[4,5,30] (30) Τοιγαροῦν τότε μὲν ᾠόμην ἀμφοτέροις ὑμῖν χάριν ὀφείλειν·
νῦν δὲ σύ με ἀναγκάζεις σοῦ μὲν ἐπιλαθέσθαι, τοῖς δὲ
ἀκολουθήσασι πειρᾶσθαι πᾶσαν τὴν χάριν ἀποδιδόναι.
(31) Οὐ μέντοι ἔγωγε σοὶ ὅμοιος δύναμαι γενέσθαι, ἀλλὰ καὶ νῦν πέμπων
ἐπὶ στράτευμα εἰς Πέρσας ἐπιστέλλω, ὁπόσοι ἂν ἴωσιν ὡς ἐμέ, ἤν
τι σὺ αὐτῶν δέῃ πρὶν ἡμᾶς ἐλθεῖν, σοὶ ὑπάρχειν, οὐχ ὅπως ἂν
θέλωσιν, ἀλλ' ὅπως ἂν σὺ βούλῃ χρῆσθαι αὐτοῖς.
(32) Συμβουλεύω δέ σοι καίπερ νεώτερος ὢν μὴ ἀφαιρεῖσθαι ἃ ἂν δῷς,
ἵνα μή σοι ἀντὶ χαρίτων ἔχθραι ὀφείλωνται, μηδ' ὅταν τινὰ βούλῃ
πρὸς σὲ ταχὺ ἐλθεῖν, ἀπειλοῦντα μεταπέμπεσθαι, μηδὲ φάσκοντα
ἔρημον εἶναι ἅμα πολλοῖς ἀπειλεῖν, ἵνα μὴ διδάσκῃς αὐτοὺς σοῦ
μὴ φροντίζειν. (33) Ἡμεῖς δὲ πειρασόμεθα παρεῖναι, ὅταν τάχιστα
διαπραξώμεθα ἃ σοί τ' ἂν καὶ ἡμῖν νομίζομεν πραχθέντα κοινὰ
γενέσθαι ἀγαθά. Ἔρρωσο. »
(34) - « Ταύτην αὐτῷ ἀπόδος καὶ ὅ τι ἄν σε τούτων ἐρωτᾷ, ᾗ
γέγραπται σύμφαθι. Καὶ γὰρ ἐγὼ ἐπιστέλλω σοι περὶ Περσῶν
ᾗπερ γέγραπται. »
Τούτῳ μὲν οὕτως εἶπε, καὶ δοὺς τὴν ἐπιστολὴν ἀπέπεμπε,
προσεντειλάμενος οὕτω σπεύδειν ὥσπερ οἶδεν ὅτι συμφέρει ταχὺ παρεῖναι.
(35) Ἐκ τούτου δὲ ἑώρα μὲν ἐξωπλισμένους ἤδη πάντας καὶ τοὺς
Μήδους καὶ τοὺς ῾Υρκανίους καὶ τοὺς ἀμφὶ Τιγράνην· καὶ οἱ
Πέρσαι δὲ ἐξωπλισμένοι ἦσαν· ἤδη δέ τινες τῶν προσχώρων καὶ
ἵππους ἀπῆγον καὶ ὅπλα ἀπέφερον. (36) Ό δὲ τὰ μὲν παλτὰ
ὅπουπερ τοὺς πρόσθεν καταβάλλειν ἐκέλευσε, καὶ ἔκαιον οἷς
τοῦτο ἔργον ἦν ὁπόσων μὴ αὐτοὶ ἐδέοντο· τοὺς δ' ἵππους ἐκέλευε
φυλάττειν μένοντας τοὺς ἀγαγόντας ἕως ἄν τι σημανθῇ αὐτοῖς·
τοὺς δὲ ἄρχοντας τῶν ἱππέων καὶ ῾Υρκανίων καλέσας τοιάδε ἔλεξεν.
(37) - « Ἄνδρες φίλοι τε καὶ σύμμαχοι, μὴ θαυμάζετε ὅτι πολλάκις
ὑμᾶς συγκαλῶ· καινὰ γὰρ ἡμῖν ὄντα τὰ παρόντα πολλὰ αὐτῶν
ἐστιν ἀσύντακτα· ἃ δ' ἂν ἀσύντακτα ᾖ, ἀνάγκη ταῦτα ἀεὶ
πράγματα παρέχειν, ἕως ἂν χώραν λάβῃ. (38) Καὶ νῦν ἔστι μὲν
ἡμῖν πολλὰ τὰ αἰχμάλωτα χρήματα, καὶ ἄνδρες ἐπ' αὐτοῖς· διὰ δὲ
τὸ μήτε ἡμᾶς εἰδέναι ποῖα τούτων ἑκάστου ἐστὶν ἡμῶν, μήτε
τούτους εἰδέναι ὅστις ἑκάστῳ αὑτῶν δεσπότης, περαίνοντας μὲν
δὴ τὰ δέοντα οὐ πάνυ ἔστιν ὁρᾶν αὐτῶν πολλούς, ἀποροῦντας δὲ
ὅ τι χρὴ ποιεῖν σχεδὸν πάντας. (39) Ὡς οὖν μὴ οὕτως ἔχῃ,
διορίσατε αὐτά· καὶ ὅστις μὲν ἔλαβε σκηνὴν ἔχουσαν ἱκανὰ καὶ
σῖτα καὶ ποτὰ καὶ τοὺς ὑπηρετήσοντας καὶ στρωμνὴν καὶ ἐσθῆτα
καὶ τἆλλα οἷς οἰκεῖται σκηνὴ καλῶς στρατιωτική, ἐνταῦθα μὲν
οὐδὲν ἄλλο δεῖ προσγενέσθαι ἢ τὸν λαβόντα εἰδέναι ὅτι τούτων
ὡς οἰκείων ἐπιμέλεσθαι δεῖ· ὅστις δ' εἰς ἐνδεόμενά του
κατεσκήνωσε, τούτοις ὑμεῖς σκεψάμενοι τὸ ἐλλεῖπον
ἐκπληρώσατε, πολλὰ δὲ καὶ τὰ περιττὰ οἶδ' ὅτι ἔσται·
| [4,5,30] (30) Je comptais alors vous devoir à tous,
à toi comme à eux, de la reconnaissance, et
voilà que tu me contrains à l’oublier et à tâcher de la
reporter tout entière sur ceux qui m’ont accompagné. (31)
Cependant je ne puis me résoudre à faire comme toi, et, au
moment même où j’envoie demander une armée aux
Perses, j’enjoins à tous ceux qui viendront à moi, si tu as
besoin de leurs services avant notre retour, de se mettre à
ta disposition pour que tu en uses, non comme ils le
voudront bien, mais comme bon te semblera. (32) Je te
conseille, en outre, bien que je sois plus jeune que toi, de
ne point retirer ce que tu as donné, si tu ne veux pas
t’attirer, au lieu de reconnaissance, de l’inimitié ; de ne
point rappeler par des menaces ceux que tu veux voir
revenir vite près de toi ; de ne point menacer beaucoup de
gens au moment où tu te prétends abandonné, de peur de
leur apprendre à te mépriser. (33) Pour nous, nous
tâcherons de te rejoindre aussitôt que nous aurons
accompli les projets dont nous croyons le succès
également avantageux à toi et à nous. Porte-toi bien.»
(34) «Remets-lui cette lettre, et, s’il te questionne à ce
propos, règle ta réponse sur ce que j’ai écrit ; le message
dont je te charge au sujet des Perses est d’accord avec ce
que j’écris à Cyaxare.» Sur ces paroles, il remit la lettre
au messager et le congédia, non sans lui avoir aussi
recommandé la diligence, d’autant qu’il savait quelle
importance avait son prompt retour.
(35) A ce moment Cyrus vit que tout le monde était déjà
complètement armé, Mèdes, Hyrcaniens et soldats de
Tigrane ; les Perses aussi étaient entièrement équipés.
Déjà quelques habitants du voisinage amenaient des
chevaux et apportaient des armes. (36) Cyrus leur
ordonna de jeter les javelots à l’endroit où les ennemis
avaient déjà jeté les leurs ; ceux qu’on avait chargés de
cette besogne les brûlèrent, sauf ceux dont l’armée avait
besoin. Pour les chevaux, il enjoignit à ceux qui les avaient
amenés de rester pour les garder, jusqu’à ce qu’on leur fît
signe ; puis il rassembla les chefs des cavaliers mèdes et
hyrcaniens, et leur tint ce discours : (37) «Amis et alliés,
ne vous étonnez pas si je vous convoque souvent. Comme
la situation est nouvelle pour nous, il y a de la confusion
en beaucoup de choses ; or, quand il y a confusion, il y a
nécessairement de l’embarras, jusqu’à ce que les choses
soient en place. (38) Nous avons à présent un butin
immense, auquel s’ajoute un grand nombre de prisonniers.
Mais, comme nous ne savons pas ce qui, dans tout cela, est
à chacun de nous, comme aucun des prisonniers ne sait
quel est son maître, on n’en voit guère qui remplissent
leurs devoirs, et presque tous sont incertains de ce qu’ils
ont à faire. (39) Pour que cela cesse, réglez les choses par
un partage. Celui qui est tombé sur une tente bien pourvue
de vivres, de boissons, de serviteurs, de literie, de
vêtements et de tout ce qui compose une tente militaire
bien organisée n’a plus besoin de rien, sinon de savoir qu’il
doit dorénavant prendre soin de tout ce qui lui est échu
comme d’un bien qui lui est propre ; mais s’il en est qui
soient dans une tente mal pourvue, c’est à vous
d’examiner ce qui manque et d’y suppléer.
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