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Du texte à l'hypertexte

Xénophon d'Éphèse, Les amours d'Abrocome et d'Anthia, livre I

Chapitre 11

  Chapitre 11

[1,11] Ἔτι λέγοντα ἐξιόντα ἐπέσχε τὰ δάκρυα· καὶ οἱ μὲν ἀπῄεσαν εἰς τὴν πόλιν, τοῦ πλήθους αὐτοὺς θαρρεῖν παρακαλοῦντος, δὲ Ἁβροκόμης καὶ Ἀνθία ἀλλήλοις περιφύντες ἔκειντο πολλὰ ἅμα νοοῦντες, τοὺς πατέρας οἰκτείροντες, τῆς πατρίδος ἐπιθυμοῦντες, τὸν χρησμὸν δεδοικότες, τὴν ἀποδημίαν ὑποπτεύοντες· παρεμυθεῖτο δ´ αὐτοὺς εἰς ἅπαντα μετ´ ἀλλήλων πλοῦς. Κἀκείνην μὲν τὴν ἡμέραν οὐρίῳ χρησάμενοι πνεύματι, διανύσαντες τὸν πλοῦν εἰς Σάμον κατήντησαν τὴν τῆς Ἥρας ἱερὰν νῆσον· κἀνταῦθα θύσαντες καὶ δειπνοποιησάμενοι, πολλὰ εὐξάμενοι τῆς νυκτὸς ἐπιγινομένης ἐπανήγοντο. Καὶ ἦν πλοῦς αὐτοῖς οὔριος· λόγοι δὲ ἐν αὐτοῖς πολλοὶ πρὸς ἀλλήλους «ἆρα ἡμῖν ὑπάρξει συγκαταβιῶναι μετ´ ἀλλήλων»; Καὶ δή ποτε Ἁβροκόμης μέγα ἀναστενάξας, ἐν ὑπομνήσει τῶν ἑαυτοῦ γενόμενος «Ἀνθία» ἔφησε, «τῆς ψυχῆς μοι ποθεινοτέρα, μάλιστα μὲν εὐτυχεῖν εἴη καὶ σῴζεσθαι μετ´ ἀλλήλων· ἂν δ´ ἄρα τι πεπρωμένον παθεῖν, καί πως ἀλλήλων ἀπαλλαγῶμεν, ὀμόσωμεν ἑαυτοῖς, φιλτάτη, σὺ μὲν ὡς ἐμοὶ μενεῖς ἁγνὴ καὶ ἄλλον ἄνδρα οὐχ ὑπομενεῖς, ἐγὼ δὲ ὅτι οὐκ ἂν ἄλλῃ γυναικὶ συνοικήσαιμι». Ἀκούουσα δὲ Ἀνθία μέγα ἀνωλόλυξε καὶ «τί τοῦτο» ἔφησεν «Ἁβροκόμη, πεπίστευκας ὅτι ἐὰν ἀπαλλαγῶ σοῦ, περὶ ἀνδρὸς ἔτι καὶ γάμου σκέψομαι, ἥτις οὐδὲ ζήσομαι τὴν ἀρχὴν ἄνευ σοῦ; Ὡς ὀμνύω τέ σοι τὴν πάτριον ἡμῖν θεόν, τὴν μεγάλην Ἐφεσίων Ἄρτεμιν, καὶ ταύτην ἣν διανύομεν θάλατταν καὶ τὸν ἐπ´ ἀλλήλοις ἡμᾶς καλῶς ἐκμήναντα θεόν, ὡς ἐγὼ καὶ βραχύ τι ἀποσπασθεῖσα σοῦ οὔτε ζήσομαι οὔτε τὸν ἥλιον ὄψομαι». Ταῦτα ἔλεγεν Ἀνθία· ἐπώμνυε δὲ καὶ Ἁβροκόμης, καὶ καιρὸς αὐτῶν ἐποίει τοὺς ὅρκους φοβερωτέρους. Ἐν τούτῳ δὲ ναῦς Κῶ μὲν παραμείβει καὶ Κνίδον, κατεφαίνετο δ´ Ῥοδίων νῆσος μεγάλη καὶ καλή· καὶ αὐτοὺς ἐνταῦθα ἔδει καταχθῆναι πάντως· δεῖν γὰρ ἔφασκον οἱ ναῦται καὶ ὑδρεύσασθαι καὶ αὐτοὺς ἀναπαύσασθαι, μέλλοντας εἰς μακρὸν ἐμπεσεῖσθαι πλοῦν. [1,11] Il voulait poursuivre, mais un excès de douleur l'en empêcha ; d'ailleurs le vaisseau s'écartait en pleine mer, hors de la portée de la voix. Ils s'en retournèrent donc tous à la ville en versant des larmes, et suivis de leurs amis et du peuple qui tâchaient de les consoler. Abrocome et Anthia s'étaient mis un peu à l'écart dans le vaisseau, et se tenaient tendrement embrassés : leur esprit n'était préoccupé que de pensées tristes ; le souvenir de leurs parents les affligeait; ils regrettaient leur patrie; des soupçons naissants leur faisaient appréhender l'accomplissement d'un oracle fatal : cependant ils voyageaient ensemble, et cette douceur semblait réparer toute sorte de disgrâces. Leur navigation fut très heureuse pendant cette journée, et le vent si favorable, qu'ils se rencontrèrent vers le soir devant l'isle de Samos, consacrée à Junon ; ils n'oublièrent pas de sacrifier à cette déesse, pour la prier de leur être propice; et, après avoir pris un repas dans cette isle, ils repartirent bien avant dans la nuit, s'entretenant de tout ce qui pouvait se rapporter à leur situation présente. Le ciel nous aimerait-il assez, reprit Abrocome, pour ne nous séparer jamais ! Hèlas ! Anthia, poursuivit-il avec un soupir, épouse plus chère à mon cœur mille fois que la vie ! Nous préservent les dieux de funestes avantures, et puisse le tendre Abrocome ne sortir jamais des bras de sa chère Anthia ; mais si le destin qui est au-dessus des dieux, nous éloigne l'un de l'autre, jure-moi que tu me demeureras fidèle, et qu'aucun autre mortel n'occupera ta pensée un seul instant ; et je te proteste à mon tour, je te le jure, ô ma divine épouse, qu'aucune autre femme ne touchera mon cœur ! Ces paroles furent si sensibles à la belle Anthia, que ses yeux se remplirent de larmes ; et cette jeune épouse, regardant Abrocome avec une sorte de colère, mêlée de l'amour le plus vif : Cruel, lui dit-elle, tu me connais donc bien peu, puisque, séparée de toi, tu me crois capable de manquer à ma tendresse, et à ce que je t'ai promis en présence des dieux immortels ; oui, je te jure de nouveau, puisque tu le veux; par Diane cette grande déesse, protectrice des Ephésiens, par la mer qui nous environne, et par le dieu terrible qui exerce sa puissance sur nous, que les yeux d'aucun autre mortel que toi ne rencontreront mes regards, et, si j'ai le malheur de te perdre, que le soleil même n'aura pas cet avantage... A ces tendres reproches, Abrpcome ne put contenir sa joie ni ses transports; il interrompit son épouse pour l'accabler de caresses, et renouvella ses serrnents que le hazard rendait encore plus terribles; car en cet instant l'isle de Cos s'offrit à leurs yeux, et presque vis-à-vis, la ville de Cnide. La fameuse isle de Rhodes paraît à peu de distance de là ; les conducteurs du vaisseau furent d'avis d'y prendre terre ; ils y abordèrent, soit pour faire de l'eau dont ils manquaient, soit pour acheter tous les rafraîchissements nécessaires à la veille d'une longue navigation.


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Dernière mise à jour : 8/04/2010