[4,3,1] ΙΙΙ. Τῶν δὲ Μήδων τινὲς ἤδη, οἱ μὲν ἁμάξας προωρμημένας 
 καταλαβόντες καὶ ἀποστρέψαντες προσήλαυνον μεστὰς ὧν 
 δεῖται στρατιά, οἱ δὲ καὶ ἁρμαμάξας γυναικῶν τῶν βελτίστων 
 τῶν μὲν γνησίων, τῶν δὲ καὶ παλλακίδων διὰ τὸ κάλλος 
 συμπεριαγομένων, ταύτας εἰληφότες προσῆγον. 
 (2) Πάντες γὰρ ἔτι καὶ νῦν οἱ κατὰ τὴν ᾿Ασίαν στρατευόμενοι ἔχοντες 
 τὰ πλείστου ἄξια στρατεύονται, λέγοντες ὅτι μᾶλλον μάχοιντ' ἂν εἰ 
 τὰ φίλτατα παρείη· τούτοις γάρ φασιν ἀνάγκην εἶναι προθύμως 
 ἀλέξειν. Ἴσως μὲν οὖν οὕτως ἔχει, ἴσως δὲ καὶ ποιοῦσιν αὐτὰ τῇ 
 ἡδονῇ χαριζόμενοι. 
 (3) Ὁ δὲ Κῦρος θεωρῶν τὰ τῶν Μήδων ἔργα καὶ ῾Υρκανίων ὥσπερ 
 κατεμέμφετο καὶ αὑτὸν καὶ τοὺς σὺν αὐτῷ, εἰ οἱ ἄλλοι τοῦτον τὸν 
 χρόνον ἀκμάζειν τε μᾶλλον ἑαυτῶν ἐδόκουν καὶ προσκτᾶσθαί τι, 
 αὐτοὶ δὲ ἐν ἀργοτέρᾳ χώρᾳ ὑπομένειν. Καὶ γὰρ δὴ οἱ ἀπάγοντες 
 καὶ ἀποδεικνύντες Κύρῳ ἃ ἦγον πάλιν ἀπήλαυνον, 
 μεταδιώκοντες τοὺς ἄλλους· ταῦτα γὰρ σφίσιν ἔφασαν 
 προστετάχθαι ποιεῖν ὑπὸ τῶν ἀρχόντων. Δακνόμενος δὴ ὁ Κῦρος 
 ἐπὶ τούτοις ταῦτα μὲν ὅμως κατεχώριζε· συνεκάλει δὲ πάλιν τοὺς 
 ταξιάρχους, καὶ στὰς ὅπου ἔμελλον πάντες ἀκούσεσθαι τὰ 
 βουλευόμενα λέγει τάδε. 
 (4) -  « Ὅτι μέν, ὦ ἄνδρες φίλοι, εἰ κατάσχοιμεν τὰ νῦν 
 προφαινόμενα, μεγάλα μὲν ἂν ἅπασι Πέρσαις ἀγαθὰ γένοιτο, 
 μέγιστα δ' ἂν εἰκότως ἡμῖν δι' ὧν πράττεται, πάντες οἶμαι 
 γιγνώσκομεν· ὅπως δ' ἂν αὐτῶν ἡμεῖς κύριοι γιγνοίμεθα, μὴ 
 αὐτάρκεις ὄντες κτήσασθαι αὐτά, εἰ μὴ ἔσται οἰκεῖον ἱππικὸν 
 Πέρσαις τοῦτο ἐγὼ οὐκέτι ὁρῶ. (5) Ἐννοεῖτε γὰρ δή, ἔφη· ἔχομεν 
 ἡμεῖς οἱ Πέρσαι ὅπλα οἷς δοκοῦμεν τρέπεσθαι τοὺς πολεμίους 
 ὁμόσε ἰόντες· καὶ δὴ τρεπόμενοι ποίους ἢ ἱππέας ἢ τοξότας ἢ 
 πελταστὰς ἄνευ ἵππων ὄντες δυναίμεθ' ἂν φεύγοντας ἢ λαβεῖν ἢ 
 κατακανεῖν; Τίνες δ' ἂν φοβοῖντο ἡμᾶς προσιόντες κακοῦν ἢ 
 τοξόται ἢ ἀκοντισταὶ ἢ ἱππεῖς, εὖ εἰδότες ὅτι οὐδεὶς αὐτοῖς 
 κίνδυνος ὑφ' ἡμῶν κακόν τι παθεῖν μᾶλλον ἢ ὑπὸ τῶν 
 πεφυκότων δένδρων; (6) Εἰ δ' οὕτω ταῦτ' ἔχει, οὐκ εὔδηλον ὅτι οἱ 
 νῦν παρόντες ἡμῖν ἱππεῖς νομίζουσι πάντα τὰ ὑποχείρια 
 γιγνόμενα ἑαυτῶν εἶναι οὐχ ἧττον ἢ ἡμέτερα, ἴσως δὲ νὴ Δία 
 καὶ μᾶλλον; 
 (7) Νῦν μὲν οὖν οὕτω ταῦτ' ἔχει κατ' ἀνάγκην. Εἰ δ' ἡμεῖς 
 ἱππικὸν κτησαίμεθα μὴ χεῖρον τούτων, οὐ πᾶσιν ἡμῖν καταφανὲς 
 ὅτι τούς τ' ἂν πολεμίους δυναίμεθα καὶ ἄνευ τούτων ποιεῖν 
 ὅσαπερ νῦν σὺν τούτοις, τούτους τε ἔχοιμεν ἂν τότε μετριώτερον 
 πρὸς ἡμᾶς φρονοῦντας; ὁπότε γὰρ παρεῖναι ἢ ἀπεῖναι βούλοιντο, 
 ἧττον ἂν ἡμῖν μέλοι, εἰ αὐτοὶ ἄνευ τούτων ἀρκοῖμεν ἡμῖν αὐτοῖς. 
 (8) Εἶεν· ταῦτα μὲν δὴ οἶμαι οὐδεὶς ἂν ἀντιγνωμονήσειε, μὴ οὐχὶ 
 τὸ πᾶν διαφέρειν Περσῶν γενέσθαι οἰκεῖον ἱππικόν· ἀλλ' ἐκεῖνο 
 ἴσως ἐννοεῖτε, πῶς ἂν τοῦτο γένοιτο. Ἆρ' οὖν σκεψώμεθα, εἰ 
 βουλοίμεθα καθιστάναι ἱππικόν, τί ἡμῖν ὑπάρχει καὶ τίνος ἐνδεῖ; 
 (9) Οὐκοῦν ἵπποι μὲν οὗτοι πολλοὶ ἐν τῷ στρατοπέδῳ 
 κατειλημμένοι καὶ χαλινοὶ οἷς πείθονται καὶ τἆλλα ὅσα δεῖ ἵπποις 
 ἔχουσι χρῆσθαι. Ἀλλὰ μὴν καὶ οἷς γε δεῖ ἄνδρα ἱππέα χρῆσθαι 
 ἔχομεν, θώρακας μὲν ἐρύματα τῶν σωμάτων, παλτὰ δὲ οἷς καὶ 
 μεθιέντες καὶ ἔχοντες χρῴμεθ' ἄν. 
 | [4,3,1] CHAPITRE III  
Déjà certains détachements mèdes, ayant atteint des  
chariots qu’on avait expédiés en avant et qui étaient  
remplis de munitions, leur avaient fait faire demi-tour et  
les poussaient vers le camp ; d’autres s’étant emparés de  
voitures couvertes, remplies de très belles femmes,  
épouses ou concubines que les Assyriens menaient avec  
eux pour leur beauté, les ramenaient aussi. (2) C’est  
encore aujourd’hui la coutume des peuples de l’Asie,  
lorsqu’ils vont à la guerre d’emmener avec eux leurs biens  
les plus précieux ; ils prétendent qu’à la vue de ce qu’ils  
ont de plus cher ils combattent plus vaillamment ; car ils  
sont forcés, disent-ils, de le défendre avec plus de coeur.  
Peut-être en est-il ainsi ; peut-être aussi le font-ils par  
amour du plaisir.  
(3) Cyrus, voyant ce qu’avaient fait les Mèdes et les  
Hyrcaniens, était mortifié pour lui et pour les siens, en  
voyant qu’en ce moment les autres les surpassaient et  
faisaient en outre du butin, tandis que les Perses étaient à  
un poste réduit à l’inaction. En effet, ceux qui ramenaient  
du butin le montraient à Cyrus et s’en retournaient  
aussitôt à la poursuite des ennemis, suivant l’ordre qu’ils  
disaient avoir reçu de leurs chefs. Quoique mordu par le  
dépit, Cyrus faisait néanmoins ranger en place le butin  
qu’on apportait. Puis il réunit de nouveau les taxiarques,  
et se plaçant dans un lieu d’où tous pouvaient l’entendre, il  
leur dit :   
(4) «Mes amis, si nous possédions tout ce qui s’étale à  
présent sous nos yeux, ce seraient de grands biens qui  
écherraient à la nation perse ; mais la part la plus grande  
serait naturellement pour nous, puisque c’est grâce à nous  
qu’on s’en est emparé : c’est là, je crois, une chose que  
nous pensons tous. Comment en devenir nous-mêmes les  
maîtres, nous qui sommes impuissants par nousmêmes à  
les conquérir, tant que les Perses n’auront pas de cavalerie  
nationale, c’est ce que je ne vois plus. (5) Réfléchissez, en  
effet, ajouta-t-il. Nous autres Perses, nous avons des  
armes avec lesquelles nous sommes assurés de mettre en  
déroute les ennemis, en les attaquant de près ; mais après  
les avoir mis en déroute, comment pourrions-nous, sans  
cavalerie, prendre ou tuer dans leur fuite des cavaliers,  
des archers, des peltastes ? Quels archers, hommes de  
trait, ou cavaliers craindraient de nous approcher pour  
nous faire du mal, quand ils savent qu’ils ne risquent pas  
plus d’être maltraités par nous que par des arbres plantés  
en terre ? (6) S’il en est ainsi, n’est-il pas évident que les  
cavaliers qui présentement sont avec nous s’imaginent  
n’avoir pas moins de droits que nous sur le butin, et peut- 
être même, par Zeus, davantage ? (7) Pour le moment, il  
ne saurait en être autrement ; mais si nous nous procurons  
une cavalerie qui ne cède pas à la leur, n’est-il pas évident  
que, même sans eux, nous pourrons faire aux ennemis ce  
que nous leur faisons avec eux, et qu’alors nous les  
trouverons moins fiers avec nous ? Car, qu’ils veuillent  
rester ou partir, nous nous en mettrons moins en peine, si  
nous sommes capables, sans eux, de nous suffire à nous- 
mêmes. (8) Voilà ce que j’avais à dire sur ce point, et je  
crois que personne ne pourrait soutenir contre moi que les  
Perses n’ont pas un intérêt capital à se créer une cavalerie  
à eux. Mais peut-être vous demandez-vous comment nous  
pourrons y parvenir. Examinons donc, si nous voulons  
mettre sur pied ce corps de cavalerie, les moyens dont  
nous disposons et ceux qui nous manquent. (9) Voici  
d’abord dans le camp une multitude de chevaux qui sont  
tombés en nos mains, avec les freins pour les conduire, et  
tout l’attirail indispensable pour l’équitation. D’autre part  
nous avons tout ce qui est nécessaire à un cavalier, une  
cuirasse pour protéger le corps, des javelots à lancer ou à  
tenir à la main.  
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