[4,5] Τῆς δὲ Ἀνθίας οὔσης ἐν τῷ ἄντρῳ ἐρᾷ τῶν
φρουρούντων αὐτὴν λῃστῶν εἷς, Ἀγχίαλος τοὔνομα. Οὗτος
ὁ Ἀγχίαλος ἦν μὲν τῶν ἀπὸ Συρίας Ἱπποθόῳ συνεληλυθότων,
Λαοδικεὺς τὸ γένος, ἐτιμᾶτο δὲ παρὰ τῷ Ἱπποθόῳ
νεανικός τε καὶ μεγάλα ἐν τῷ λῃστηρίῳ δυνάμενος.
Ἐρασθεὶς δὲ αὐτῆς τὰ μὲν πρῶτα λόγους προσέφερεν
ὡς πείσων καὶ ἔφασκε λόγῳ λήψεσθαι καὶ παρὰ Ἱπποθόου
δῶρον αἰτήσειν. Ἡ δὲ πάντα ἠρνεῖτο, καὶ οὐδὲν αὐτὴν
ἐδυσώπει, οὐκ ἄντρον, οὐ δεσμά, οὐ λῃστὴς ἀπειλῶν· ἐφύλασσε
δὲ ἑαυτὴν ἔτι Ἁβροκόμῃ καὶ δοκοῦντι τεθνηκέναι,
καὶ πολλάκις ἀνεβόα εἴποτε λαθεῖν ἠδύνατο »Ἁβροκόμου
μόνον γυνὴ μεῖναι θέλω, κἂν ἀποθανεῖν δέῃ, κἂν ὧν
πέπονθα χείρω παθεῖν.« Ταῦτα εἰς μείζω συμφορὰν
ἦγε τὸν Ἀγχίαλον, καὶ ἡ καθ´ ἡμέραν τῆς Ἀνθίας ὄψις
ἐξέκαεν αὐτὸν εἰς τὸν ἔρωτα· οὐκέτι δὲ φέρειν δυνάμενος,
ἐπεχείρει βιάζεσθαι τὴν Ἀνθίαν. Καὶ νύκτωρ ποτέ,
οὐ παρόντος Ἱπποθόου, ἀλλὰ μετὰ τῶν ἄλλων ὄντος ἐν
〈τῷ〉 λῃστηρίῳ, ἐπανίστατο καὶ ὑβρίζειν ἐπειρᾶτο· ἡ δὲ ἐν
ἀμηχάνῳ κακῷ γενομένη, σπασαμένη τὸ παρακείμενον
ξίφος παίει τὸν Ἀγχίαλον, καὶ ἡ πληγὴ γίνεται καιρία· ὁ
μὲν γὰρ περιληψόμενος καὶ φιλήσων ὅλος ἐνενεύκει πρὸς
αὐτήν, ἡ δὲ ὑπενεγκοῦσα τὸ ξίφος κατὰ τῶν στέρνων ἔπληξε.
Καὶ Ἀγχίαλος μὲν δίκην ἱκανὴν ἐδεδώκει τῆς πονηρᾶς
ἐπιθυμίας, ἡ δὲ Ἀνθία εἰς φόβον {μὲν} τῶν δεδραμένων
ἔρχεται καὶ πολλὰ ἐβουλεύετο ποτὲ μὲν ἑαυτὴν ἀποκτεῖναι
(ἀλλ´ ἔτι ὑπὲρ Ἁβροκόμου τι ἤλπιζε), ποτὲ δὲ φυγεῖν ἐκ
τοῦ ἄντρου (ἀλλὰ τοῦτο ἀμήχανον ἦν· οὔτε γὰρ ἡ ὁδὸς
αὐτῇ εὔπορος ἦν οὔτε ὁ ἐξηγησόμενος τὴν πορείαν).
Ἔγνω μένειν οὖν ἐν τῷ ἄντρῳ καὶ φέρειν ὅ τι ἂν τῷ δαίμονι δοκῇ.
| [4,5] Anthia éprouvait de son côté une infortune à-peu-près semblable. Anchialus, un des compagnons d'Hyppotoùs, commis à la garde de la grotte, en était amoureux. Ce brigand, Laodicéen de naissance, avait suivi dès la Syrie la troupe d'Hyppotoùs, lequel, à cause de sa bravoure, le distinguait d'entre ses camarades. Passionné pour Anthia, Anchialus hasarda les premières ouvertures de son amour : il insinua qu'aussi-bien il n'avait tenu qu'à lui de la demander en pur don à son capitaine. Mais ses paroles ne produisirent aucun effet. Ni la sombre horreur de cette grotte, ni les menaces d'un brigand, ni les chaînes dont elle était chargée ne purent ébranler Anthia. Toute entière à son cher époux, bien qu'elle le crût mort, elle s'écriait souvent, lorsqu'on ne l'observait point, qu'elle mourrait la fidèle épouse du seul Abrocome, s'agît-il même de souffrir davantage qu'elle n'avait fait jusqu'alors, et d'endurer la mort la plus effrayante.
Cette constance de la belle Ephésienne devint fatale au malheureux Anchialus, dont la passion augmentait à chaque instant par la présence continuelle de l'objet qui l'avait allumé. Une nuit que ses camarades étaient tous endormis, et que l'absence d'Hyppotoùs, qui battait la forêt avec le reste de sa troupe, le favorisait, Anchialus se lève; il s'approche d'Anthia, qu'il insulte d'abord, et veut effectuer ensuite ses coupables desseins. Jamais Anthia ne s'était vue dans une extrémité si pressante : une épée se trouve par bonheur sous sa main ; elle s'en saisit, et blesse dangereusement Anchialus. Ce brigand, que sa fureur transporte, sent à peine le coup : une égale passion le guide; il terrasse Anthia, tombe avec elle, et cherche à se satisfaire : mais Anthia, toujours armée du même fer, l'enfonce dans le cœur d'Anchialus, et lui fait payer par sa mort le juste châtiment de son attentat.
A peine a-t-elle porté ce coup fatal, que mille mouvements de crainte s'emparent de son âme. Tantôt elle se veut percer le sein de l'épée qu'elle tient toute fumante du sang d'Anchialus : mais un rayon d'espérance l'attachait encore à la vie; elle espérait pouvoir s'enfuir de la grotte, ce qui n'était pas toutefois possible, puisqu'aucun chemin frayé ne s'offrait nulle part, ni personne qui la pût conduire. Anthia résolut donc de ne pas sortir de sa place, et de se soumettre à tout ce que la fortune voudrait decider de son sort.
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