[1,5] Ταῦθ´ ἑκάτερος αὐτῶν δι´ ὅλης νυκτὸς ὠδύρετο,
εἶχον δὲ πρὸ ὀφθαλμῶν τὰς ὄψεις τὰς ἑαυτῶν, τὰς εἰκόνας
ἐπὶ τῆς ψυχῆς ἀλλήλων ἀναπλάττοντες· ὡς δὲ ἡμέρα
ἐγένετο, ᾔει μὲν Ἁβροκόμης ἐπὶ τὰ συνήθη γυμνάσματα,
ᾔει δὲ ἡ παρθένος ἐπὶ τὴν ἐξ ἔθους θρησκείαν τῆς θεοῦ.
Ἦν δὲ αὐτοῖς καὶ τὰ σώματα ἐκ τῆς παρελθούσης
νυκτὸς πεπονηκότα καὶ τὸ βλέμμα ἄθυμον καὶ οἱ χρῶτες
ἠλλαγμένοι· καὶ τοῦτο ἐπὶ πολὺ ἐγίνετο καὶ πλέον οὐδὲν
αὐτοῖς ἦν. Ἐν τούτῳ ἐν τῷ ἱερῷ τῆς θεοῦ διημερεύοντες
ἐνεώρων ἀλλήλοις, εἰπεῖν τὸ ἀληθὲς φόβῳ πρὸς
ἑκατέρους αἰδούμενοι· τοσοῦτο δέ· ἐστέναξεν ἄν ποτε
Ἁβροκόμης καὶ ἐδάκρυσε καὶ προσηύχετο τῆς κόρης ἀκουούσης
ἐλεεινῶς· ἡ δὲ Ἀνθία ἔπασχε μὲν τὰ αὐτά,
πολὺ δὲ μείζονι τῇ συμφορᾷ κατείχετο· εἰ δέ ποτε ἄλλας
παρθένους ἢ γυναῖκας ἴδοι βλεπούσας εἰς ἐκεῖνον (ἐνεώρων
δὲ ἅπασαι Ἁβροκόμῃ), δήλη ἦν λυπουμένη, μὴ παρευδοκιμηθῇ
φοβουμένη. Εὐχαὶ δὲ αὐτοῖς ἑκατέροις ἦσαν πρὸς
τὴν θεὸν κοινῇ, λανθάνουσαι μέν, ἀλλὰ ἐγίνοντο ὅμοιαι.
Χρόνου δὲ προϊόντος οὐκέτι τὸ μειράκιον ἐκαρτέρει,
ἤδη δὲ αὐτῷ καὶ τὸ σῶμα πᾶν ἠφάνιστο καὶ ἡ ψυχὴ καταπεπτώκει,
ὥστε ἐν πολλῇ ἀθυμίᾳ τὸν Λυκομήδην καὶ τὴν
Θεμιστὼ γεγονέναι, οὐκ εἰδότας μὲν ὅ τι εἴη τὸ συμβαῖνον
Ἁβροκόμη, δεδοικότας δὲ ἐκ τῶν ὁρωμένων. Ἐν ὁμοίῳ
δὲ φόβῳ καὶ ὁ Μεγαμήδης καὶ ἡ Εὐίππη {καὶ} περὶ τῆς
Ἀνθίας καθειστήκεισαν, ὁρῶντες αὐτῆς τὸ μὲν κάλλος
μαραινόμενον, τὴν δὲ αἰτίαν οὐ φαινομένην τῆς συμφορᾶς.
Εἰς τέλος εἰσάγουσι παρὰ τὴν Ἀνθίαν μάντεις καὶ ἱερέας,
ὡς εὑρήσοντας λύσιν τοῦ δεινοῦ. Οἱ δὲ ἐλθόντες ἔθυόν
τε ἱερεῖα καὶ ποικίλα ἐπέσπενδον καὶ ἐπέλεγον φωνὰς
βαρβαρικάς, ἐξιλάσκεσθαί τινας λέγοντες δαίμονας, καὶ
προσεποίουν ὡς εἴη τὸ δεινὸν ἐκ τῶν ὑποχθονίων θεῶν.
Πολλὰ δὲ καὶ ὑπὲρ Ἁβροκόμου οἱ περὶ τὸν Λυκομήδην
ἔθυόν τε καὶ ηὔχοντο· λύσις δὲ οὐδεμία τοῦ δεινοῦ οὐδὲ
ἑτέρῳ αὐτῶν ἐγίνετο, ἀλλὰ καὶ ἔτι μᾶλλον ὁ ἔρως ἀνεκαίετο.
Ἔκειντο μὲν δὴ ἑκάτεροι νοσοῦντες, πάνυ ἐπισφαλῶς
διακείμενοι, ὅσον οὐδέπω τεθνήξεσθαι προσδοκώμενοι,
κατειπεῖν αὑτῶν τὴν συμφορὰν μὴ δυνάμενοι. Τέλος
πέμπουσιν οἱ πατέρες ἑκατέρων εἰς θεοῦ μαντευσόμενοι τήν
τε αἰτίαν τῆς νόσου καὶ τὴν ἀπαλλαγήν.
| [1,5] Telles étaient les réflexions qui pendant toute la nuit occupèrent ces tristes amants : remplis de l'idée l'un de l'autre, ils allèrent dès le matin reprendre leurs exercices accoutumés, et porter leurs adorations aux pieds de la déesse; les agitations qu'ils venaient d'éprouver, les rendaient pâles et défaits; ils avaient le regard abattu; et tout ce qui caractérise la douleur était peint sur leur visage.
Pendant presque tout le temps qu'ils demeurèrent dans le temple de Diane, un reste de fierté d'une part, et la pudeur de l'autre, combattaient à qui jeterait le premier regard; à la fin, leurs yeux les trahirent, et chacun d'eux se dédommagea de la contrainte qui les avait retenus jusqu'alors. De temps en temps Abrocome laissait échapper quelque soupir qu'Anthia semblait ne pas rejeter; l'amour de cette belle Ephésienne était aussi vif, mais son état demandait plus de compassion ; car si, par hasard, les autres filles, ou quelque' jeune femme, fixaient les yeux sur Abrocome, (et toutes le regardaient) on voyait la tristesse s'emparer d'Anthia, qui craignait qu'on ne lui enlevât d'avance le cœur de son amant ; elle craignait peut-être aussi de ne le pas assez mériter, ou même de n'avoir fait encore aucune impression sur son ame : cependant tous les deux, sans le savoir, adressaient en secret les mêmes vœux à la déesse.
Abrocome dépérissait comme une belle fleur qui sèche sur sa tige, pâlit et tombe feuille à feuille. Licomède et Themisto ne pouvaient deviner la cause de ce changement, non plus que le remède qu'il fallait y apporter.
Les parents d'Anthia, Megamède et Évippe, ignoraient aussi pourquoi la beauté de leur fille s'effaçait chaque jour; on ne lui connaissait aucun sujet de chagrin. Après avoir épuisé mille questions inutiles, ils eurent recours à des prêtres et à des devins, pour tâcher de découvrir la véritable source du mal.
Ceux-ci sacrifièrent des victimes, et firent différentes libations, en prononçant des paroles mystérieuses comme pour évoquer les dieux infernaux qu'ils supposaient auteurs de ce maléfice.
Le père d'Abrocome de son côté ne se lassait point d'ordonner des sacrifices pour son fils, et de prier les dieux, mais sans succès; ni Abrocome, ni Anthia ne recevaient aucun soulagement ; l'amour les consumait plus violemment de jour en jour, et leur état devenait si dangereux, qu'ils ne pouvaient plus se lever. Mais l'approche d'une mort certaine les épouvantait moins que la nécessité d'avouer leur faiblesse ; enfin, pour n'avoir rien à se reprocher, Licoméde et Megamède essayèrent une dernière tentative auprès des dieux.
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