[5,13] Συνέρρει δὲ ἅπαν τὸ πλῆθος τῶν Ῥοδίων, πυνθανόμενον
τὴν Ἀνθίας εὕρεσιν καὶ Ἁβροκόμου· παρῆν δὲ
ἐν τούτῳ καὶ ὁ Ἱππόθοος, ἐγνωρίσθη τε τοῖς περὶ τὸν
Λεύκωνα καὶ αὐτὸς ἔμαθεν οἵ τινές εἰσι· καὶ ἦν τὰ μὲν
ἄλλα ἐν αὐτοῖς ἐπιτηδείως, τὸ δὲ ὅτι μηδέπω Ἁβροκόμης
ταῦτα ἐπίσταται· ἔτρεχον δὲ ὡς εἶχον ἐπὶ τὴν οἰκίαν.
Ὁ δὲ ὡς ἤκουσεν ὑπό τινος τῶν Ῥοδίων τὴν τῆς
Ἀνθίας εὕρεσιν, διὰ μέσης τῆς πόλεως βοῶν »Ἀνθία«
ἐοικὼς μεμηνότι ἔθεε. Καὶ δὴ συντυγχάνει τοῖς περὶ τὴν
Ἀνθίαν πρὸς τῷ ἱερῷ τῆς Ἴσιδος, πολὺ δὲ τῶν Ῥοδίων
πλῆθος ἐφείπετο. Ὡς δὲ εἶδον ἀλλήλους, εὐθὺς ἀνεγνώρισαν·
τοῦτο γὰρ αὐτοῖς ἐβούλοντο αἱ ψυχαί· καὶ
περιλαβόντες ἀλλήλους εἰς γῆν κατηνέχθησαν· κατεῖχε δὲ
αὐτοὺς πολλὰ ἅμα πάθη, ἡδονή, λύπη, φόβος, ἡ τῶν
πρότερον μνήμη, τὸ τῶν μελλόντων δέος· ὁ δὲ δῆμος ὁ
Ῥοδίων ἀνευφήμησέ τε καὶ ἀνωλόλυξε, μεγάλην θεὸν
ἀνακαλοῦντες τὴν Ἶσιν, »πάλιν« λέγοντες »ὁρῶμεν
Ἁβροκόμην καὶ Ἀνθίαν τοὺς καλούς.« Οἱ δὲ ἀναλαβόντες
ἑαυτούς, διαναστάντες εἰς τὸ τῆς Ἴσιδος ἱερὸν εἰσῆλθον
»σοὶ« λέγοντες, »ὦ μεγίστη θεά, τὴν ὑπὲρ τῆς σωτηρίας
ἡμῶν χάριν οἴδαμεν· διὰ σέ, ὦ πάντων ἡμῖν τιμιωτάτη,
ἑαυτοὺς ἀπειλήφαμεν«· προεκυλίοντό τε τοῦ τεμένους καὶ
τῷ βωμῷ προσέπιπτον.
Καὶ τότε μὲν αὐτοὺς ἄγουσιν οἱ περὶ τὸν Λεύκωνα
εἰς τὴν οἰκίαν καὶ ὁ Ἱππόθοος τὰ αὑτοῦ μετεσκευάζετο
παρὰ τὸν Λεύκωνα, καὶ ἦσαν ἕτοιμοι πρὸς τὸν εἰς Ἔφεσον
πλοῦν· ὡς δὲ ἔθυσαν ἐκείνης τῆς ἡμέρας καὶ εὐωχήθησαν,
πολλὰ καὶ ποικίλα παρὰ πάντων τὰ διηγήματα, ὅσα τε
ἔπαθεν ἕκαστος καὶ ὅσα ἔδρασε, παρεξέτεινόν τε ἐπὶ πολὺ
τὸ συμπόσιον, ὡς αὑτοὺς ἀπολαβόντες χρόνῳ. Ἐπεὶ
δὲ νὺξ ἤδη ἐγεγόνει, ἀνεπαύοντο οἱ μὲν ἄλλοι πάντες
ὅπως ἔτυχον, Λεύκων μὲν καὶ Ῥόδη, Ἱππόθοος δὲ καὶ τὸ
μειράκιον τὸ ἐκ Σικελίας τὸ ἀκολουθῆσαν εἰς Ἰταλίαν ἰόντι
αὐτῷ ὁ Κλεισθένης ὁ καλός· ἡ δὲ Ἀνθία ἀνεπαύετο μετὰ
Ἁβροκόμου.
| [5,13] Cette reconnaissance attira tout le peuple, qui accourut en foule, dès qu'on eut appris qu'Anthia était retrouvée. Abrocome, de son côté, courait toute la ville comme hors de lui-même, criant : Anthia, Anthia ! Il était suivi d'un concours prodigieux de monde, lorsqu'il aperçut enfin cette tendre moitié devant le temple d'Isis. Quelle rencontre, ô ciel ! ces deux époux n'hésitent point à se reconnaître; leur visage a beau être changé, leur cœur ne l'est point ; et la tendre sympathie de leur âme les précipite dans les bras l'un de l'autre ; ils se serrent étroitement ; mais un excès de trouble leur ôte les forces, leurs genoux chancellent, ils tombent par terre immobiles; mille passions roulaient confusément dans leur âme, le plaisir, la douleur, la crainte ; ils songeaient au passé ; ils tremblaient pour l'avenir. On entendait le peuple de toutes parts invoquer Isis avec des cris de joie, et l'appeler grande Déesse. Quel bonheur, ajoutait-on, nous revoyons le bel Abrocome et la belle Anthia !
Ces tendres époux se prennent par la main pour se relever de terre, percent la foule, et entrent tous deux dans le temple d'Isis. Nous te remercions, disent-ils de concert, ô très puissante Déesse, de nous avoir secourus dans nos malheurs ! C'est à ta protection que nous devons notre salut. O de toutes les divinités la plus digne de notre vénération ! qui pouvait nous accorder un bien plus desirable ? Tu nous rends l'un à l'autre, et nous nous recouvrons nous-mêmes. Ensuite de quoi, s'étant prosternés jusqu'à terre devant l'autel de la Déesse, ils sortirent ensemble du temple. On les conduisit chez Leucon, où Hyppotoùs avait déjà fait porter tous ses effets, de sorte que tout se préparait pour le voyage d'Ephèse. En attendant, les Dieux ne furent point oubliés ; on leur fit des sacrifices en action de grâces, et ces sacrifices furent suivis d'un banquet, où chacun raconta ce qui lui était arrivé, combien il avait souffert ; et la durée de ces récits prolongea le repas. La nuit, ou,pour mieux dire, le besoin de repos sépara tout le monde. Leucon, Rode, Hyppotoùs et le beau Clistène qui l'avait suivi d'Italie, allèrent coucher chacun de leur côté. Anthia reprit sa place auprès d'Abrocome ;
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