[3,3,20] (20) Ὁ μὲν οὕτως εἶπε· Κυαξάρης δὲ ἀπεκρίνατο·  
 - « Ἀλλ' ὅπως μέν, ὦ Κῦρε καὶ οἱ ἄλλοι Πέρσαι, 
 ἐγὼ ἄχθομαι ὑμᾶς τρέφων μηδ' ὑπονοεῖτε· τό γε 
 μέντοι ἰέναι εἰς τὴν πολεμίαν ἤδη καὶ ἐμοὶ δοκεῖ 
 βέλτιον εἶναι πρὸς πάντα. Ἐπεὶ τοίνυν, ἔφη ὁ 
 Κῦρος, ὁμογνωμονοῦμεν, συσκευαζώμεθα καὶ 
 ἢν τὰ τῶν θεῶν ἡμῖν θᾶττον συγκαταινῇ, 
 ἐξίωμεν ὡς τάχιστα. »  
 (21) Ἐκ τούτου τοῖς μὲν στρατιώταις εἶπον 
 συσκευάζεσθαι· ὁ δὲ Κῦρος ἔθυε πρῶτον μὲν Διὶ 
 βασιλεῖ, ἔπειτα δὲ καὶ τοῖς ἄλλοις θεοῖς, οὓς 
 ἡγεῖτο ἵλεως καὶ εὐμενεῖς ὄντας ἡγεμόνας 
 γενέσθαι τῇ στρατιᾷ καὶ παραστάτας ἀγαθοὺς 
 καὶ συμμάχους καὶ συμβούλους τῶν ἀγαθῶν. 
 Συμπαρεκάλει δὲ καὶ ἥρωας γῆς Μηδίας 
 οἰκήτορας καὶ κηδεμόνας. 
 (22) Ἐπεὶ δ' ἐκαλλιέρησέ τε καὶ ἁθρόον ἦν αὐτῷ τὸ 
 στράτευμα πρὸς τοῖς ὁρίοις, τότε δὴ οἰωνοῖς 
 χρησάμενος αἰσίοις ἐνέβαλεν εἰς τὴν πολεμίαν. 
 Ἐπεὶ δὲ τάχιστα διέβη τὰ ὅρια, ἐκεῖ αὖ καὶ Γῆν 
 ἱλάσκετο χοαῖς καὶ θεοὺς θυσίαις καὶ ἥρωας 
 ᾿Ασσυρίας οἰκήτορας ηὐμενίζετο. Ταῦτα δὲ 
 ποιήσας αὖθις Διὶ πατρῴῳ ἔθυε, καὶ εἴ τις ἄλλος 
 θεῶν ἀνεφαίνετο, οὐδενὸς ἠμέλει. 
 (23) Ἐπεὶ δὲ καλῶς ταῦτα εἶχεν, εὐθὺς τοὺς μὲν 
 πεζοὺς προαγαγόντες οὐ πολλὴν ὁδὸν 
 ἐστρατοπεδεύοντο, τοῖς δ' ἵπποις καταδρομὴν 
 ποιησάμενοι περιεβάλοντο πολλὴν καὶ 
 παντοίαν λείαν. Καὶ τὸ λοιπὸν δὲ 
 μεταστρατοπεδευόμενοι καὶ ἔχοντες ἄφθονα τὰ 
 ἐπιτήδεια καὶ δῃοῦντες τὴν χώραν ἀνέμενον 
 τοὺς πολεμίους. (24) Ἡνίκα δὲ προσιόντες 
 ἐλέγοντο οὐκέτι δέχ' ἡμερῶν ὁδὸν ἀπέχειν, τότε 
 δὴ ὁ Κῦρος λέγει·  
 - « Ὦ Κυαξάρη, ὥρα δὴ ἀπαντᾶν καὶ μήτε τοῖς 
 πολεμίοις δοκεῖν μήτε τοῖς ἡμετέροις 
 φοβουμένους μὴ ἀντιπροσιέναι, ἀλλὰ δῆλοι 
 ὦμεν ὅτι οὐκ ἄκοντες μαχούμεθα. » 
 (25) Ἐπεὶ δὲ ταῦτα συνέδοξε τῷ Κυαξάρῃ, οὕτω 
 δὴ συντεταγμένοι προῇσαν τοσοῦτον καθ' 
 ἡμέραν ὅσον ἐδόκει αὐτοῖς καλῶς ἔχειν. Καὶ 
 δεῖπνον μὲν αἰεὶ κατὰ φῶς ἐποιοῦντο, πυρὰ δὲ 
 νύκτωρ οὐκ ἔκαιον ἐν τῷ στρατοπέδῳ· 
 ἔμπροσθεν μέντοι τοῦ στρατοπέδου ἔκαιον, 
 ὅπως ὁρῷεν μὲν εἴ τινες νυκτὸς προσίοιεν διὰ τὸ 
 πῦρ, μὴ ὁρῷντο δ' ὑπὸ τῶν προσιόντων. 
 Πολλάκις δὲ καὶ ὄπισθεν τοῦ στρατοπέδου 
 ἐπυρπόλουν ἀπάτης ἕνεκα τῶν πολεμίων. Ὥστ' 
 ἔστιν ὅτε καὶ κατάσκοποι ἐνέπιπτον εἰς τὰς 
 προφυλακὰς αὐτῶν, διὰ τὸ ὄπισθεν τὰ πυρὰ 
 εἶναι ἔτι πρόσω τοῦ στρατοπέδου οἰόμενοι εἶναι.  
 (26) Ὁἱ μὲν οὖν ᾿Ασσύριοι καὶ οἱ σὺν αὐτοῖς, ἐπεὶ 
 ἤδη ἐγγὺς ἀλλήλων τὰ στρατεύματα ἐγίγνοντο, 
 τάφρον περιεβάλοντο, ὅπερ καὶ νῦν ἔτι ποιοῦσιν 
 οἱ βάρβαροι βασιλεῖς, ὅπου ἂν 
 στρατοπεδεύωνται, τάφρον περιβάλλονται 
 εὐπετῶς διὰ τὴν πολυχειρίαν· ἴσασι γὰρ ὅτι 
 ἱππικὸν στράτευμα ἐν νυκτὶ ταραχῶδές ἐστι καὶ 
 δύσχρηστον ἄλλως τε καὶ βάρβαρον. 
 (27) Πεποδισμένους γὰρ ἔχουσι τοὺς ἵππους ἐπὶ ταῖς 
 φάτναις, καὶ εἴ τις ἐπ' αὐτοὺς ἴοι, ἔργον μὲν 
 νυκτὸς λῦσαι ἵππους, ἔργον δὲ χαλινῶσαι, 
 ἔργον δ' ἐπισάξαι, ἔργον δὲ θωρακίσασθαι, 
 ἀναβάντας δ' ἐφ' ἵππων ἐλάσαι διὰ 
 στρατοπέδου παντάπασιν ἀδύνατον. Τούτων 
 δὴ ἕνεκα πάντων καὶ οἱ ἄλλοι καὶ ἐκεῖνοι τὰ 
 ἐρύματα περιβάλλονται, καὶ ἅμα αὐτοῖς δοκεῖ 
 τὸ ἐν ἐχυρῷ εἶναι ἐξουσίαν παρέχειν ὅταν 
 βούλωνται μάχεσθαι. (28) Τοιαῦτα μὲν δὴ 
 ποιοῦντες ἐγγὺς ἀλλήλων ἐγίγνοντο. Ἐπεὶ δὲ 
 προσιόντες ἀπεῖχον ὅσον παρασάγγην, οἱ μὲν 
 ᾿Ασσύριοι οὕτως ἐστρατοπεδεύοντο ὥσπερ 
 εἴρηται, ἐν περιτεταφρευμένῳ μὲν καταφανεῖ 
 δέ, ὁ δὲ Κῦρος ὡς ἐδύνατο ἐν ἀφανεστάτῳ, 
 κώμας τε καὶ γηλόφους ἐπίπροσθεν 
 ποιησάμενος, νομίζων πάντα τὰ πολέμια 
 ἐξαίφνης ὁρώμενα φοβερώτερα τοῖς ἐναντίοις 
 εἶναι. Καὶ ἐκείνην μὲν τὴν νύκτα ὥσπερ ἔπρεπε 
 προφυλακὰς ποιησάμενοι ἑκάτεροι ἐκοιμήθησαν.  
 (29) Τῇ δ' ὑστεραίᾳ ὁ μὲν ᾿Ασσύριος καὶ ὁ 
 Κροῖσος καὶ οἱ ἄλλοι ἡγεμόνες ἀνέπαυον τὰ 
 στρατεύματα ἐν τῷ ἐχυρῷ· Κῦρος δὲ καὶ 
 Κυαξάρης συνταξάμενοι περιέμενον, ὡς εἰ 
 προσίοιεν οἱ πολέμιοι, μαχούμενοι. ὡς δὲ δῆλον 
 ἐγένετο ὅτι οὐκ ἐξίοιεν οἱ πολέμιοι ἐκ τοῦ 
 ἐρύματος οὐδὲ μάχην ποιήσοιντο ἐν ταύτῃ τῇ 
 ἡμέρα, ὁ μὲν Κυαξάρης καλέσας τὸν Κῦρον καὶ 
 τῶν ἄλλων τοὺς ἐπικαιρίους ἔλεξε τοιάδε· 
 | [3,3,20] (20) Tel fut son discours. Cyaxare répondit :  
«Non, Cyrus et vous autres, Perses ; que je sois fatigué de vous nourrir,  
c’est une pensée qui ne doit pas même vous venir à l’esprit ; mais  
l’idée d’envahir dès aujourd’hui le pays ennemi me semble, à moi  
aussi, la meilleure à tous égards. — Eh bien donc ! dit Cyrus, puisque  
nous sommes d’accord, préparons nos équipages, et sitôt que les dieux  
nous approuveront, ne perdons pas un moment pour partir.»  
(21) A la suite de cette entrevue, on dit aux hommes de faire leurs  
préparatifs. Quant à Cyrus, il sacrifia d’abord à Zeus roi, puis aux autres  
dieux, en leur demandant de se montrer propices et favorables et d’être  
pour l’armée des guides, des soutiens solides, des alliés et de bons  
conseillers. Il invoqua en même temps les héros habitants et protecteurs  
de la Médie. (22) Dès que les auspices furent favorables et que son armée  
fut rassemblée sur les frontières, ayant à ce moment obtenu d’heureux  
augures, il pénétra sur le territoire ennemi. A peine eut-il traversé les  
frontières que, là aussi, il fit des libations pour se rendre la Terre  
favorable, puis offrit des sacrifices aux dieux et aux héros habitants de  
l’Assyrie pour gagner leur bienveillance. Ensuite il sacrifia de nouveau à  
Zeus, dieu de sa patrie, sans oublier aucun des dieux qu’on lui indiqua.   
(23) Comme tout allait bien du côté des dieux, l’infanterie se mit aussitôt  
en marche, mais elle ne fit qu’une courte étape et campa ; quant aux  
cavaliers, ils coururent la campagne, où ils ramassèrent beaucoup de  
butin de toute sorte. Dès lors, déplaçant leur camp, ils se procuraient des  
vivres en abondance et attendaient les ennemis en ravageant la contrée.  
(24) Lorsqu’on eut appris qu’ils s’avançaient et qu’ils n’étaient  
plus qu’à dix jours de marche, Cyrus dit : «Cyaxare, c’est le moment  
d’aller au-devant de l’ennemi, de façon que ni lui ni nos soldats ne se  
figurent que la crainte nous empêche de marcher à leur rencontre.  
Montrons que nous ne combattrons pas malgré nous.» (25) Cyaxare  
approuva. Dès lors, ils s’avancèrent en ordre de bataille, chaque jour,  
autant que les princes le trouvaient bon. L’armée prenait son dîner  
toujours avant le déclin du jour, et, la nuit, n’allumait pas de feu dans le  
camp ; on en allumait cependant en avant du camp, afin de voir par ce  
moyen ceux qui s’approcheraient la nuit, sans en être vu d’eux.  
Souvent on allumait des feux en arrière du camp pour donner le change  
aux ennemis, et il arriva que leurs éclaireurs tombèrent dans les avant- 
postes, parce que, trompés par ces feux d’arrière, ils croyaient encore  
être loin du camp.  
(26) Lorsque les deux armées furent près l’une de l’autre, les Assyriens  
et leurs alliés s’entourèrent d’un fossé, comme font encore maintenant  
les rois barbares ; partout où ils campent, ils s’entourent d’un fossé,  
chose facile pour eux, grâce au grand nombre de bras dont ils disposent.  
Ils savent en effet que, pendant la nuit, la cavalerie est sujette au désordre  
et d’un usage difficile, surtout la cavalerie des barbares ; (27) car ils  
tiennent leurs chevaux entravés devant les râteliers, et en cas d’attaque,  
c’est tout un travail de les délier, un travail de leur mettre le frein, un  
travail de les équiper, tout un travail aussi pour les cavaliers d’endosser  
leur cuirasse ; et même une fois montés, il leur serait absolument  
impossible de traverser un camp en désordre. C’est pour toutes ces  
raisons que les autres peuples, et en particulier ceux-ci, s’entourent de  
fortifications ; ils croient en même temps que ces fortifications leur  
permettent de n’engager la bataille que si bon leur semble. (28) C’est  
suivant cette tactique que les deux armées s’approchaient l’une de  
l’autre. Quand ils se furent avancés à la distance d’une parasange, les  
Assyriens établirent leur camp, comme je viens de le dire, en l’entourant  
d’un fossé, mais dans un endroit visible ; Cyrus choisit pour le sien  
l’endroit le moins exposé à la vue, derrière des villages et des collines : il  
était persuadé, en effet, qu’à la guerre, tout ce que l’ennemi aperçoit  
inopinément apparaît plus terrible. Pendant la nuit, après avoir placé les  
sentinelles avancées, les uns et les autres se livrèrent, comme il  
convenait, au sommeil.  
(29) Le lendemain, le roi d’Assyrie, Crésus et les autres chefs firent  
reposer leurs troupes dans les retranchements. Cyrus et Cyaxare, ayant  
rangé les leurs, attendaient, décidés à livrer bataille, si les ennemis  
s’avançaient. Quand il fut devenu évident qu’ils ne sortiraient pas de  
leurs retranchements et n’engageraient point le combat ce jour-là,  
Cyaxare fit appeler Cyrus et les officiers supérieurs et leur tint ce discours :  
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