[4,5,1] V. Ἐπεὶ δ' ἐκεῖνοι ᾤχοντο, ὁ Κῦρος εἶπεν·
- « Ὥρα δή, ὦ Μῆδοι καὶ ᾿Αρμένιοι, δειπνεῖν πᾶσιν ἡμῖν·
παρεσκεύασται δὲ ὑμῖν τὰ ἐπιτήδεια ὡς ἡμεῖς βέλτιστα
ἐδυνάμεθα. Ἀλλ' ἴτε καὶ ἡμῖν πέμπετε τοῦ πεποιημένου σίτου τὸν
ἥμισυν· ἱκανὸς δὲ ἀμφοτέροις πεποίηται· ὄψον δὲ μὴ πέμπετε
μηδὲ πιεῖν· ἱκανὰ γὰρ ἔχομεν παρ' ἡμῖν αὐτοῖς παρεσκευασμένα.
(2) Καὶ ὑμεῖς δέ, ὦ ῾Υρκάνιοι, ἔφη, διάγετε αὐτοὺς ἐπὶ τὰς σκηνάς,
τοὺς μὲν ἄρχοντας ἐπὶ τὰς μεγίστας, γιγνώσκετε δέ, τοὺς δ'
ἄλλους ὡς ἂν δοκῇ κάλλιστα ἔχειν· καὶ αὐτοὶ δὲ δειπνεῖτε
ὅπουπερ ἥδιστον ὑμῖν· σῶαι μὲν γὰρ ὑμῖν καὶ ἀκέραιοι αἱ σκηναί·
παρεσκεύασται δὲ καὶ ἐνθάδε ὥσπερ καὶ τούτοις. (3) Καὶ τοῦτο δὲ
ἴστε ἀμφότεροι ὅτι τὰ μὲν ἔξω ὑμῖν ἡμεῖς νυκτοφυλακήσομεν, τὰ
δ' ἐν ταῖς σκηναῖς αὐτοὶ ὁρᾶτε καὶ τὰ ὅπλα εὖ τίθεσθε· οἱ γὰρ ἐν
ταῖς σκηναῖς οὔπω φίλοι ἡμῖν. »
(4) Οἱ μὲν δὴ Μῆδοι καὶ οἱ ἀμφὶ Τιγράνην ἐλοῦντο, καί, ἦν γὰρ
παρεσκευασμένα, (καὶ) ἱμάτια μεταλαβόντες ἐδείπνουν, καὶ οἱ
ἵπποι αὐτοῖς εἶχον τὰ ἐπιτήδεια· καὶ τοῖς Πέρσαις δὲ ἔπεμπον τῶν
ἄρτων τοὺς ἡμίσεις. Ὄψον δὲ οὐκ ἔπεμπον οὐδ' οἶνον, οἰόμενοι
ἔχειν τοὺς ἀμφὶ Κῦρον ἔτι ἄφθονα ταῦτα. Ὁ δὲ Κῦρος (ταῦτα)
ἔλεγεν ὄψον μὲν τὸν λιμόν, πιεῖν δ' ἀπὸ τοῦ παραρρέοντος
ποταμοῦ. (5) Ὁ μὲν οὖν Κῦρος δειπνίσας τοὺς Πέρσας, ἐπεὶ
συνεσκότασε, κατὰ πεμπάδας καὶ κατὰ δεκάδας πολλοὺς αὐτῶν
διέπεμψε καὶ ἐκέλευσε κύκλῳ τοῦ στρατοπέδου κρυπτεύειν,
νομίζων ἅμα μὲν φυλακὴν ἔσεσθαι, ἄν τις ἔξωθεν προσίῃ, ἅμα δέ,
ἄν τις ἔξω φέρων χρήματα ἀποδιδράσκῃ, ἁλώσεσθαι αὐτόν· καὶ
ἐγένετο οὕτω· πολλοὶ μὲν γὰρ ἀπεδίδρασκον, πολλοὶ δὲ ἑάλωσαν.
(6) Ὁ δὲ Κῦρος τὰ μὲν χρήματα τοὺς λαβόντας εἴα ἔχειν, τοὺς δὲ
ἀνθρώπους ἀποσφάξαι ἐκέλευσεν· ὥστε τοῦ λοιποῦ οὐδὲ
βουλόμενος ἂν ηὗρες ῥᾳδίως τὸν νύκτωρ πορευόμενον.
(7) Οἱ μὲν δὴ Πέρσαι οὕτω διῆγον· οἱ δὲ Μῆδοι καὶ ἔπινον καὶ εὐωχοῦντο
καὶ ηὐλοῦντο καὶ πάσης εὐθυμίας ἐνεπίμπλαντο· πολλὰ γὰρ καὶ
τὰ τοιαῦτα ἥλω, ὥστε μὴ ἀπορεῖν ἔργου τοὺς ἐγρηγορότας.
(8) Ὁ δὲ Κυαξάρης ὁ τῶν Μήδων βασιλεὺς τὴν μὲν νύκτα ἐν ᾗ
ἐξῆλθεν ὁ Κῦρος αὐτός τε ἐμεθύσκετο μεθ' ὧνπερ ἐσκήνου ὡς ἐπ'
εὐτυχίᾳ, καὶ τοὺς ἄλλους δὲ Μήδους ᾤετο παρεῖναι ἐν τῷ
στρατοπέδῳ πλὴν ὀλίγων, ἀκούων θόρυβον πολύν· οἱ γὰρ οἰκέται
τῶν Μήδων, ἅτε τῶν δεσποτῶν ἀπεληλυθότων, ἀνειμένως ἔπινον
καὶ ἐθορύβουν, ἄλλως τε καὶ ἐκ τοῦ ᾿Ασσυρίου στρατεύματος καὶ
οἶνον καὶ ἄλλα πολλὰ εἰληφότες. (9) Ἐπεὶ δὲ ἡμέρα ἐγένετο, καὶ
ἐπὶ θύρας οὐδεὶς ἧκε πλὴν οἵπερ καὶ συνεδείπνουν, καὶ τὸ
στρατόπεδον ἤκουε κενὸν εἶναι τῶν Μήδων καὶ τῶν ἱππέων, καὶ
ἑώρα, ἐπειδὴ ἐξῆλθεν, οὕτως ἔχοντα, ἐνταῦθα δὴ ἐβριμοῦτό τε τῷ
Κύρῳ καὶ τοῖς Μήδοις τῷ καταλιπόντας αὐτὸν ἔρημον οἴχεσθαι,
καὶ εὐθύς, ὥσπερ λέγεται ὠμὸς εἶναι καὶ ἀγνώμων, τῶν
παρόντων κελεύει τινὰ λαβόντα τοὺς ἑαυτοῦ ἱππέας πορεύεσθαι
ὡς τάχιστα ἐπὶ τὸ ἀμφὶ Κῦρον στράτευμα καὶ λέγειν τάδε.
| [4,5,1] CHAPITRE V
Quand ils furent partis, Cyrus dit : «Il est temps, Mèdes et
Arméniens, que nous prenions tous notre repas nous vous
avons préparé le nécessaire du mieux que nous avons pu.
Allez donc et envoyez-nous la moitié des pains qu’on a
faits : il y en a assez pour vous et pour nous ; mais
n’envoyez ni viande ni vin : nous en avons assez à notre
disposition. (2) Vous, Hyrcaniens, conduisez-les aux
tentes ; mettez les chefs dans les plus grandes, vous savez
où elles sont, et les autres où vous le jugerez convenable ;
puis vous-mêmes allez souper où il vous plaira ; car vos
tentes n’ont subi aucun dommage et sont intactes ; vous y
trouverez tout prêt comme les autres. (3) Sachez tous que
cette nuit nous monterons la garde pour vous à l’extérieur
du camp ; mais ce qui se passera dans les tentes,
surveillezle vous-mêmes, et placez vos armes à votre
portée ; car ceux qui sont dans les tentes ne sont pas
encore nos amis.» (4) Les Mèdes et les gens de Tigrane se
lavèrent et changèrent de vêtements, on leur en avait
préparé, puis ils soupèrent. Leurs chevaux aussi reçurent
leur ration. On envoya aux Perses la moitié des pains, sans
y joindre ni viande, ni boisson ; on crut qu’ils en avaient en
abondance. Or Cyrus avait voulu dire qu’ils avaient, pour
assaisonner leur pain, l’appétit et, pour boire, l’eau du
fleuve voisin. (5) Cyrus fit souper les Perses, puis, la nuit
venue, il en envoya un grand nombre, par cinquaines et
dizaines, tout autour du camp, avec ordre de se tenir
cachés ; il pensait qu’ils garderaient le camp, si l’on
essayait d’en approcher du dehors, et en même temps que,
si quelques-uns essayaient de s’échapper avec du butin, ils
les saisiraient. C’est ce qui arriva effectivement ; un grand
nombre essayèrent de s’évader, un grand nombre furent
pris. (6) Cyrus laissa l’argent à ceux qui les avaient
capturés et fit égorger les fuyards, si bien que, dès ce
moment, on aurait pu chercher, on n’aurait pas trouvé un
homme qui rôdât la nuit. (7) Tandis que les Perses se
comportaient ainsi, les Mèdes faisaient bonne chère,
buvaient, au son de la flûte, et s’en donnaient à coeur joie
; ils avaient pris tout ce qu’il fallait pour cela, et ceux qui
passèrent la nuit ne manquèrent de rien pour se divertir.
(8) Pendant la nuit où Cyrus était sorti, Cyaxare, roi des
Mèdes, s’était enivré, lui et ses invités, pour fêter la
victoire, et il pensait que les autres Mèdes, sauf
quelquesuns, étaient présents dans le camp, où il
entendait mener grand bruit. C’étaient les serviteurs des
Mèdes, qui, en l’absence de leurs maîtres, buvaient sans
contrainte et faisaient tapage, d’autant plus qu’ils avaient
pris sur l’armée assyrienne du vin et beaucoup d’autres
provisions. (9) Mais quand le jour parut et que Cyaxare ne
vit personne à sa porte, sauf ses convives de la veille,
quand on lui dit que le camp était vide de Mèdes et de
cavaliers, quand il s’en fut assuré de ses yeux en sortant
de sa tente, alors il gronda de colère contre Cyrus et
contre les Mèdes qui l’avaient laissé seul, et aussitôt,
comme il était, diton, dur et peu réfléchi, il ordonna à un
de ceux qui étaient présents de prendre les cavaliers qu’il
commandait, de rejoindre à toute vitesse l’armée de Cyrus
et de dire :
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