[1,12] Κατήγετο δὲ ἡ ναῦς εἰς Ῥόδον καὶ ἐξέβαινον οἱ
ναῦται, ἐξῄει δὲ ὁ Ἁβροκόμης ἔχων μετὰ χεῖρα τὴν
Ἀνθίαν· συνῄεσαν δὲ πάντες οἱ Ῥόδιοι, τὸ κάλλος τῶν
παίδων καταπεπληγότες, καὶ οὐκ ἔστιν ὅστις τῶν ἰδόντων
παρῆλθε σιωπῶν· ἀλλ´ οἱ μὲν ἔλεγον ἐπιδημίαν {ἐκ τῶν}
θεῶν, οἱ δὲ προσεκύνουν καὶ προσεπιτνοῦντο. Ταχὺ δὲ δι´
ὅλης τῆς πόλεως διεπεφοιτήκει τὸ ὄνομα Ἁβροκόμου καὶ
Ἀνθίας. Ἐπεύχονται δὲ αὐτοῖς δημοσίᾳ καὶ θυσίας
τε θύουσι πολλὰς καὶ ἑορτὴν ἄγουσι τὴν ἐπιδημίαν αὐτῶν.
Οἱ δὲ τήν τε πόλιν ἅπασαν ἐξιστόρησαν καὶ ἀνέθεσαν εἰς
τὸ τοῦ Ἡλίου ἱερὸν πανοπλίαν χρυσῆν καὶ ἐπέγραψαν εἰς
ὑπόμνημα ἐπίγραμμα τῶν ἀναθέντων
Οἱ ξεῖνοι {κλεινοὶ} τάδε σοι χρυσήλατα τεύχε´ ἔθηκαν,
Ἀνθία Ἁβροκόμης θ´, ἱερῆς Ἐφέσοιο πολῖται.
Ταῦτα ἀναθέντες, ὀλίγας ἡμέρας ἐν τῇ νήσῳ μείναντες,
ἐπειγόντων τῶν ναυτῶν ἀνήγοντο ἐπισιτισάμενοι·
παρέπεμπε δὲ αὐτοὺς ἅπαν τὸ Ῥοδίων πλῆθος. Καὶ τὰ
μὲν πρῶτα ἐφέροντο οὐρίῳ πνεύματι, καὶ ἦν αὐτοῖς ὁ
πλοῦς ἀσμένοις, κἀκείνην τε τὴν ἡμέραν καὶ τὴν ἐπιοῦσαν
νύκτα ἐφέροντο ἀναμετροῦντες τὴν Αἰγυπτίαν καλουμένην
θάλατταν· τῇ δὲ δευτέρᾳ ἐπέπαυτο μὲν ὁ ἄνεμος, γαλήνη
δὲ καὶ ὁ πλοῦς βραδὺς καὶ ναυτῶν ῥᾳθυμία καὶ πότος ἐν
τούτῳ καὶ μέθη καὶ ἀρχὴ τῶν μεμαντευμένων. Τῷ δὲ
Ἁβροκόμῃ ἐφίσταται γυνὴ ὀφθῆναι φοβερά, τὸ μέγεθος
ὑπὲρ ἄνθρωπον, ἐσθῆτα ἔχουσα φοινικῆν· ἐπιστᾶσα δὲ τὴν
ναῦν ἐδόκει καίειν καὶ τοὺς μὲν ἄλλους ἀπόλλυσθαι, αὐτὸν
δὲ μετὰ τῆς Ἀνθίας διανήχεσθαι. Ταῦτα ὡς εὐθὺς εἶδεν
ἐταράχθη καὶ προσεδόκα τι δεινὸν ἐκ τοῦ ὀνείρατος· καὶ
τὸ δεινὸν ἐγένετο.
| [1,12] Les matelots débarquèrent les premiers, Abroconie descendit ensuite, tenant par la rnain sa chère Anthia.A leur arrivée tout le-peuple était assemblé. Jamais surprise égale à celle des Rhodiens : frappés, éblouis de la beauté de ces jeunes gens, personne ne les voyait sans se répandre en exclamations; quelques-uns s'écriaient, c'est une faveur que les dieux font à la ville de Rhodes; de simples mortels ne brilleraient point d'autant de majesté; d'autres témoignaient tout haut leurs respects, et leurs paroles étaient mêlées d'invocations. Toute la ville aussitôt retentit des noms d'Abrocome et d'Anthia. On ordonna des prières et des sacrifices publics ; et pendant leur séjour on fit des fêtes comme dans les plus grands événements : ils visitèrent les endroits remarquables à commencer par le temple du soleil, où ces deux époux laissèrent pour offrande une armure d'or complète avec cette inscription. "Ces armes d'or te furent offertes Par deux de tes hôtes :
Abrocome et Anthia, Natifs d'Ephèse.
Peu de temps après ils remontèrent dans leur navire, aux acclamations de tout le peuple de Rhodes, et continuèrent leur route par un vent assez doux qui les porta le lendemain dans la mer d'Egypte : mais le calme survint, et les vagues impuissantes battaient inutilement les flancs du vaisseau. Tout l'équipage demeure oisif; de l'inaction naît la paresse, et celle-ci engendre d'autres vices; on boit, on s'enivre, et dès lors commencent à se réaliser leurs fatales destinées. Abrocome voit en dormant une femme d'une grandeur énorme, et d'une figure épouvantable qui entre dans le vaisseau. Son habit désigne le sang et le carnage ; elle ne respire que la mort et le butin ; elle égorge les uns, contraint les autres à périr dans les flots ; et lui-même, le triste Abrocome, pour éviter ses coups, ne trouve d'autre ressource que dé se sauver à la nage avec la belle Anthia.
Du mouvement qu'il croit faire en tombant, il se réveille tout troublé ; mais, à voir la tranquillité profonde qui régnait de tout côté, il est prêt à s'accuser d'illusion: vain espoir ! Ce tendre époux ne touchait que trop au moment le plus funeste.
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