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Du texte à l'hypertexte

Xénophon d'Éphèse, Les amours d'Abrocome et d'Anthia, livre II

Chapitre 3

  Chapitre 3

[2,3] Καὶ οἱ μὲν περὶ τὸν Ἁβροκόμην ἐν τούτοις ἦσαν· ἡμερῶν δὲ διαγενομένων ὀλίγων μὲν Ἄψυρτος ἐπ´ ἄλλην ἐμπορίαν εἰς Συρίαν ἀπῆλθε, θυγάτηρ δὲ αὐτοῦ, Μαντὼ ὄνομα, ἠράσθη τοῦ Ἁβροκόμου· ἦν δὲ καλὴ καὶ ὡραία γάμων ἤδη, πολὺ δὲ τοῦ Ἀνθίας κάλλους ὑπελείπετο. Αὕτη Μαντὼ ἐκ τῆς συνήθους μετὰ τοῦ Ἁβροκόμου διαίτης ἁλίσκεται καὶ ἀκατασχέτως εἶχε καὶ ἠπόρει τι ποιήσαι· οὔτε γὰρ πρὸς τὸν Ἁβροκόμην εἰπεῖν ἐτόλμα, γυναῖκα εἰδυῖα ἔχοντα καὶ πείσειν οὐδέποτε ἐλπίζουσα, οὔτε ἄλλῳ τινὶ τῶν ἑαυτῆς δέει τοῦ πατρός· δι´ δὴ καὶ μᾶλλον ἀνεκαίετο καὶ διέκειτο πονήρως· καὶ οὐκέτι καρτεροῦσα ἔγνω πρὸς τὴν Ῥόδην, τὴν σύντροφον τῆς Ἀνθίας, οὖσαν ἡλικιῶτιν καὶ κόρην, κατειπεῖν τὸν ἔρωτα· ταύτην γὰρ μόνην ἤλπιζε συνεργήσειν αὐτῇ πρὸς τὴν ἐπιθυμίαν. Καὶ δὴ σχολῆς λαβομένη ἄγει τὴν κόρην πρὸς τὰ πατρῷα ἐπὶ τῆς οἰκίας ἱερά, καὶ δεῖται μὴ κατειπεῖν αὐτῆς καὶ ὅρκους λαμβάνει καὶ λέγει τὸν ἔρωτα τοῦ Ἁβροκόμου καὶ ἱκετεύει συλλαβέσθαι καὶ πολλὰ ὑπέσχετο συλλαβομένῃ. Ἔφη δ´ «ἴσθι μὲν οἰκέτις οὖσα ἐμή, ἴσθι δὲ ὀργῆς πειρασομένη βαρβάρου καὶ ἠδικημένης». Ταῦτα εἰποῦσα ἀπέπεμπε τὴν Ῥόδην· δὲ ἐν ἀμηχάνῳ κακῷ ἐγεγόνει· τό τε γὰρ εἰπεῖν Ἁβροκόμῃ παρῃτεῖτο, φιλοῦσα τὴν Ἀνθίαν· πάνυ δὲ ἐδεδοίκει τῆς βαρβάρου τὴν ὀργήν. Ἔδοξεν οὖν αὐτῇ καλῶς ἔχειν Λεύκωνι πρῶτον ἀνακοινῶσαι τὰ ὑπὸ τῆς Μαντοῦς εἰρημένα. Ἦν δὲ καὶ τῇ Ῥόδῃ κοινωνήματα ἐξ ἔρωτος γενόμενα πρὸς Λεύκωνα, καὶ συνῆσαν ἀλλήλοις ἔτι ἐν Ἐφέσῳ. Τότε δὴ λαβομένη μόνου « Λεύκων» ἔφη, «ἀπολώλαμεν τελέως· νῦν οὐκέτι τοὺς συντρόφους ἕξομεν· τοῦ δεσπότου θυγάτηρ Ἀψύρτου ἐρᾷ μὲν Ἁβροκόμου σφοδρὸν ἔρωτα, ἀπειλεῖ δέ, εἰ μὴ τύχῃ, δεινὰ ἡμᾶς ἐργάσασθαι· σκόπει τοίνυν τί δεῖ ποιεῖν· τὸ γὰρ ἀντειπεῖν τῇ βαρβάρῳ σφαλερόν, τὸ δὲ ἀποζεῦξαι Ἁβροκόμην Ἀνθίας ἀδύνατον». Ἀκούσας Λεύκων δακρύων ἐνεπλήσθη, μεγάλας ἐκ τούτων συμφορὰς προσδοκῶν· ὀψὲ δὲ ἀνενεγκὼν «σιώπα» ἔφη, «Ῥόδη, ἐγὼ γὰρ ἕκαστα διοικήσω». Ταῦτα εἰπὼν ἔρχεται πρὸς Ἁβροκόμην. [2,3] Certain trafic appelait Apsirte en Syrie ; il pria sa fille aussi d'y avoir l'œil pendant son absence, et partit peu de jours après. Cette fille s'appelait Manto ; elle n'avait point encore goûté les plaisirs de l'hymen, quoique jeune et belle, mais bien inférieure aux charmes d'Abrocome. La douce habitude de vivre avec lui, fut un moyen bien simple dont l'Amour se servit pour l'enflammer vivement ; elle ne peut plus résister au feu qui la dévore ; elle ne sait que résoudre, et la fierté plutôt que la pudeur, l'empêcha de déclarer. son amour au jeune Ephésien, qui d'ailleurs paraissait épris sincèrement de la belle Anthia son épouse. Comment vaincre ces obstacles ? Ouvrir son cœur à quelqu'un des siens, cela ne se pouvait pas; il y avait lieu de craindre qu'on ne la trahît auprès de son père. Tant de difficultés, en reculant ses plaisirs, avançaient les progrès de sa passion. Enfin Rode, compagne d'Anthia, se présente à ses yeux ; elle se flatte que cette jeune fille pourra seconder ses projets amoureux. Elle l'arrête, et l'ayant conduite en présence des dieux pénates de la maison : jure-moi, lui dit Manto, que tu feras aveuglément ce que je vais exiger de ta soumission. Rode, toute tremblante, lui promit tout ce qu'elle voulut. Alors la fille d'Apsirte l'instruit de sa passion pour Abrocome ; elle prie Rode de l'apprendre à ce jeune Éphésien, et d'employer son adresse pour qu'Abrocome ne sait pas rebelle à ses desirs. A ces supplications et à mille promesses, Manto joint les menaces les plus terribles : sache, ajoute-t-elle, que tu es mon esclave, et souviens-toi, si tu ne réussis pas, que je l'imputerai à ta seule négligence, et que les plus affreux tourments te sont préparés. Peut-être ignores-tu ce que c'est que la colère d'une Barbare, et d'une Barbare qui se sent outragée ; tu l'éprouveras : après ces paroles elle renvoie la jeune Rode toute troublée de ce qu'elle venait d'entendre. En effet, une pareille confidence s'accordait mal avec son attachement pour la belle Anthia ; mais les menaces de Manto n'étaient point à mépriser; Rode craignait la mort et les supplices. Dans cette incertitude, elle crut devoir prendre conseil de Leucon, à qui elle rapporta fidèlement les discours de Manto ; ce Leucon était ami de Rode depuis plusieurs années ; ils s'étaient connus à Ephèse ; l'ayant pris en particulier : nous sommes perdus sans ressource, lui dit-elle ; on veut rompre l'union de nos chers maîtres, de nos chers compagnons; on va nous les ravir. La fille d'Apsirte est éprise de la beauté d'Abrocome ; si nous ne faisons en sorte qu'il réponde à son amour, Manto nous menace de son courroux ; quel parti prendre, cher Leucon ? Vois, imagine quelque moyen pour nous tirer d'embarras ; il est dangereux de s'opposer aux desirs d'une Barbare ; il est impossible de détacher Abrocome de la belle Anthia ; nous ne parviendrons jamais à concilier des choses si contraires. Leucon n'eut pas sitôt entendu ce récit, qu'il en augura des suites funestes ; ses yeux se remplirent de larmes ; mais revenu à lui après quelques réflexions, il dit à Rode qu'il se chargeait de tout, et se rendit auprès d'Abrocome.


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Dernière mise à jour : 8/04/2010