[4,5,10] (10) - « Ὤιμην μὲν ἔγωγε, οὐδ' ἂν σέ, ὦ Κῦρε, περὶ ἐμοῦ οὕτως
ἀπρονοήτως βουλεῦσαι, εἰ δὲ Κῦρος οὕτω γιγνώσκοι, οὐκ ἂν
ὑμᾶς, ὦ Μῆδοι, ἐθελῆσαι οὕτως ἔρημον ἐμὲ καταλιπεῖν. Καὶ νῦν,
ἂν μὲν Κῦρος βούληται, εἰ δὲ μή, ὑμεῖς γε τὴν ταχίστην πάρεστε. »
(11) Ταῦτα δὴ ἐπέστειλεν. Ὁ δὲ ταττόμενος πορεύεσθαι ἔφη·
- « Καὶ πῶς, ὦ δέσποτα, ἐγὼ εὑρήσω ἐκείνους;
- « Πῶς δὲ Κῦρος, » ἔφη, « καὶ οἱ σὺν αὐτῷ ἐφ' οὓς ἐπορεύοντο;
- « Ὅτι νὴ Δί', » ἔφη, « ἀκούω ἀφεστηκότας τῶν πολεμίων
῾Υρκανίους τινὰς καὶ ἐλθόντας δεῦρο οἴχεσθαι ἡγουμένους αὐτῷ. »
(12) Ἀκούσας δὲ ταῦτα ὁ Κυαξάρης πολὺ μᾶλλον ἔτι τῷ Κύρῳ
ὠργίζετο τῷ μηδ' εἰπεῖν αὐτῷ ταῦτα, καὶ πολλῇ σπουδῇ μᾶλλον
ἔπεμπεν ἐπὶ τοὺς Μήδους, ὡς ψιλώσων αὐτόν, καὶ ἰσχυρότερον
ἔτι ἢ πρόσθεν τοῖς Μήδοις ἀπειλῶν ἀπεκάλει, καὶ τῷ πεμπομένῳ
δὲ ἠπείλει, εἰ μὴ ἰσχυρῶς ταῦτα ἀπαγγέλλοι.
(13) Ὁ μὲν δὴ πεμπόμενος ἐπορεύετο ἔχων τοὺς ἑαυτοῦ ἱππέας ὡς
ἑκατόν, ἀνιώμενος ὅτι οὐ καὶ αὐτὸς τότε ἐπορεύθη μετὰ τοῦ
Κύρου. Ἐν δὲ τῇ ὁδῷ πορευόμενοι διασχισθέντες τρίβῳ τινὶ
ἐπλανῶντο, καὶ οὐ πρόσθεν ἀφίκοντο ἐπὶ τὸ φίλιον στράτευμα
πρὶν ἐντυχόντες ἀποχωροῦσί τισι τῶν ᾿Ασσυρίων ἠνάγκασαν
αὐτοὺς ἡγεῖσθαι· καὶ οὕτως ἀφικνοῦνται τὰ πυρὰ κατιδόντες
ἀμφὶ μέσας πως νύκτας. (14) Ἐπεὶ δὲ ἐγένοντο πρὸς τῷ
στρατοπέδῳ, οἱ φύλακες, ὥσπερ εἰρημένον ἦν ὑπὸ Κύρου, οὐκ
εἰσέφρηκαν αὐτοὺς πρὸ ἡμέρας.
Ἐπεὶ δὲ ἡμέρα ὑπέφαινε, πρῶτον μὲν τοὺς μάγους καλέσας ὁ
Κῦρος τὰ τοῖς θεοῖς νομιζόμενα ἐπὶ τοῖς τοιούτοις ἀγαθοῖς
ἐξαιρεῖσθαι ἐκέλευε. (15) Καὶ οἱ μὲν ἀμφὶ ταῦτα εἶχον· ὁ δὲ
συγκαλέσας τοὺς ὁμοτίμους εἶπεν·
- « Ἄνδρες, ὁ μὲν θεὸς προφαίνει πολλὰ κἀγαθά· ἡμεῖς δὲ οἱ
Πέρσαι ἐν τῷ παρόντι ὀλίγοι ἐσμὲν ὡς ἐγκρατεῖς εἶναι αὐτῶν. Εἴτε
γὰρ ὁπόσα ἂν προσεργασώμεθα, μὴ φυλάξομεν, πάλιν ταῦτα
ἀλλότρια ἔσται· εἴτε καταλείψομέν τινας ἡμῶν αὐτῶν φύλακας
ἐπὶ τοῖς ἐφ' ἡμῖν γιγνομένοις, αὐτίκα οὐδεμίαν ἰσχὺν ἔχοντες
ἀναφανούμεθα. (16) Δοκεῖ οὖν μοι ὡς τάχιστα ἰέναι τινὰ ὑμῶν εἰς
Πέρσας καὶ διδάσκειν ἅπερ ἐγὼ λέγω, καὶ κελεύειν ὡς τάχιστα
ἐπιπέμπειν στράτευμα, εἴπερ ἐπιθυμοῦσι Πέρσαι τὴν ἀρχὴν τῆς
᾿Ασίας αὐτοῖς καὶ τὴν κάρπωσιν γενέσθαι. (17) Ἴθι μὲν οὖν σύ,
ἔφη, ὁ πρεσβύτατος, καὶ ἰὼν ταῦτα λέγε, καὶ ὅτι οὓς ἂν πέμπωσι
στρατιώτας, ἐπειδὰν ἔλθωσι παρ' ἐμέ, ἐμοὶ μελήσει περὶ τροφῆς
αὐτοῖς. Ἅ δ' ἔχομεν ἡμεῖς, ὁρᾷς μὲν αὐτός, κρύπτε δὲ τούτων
μηδέν, ὅ τι δὲ τούτων ἐγὼ πέμπων εἰς Πέρσας καλῶς καὶ νομίμως
ποιοίην ἂν τὰ μὲν πρὸς τοὺς θεοὺς τὸν πατέρα ἐρώτα, τὰ δὲ πρὸς
τὸ κοινὸν τὰς ἀρχάς. Πεμψάντων δὲ καὶ ὀπτῆρας ὧν πράττομεν
καὶ φραστῆρας ὧν ἐρωτῶμεν. Καὶ σὺ μέν, ἔφη, συσκευάζου καὶ
τὸν λόχον προπομπὸν ἄγε. »
(18) Ἐκ τούτου δὲ καὶ τοὺς Μήδους ἐκάλει, καὶ ἅμα ὁ παρὰ τοῦ
Κυαξάρου ἄγγελος παρίσταται, καὶ ἐν πᾶσι τήν τε πρὸς Κῦρον
ὀργὴν καὶ τὰς πρὸς Μήδους ἀπειλὰς αὐτοῦ ἔλεγε· καὶ τέλος εἶπεν
ὅτι ἀπιέναι Μήδους κελεύει, καὶ εἰ Κῦρος μένειν βούλεται.
(19) Οἱ μὲν οὖν Μῆδοι ἀκούσαντες τοῦ ἀγγέλου ἐσίγησαν, ἀποροῦντες
μὲν πῶς χρὴ καλοῦντος ἀπειθεῖν, φοβούμενοι δὲ πῶς χρὴ
ἀπειλοῦντι ὑπακοῦσαι, ἄλλως τε καὶ εἰδότες τὴν ὠμότητα αὐτοῦ.
| [4,5,10] (10) «Je ne te croyais pas capable, Cyrus, d’un
procédé si léger à mon égard, et vous, Mèdes, je n’aurais
pas cru, quand même Cyrus en aurait eu le dessein, que
vous consentissiez à me laisser seul, comme vous l’avez
fait. Et maintenant que Cyrus revienne, s’il le veut, mais
vous, en tout cas, revenez au plus vite.» (11) Telles
furent ses instructions. Celui qui avait reçu l’ordre de
partir dit : «Et comment les trouverai-je, maître ? — Et
comment, répondit Cyaxare, Cyrus et les siens ont-ils
trouvé ceux contre qui ils marchaient ? — C’est que, par
Zeus, dit l’autre, on m’a dit que des Hyrcaniens, déserteurs
de l’ennemi, étaient venus ici et en étaient repartis pour
lui servir de guides.» (12) A ces mots, Cyaxare s’emporta
plus violemment encore contre Cyrus, qui ne l’en avait
même pas informé et se pressa d’autant plus d’envoyer
vers les Mèdes, pour le réduire à ses seules forces, et il
joignit à son ordre de rappel des menaces plus
véhémentes encore. Il menaça aussi l’envoyé, s’il ne
rapportait pas rigoureusement ses paroles. (13) L’envoyé
se mit en route avec ses cavaliers, au nombre d’une
centaine, fâché de n’être pas parti, lui aussi, avec Cyrus.
Chemin faisant, ils se trompèrent de route et s’égarèrent,
et ils ne rejoignirent l’armée alliée qu’après être tombés
sur quelques fuyards assyriens qu’ils contraignirent à les
guider, et enfin, ayant aperçu les feux, ils arrivèrent vers
le milieu de la nuit. (14) Quand ils furent parvenus devant
le camp, les gardes, comme Cyrus le leur avait enjoint, ne
les laissèrent pas entrer avant le jour.
Quand le jour se montra, Cyrus appela d’abord les mages
et les pria de choisir la part qu’il est d’usage d’offrir aux
dieux à l’occasion de tels succès. (15) Tandis que les
mages s’en occupaient, il convoqua les homotimes et leur
dit : «Mes amis, ce sont les dieux qui nous offrent tant de
biens ; mais nous Perses, nous sommes à présent trop peu
nombreux pour en rester les maîtres ; car, si nous ne
mettons pas de gardes à ces biens que nous avons acquis,
ils passeront de nouveau en des mains étrangères, et si
nous laissons un certain nombre d’entre nous pour garder
le butin qui tombe en notre pouvoir, nous découvrirons
aussitôt notre faiblesse. (16) Aussi je suis d’avis que l’un
de vous se rende le plus vite possible chez les Perses, pour
leur faire savoir ce que je viens de dire et les prier
d’envoyer au plus vite une nouvelle armée, s’ils veulent
avoir l’empire de l’Asie et la jouissance de ses richesses.
(17) Va donc, toi, le plus vieux, poursuivit-il, va leur dire
cela, et ajoute que, s’ils m’envoient des troupes, je me
charge, quand elles seront là, de les nourrir. Tu vois
toimême le butin qui est en nos mains ; ne leur en cache
rien. La convenance et la loi demandent que j’en envoie
une partie en Perse ; consulte mon père sur la part à faire
aux dieux, les magistrats sur la part à faire au trésor
public. Qu’ils nous délèguent aussi des commissaires pour
voir ce que nous faisons et nous expliquer ce que nous
demandons. Toi, ajouta-t-il, fais tes paquets et prends ton
escouade pour t’escorter.»
(18) Il appela ensuite les Mèdes. Au même moment
l’envoyé de Cyaxare se présentait ; il rapporta devant
toute l’assemblée la colère de son maître contre Cyrus et
ses menaces contre les Mèdes, et il finit en disant : «Le
roi commande aux Mèdes de s’en retourner, lors même
que Cyrus voudrait rester.» (19) Ayant entendu le
messager, les Mèdes gardèrent le silence, se demandant
s’ils pouvaient désobéir, quand le roi commandait, ou s’ils
devaient céder à la crainte de ses menaces, alors surtout
qu’il était connu pour sa cruauté.
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