[1,13] Ἔτυχον μὲν ἐν Ῥόδῳ πειραταὶ παρορμοῦντες
αὐτοῖς, Φοίνικες τὸ γένος, ἐν τριήρει μεγάλῃ· παρώρμουν
δὲ ὡς φορτίον ἔχοντες καὶ πολλοὶ καὶ γεννικοί. Οὗτοι
καταμεμαθήκεσαν ἐν τῇ νηὶ ὅτι χρυσὸς καὶ ἄργυρος καὶ
ἀνδράποδα πολλὰ καὶ τίμια. Διέγνωσαν οὖν ἐπιθέμενοι
τοὺς μὲν ἀντιμαχομένους ἀποκτιννύειν, τοὺς δὲ ἄλλους
ἄγειν εἰς Φοινίκην πραθησομένους καὶ τὰ χρήματα· κατεφρόνουν
δὲ ὡς οὐκ ἀξιομάχων αὐτῶν. Τῶν δὲ πειρατῶν
ὁ ἔξαρχος Κόρυμβος ἐκαλεῖτο, νεανίας ὀφθῆναι μέγας,
φοβερὸς τὸ βλέμμα· κόμη ἦν αὐτῷ αὐχμηρὰ καθειμένη.
Ὡς δὲ ταῦτα οἱ πειραταὶ ἐβουλεύσαντο, τὰ μὲν πρῶτα
παρέπλεον ἡσυχῆ τοῖς περὶ Ἁβροκόμην· τελευταῖον δὲ (ἦν
μὲν περὶ μέσον ἡμέρας, ἔκειντο δὲ πάντες οἱ ἐν τῇ νηὶ
ὑπὸ μέθης καὶ ῥᾳθυμίας οἱ μὲν καθεύδοντες, οἱ δὲ ἀλύοντες)
ἐφίστανται δὴ αὐτοῖς οἱ περὶ τὸν Κόρυμβον ἐλαυνομένῃ
τῇ νηὶ {τριήρης ἦν} σὺν ὀξύτητι πολλῇ. Ὡς δὲ
πλησίον ἐγένοντο, ἀνεπήδησαν ἐπὶ τὴν ναῦν ὡπλισμένοι,
τὰ ξίφη γυμνὰ ἔχοντες· κἀνταῦθα οἱ μὲν ἐρρίπτουν ἑαυτοὺς
ὑπ´ ἐκπλήξεως εἰς τὴν θάλασσαν καὶ ἀπώλλυντο, οἱ
δὲ ἀμύνεσθαι θέλοντες ἀπεσφάζοντο. Ὁ δὲ Ἁβροκόμης
καὶ ἡ Ἀνθία προστρέχουσι τῷ Κορύμβῳ τῷ πειρατῇ,
καὶ λαβόμενοι τῶν γονάτων αὐτοῦ «τὰ μὲν χρήματα»
ἔφασαν, «ὦ δέσποτα, καὶ ἡμᾶς οἰκέτας ἔχε, φεῖσαι δὲ
τῆς ψυχῆς καὶ μηκέτι φόνευε τοὺς ἑκόντας ὑποχειρίους
σοι γενομένους· μὴ πρὸς αὐτῆς θαλάσσης, μὴ πρὸς δεξιᾶς
τῆς σῆς· ἀγαγὼν δὲ ἡμᾶς ὅποι θέλεις, ἀπόδου τοὺς σοὺς
οἰκέτας· μόνον οἴκτειρον ἡμᾶς ὑφ´ ἑνὶ ποιήσας δεσπότῃ».
| [1,13] Des corsaires phéniciens étaient dans le port de Rhodes en même-temps que le vaisseau d'Abrocome; on leur avait appris sans doute, que ce navire était chargé de richesses, et d'un grand nombre d'esclaves de prix. La soif du pillage les enhardit aussitôt, persuadés qu'une telle proie ne pouvait leur échapper : ils voguèrent avec leur galère du même côté, dans la résolution de ne faire de grace qu'à ceux qui se rendraient sans résistance, pour les aller vendre en Phénicie.
Le chef de ces corsaires s'appelait Corimbe, jeune homme d'une assez belle taille, mais dont le regard effrayant et la chevelure hérissée inspiraient la terreur. Il commanda le matin à ses gens de ramer bord à bord du vaisseau d'Abrocome, et continua la même manœuvre jusques vers le midi, qu'il s'aperçut d'une grande sécurité parmi les Ephésiens. Corimbe, ne doutant point que la molesse ou le vin ne fussent la cause de ce silence, saisit cet instant pour l'abordage, et comme la légèreté de sa galère la rendait propre à toute sorte de mouvements, un seul coup de rame la joignit au navire d'Abrocome. Elle ne l'eut pas si tôt atteint, que les corsaires sautèrent dedans tous armés, et repandirent l'effroi de tous côtés. La plupart des Éphesiens se jètent d'épouvante à la mer, et sont ensevelis sous les flots ; d'autres veulent se mettre en défense, ils sont massacrés. Abrocome, pour garantir Anthia, l'emmène près de Corimbe et tous deux, embrassant les genoux du corsaire : ô notre maître, lui dirent-ils, nous sommes tes esclaves ! Retiens nous avec toi, prends toutes nos richesses, mais laisse-nous du moins la vie ! Tu dois montrer quelque clémence pour ceux qui se soumettent volontairement à la force de ton bras ; nous t'en conjurons par les dieux de la mer, et par la puissance qu'ils te donnent sur nous ; conduis-nous en quel lieu tu voudras, vends notre liberté, mais, par pitié, que ce soit à un même maître.
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