[7,3] (1) Καὶ τότε μὲν οὕτως ἐκοιμήθησαν. τῇ δ᾽ ὑστεραίᾳ καλέσας ὁ Κῦρος τοὺς
φίλους καὶ τοὺς ἡγεμόνας τοῦ στρατεύματος, τοὺς μὲν αὐτῶν ἔταξε τοὺς
θησαυροὺς παραλαμβάνειν, τοὺς δ᾽ ἐκέλευσεν ὁπόσα παραδοίη Κροῖσος
χρήματα, πρῶτον μὲν τοῖς θεοῖς ἐξελεῖν ὁποῖ᾽ ἂν οἱ μάγοι ἐξηγῶνται, ἔπειτα
τἆλλα χρήματα παραδεχομένους ἐν ζυγάστροις στήσαντας ἐφ᾽ ἁμαξῶν
ἐπισκευάσαι καὶ διαλαχόντας τὰς ἁμάξας κομίζειν ὅποιπερ ἂν αὐτοὶ
πορεύωνται, ἵνα ὅπου καιρὸς εἴη διαλαμβάνοιεν ἕκαστοι τὰ ἄξια.
(2) Οἱ μὲν δὴ ταῦτ᾽ ἐποίουν. Ὁ δὲ Κῦρος καλέσας τινὰς τῶν παρόντων
ὑπηρετῶν, « Εἴπατέ μοι, » ἔφη, « ἑώρακέ τις ὑμῶν Ἀβραδάταν; Θαυμάζω γάρ,
ἔφη, ὅτι πρόσθεν θαμίζων ἐφ᾽ ἡμᾶς νῦν οὐδαμοῦ φαίνεται.
(3) Τῶν οὖν ὑπηρετῶν τις ἀπεκρίνατο « Ὅτι ὦ δέσποτα, οὐ ζῇ, ἀλλ᾽ ἐν τῇ
μάχῃ ἀπέθανεν ἐμβαλὼν τὸ ἅρμα εἰς τοὺς Αἰγυπτίους· οἱ δ᾽ ἄλλοι πλὴν τῶν
ἑταίρων αὐτοῦ ἐξέκλιναν, ὥς φασιν, ἐπεὶ τὸ στῖφος εἶδον τὸ τῶν Αἰγυπτίων.
(4) Καὶ νῦν γε, » ἔφη, « λέγεται αὐτοῦ ἡ γυνὴ ἀνελομένη τὸν νεκρὸν καὶ
ἐνθεμένη εἰς τὴν ἁρμάμαξαν, ἐν ᾗπερ αὐτὴ ὠχεῖτο, προσκεκομικέναι αὐτὸν
ἐνθάδε ποι πρὸς τὸν Πακτωλὸν ποταμόν.
(5) Καὶ τοὺς μὲν εὐνούχους καὶ τοὺς θεράποντας αὐτοῦ ὀρύττειν φασὶν ἐπὶ
λόφου τινὸς θήκην τῷ τελευτήσαντι· τὴν δὲ γυναῖκα λέγουσιν ὡς κάθηται
χαμαὶ κεκοσμηκυῖα οἷς εἶχε τὸν ἄνδρα, τὴν κεφαλὴν αὐτοῦ ἔχουσα ἐπὶ τοῖς γόνασι. »
(6) Ταῦτα ἀκούσας ὁ Κῦρος ἐπαίσατο ἄρα τὸν μηρὸν καὶ εὐθὺς ἀναπηδήσας
ἐπὶ τὸν ἵππον λαβὼν χιλίους ἱππέας ἤλαυνεν ἐπὶ τὸ πάθος.
(7) Γαδάταν δὲ καὶ Γωβρύαν ἐκέλευσεν ὅ τι δύναιντο λαβόντας καλὸν
κόσμημα ἀνδρὶ φίλῳ καὶ ἀγαθῷ τετελευτηκότι μεταδιώκειν· καὶ ὅστις εἶχε
τὰς ἑπομένας ἀγέλας, καὶ βοῦς καὶ ἵππους εἶπε τούτῳ καὶ ἅμα πρόβατα
πολλὰ ἐλαύνειν ὅποι ἂν αὐτὸν πυνθάνηται ὄντα, ὡς ἐπισφαγείη τῷ Ἀβραδάτᾳ.
(8) Ἐπεὶ δὲ εἶδε τὴν γυναῖκα χαμαὶ καθημένην καὶ τὸν νεκρὸν κείμενον,
ἐδάκρυσέ τε ἐπὶ τῷ πάθει καὶ εἶπε· « Φεῦ, ὦ ἀγαθὴ καὶ πιστὴ ψυχή, οἴχῃ δὴ
ἀπολιπὼν ἡμᾶς; » Καὶ ἅμα ἐδεξιοῦτο αὐτὸν καὶ ἡ χεὶρ τοῦ νεκροῦ
ἐπηκολούθησεν· ἀπεκέκοπτο γὰρ κοπίδι ὑπὸ τῶν Αἰγυπτίων.
(9) Ὁ δὲ ἰδὼν πολὺ ἔτι μᾶλλον ἤλγησε· καὶ ἡ γυνὴ δὲ ἀνωδύρατο καὶ
δεξαμένη δὴ παρὰ τοῦ Κύρου ἐφίλησέ τε τὴν χεῖρα καὶ πάλιν ὡς οἷόν τ᾽ ἦν
προσήρμοσε, καὶ εἶπε·
(10) « Καὶ τἆλλά τοι, ὦ Κῦρε, οὕτως ἔχει· ἀλλὰ τί δεῖ σε ὁρᾶν; καὶ ταῦτα, »
ἔφη, « οἶδ᾽ ὅτι δι᾽ ἐμὲ οὐχ ἥκιστα ἔπαθεν, ἴσως δὲ καὶ διὰ σέ, ὦ Κῦρε, οὐδὲν
ἧττον. Ἐγώ τε γὰρ ἡ μώρα πολλὰ διεκελευόμην αὐτῷ οὕτω ποιεῖν, ὅπως σοι
φίλος ἄξιος γενήσοιτο· αὐτός τε οἶδ᾽ ὅτι οὗτος οὐ τοῦτο ἐνενόει ὅ τι πείσοιτο,
ἀλλὰ τί ἄν σοι ποιήσας χαρίσαιτο. καὶ γὰρ οὖν, » ἔφη, « αὐτὸς μὲν ἀμέμπτως
τετελεύτηκεν, ἐγὼ δ᾽ ἡ παρακελευομένη ζῶσα παρακάθημαι. »
(11) Καὶ ὁ Κῦρος χρόνον μέν τινα σιωπῇ κατεδάκρυσεν, ἔπειτα δὲ ἐφθέγξατο·
« Ἀλλ᾽ οὗτος μὲν δή, ὦ γύναι, ἔχει τὸ κάλλιστον τέλος· νικῶν γὰρ
τετελεύτηκε· σὺ δὲ λαβοῦσα τοῖσδε ἐπικόσμει αὐτὸν τοῖς παρ᾽ ἐμοῦ· παρῆν
δὲ ὁ Γωβρύας καὶ ὁ Γαδάτας πολὺν καὶ καλὸν κόσμον φέροντες· ἔπειτα δ᾽, «
ἔφη, » ἴσθι ὅτι οὐδὲ τὰ ἄλλα ἄτιμος ἔσται, ἀλλὰ καὶ τὸ μνῆμα πολλοὶ
χώσουσιν ἀξίως ἡμῶν καὶ ἐπισφαγήσεται αὐτῷ ὅσα εἰκὸς ἀνδρὶ ἀγαθῷ.
(12) Καὶ σὺ δ᾽, » ἔφη, « οὐκ ἔρημος ἔσῃ, ἀλλ᾽ ἐγώ σε καὶ σωφροσύνης ἕνεκα
καὶ πάσης ἀρετῆς καὶ τἆλλα τιμήσω καὶ συστήσω ὅστις ἀποκομιεῖ σε ὅποι ἂν
αὐτὴ ἐθέλῃς· μόνον, » ἔφη, « δήλωσον πρὸς ἐμὲ πρὸς ὅντινα χρῄζεις
κομισθῆναι. »
(13) Καὶ ἡ Πάνθεια εἶπεν· « Ἀλλὰ θάρρει, » ἔφη, « ὦ Κῦρε, οὐ μή σε κρύψω
πρὸς ὅντινα βούλομαι ἀφικέσθαι. »
(14) Ὁ μὲν δὴ ταῦτ᾽ εἰπὼν ἀπῄει, κατοικτίρων τήν τε γυναῖκα οἵου ἀνδρὸς
στέροιτο καὶ τὸν ἄνδρα οἵαν γυναῖκα καταλιπὼν οὐκέτ᾽ ὄψοιτο. Ἡ δὲ γυνὴ
τοὺς μὲν εὐνούχους ἐκέλευσεν ἀποστῆναι, « Ἕως ἄν, » ἔφη, « τόνδ᾽ ἐγὼ
ὀδύρωμαι ὡς βούλομαι· » Τῇ δὲ τροφῷ εἶπε παραμένειν, καὶ ἐπέταξεν αὐτῇ,
ἐπειδὰν ἀποθάνῃ, περικαλύψαι αὐτήν τε καὶ τὸν ἄνδρα ἑνὶ ἱματίῳ. Ἡ δὲ
τροφὸς πολλὰ ἱκετεύουσα μὴ ποιεῖν τοῦτο, ἐπεὶ οὐδὲν ἥνυτε καὶ
χαλεπαίνουσαν ἑώρα, ἐκάθητο κλαίουσα. Ἡ δὲ ἀκινάκην πάλαι
παρεσκευασμένον σπασαμένη σφάττει ἑαυτὴν καὶ ἐπιθεῖσα ἐπὶ τὰ στέρνα
τοῦ ἀνδρὸς τὴν ἑαυτῆς κεφαλὴν ἀπέθνῃσκεν. Ἡ δὲ τροφὸς ἀνωλοφύρατό τε
καὶ περιεκάλυπτεν ἄμφω ὥσπερ ἡ Πάνθεια ἐπέστειλεν.
(15) Ὁ δὲ Κῦρος ὡς ᾔσθετο τὸ ἔργον τῆς γυναικός, ἐκπλαγεὶς ἵεται, εἴ τι
δύναιτο βοηθῆσαι. Οἱ δὲ εὐνοῦχοι ἰδόντες τὸ γεγενημένον, τρεῖς ὄντες
σπασάμενοι κἀκεῖνοι τοὺς ἀκινάκας ἀποσφάττονται οὗπερ ἔταξεν αὐτοὺς
ἑστηκότες. (καὶ νῦν τὸ μνῆμα μέχρι τοῦ νῦν τῶν εὐνούχων κεχῶσθαι
λέγεται· καὶ ἐπὶ μὲν τῇ ἄνω στήλῃ τοῦ ἀνδρὸς καὶ τῆς γυναικὸς
ἐπιγεγράφθαι φασὶ τὰ ὀνόματα, Σύρια γράμματα, κάτω δὲ εἶναι τρεῖς
λέγουσι στήλας καὶ ἐπιγεγράφθαι “Σκηπτούχων ”.)
(16) Ὁ δὲ Κῦρος ὡς ἐπλησίασε τῷ πάθει ἀγασθείς τε τὴν γυναῖκα καὶ
κατολοφυράμενος ἀπῄει· καὶ τούτων μὲν ᾗ εἰκὸς ἐπεμελήθη ὡς τύχοιεν
πάντων τῶν καλῶν, καὶ τὸ μνῆμα ὑπερμέγεθες ἐχώσθη, ὥς φασιν. | [7,3] CHAPITRE III
(1) Après cet entretien, ils allèrent se coucher. Le lendemain, Cyrus ayant convoqué ses amis et
les chefs de l’armée, chargea les uns de recevoir les trésors de Crésus, les autres de prélever
d’abord pour les dieux sur les objets précieux livrés par Crésus la portion que les mages leur
indiqueraient, puis de prendre livraison du reste, de le mettre dans des coffres, de placer les
coffres sur des chariots, enfin, après avoir tiré au sort les chariots, de les emmener partout à leur
suite, afin d’avoir, à l’occasion, de quoi récompenser chacun selon son mérite.
(2) Puis Cyrus, ayant appelé quelques-uns de ses aides de camp qui étaient présents : « Dites-moi,
demanda-t-il, quelqu’un de vous a-t-il vu Abradatas ? Je m’étonne, ajouta-t-il, de ne le
voir nulle part, lui qui auparavant était assidu auprès de nous.
(3) — Il n’est plus, maître, répondit l’un d’eux ; il est mort dans le combat, en poussant son
char au milieu des Égyptiens. Les autres conducteurs, à l’exception de ses compagnons, se
sont esquivés, à ce qu’on dit, en voyant la masse compacte des Égyptiens.
(4) Maintenant, ajouta-t-il, on dit que sa femme, après avoir relevé son corps et l’avoir mis dans
la voiture qui la portait elle-même, l’a amené ici près sur les bords du Pactole.
(5) On ajoute que ses eunuques et ses serviteurs creusent sur une colline un tombeau pour le
mort, tandis que sa femme, assise à terre, soutient sur ses genoux la tête de son mari, qu’elle
a paré des ornements qu’elle avait. »
(6) En entendant ces paroles, Cyrus se frappa la cuisse, et sautant aussitôt à cheval, il prit avec
lui mille cavaliers, et courut à cette scène de deuil.
(7) Il avait donné l’ordre à Gadatas et à Gobryas de le suivre et d’apporter tout ce qu’ils
trouveraient de beau pour parer un ami dévoué qui était mort en brave ; et il avait enjoint à ceux
qui avaient sous leur garde les troupeaux qui accompagnaient l’armée d’amener des boeufs,
des chevaux et une grande quantité de moutons au lieu où on leur dirait qu’il se trouvait, pour
les sacrifier en l’honneur d’Abradatas.
(8) En voyant la femme assise à terre et le corps gisant, Cyrus pleura sur ce malheur et dit : «
Hélas ! âme généreuse et fidèle, tu es donc partie et tu nous as quittés ! » En même temps il prit
la main du mort, et cette main suivit la sienne ; car elle avait été tranchée d’un coup d’épée
par les Égyptiens.
(9) A cette vue, Cyrus sent redoubler sa douleur, et Panthée jette des cris lamentables ; elle
reprend la main que tenait Cyrus, la baise et la rajuste comme elle peut, en disant :
(10) « Tout son corps, Cyrus, est dans le même état. Mais épargne-toi la vue de ce spectacle. C’est moi
surtout, je le sais, ajouta-t-elle, qui suis la cause de son malheur ; mais peut-être, Cyrus, n’y
as-tu pas moindre part que moi. C’est moi, insensée, qui l’exhortais sans cesse à te prouver
qu’il était un ami digne de ton estime. Quant à lui, je sais qu’il ne songeait pas à ce qu’il
pourrait souffrir, mais à ce qu’il pourrait faire pour te complaire. Et en effet, ajouta-t-elle, il est
mort sans reproche, et moi qui l’exhortais, je suis vivante, assise à ses côtés. »
(11) Pendant quelques instants Cyrus pleura silencieusement, puis il parla. « Mais aussi, femme,
dit-il, il a eu la fin la plus glorieuse ; il est mort vainqueur. Mais toi, accepte ce que je t’apporte
pour parer son corps. (Gobryas et Gadatas venaient d’arriver avec une grande quantité
d’ornements précieux.) Ensuite sache qu’on lui rendra tous les honneurs et que nous lui
ferons élever par des centaines d’ouvriers un tombeau digne de nous ; et l’on immolera en
son honneur tout ce qu’on doit à un héros.
(12) Pour toi, ajouta-t-il, tu ne seras pas abandonnée ; je t’honorerai pour ta sagesse et tes
vertus de toute sorte, et je te donnerai quelqu’un pour te conduire où tu voudras. Dis-moi
seulement chez qui tu désires qu’on te mène. »
(13) Panthée lui répondit : «Ne te mets pas en peine, Cyrus ; je ne te cacherai pas chez qui j’ai
dessein d’aller. »
(14) Après cet entretien, Cyrus se retira, plaignant la femme qui avait perdu un tel mari, et le mari
qui ne devait plus revoir une telle femme. Panthée ordonna aux eunuques de s’éloigner «
jusqu’à ce que, dit-elle, j’aie pleuré mon mari comme je le veux ». Elle pria sa nourrice de
rester près d’elle, et lui recommanda, quand elle serait morte, de l’envelopper, elle et son
mari, dans le même manteau. La nourrice la supplia instamment de renoncer à son dessein ;
mais voyant que ses prières n’avaient d’autre effet que d’exciter sa colère, elle s’assit en
pleurant. Panthée, qui s’était dès longtemps munie d’un poignard, se perça le cou, et, plaçant
sa tête sur la poitrine de son mari, elle rendit le dernier soupir. La nourrice, poussant des cris de
douleur, couvrit les deux corps, comme sa maîtresse le lui avait recommandé.
(15) Quand Cyrus apprit l’acte de Panthée, il accourut, tout bouleversé, pour voir s’il pourrait
lui porter secours. Les eunuques (ils étaient trois), voyant ce qui était arrivé, tirèrent eux aussi
leur poignard et s’égorgèrent à l’endroit où Panthée leur avait dit de se tenir. (On dit que le
tertre élevé (en l’honneur des eunuques) existe encore à présent. Sur la colonne du haut sont
gravés, dit-on, en caractères syriens, les noms du mari et de la femme. On dit aussi qu’en bas
il y a trois colonnes avec cette inscription « Porte-sceptres »).
(16) Quand Cyrus se fut approché de ce triste spectacle, pénétré d’admiration pour la femme, il
poussa des gémissements de douleur, puis se retira. Il s’occupa, bien entendu, de rendre à
ces morts les honneurs qui leur étaient dus, et leur fit élever, dit-on, un monument grandiose.
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