HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Xénophon d'Éphèse, Les amours d'Abrocome et d'Anthia, livre I

Chapitre 4

  Chapitre 4

[1,4] Λαβὼν δὴ τὴν κόμην Ἁβροκόμης καὶ σπαράξας τὴν ἐσθῆτα «φεῦ μοι τῶν κακῶν» εἶπε, «τί πέπονθα δυστυχής; μέχρι νῦν ἀνδρικὸς Ἁβροκόμης, καταφρονῶν Ἔρωτος, τῷ θεῷ λοιδορούμενος ἑάλωκα καὶ νενίκημαι καὶ παρθένῳ δουλεύειν ἀναγκάζομαι, καὶ φαίνεταί τις ἤδη καλλίων ἐμοῦ καὶ θεὸν Ἔρωτα καλῶ. πάντα ἄνανδρος ἐγὼ καὶ πονηρός· οὐ καρτερήσω νῦν; οὐ μενῶ γεννικός; οὐκ ἔσομαι καλλίων Ἔρωτος; νῦν οὐδὲν ὄντα θεὸν νικῆσαί με δεῖ. Καλὴ παρθένος· τί δέ; τοῖς σοῖς ὀφθαλμοῖς, Ἁβροκόμη, εὔμορφος Ἀνθία, ἀλλ´, ἐὰν θέλῃς, οὐχὶ σοί. Δεδόχθω ταῦτα· οὐκ ἂν Ἔρως ποτέ μου κρατήσαιΤαῦτα ἔλεγε, καὶ θεὸς σφοδρότερος αὐτῷ ἐνέκειτο καὶ εἷλκεν ἀντιπίπτοντα καὶ ὠδύνα μὴ θέλοντα. Οὐκέτι δὴ καρτερῶν, ῥίψας ἑαυτὸν εἰς γῆν «νενίκηκας», εἶπεν, «Ἔρως, μέγα σοι τρόπαιον ἐγήγερται κατὰ Ἁβροκόμου τοῦ σώφρονος· ἱκέτην ἔχεις. Ἀλλὰ σῶσον τὸν ἐπὶ σὲ καταπεφευγότα τὸν πάντων δεσπότην. Μή με περιίδῃς μηδὲ ἐπὶ πολὺ τιμωρήσῃ τὸν θρασύν. Ἄπειρος ὤν, Ἔρως, ἔτι τῶν σῶν ὑπερηφάνουν· ἀλλὰ νῦν Ἀνθίαν ἡμῖν ἀπόδος· γενοῦ μὴ πικρὸς μόνον ἀντέχοντι, ἀλλ´ εὐεργέτης ἡττωμένῳ θεόςΤαῦτα ἔλεγεν, δὲ Ἔρως ἔτι ὠργίζετο καὶ μεγάλην τῆς ὑπεροψίας ἐνενόει τιμωρίαν εἰσπράξασθαι τὸν Ἁβροκόμην. Διέκειτο δὲ καὶ Ἀνθία πονήρως· καὶ οὐκέτι φέρειν δυναμένη ἐπεγείρει ἑαυτήν, πειρωμένη τοὺς παρόντας λανθάνειν. «Τί» φησὶν « δυστυχὴς πέπονθα; παρθένος παρ´ ἡλικίαν ἐρῶ καὶ ὀδυνῶμαι καινὰ καὶ κόρῃ μὴ πρέποντα. Ἐφ´ Ἁβροκόμῃ μαίνομαι καλῷ μέν, ἀλλ´ ὑπερηφάνῳ. Καὶ τίς ἔσται τῆς ἐπιθυμίας ὅρος καὶ τί τὸ πέρας τοῦ κακοῦ; Σοβαρὸς οὗτος ἐρώμενος, παρθένος ἐγὼ φρουρουμένη· τίνα βοηθὸν λήψομαι; τίνι πάντα κοινώσομαι; ποῦ δὲ Ἁβροκόμην ὄψομαι;» [1,4] O dieux, s'écrie-t-il à son réveil, en s'arrachant les cheveux et déchirant ses habits, quelle disgrâce faut-il que j'éprouve! suis-je cet Abrocome qui dédaignait l'amour ? cet impie, qui, sans respect pour son culte, vomissait mille injures contre sa divinité? Me voilà donc épris à mon tour de ses charmes ! me voilà subjugué! que dis-je? lâche que je suis, je vais devenir l'esclave d'une jeune fille! il me semble déjà, et mon cœur l'avoue secrètement, qu'il se trouve quelqu'un de plus beau que moi! Je reconnais donc l'Amour pour un dieu! Malheureux ! desormais ma résistance sera vaine. Abrocome ne l'emportera plus sur le fils de Vénus, sur un être imaginaire qui veut triompher de moi, je lui sacrifie. Anthia paraît adorable à mes yeux ; mon âme ne saurait y penser sans trouble. O ciel ! aimerais-je Anthia ? Mais qui pourrait m'en détourner? reprenait-il avec réflexion : elle n'a point d'époux, elle est belle, elle est tendre ! O trop insensé Abrocome, s'interrompait-il aussi-tôt ! chasse cette pensée de ton esprit ; non, l'Amour n'aura jamais d'empire sur toi. A ces mots, Cupidon, qui l'entend, le déchire avec la dernière cruauté; plus il lui résiste, et plus il l'accable de ses traits les plus vifs. L'âme du triste Abrocome succombe à la fin, et ce malheureux amant, se laissant tomber sur son lit, s'écrie, les yeux noyés de larmes, enfin la victoire est à toi! tu m'as soumis pour toujours, il t'est permis de dresser un trophée qui signale ma honte à jamais ; je deviens ton suppliant, de rebelle que j'étais, dispose de mon cœur, mais ne m'abandonne pas ; crains d'user de toute ta justice envers un téméraire ! O fils de Vénus ; il n'est pas étonnant qu'ayant ignoré jusqu'ici la force de tes traits, j'aie bravé ta puissance; une vaine présomption accompagne toujours la jeunesse ; sois-moi favorable; ta gloire est intéressée à me mettre en possession de la belle Anthia, et, si tu fus sans pitié pour ton ennemi superbe, fais sentir à présent tes bienfaits à ton ennemi vaincu. Bien loin de se laisser toucher, Cupidon n'entend qu'avec indignation les soupirs d'Abrocome : ce dieu implacable médita au contraire de tirer une vengeance plus complètte de son orgueil. La tendre Anthia souffrait aussi de son côté les plus cruelles langueurs ; frappée de mille songes qui la tourmentaient, elle s'éveille en sursaut, et se lève sans bruit, de crainte que personne de sa maison ne s'en apperçoive. Infortunée, dit-elle ! Quel trouble inconnu vient agiter mon cœur ! O dieux, j'aime, et j'aime beaucoup plus que la bienséance ne le permet à mon âge, et qu'il ne convient a une jeune fille bien née ; ma folle passion pour Abrocome ne me laisse pas réfléchir à la faute que je commets; car enfin, Abrocome est le plus beau de tous les mortels, mais aussi le plus farouche. A quoi peut donc aboutir ma tendresse? Quel remède apporterai-je à mes maux ? Jeune encore, sous la puissance de parents rigides, qui me gardent à vue ; qui me servira ? où trouver une amie fidèle à qui je puisse confier mon amour? comment, en quels lieux me sera-t-il facile de voir Abrocome ?


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site HODOI ELEKTRONIKAI |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 8/04/2010