[2,13] Οἱ δὲ περὶ τὸν Ἱππόθοον τὸν λῃστὴν ἐκείνης
μὲν τῆς νυκτὸς ἔμειναν εὐωχούμενοι, τῇ δὲ ἑξῆς περὶ τὴν
θυσίαν ἐγίνοντο. Παρεσκευάζετο δὲ πάντα καὶ ἀγάλματα
τοῦ Ἄρεος καὶ ξύλα καὶ στεφανώματα· ἔδει δὲ τὴν
θυσίαν γενέσθαι τρόπῳ τῷ συνήθει. Τὸ μέλλον ἱερεῖον
θύεσθαι, εἴτε ἄνθρωπος εἴτε βόσκημα εἴη, κρεμάσαντες ἐκ
δένδρου καὶ διαστάντες ἠκόντιζον· καὶ ὁπόσοι μὲν ἐπέτυχον,
τούτων ὁ θεὸς ἐδόκει δέχεσθαι τὴν θυσίαν· ὁπόσοι
δὲ ἀπέτυχον, αὖθις ἐξιλάσκοντο· ἔδει δὲ τὴν Ἀνθίαν
οὕτως ἱερουργηθῆναι. Ὡς δὲ πάντα ἕτοιμα ἦν καὶ
κρεμνᾶν τὴν κόρην ἤθελον, ψόφος τῆς ὕλης ἠκούετο καὶ
ἀνθρώπων κτύπος. Ἦν δὲ ὁ τῆς εἰρήνης τῆς ἐν Κιλικίᾳ
προεστώς, Περίλαος τοὔνομα, ἀνὴρ τῶν τὰ πρῶτα ἐν
Κιλικίᾳ δυναμένων. Οὗτος ὁ Περίλαος ἐπέστη τοῖς
λῃσταῖς μετὰ πλήθους πολλοῦ καὶ πάντας τε ἀπέκτεινε,
ὀλίγους δὲ καὶ ζῶντας ἔλαβε· μόνος δὲ ὁ Ἱππόθοος
ἠδυνήθη διαφυγεῖν ἀράμενος τὰ ὅπλα. Ἔλαβε δὲ τὴν
Ἀνθίαν Περίλαος καὶ πυθόμενος τὴν μέλλουσαν συμφορὰν
ἠλέησε· εἶχε δὲ ἄρα μεγάλης ἀρχὴν συμφορᾶς ὁ ἔλεος
Ἀνθίας· ἄγει δὲ αὐτὴν καὶ τοὺς συλληφθέντας τῶν λῃστῶν
εἰς Ταρσὸν τῆς Κιλικίας. Ἡ δὲ συνήθης αὐτὸν τῆς
κόρης ὄψις εἰς ἔρωτα ἤγαγε, καὶ κατὰ μικρὸν ἑαλώκει
Περίλαος Ἀνθίας. Ὡς δὲ ἧκον εἰς Ταρσόν, τοὺς μὲν
λῃστὰς εἰς τὴν εἱρκτὴν παρέδωκε, τὴν δὲ Ἀνθίαν ἐθεράπευεν.
Ἦν δὲ οὔτε γυνὴ τῷ Περιλάῳ οὔτε παῖδες, καὶ
περιβολὴ χρημάτων οὐκ ὀλίγη. Ἔλεγεν οὖν πρὸς τὴν
Ἀνθίαν ὡς πάντα ἂν αὐτὴ γένοιτο Περιλάῳ, γυνὴ καὶ
δεσπότις καὶ παῖδες. Ἡ δὲ τὰ μὲν πρῶτα ἀντεῖχε,
οὐκ ἔχουσα δὲ ὅ τι ποιήσει βιαζομένῳ καὶ πολλὰ ἐγκειμένῳ,
δείσασα μὴ καί τι τολμήσῃ βιαιότερον, συγκατατίθεται
μὲν τὸν γάμον, ἱκετεύει δὲ αὐτὸν ἀναμεῖναι χρόνον ὀλίγον
ὅσον ἡμερῶν τριάκοντα, καὶ ἄχραντον τηρῆσαι· καὶ σκήπτεται
μέν τι, ὁ δὲ Περίλαος πείθεται καὶ ἐπόμνυται
τηρήσειν αὐτὴν γάμων ἁγνὴν εἰς ὅσον ἂν ὁ χρόνος διέλθῃ.
Καὶ ἡ μὲν ἐν Ταρσῷ ἦν μετὰ Περιλάου, τὸν
χρόνον ἀναμένουσα τοῦ γάμου·
| [2,13] Hypotoùs avec ses compagnons avait passé la nuit dans la bonne chère, ne devant sacrifier que le lendemain ; tous les apprêts du sacrifice étaient déjà faits ; la statue de Mars était placée, le bois apporté, et les fleurs pour les guirlandes toutes choisies ; il fallait que le sacrifice se fît suivant l'ordre accoutumé; la victime qui devait être immolée, soit un homme, soit une femme, ou quelque animal que ce pût être, était attachée à un arbre ; ensuite chacun se retirait en arrière à certaine distance, et l'on faisait pleuvoir une grêle de dards sur le corps de la victime. Tous ceux qui l'atteignaient étaient sûrs que Mars agréait leur sacrifice ; mais tous ceux qui tiraient à côté étaient obligés d'appaiser le dieu par de nouvelles offrandes. Anthia devait servir ce jour-là de victime. Comme tout était prêt, et qu'on l'allait attacher, un grand bruit frappa l'air subitement : des gens armés parurent de toutes parts ; c'étaient les troupes de Périlas, préfet dela paix, homme puissant et des plus renommés de la Cilicie, qui vint surprendre la compagnie d'Hypotoùs : la plupart des brigands furent massacrés, et le reste pris en vie ; le seul Hypotoùs se sauva les armes à la main.
Périlas se fit amener Anthia, qui lui raconta ses malheurs et de quelle manière on l'allait immoler, s'il ne l'eût secourue : la douceur de sa voix, son regard, l'éclat de son teint que le trouble avait ranimé, la couronne de fleurs et les guirlandes dont elle était parée, lui donnaient tant de graces que Périlas prit un peu trop de part à son infortune ; et ce sentiment devint la source d'une passion vive qui se développa par la suite. Le Préfet emmena cette belle Ephésienne à Tarse, ville capitale de Cilicie, où les compagnons d'Hypotoùs subirent la peine de leurs crimes. Périlas n'était point engagé sous les lois de l'hymen; mais les beaux yeux d'Anthia le rangeaient insensiblement sous les lois de l'amour, et des chaînes de l'un, on passe volontiers aux chaînes de l'autre. Il propose donc à cette charmante personne de partager les richesses considérables qu'il avait amassées, et l'assure qu'il la regardera moins comme sa femme, que comme la souveraine absolue de son cœur et de ses biens.
Les premiers jours, Anthia fit voir une ferme résistance ; accablée enfin des poursuites de Périlas, et, craignant quelque violence de sa part, elle feignit de consentir à l'épouser ; mais elle prit du temps. Périlas, trop charmé de l'avoir amenée en partie à ce qu'il souhaitait, lui donna trente jours pour achever de se déterminer : il lui promit, en attendant, de mettre un frein à ses desirs et de suspendre ses sollicitations. Anthia obtint donc quelque relâche à ses maux ; mais elle appréhendait plus que la mort l'expiration du temps qu'elle avait demandé.
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