[1,3] Ὡς οὖν ἐτετέλεστο ἡ πομπή, ἦλθον δὲ εἰς τὸ
ἱερὸν θύσοντες ἅπαν τὸ πλῆθος καὶ ὁ τῆς πομπῆς κόσμος
ἐλέλυτο, ᾔεσαν δὲ ἐς ταὐτὸν ἄνδρες καὶ γυναῖκες, ἔφηβοι
καὶ παρθένοι, ἐνταῦθα ὁρῶσιν ἀλλήλους, καὶ ἁλίσκεται
Ἀνθία ὑπὸ τοῦ Ἁβροκόμου, ἡττᾶται δὲ ὑπὸ Ἔρωτος Ἁβροκόμης
καὶ ἐνεώρα τε συνεχέστερον τῇ κόρῃ καὶ ἀπαλλαγῆναι
τῆς ὄψεως ἐθέλων οὐκ ἐδύνατο· κατεῖχε δὲ αὐτὸν ἐγκείμενος ὁ θεός.
Διέκειτο δὲ καὶ Ἀνθία πονήρως, ὅλοις
μὲν καὶ ἀναπεπταμένοις τοῖς ὀφθαλμοῖς τὸ Ἁβροκόμου
κάλλος εἰσρέον δεχομένη, ἤδη δὲ καὶ τῶν παρθένοις πρεπόντων
καταφρονοῦσα· καὶ γὰρ ἐλάλησεν ἄν τι, ἵνα Ἁβροκόμης
ἀκούσῃ, καὶ μέρη τοῦ σώματος ἐγύμνωσεν ἂν τὰ
δυνατά, ἵνα Ἁβροκόμης ἴδῃ· ὁ δὲ αὑτὸν ἐδεδώκει πρὸς τὴν
θέαν καὶ ἦν αἰχμάλωτος τοῦ θεοῦ.
Καὶ τότε μὲν θύσαντες ἀπηλλάττοντο λυπούμενοι
καὶ τῷ τάχει τῆς ἀπαλλαγῆς μεμφόμενοι· καὶ ἀλλήλους
βλέπειν ἐθέλοντες ἐπιστρεφόμενοι καὶ ὑφιστάμενοι πολλὰς
προφάσεις διατριβῆς ηὕρισκον. Ὡς δὲ ἦλθον ἑκάτερος
παρ´ ἑαυτόν, ἔγνωσαν τότε οἷ κακῶν ἐγεγόνεισαν· καὶ ἔννοια
ἐκείνους ὑπῄει τῆς ὄψεως θατέρου καὶ ὁ ἔρως ἐν αὐτοῖς
ἀνεκαίετο καὶ τὸ περιττὸν τῆς ἡμέρας αὐξήσαντες τὴν
ἐπιθυμίαν, ἐπειδὴ εἰς ὕπνον ᾔεσαν, ἐν ἀθρόῳ γίνονται τῷ
δεινῷ, καὶ ὁ ἔρως ἐν ἑκατέροις ἦν ἀκατάσχετος.
| [1,3] Après que tout le monde se fut rendu dans le temple, le peuple rompit l'ordre de la marche, et s'approcha de l'autel pour assister au sacrifice : les hommes, les femmes, les filles, les garçons ne firent plus qu'une assemblée nombreuse, où le sexe et l'âge étaient confondus. C'est-là qu'Abrocome et Anthia sont frappés d'une admiration réciproque : ils s'apperçoivent à peine ; Anthia est soumise à Abrocome, Abrocome l'est à l'amour. Le jeune Ephésien la regardait avec avidité, sans pouvoir ôter de dessus elle ses yeux, que l'amour y tenait attachés malgré lui. Anthia n'était guères plus libre ; ses yeux étonnés recevaient les traits de flamme qui sortaient de ceux d'Abrocome ; elle disait des choses agréables pour qu'il les entendît ; elle affectait même d'étaler davantage ces appas que la pudeur n'oblige point de dérober à la vue, pour mieux les offrir aux regards d'Abrocome, qui les parcourait avec complaisance, depuis qu'il s'était rendu le captif de l'amour.
Le sacrifice achevé, vint le moment cruel de se séparer. Quel moment! Ils accusèrent le sort de rigueur, de ce qu'il les contraignait de se quitter si tôt; ils tournaient la tête ; ils s'arrétaient ; l'amour leur fournissait mille prétextes pour demeurer encore, et jouir plus longtemps du plaisir de se voir.
Mais quelle fut leur situation, lorsque, privés de ce dernier soulagement, ils furent de retour chez eux : la réflexion ne fit qu'accroître leurs maux ; ils connurent alors tout le progrès que l'amour avait déjà fait dans leurs cœurs: chacun se rappelait les différens mouvements qu'il avait éprouvés dans ce jour; une image chérie ne les abandonnent plus, et semblait bannir de leur esprit tout ce qui n'avait point de rapport avec elle-même ; leur passion se rallumait sans cesse avec une plus vive ardeur, et leurs desirs croissaient à mesure, pour les dechirer plus vivement. La nuit vint, et, bien loin de calmer leurs agitations, son obscurité, jointe à la solitude, les rendit encore plus cruelles; c'est en vain qu'ils essaient de dormir; le sommeil se refuse a leurs paupières. Abrocome néanmoins était si accablé, qu'il s'assoupit.
|