[4,3,10] (10) Τί δὴ τὸ λοιπόν; δῆλον ὅτι ἀνδρῶν δεῖ.
Οὐκοῦν τοῦτο μάλιστα ἔχομεν· οὐδὲν γὰρ οὕτως
ἡμέτερόν ἐστιν ὡς ἡμεῖς ἡμῖν αὐτοῖς. Ἀλλ' ἐρεῖ τις ἴσως ὅτι οὐκ
ἐπιστάμεθα. Μὰ Δί' οὐδὲ γὰρ τούτων τῶν ἐπισταμένων νῦν πρὶν
μαθεῖν οὐδεὶς ἠπίστατο. Ἀλλ' εἴποι ἄν τις ὅτι παῖδες ὄντες ἐμάνθανον.
(11) Καὶ πότερα παῖδές εἰσι φρονιμώτεροι ὥστε
μαθεῖν τὰ φραζόμενα καὶ δεικνύμενα ἢ ἄνδρες; Πότεροι δὲ ἃ ἂν
μάθωσιν ἱκανώτεροι τῷ σώματι ἐκπονεῖν, οἱ παῖδες ἢ οἱ ἄνδρες;
(12) Ἀλλὰ μὴν σχολή γε ἡμῖν μανθάνειν ὅση οὔτε παισὶν οὔτε
ἄλλοις ἀνδράσιν· οὔτε γὰρ τοξεύειν ἡμῖν μαθητέον ὥσπερ τοῖς
παισί· προεπιστάμεθα γὰρ τοῦτο· οὔτε μὴν ἀκοντίζειν·
ἐπιστάμεθα γὰρ καὶ τοῦτο· ἀλλ' οὐδὲ μὴν ὥσπερ τοῖς ἄλλοις
ἀνδράσι τοῖς μὲν γεωργίαι ἀσχολίαν παρέχουσι, τοῖς δὲ τέχναι,
τοῖς δὲ ἄλλα οἰκεῖα· ἡμῖν δὲ στρατεύεσθαι οὐ μόνον σχολὴ ἀλλὰ
καὶ ἀνάγκη. (13) Ἀλλὰ μὴν οὐχ ὥσπερ ἄλλα πολλὰ τῶν
πολεμικῶν χαλεπὰ μέν, χρήσιμα δέ· ἱππικὴ δὲ οὐκ ἐν ὁδῷ μὲν
ἡδίων ἢ αὐτοῖν τοῖν ποδοῖν πορεύεσθαι; Ἐν δὲ σπουδῇ οὐχ ἡδὺ
ταχὺ μὲν φίλῳ παραγενέσθαι, εἰ δέοι, ταχὺ δέ, εἴτε ἄνδρα εἴτε
θῆρα δέοι διώκεσθαι, καταλαβεῖν; ἐκεῖνο δὲ οὐχὶ εὐπετές, τὸ ὅ τι
ἂν δέῃ ὅπλον φέρειν τὸν ἵππον τοῦτο συμφέρειν; Οὔκουν ταὐτό γ'
ἐστὶν ἔχειν τε καὶ φέρειν. (14) Ὅ γε μὴν μάλιστ' ἄν τις φοβηθείη,
μὴ εἰ δεήσει ἐφ' ἵππου κινδυνεύειν ἡμᾶς πρότερον πρὶν ἀκριβοῦν
τὸ ἔργον τοῦτο, κἄπειτα μήτε πεζοὶ ἔτι ὦμεν μήτε πω ἱππεῖς
ἱκανοί, ἀλλ' οὐδὲ τοῦτο ἀμήχανον· ὅπου γὰρ ἂν βουλώμεθα,
ἐξέσται ἡμῖν πεζοῖς εὐθὺς μάχεσθαι· οὐδὲν γὰρ τῶν πεζικῶν
ἀπομαθησόμεθα ἱππεύειν μανθάνοντες. »
(15) Κῦρος μὲν οὕτως εἶπε· Χρυσάντας δὲ συναγορεύων αὐτῷ ὧδε
ἔλεξεν.
- « Ἀλλ' ἐγὼ μέν, » ἔφη, « οὕτως ἐπιθυμῶ ἱππεύειν μαθεῖν ὡς
νομίζω, ἢν ἱππεὺς γένωμαι, ἄνθρωπος πτηνὸς ἔσεσθαι.
(16) Νῦν μὲν γὰρ ἔγωγε ἀγαπῶ ἤν γ' ἐξ ἴσου τῳ θεῖν ὁρμηθεὶς ἀνθρώπων
μόνον τῇ κεφαλῇ πρόσχω, κἂν θηρίον παραθέον ἰδὼν δυνασθῶ
διατεινάμενος φθάσαι ὥστε ἀκοντίσαι ἢ τοξεῦσαι πρὶν πάνυ
πρόσω αὐτὸ γενέσθαι. Ἤν δ' ἱππεὺς γένωμαι, δυνήσομαι μὲν
ἄνδρα ἐξ ὄψεως μήκους καθαιρεῖν· δυνήσομαι δὲ θηρία διώκων
τὰ μὲν ἐκ χειρὸς παίειν καταλαμβάνων, τὰ δὲ ἀκοντίζειν ὥσπερ
ἑστηκότα· (καὶ γὰρ ἐὰν ἀμφότερα ταχέα ᾖ, ὅμως δὲ πλησίον
γίγνηται ἀλλήλων, ὥσπερ τὰ ἑστηκότα ἐστίν.) (17) Ὧν δὲ δὴ
μάλιστα δοκῶ ζῴων, ἔφη, ἐζηλωκέναι ἱπποκενταύρους, εἰ
ἐγένοντο ὥστε προβουλεύεσθαι μὲν ἀνθρώπου φρονήσει, ταῖς δὲ
χερσὶ τὸ δέον παλαμᾶσθαι, ἵππου δὲ τάχος ἔχειν καὶ ἰσχύν, ὥστε
τὸ μὲν φεῦγον αἱρεῖν, τὸ δ' ὑπομένον ἀνατρέπειν, οὔκουν πάντα
κἀγὼ ταῦτα ἱππεὺς γενόμενος συγκομίζομαι πρὸς ἐμαυτόν;
(18) Προνοεῖν μέν γε ἕξω πάντα τῇ ἀνθρωπίνῃ γνώμῃ, ταῖς δὲ χερσὶν
ὁπλοφορήσω, διώξομαι δὲ τῷ ἵππῳ, τὸν δ' ἐναντίον ἀνατρέψω τῇ
τοῦ ἵππου ῥύμῃ, ἀλλ' οὐ συμπεφυκὼς δεδήσομαι ὥσπερ οἱ
ἱπποκένταυροι· (19) Οὐκοῦν τοῦτό γε κρεῖττον ἢ συμπεφυκέναι.
Τοὺς μὲν γὰρ ἱπποκενταύρους οἶμαι ἔγωγε πολλοῖς μὲν ἀπορεῖν
τῶν ἀνθρώποις ηὑρημένων ἀγαθῶν ὅπως δεῖ χρῆσθαι, πολλῶν δὲ
τῶν ἵπποις πεφυκότων ἡδέων πῶς (αὐτῶν) χρὴ ἀπολαύειν.
| [4,3,10] (10) Que faut-il encore ? Évidemment des hommes ;
or c’est juste ce qui nous manque le moins ; car
rien n’est plus à nous que nous-mêmes. Mais, dira-t-on
peut-être, nous ne savons pas monter. Non, par Zeus ;
mais ceux qui savent à présent ne savaient pas plus que
nous, avant d’avoir appris. (11) On m’objectera qu’ils ont
appris étant enfants. Est-ce que les enfants sont plus
intelligents que les hommes pour apprendre ce qu’on leur
dit ou ce qu’on leur montre ? Lesquels, des enfants ou des
hommes, ont le plus de force pour exécuter ce qu’ils ont
appris ? (12) Pour le loisir d’apprendre, nous en avons
plus que les enfants et les autres hommes. Nous n’avons
pas à apprendre le maniement de l’arc, comme les enfants :
il y a longtemps que nous le connaissons ; ni à lancer le
javelot, nous le savons aussi. Nous n’avons pas non plus
d’empêchement comme les autres hommes, occupés les
uns aux travaux de la terre, les autres à leur métier, les
autres à leurs affaires domestiques ; nous avons, nous
autres, non seulement le loisir, mais encore l’obligation de
faire la guerre. (13) D’ailleurs il n’en est pas ici comme de
beaucoup d’autres pratiques militaires qui sont utiles,
mais pénibles. En effet, n’est-il pas plus agréable de faire
route à cheval que sur ses deux pieds ? En cas de presse,
n’est-il pas agréable de se rendre vite auprès d’un ami qui
a besoin de vous, et, s’il faut poursuivre un homme ou une
bête, de les rattraper vite ? Et n’est-il pas commode, au
lieu de porter ses armes, de les faire porter au cheval en
même temps que le cavalier ? car avoir des armes et les
porter, cela fait deux. (14) Ce qu’on pourrait craindre
surtout, c’est que, s’il nous faut affronter le danger à
cheval, avant d’être rompu à ce genre de combat, nous ne
cessions d’être fantassins, sans être devenus de bons
cavaliers ; mais il n’y a pas ici non plus de difficulté
insurmontable. Partout où nous le voudrons, nous
pourrons combattre pied à terre ; car nous ne
désapprendrons pas les manoeuvres de l’infanterie en
apprenant à monter à cheval.»
(15) Ainsi parla Cyrus. Chrysantas prit la parole pour
appuyer son avis. «Pour ma part, dit-il, je désire
apprendre à monter à cheval, et ma raison c’est que je me
figure que, lorsque je serai devenu cavalier, je serai un
homme ailé. A présent, en effet, je m’estime heureux,
quand je cours contre un homme but à but, si je le dépasse
seulement de la tête, et, quand je vois passer une bête qui
court, de courir assez vite pour lui lancer mon javelot ou
ma flèche, avant qu’elle soit bien loin. Quand je serai
devenu cavalier, je pourrai rattraper un homme, de si loin
que je l’aperçoive ; je pourrai en poursuivant des bêtes
fauves atteindre et frapper de près les unes, et tuer les
autres d’un javelot, comme si elles étaient immobiles ; car
quand deux animaux sont rapides, l’un et l’autre, s’ils sont
près l’un de l’autre, c’est comme s’ils étaient immobiles.
(17) Aussi, de tous les êtres animés, il n’en est pas, je
crois, que j’aie plus enviés que les hippocentaures, s’ils
ont jamais existé, avec l’intelligence de l’homme pour
délibérer avant d’agir, avec les mains pour exécuter ce
qu’ils avaient à faire, avec la vitesse et la force du cheval
pour atteindre ce qui fuyait et renverser ce qui résistait.
Tous ces avantages, je les réunirai en ma personne, si je
deviens cavalier. (18) Je pourrai tout prévoir grâce à mon
intelligence d’homme, je porterai mes armes avec mes
mains, je poursuivrai l’adversaire avec mon cheval, je le
culbuterai sous l’élan de mon cheval, sans pourtant être
uni et lié à lui, comme les hippocentaures ; (19) cela vaut
mieux que de ne faire qu’un avec lui. Car je m’imagine que
ces hippocentaures ne pouvaient guère user d’une foule de
bonnes choses inventées par les hommes, ni jouir des
plaisirs que la nature accorde aux chevaux.
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