[3,10] Ἀκούσας ὁ Ἁβροκόμης περιέρρηξε τὸν χιτῶνα
καὶ μεγάλως ἀνωδύρετο καλῶς μὲν καὶ σωφρόνως ἀποθανοῦσαν
Ἀνθίαν, δυστυχῶς δὲ μετὰ τὸν θάνατον ἀπολομένην.
»Τίς ἄρα λῃστὴς οὕτως ἐρωτικός, ἵνα καὶ
νεκρᾶς ἐπιθυμήσῃ σου; ἵνα καὶ τὸ σῶμα ἀφέληται;
Ἀπεστερήθην ὁ δυστυχὴς καὶ τοῦ σώματός σου, τῆς
μόνης ἐμοὶ παραμυθίας. Ἀποθανεῖν μὲν οὖν ἔγνωσται
πάντως· ἀλλὰ τὰ πρῶτα καρτερήσω, μέχρι που τὸ σῶμα
εὕρω τὸ σὸν καὶ περιβαλὼν ἐμαυτὸν ἐκείνῳ συγκαταθάψω.«
Ταῦτα ἔλεγεν ὀδυρόμενος· θαρρεῖν δὲ αὐτὸν παρεκάλουν οἱ
περὶ τὸν Ἱππόθοον.
Καὶ τότε μὲν ἀνεπαύσαντο δι´ ὅλης νυκτός· ἔννοια δὲ
πάντων Ἁβροκόμην εἰσήρχετο, Ἀνθίας, τοῦ θανάτου, τοῦ
τάφου, τῆς ἀπωλείας. Καὶ δὴ καὶ οὐκέτι καρτερῶν, λαθὼν
πάντας (ἔκειντο δὲ ὑπὸ μέθης οἱ περὶ τὸν Ἱππόθοον)
ἔξεισιν ὡς δή τινος χρῄζων, καὶ καταλιπὼν πάντας ἐπὶ
τὴν θάλατταν ἔρχεται καὶ ἐπιτυγχάνει νεὼς εἰς Ἀλεξάνδρειαν
ἀναγομένης, καὶ ἐπιβὰς ἀνάγεται ἐλπίζων τοὺς
λῃστὰς τοὺς συλήσαντας πάντα ἐν Αἰγύπτῳ καταλήψεσθαι·
ὡδήγει δὲ αὐτὸν εἰς ταῦτα ἐλπὶς δυστυχής. Καὶ ὁ
μὲν ἔπλει τὴν ἐπ´ Ἀλεξανδρείας, ἡμέρας δὲ γενομένης οἱ
περὶ τὸν Ἱππόθοον ἠνιῶντο μὲν ἐπὶ τῷ ἀπαλλαχθῆναι τοῦ
Ἁβροκόμου, ἀναλαβόντες δὲ αὑτοὺς ἡμερῶν ὀλίγων ἔγνωσαν
τὴν ἐπὶ Συρίας καὶ Φοινίκης λῃστεύοντες ἰέναι.
| [3,10] Cette dernière circonstance acheva l'infortuné d'Abrocome ; il met sa tunique en lambeaux, et paraît désolé de la funeste et sage résolution de sa chère Anthia et de la perte de son corps. Quel est le mortel, s'écrie-t-il, assez porté aux feux de l'amour, pour avoir été touché de ta beauté, même après ta mort, et m'enlever les précieux restes d'une épouse chérie ? On m'a donc ravi cette dernière consolation! Malheureux, qu'attends-tu pour renoncer à la lumière ? Ah ! que je découvre au moins auparavant le corps de cette chère compagne, et que, l'embrassant étroitement, je puisse m'ensevelir moi-même avec lui.
Hyppotoûs espérait vainement que le repos calmerait l'agitation qui tourmentait Abrocome ; le sommeil fut banni de ses yeux le reste de la nuit, el le souvenir de tout ce qu'il avait appris ce jour-là même, entretint dans son cœur de si cruelles résolutions, qu'enfin il lui fut impossible d'y resister : il se lève et sort de la maison sans que personne s'en aperçoive, avec d'autant plus de facilité, que chacun était plongé dans le vin, court au rivage, et, trouvant un bâtiment prêt à faire voile vers Alexandrie, il s'embarque pour passer en Egypte, où il se flattait de rencontrer les ravisseurs d'Anthia ; vaine et trompeuse espérance qui devait le précipiter dans de nouveaux malheurs !
Dès que le jour vint éclairer la terre, Hypotoùs accourut auprès de son cher Abrocome, qu'il fut au désespoir de ne pas trouver ; il partit quelques jours après, suivi de sa troupe, et s'en alla parcourir la Syrie et la Phénicie.
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