordinaire était à Alexandrie, où il avait sa femme ; il en prit le chemin, et, sur la route, tous ses discours étaient mêlés de belles promesses et tendaient à disposer Anthia en sa faveur.
Arrivés à Memphis, Poluide, dont les instances ne produisaient rien, voulut agir en maître; mais ses emportements n'eurent pas plus de succès. La belle Ephésienne se débarrassa d'entre ses bras, et s'enfuit au temple d'Isis, où, se prosternant aux pieds de la déesse: O souveraine de l'Egypte! lui dit-elle, prête une main secourable à cette infortunée, pour qui plus d'une fois tu t'es intéressée! garantis-moi des desirs violents de Poluide ! je suis en ta garde, et tu me dois rendre chaste au bel Abrocome.
Le respect que Poliide avait pour la déesse modéra sa brutalité sans vaincre son amour; il suivit la belle Anthia jusque dans le temple; et, s'étant approché d'elle, il lui jure de ne jamais offenser sa vertu, mais de la protéger aussi longtemps qu'elle le souhaiterait, d'être son ami; il l'assure même qu'un seul de ses regards, qu'un mot de sa bouche pourra décider de sa félicité. Anthia s'en rapporta sans crainte à la sainteté de ses serments, et sortit du temple avec Poluide.
Mais comme ils avaient arrêté de se reposer pendant trois jours à Memphis, la belle Éphésienne voulut visiter aussi le temple d'Apis. Ce temple est le plus fréquenté de toute l'Egypte. Le dieu y rend ses oracles à tous ceux qui veulent le consulter ; lorsque quelqu'un s'est avancé pour faire sa prière, après l'avoir invoqué, il sort, et les ministres du
dieu, dieu, tantôt en vers, tantôt en prose, prédisent sur-le-champ les événements qui doivent arriver à la personne qui l'a imploré.
En entrant, la jeune Anthia se prosterne et commence son adoration par cette prière : Dieu puissant, dieu charitable, qui protèges tous les étrangers, serais-je la seule indigne de ta compassion ? L'avenir t'est connu ; prédis-moi quelque chose de certain sur le sort d'Abrocome : le verrai-je encore ? dois-je le recouvrer? Si ce bonheur m'est promis, je demeure attachée à la vie; mais si mon époux n'est plus, je me hâterai d'en sortir.
Ces paroles achevées tout bas avec les yeux pleins de larmes, cette tendre épouse se retira. Comme elle descendait la première marche, de jeunes enfants, qui folâtraient devant la porte du temple, s'écrièrent tout d'une voix : Anthia rejoindra bientôt son époux Abrocome. A ces cris, cette belle Éphésienne se prosterne de nouveau pour remercier les dieux de cet oracle, qu'elle interprète favorablement, et deux jours après elle partit pour Alexandrie avec Poluide.
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