[4,2,10] (10) τῶν δὲ Μήδων ἐξῇσαν οἱ μὲν διὰ τὸ παιδὶ ὄντι
Κύρῳ παῖδες ὄντες φίλοι γενέσθαι, οἱ δὲ διὰ τὸ ἐν θήραις
συγγενόμενοι ἀγασθῆναι αὐτοῦ τὸν τρόπον, οἱ δὲ διὰ τὸ καὶ
χάριν εἰδέναι ὅτι μέγαν αὐτοῖς φόβον ἀπεληλακέναι ἐδόκει, οἱ δὲ
καὶ ἐλπίδας ἔχοντες, διὰ τὸ ἄνδρα φαίνεσθαι ἀγαθὸν καὶ εὐτυχῆ,
καὶ μέγαν ἔτι ἰσχυρῶς ἔσεσθαι αὐτόν, οἱ δέ, ὅτε ἐτρέφετο ἐν
Μήδοις, εἴ τι ἀγαθόν τῳ συνέπραξεν, ἀντιχαρίζεσθαι ἐβούλοντο·
πολλοῖς δὲ πολλὰ διὰ φιλανθρωπίαν παρὰ τοῦ πάππου ἀγαθὰ
διεπέπρακτο· πολλοὶ δ', ἐπεὶ καὶ τοὺς ῾Υρκανίους εἶδον καὶ λόγος
διῆλθεν ὡς ἡγήσοιντο ἐπὶ πολλὰ ἀγαθά, ἐξῇσαν καὶ τοῦ λαβεῖν τι
ἕνεκα. (11) Οὕτω δὴ ἐξῆλθον σχεδὸν ἅπαντες καὶ οἱ Μῆδοι πλὴν
ὅσοι σὺν Κυαξάρῃ ἔτυχον σκηνοῦντες· οὗτοι δὲ κατέμενον καὶ οἱ
τούτων ὑπήκοοι. Οἱ δ' ἄλλοι πάντες φαιδρῶς καὶ προθύμως
ἐξωρμῶντο, ἅτε οὐκ ἀνάγκῃ ἀλλ' ἐθελούσιοι καὶ χάριτος ἕνεκα ἐξιόντες.
(12) Ἐπεὶ δ' ἔξω ἦσαν, πρῶτον μὲν πρὸς τοὺς Μήδους ἐλθὼν
ἐπῄνεσέ τε αὐτοὺς καὶ ἐπηύξατο μάλιστα μὲν θεοὺς αὐτοῖς ἵλεως
ἡγεῖσθαι καὶ σφίσιν, ἔπειτα δὲ καὶ αὐτὸς δυνασθῆναι χάριν
αὐτοῖς ταύτης τῆς προθυμίας ἀποδοῦναι. Τέλος δ' εἶπεν ὅτι
ἡγήσοιντο μὲν αὐτοῖς οἱ πεζοί, ἐκείνους δ' ἕπεσθαι σὺν τοῖς ἵπποις
ἐκέλευσε· καὶ ὅπου ἂν ἀναπαύωνται ἢ ἐπίσχωσι τῆς πορείας,
ἐνετείλατο αὐτοῖς πρὸς αὑτὸν παρελαύνειν τινάς, ἵνα εἰδῶσι τὸ
ἀεὶ καίριον.
(13) Ἐκ τούτου ἡγεῖσθαι ἐκέλευε τοὺς ῾Υρκανίους. Καὶ οἳ ἠρώτων τί δέ;
- « Οὐκ ἀναμενεῖς, » ἔφασαν, « τοὺς ὁμήρους ἕως ἂν ἀγάγωμεν,
ἵνα ἔχων καὶ σὺ τὰ πιστὰ παρ' ἡμῶν πορεύῃ; »
Καὶ τὸν ἀποκρίνασθαι λέγεται·
- « Ἐννοῶ γάρ, φάναι, ὅτι ἔχομεν τὰ πιστὰ ἐν ταῖς ἡμετέραις
ψυχαῖς καὶ ταῖς ἡμετέραις χερσίν. Οὕτω γὰρ δοκοῦμεν
περεσκευάσθαι ὡς ἢν μὲν ἀληθεύητε, ἱκανοὶ εἶναι ἡμᾶς εὖ ποιεῖν·
ἢν δὲ ἐξαπατᾶτε, οὕτω νομίζομεν ἔχειν ὡς οὐχ ἡμᾶς ἐφ' ὑμῖν
ἔσεσθαι, ἀλλὰ μᾶλλον, ἢν οἱ θεοὶ θέλωσιν, ὑμᾶς ἐφ' ἡμῖν
γενήσεσθαι. Καὶ μέντοι, ἔφη, ὦ ῾Υρκάνιοι, ἐπείπερ φατὲ ὑστάτους
ἕπεσθαι τοὺς ὑμετέρους, ἐπειδὰν ἴδητε αὐτούς, σημήνατε ἡμῖν ὅτι
οἱ ὑμέτεροί εἰσιν, ἵνα φειδώμεθα αὐτῶν. »
(14) ἀκούσαντες δὲ ταῦτα οἱ ῾Υρκάνιοι τὴν μὲν ὁδὸν ἡγοῦντο
ὥσπερ ἐκέλευε, τὴν δὲ ῥώμην τῆς ψυχῆς ἐθαύμαζον· καὶ οὔτε
᾿Ασσυρίους οὔτε Λυδοὺς οὔτε τοὺς συμμάχους αὐτῶν ἐφοβοῦντο,
ἀλλὰ μὴ παντάπασιν ὁ Κῦρος μικράν τινα αὐτῶν οἴοιτο ῥοπὴν
εἶναι καὶ προσόντων καὶ ἀπόντων.
(15) Πορευομένων δὲ ἐπεὶ νὺξ ἐπεγένετο, λέγεται φῶς τῷ Κύρῳ καὶ
τῷ στρατεύματι ἐκ τοῦ οὐρανοῦ προφανὲς γενέσθαι, ὥστε πᾶσι
μὲν φρίκην ἐγγίγνεσθαι πρὸς τὸ θεῖον, θάρρος δὲ πρὸς τοὺς
πολεμίους. Ὡς δ' εὔζωνοί τε καὶ ταχὺ ἐπορεύοντο, εἰκότως πολλήν
τε ὁδὸν διήνυσαν καὶ ἅμα κνέφᾳ πλησίον γίγνονται τοῦ τῶν
῾Υρκανίων στρατεύματος. (16) Ὡς δ' ἔγνωσαν οἱ ἄγγελοι, καὶ τῷ
Κύρῳ λέγουσιν ὅτι οὗτοί εἰσιν οἱ σφέτεροι· τῷ τε γὰρ ὑστάτους
εἶναι γιγνώσκειν ἔφασαν καὶ τῷ πλήθει τῶν πυρῶν·
(17) Ἐκ τούτου πέμπει τὸν ἕτερον αὐτῶν πρὸς αὐτούς, προστάξας λέγειν,
εἰ φίλοι εἰσίν, ὡς τάχιστα ὑπαντᾶν τὰς δεξιὰς ἀνατείναντας·
συμπέμπει δέ τινα καὶ τῶν σὺν ἑαυτῷ καὶ λέγειν ἐκέλευσε τοῖς
῾Υρκανίοις ὅτι ὡς ἂν ὁρῶσιν αὐτοὺς προσφερομένους, οὕτω καὶ
αὐτοὶ ποιήσουσιν. Οὕτω δὴ ὁ μὲν μένει τῶν ἀγγέλων παρὰ τῷ
Κύρῳ, ὁ δὲ προσελαύνει πρὸς τοὺς ῾Υρκανίους.
(18) Ἐν ᾧ δ' ἐσκόπει τοὺς ῾Υρκανίους ὁ Κῦρος ὅ τι ποιήσουσιν,
ἐπέστησε τὸ στράτευμα· παρελαύνουσι δὲ πρὸς αὐτὸν οἱ τῶν
Μήδων προεστηκότες καὶ ὁ Τιγράνης καὶ ἐπερωτῶσι τί δεῖ ποιεῖν.
Ὁ δὲ λέγει αὐτοῖς ὅτι τοῦτ' ἔστι τὸ πλησίον ῾Υρκανίων στράτευμα
καὶ οἴχεται ὁ ἕτερος τῶν ἀγγέλων πρὸς αὐτοὺς καὶ τῶν ἡμετέρων
τις σὺν αὐτῷ, ἐροῦντες, εἰ φίλοι εἰσίν, ὑπαντιάζειν τὰς δεξιὰς
ἀνατείναντας πάντας. Ἢν μὲν οὖν οὕτω ποιῶσι, δεξιοῦσθέ τε
αὐτοὺς καθ' ὃν ἂν ᾖ ἕκαστος καὶ ἅμα θαρρύνετε· ἢν δὲ ὅπλα
αἴρωνται ἢ φεύγειν ἐπιχειρῶσι, τούτων, ἔφη, εὐθὺς δεῖ πρώτων
πειρᾶσθαι μηδένα λιπεῖν. (19) Ὅ μὲν τοιαῦτα παρήγγειλεν.
Οἱ δὲ ῾Υρκάνιοι ἀκούσαντες τῶν ἀγγέλων ἥσθησάν τε καὶ
ἀναπηδήσαντες ἐπὶ τοὺς ἵππους παρῆσαν τὰς δεξιάς, ὥσπερ
εἴρητο, προτείνοντες· οἱ δὲ Μῆδοι καὶ Πέρσαι ἀντεδεξιοῦντό τε
αὐτοὺς καὶ ἐθάρρυνον.
| [4,2,10] (10) une foule de Mèdes sortirent aussi, les uns,
parce que, dans leur jeune âge, ils avaient été les amis de
Cyrus enfant ; les autres, parce qu’ayant chassé avec lui,
ils avaient apprécié son caractère ; d’autres, par
reconnaissance, persuadés qu’il avait écarté d’eux un
grand danger, d’autres, parce qu’ils espéraient, en le
voyant bon et heureux, qu’il serait aussi, un jour, un
prince très puissant ; d’autres, parce qu’ils désiraient le
payer des services qu’il avait pu leur rendre au temps où il
était élevé chez les Mèdes ; car sa bonté était si grande
qu’il avait obtenu de son grand-père un grand nombre de
faveurs pour une foule de gens ; beaucoup aussi, parce
qu’ils voyaient les Hyrcaniens et que le bruit s’était
répandu qu’ils les conduiraient à des razzias fructueuses,
se présentaient dans le désir d’y participer. (11) Cyrus se
vit donc suivi de presque tous les Mèdes aussi, sauf des
commensaux de Cyaxare : ceux-ci restèrent avec ceux
qu’ils commandaient. Tous les autres s’avançaient avec
l’allégresse et l’ardeur de gens qui partaient, non par
contrainte, mais de leur plein gré et par affection pour leur général.
(12) Quand l’armée fut dehors, Cyrus se dirigeant d’abord
vers les Mèdes, les loua et pria les dieux d’abord d’être
pour eux et pour les Perses des guides favorables et de le
mettre à même de les récompenser de leur zèle. A la fin, il
donna l’ordre aux fantassins d’ouvrir la marche, aux Mèdes
de suivre avec la cavalerie, et il commanda que, lorsqu’on
prendrait du repos ou qu’on ferait une halte, on lui
dépêchât des cavaliers pour recevoir les instructions opportunes.
(13) Il dit ensuite aux Hyrcaniens de prendre la tête. Ils
demandèrent alors : «Eh quoi ! ne veux-tu pas attendre
que nous t’amenions les otages, pour que tu puisses te
mettre en route avec les gages que tu nous as demandés ?
— C’est que je pense, répliqua Cyrus, que ces gages, nous
les avons dans notre courage et dans nos bras. Car vous
pouvez voir que nous sommes en position de vous faire du
bien, si vous dites la vérité ; si, au contraire, vous nous
trompez, nous estimons que ce n’est pas nous qui serons
dans votre dépendance, c’est plutôt vous, grâce aux dieux,
qui serez dans la nôtre. Cependant, ajouta-t-il, Hyrcaniens,
puisque vous dites que les vôtres sont à la queue de
l’armée, quand vous les verrez, indiquez-nous que ce sont
les vôtres pour que nous les épargnions.» (14) Sur ces
paroles, les Hyrcaniens prirent la tête de l’armée, comme il
le leur avait dit : ils admiraient la force d’âme de Cyrus et
ne craignaient plus ni les Assyriens, ni les Lydiens, ni leurs
alliés, mais seulement que Cyrus n’attachât qu’une
importance infime à les avoir ou non pour alliés.
(15) On raconte que, la nuit étant survenue pendant qu’ils
étaient en marche, une lumière brillante se répandit du
haut du ciel, sur Cyrus et son armée ; ce phénomène
surnaturel fit frissonner tous les coeurs, mais les enhardit
contre les ennemis. Comme ils étaient légèrement équipés
et qu’ils avançaient vite, ils firent naturellement un long
chemin, et, avec le crépuscule, ils étaient près de l’armée
des Hyrcaniens. (16) Dès que les envoyés les reconnurent,
ils prévinrent Cyrus que c’était leurs gens. «Nous les
reconnaissons, dirent-ils, à leur position à la queue de
l’armée et au grand nombre de leurs feux.» (17) Cyrus
leur députa un des deux messagers en lui enjoignant de
dire que, s’ils étaient amis, ils vinssent à lui le plus
rapidement possible, la main droite levée. Il dépêcha aussi
l’un des siens avec l’ordre de dire aux Hyrcaniens que l’on
agirait à leur égard selon ce qu’on les verrait faire. L’un
des messagers demeura donc auprès de Cyrus, l’autre
s’élança vers les Hyrcaniens.
(18) Pendant que Cyrus observait ce qu’allaient faire les
Hyrcaniens, il fit arrêter l’armée. Alors les chefs des Mèdes
et Tigrane accourent à cheval et lui demandent ce qu’ils
devaient faire. Il leur dit : «La troupe qui est en vue est
celle des Hyrcaniens ; l’un de leurs envoyés est parti vers
eux et avec lui, un des nôtres, pour leur dire que, s’ils sont
amis, ils viennent à nous en levant tous la main droite.
S’ils se présentent ainsi, que chacun de vous lève aussi la
main droite devant celui qu’il aura en face de lui et le
rassure par ce geste. Mais s’ils lèvent leurs armes ou
tentent de fuir, il faut, ajouta-t-il, essayer aussitôt de ne
laisser échapper aucun de ces premiers ennemis.»
(19) Telles furent ses instructions.
Les Hyrcaniens, ayant entendu les messagers, se
réjouirent, et, sautant à cheval, s’avancèrent la main
droite tendue en avant, comme on leur avait dit. Les Mèdes
et les Perses leur tendaient la main de leur côté et les encourageaient.
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