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Du texte à l'hypertexte

Xénophon d'Éphèse, Les amours d'Abrocome et d'Anthia, livre IV

Chapitre 6

 Chapitre 6

[4,6] Κἀκείνην μὲν τὴν νύκτα ἔμεινεν, οὔτε ὕπνου τυχοῦσα καὶ πολλὰ ἐννοοῦσα· ἐπεὶ δὲ ἡμέρα ἐγένετο, ἧκον οἱ περὶ τὸν Ἱππόθοον καὶ ὁρῶσι τὸν Ἀγχίαλον ἀνῃρημένον καὶ τὴν Ἀνθίαν παρὰ τῷ σώματι καὶ εἰκάζουσι τὸ γενόμενον καὶ ἀνακρίναντες αὐτὴν μανθάνουσι πάντα. Ἔδοξεν οὖν αὐτοῖς ἐν ὀργῇ τὸ γενόμενον ἔχουσι τὸν τεθνηκότα ἐκδικῆσαι φίλον· καὶ ἐβουλεύοντο κατὰ Ἀνθίας ποικίλα, μέν τις ἀποκτεῖναι κελεύων καὶ συνθάψαι τῷ Ἀγχιάλου σώματι, ἄλλος δὲ ἀνασταυρῶσαι· δὲ Ἱππόθοος ἠνιᾶτο μὲν ἐπὶ τῷ Ἀγχιάλῳ, ἐβουλεύετο δὲ κατὰ Ἀνθίας μείζονα κόλασιν· καὶ δὴ κελεύει τάφρον ὀρύξαντας μεγάλην καὶ βαθεῖαν ἐμβάλλειν τὴν Ἀνθίαν καὶ κύνας μετ´ αὐτῆς δύο, ἵνα ἐν τούτῳ μεγάλην δίκην ὑπόσχῃ τῶν τετολμημένων. Καὶ οἱ μὲν ἐποίουν τὸ προσταχθέν, ἤγετο δὲ Ἀνθία ἐπὶ τὴν τάφρον καὶ οἱ κύνες· ἦσαν δὲ Αἰγύπτιοι, καὶ τὰ ἄλλα μεγάλοι καὶ ὀφθῆναι φοβεροί. Ὡς δὲ ἐνεβλήθησαν, ξύλα ἐπιτιθέντες μεγάλα ἐπέχωσαν τὴν τάφρον (ἦν δὲ τοῦ Νείλου ὀλίγον ἀπέχουσα) καὶ κατέστησαν φρουρὸν ἕνα τῶν λῃστῶν, Ἀμφίνομον. Οὗτος Ἀμφίνομος ἤδη μὲν καὶ πρότερον ἑαλώκει τῆς Ἀνθίας, τότε δ´ οὖν ἠλέει μᾶλλον αὐτὴν καὶ τῆς συμφορᾶς ᾤκτειρεν· ἐπενόει δὲ ὅπως ἐπὶ πλεῖον αὐτὴ ζήσεται, ὅπως τε οἱ κύνες αὐτῇ μηδὲν ἐνοχλήσωσι, καὶ ἑκάστοτε ἀφαιρῶν τῶν ἐπικειμένων τῇ τάφρῳ ξύλων ἄρτους ἐνέβαλε καὶ ὕδωρ παρεῖχε καὶ ἐκ τούτου τὴν Ἀνθίαν θαρρεῖν παρεκάλει. Καὶ οἱ κύνες τρεφόμενοι οὐδέν τι δεινὸν αὐτὴν εἰργάζοντο, ἀλλὰ ἤδη τιθασοὶ ἐγίνοντο καὶ ἥμεροι· δὲ Ἀνθία ἀποβλέψασα εἰς ἑαυτὴν καὶ τὴν παροῦσαν τύχην ἐννοήσασα »οἴμοι« φησὶ »τῶν κακῶν, οἵαν ὑπομένω τιμωρίαν; τάφρος καὶ δεσμωτήριον καὶ κύνες συγκαθειργμένοι πολὺ τῶν λῃστῶν ἡμερώτεροι· τὰ αὐτά, Ἁβροκόμη, σοι πάσχω· ἦς γάρ ποτε ἐν ὁμοίᾳ τύχῃ καὶ σύ· καὶ σὲ ἐν Τύρῳ κατέλιπον ἐν δεσμωτηρίῳ· ἀλλ´ εἰ μὲν ζῇς ἔτι, δεινὸν οὐδέν· ἴσως γάρ ποτε ἀλλήλους ἕξομεν· εἰ δὲ ἤδη τέθνηκας, μάτην ἐγὼ φιλοτιμοῦμαι ζῆν, μάτην δὲ οὗτος, ὅστις ποτέ ἐστιν, ἐλεεῖ με τὴν δυστυχῆΤαῦτα ἔλεγε καὶ ἐπεθρήνει συνεχῶς. Καὶ μὲν ἐν τῇ τάφρῳ κατεκέκλειστο μετὰ τῶν κυνῶν, δ´ Ἀμφίνομος ἑκάστοτε κἀκείνην παρεμυθεῖτο καὶ τοὺς κύνας ἡμέρους ἐποίει τρέφων. [4,6] Quand le jour vint à paroître, Hyppotoùs, de retour avec les siens, jeta les yeux sur le cadavre d'Anchialus, et vit la jeune Ephésienne tout auprès. Cette circonstance, et l'aveu d'Anthia même qu'on interrogea, leur apprit la vérité. Le regret d'avoir perdu ce brave compagnon, leur inspire à tous de venger sa mort ; ils ne sont plus embarrassés que sur le choix du supplice. Les uns condamnent Anthia à périr par le poignard, pour être enterrée ensuite avec le corps d'Anchialus ; d'autres veulent qu'elle sait mise en croix : mais l'un d'eux, qui sans doute était plus sensible que les autres au meurtre d'Anchialus, imagina la punition la plus barbare, et son arrêt fut suivi. Cet arrêt portait qu'on creuserait une fosse assez large et très-profonde, et que pour punir Anthia de son audace, elle y serait jetée et deux chiens avec elle. On conduit donc Anthia vers cette fosse qu'on avait faite très promptement auprès du Nil : elle y est jetée avec deux chiens d'Egypte monstrueux et d'une grosseur énorme. De grandes pièces de bois sont mises dessus en tout sens pour lui cacher le jour, et Anphinome, l'un de la troupe, posé en sentinelle, afin que personne n'en approche. Pour la première fois, la beauté fut de quelque secours à la malheureuse Anthia. Anphinome en avait été charmé depuis le moment qu'il l'avait vue, et si quelquefois la compassion est mère de l'amour, l'amour en reconnaissance ne va jamais sans la compassion. Anphinome fut touché de l'infortune d'Anthia : cependant il déguisait sa douleur devant ses camarades ; mais, dès qu'il fut seul, il chercha les moyens de préserver Anthia de la rage de ces deux animaux. Son premier soin fut d'écarter quelques pièces de bois, pour l'exhorter à ne pas s'abandonner au désespoir. Il nourrissait les chiens, qui, n'étant point affamés, flattaient Anthia, ou restaient couchés à ses pieds. Anthia cependant faisait les plus touchantes réflexions sur la maligne influence de son étoile. Hélas ! disait-elle, infortunée de toutes parts, à quel supplice me voilà condamnée ! En prison, dans une fosse avec des chiens, par bonheur plus affables et moins cruels que les impitoyables brigands qui m'y ont jetée ! Ah ! cher Abrocome, quelle satisfaction plus grande ! je souffre enfin les mêmes supplices que toi, puisque je te laissai mourant à Tyr dans un cachot; mais si tu vis encore, Anthia est toute consolée ; peut-être que le ciel à la fin verra d'un œil secourable deux malheureux qui se confient en sa bonté; que sais-je! quelquefois j'espère que nous nous posséderons un jour; mais si la mort t'a ravi la lumière, je n'ambitionne point de vivre sans toi; vainement ce soldat, quel qu'il sait, est ému de compassion pour une malheureuse. C'est de pareilles idées qu'Anthia s'entretenait au fond de la fosse, tandis qu'Anphinome tâchait de la consoler, jetant assez de vivres aux deux monstres pour apprivoiser leur férocité.


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Dernière mise à jour : 14/04/2010