HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Xénophon, Cyropédie, livre III

Chapitre 3,3,1

  Chapitre 3,3,1

[3,3,1] ΙΙΙ. (1) Τῇ δ' ὑστεραίᾳ τε Κῦρος ἔπεμπε τὸν
ἄγγελον ἐπιστείλας ὅσαπερ ἔφη καὶ ᾿Αρμένιος
καὶ οἱ Χαλδαῖοι συνέπεμπον οὓς ἱκανωτάτους
ἐνόμιζον εἶναι καὶ συμπρᾶξαι καὶ εἰπεῖν περὶ
Κύρου τὰ προσήκοντα. Ἐκ δὲ τούτου
κατασκευάσας Κῦρος τὸ φρούριον καὶ
φύλαξιν ἱκανοῖς καὶ τοῖς ἐπιτηδείοις πᾶσι καὶ
ἄρχοντ' αὐτῶν καταλιπὼν Μῆδον ὃν ᾤετο
Κυαξάρῃ ἂν μάλιστα χαρίσασθαι, ἀπῄει
συλλαβὼν τὸ στράτευμα ὅσον τε ἦλθεν ἔχων
καὶ παρ' ᾿Αρμενίων προσέλαβε, καὶ τοὺς παρὰ
Χαλδαίων εἰς τετρακισχιλίους, οἳ ᾤοντο καὶ
συμπάντων τῶν ἄλλων κρείττονες εἶναι. (2) Ὡς
δὲ κατέβη εἰς τὴν οἰκουμένην, οὐδεὶς ἔμεινεν
ἔνδον ᾿Αρμενίων οὔτ' ἀνὴρ οὔτε γυνή, ἀλλὰ
πάντες ὑπήντων ἡδόμενοι τῇ εἰρήνῃ καὶ
φέροντες καὶ ἄγοντες τι ἕκαστος ἄξιον εἶχε.
Καὶ ᾿Αρμένιος τούτοις οὐκ ἤχθετο, οὕτως ἂν
νομίζων καὶ τὸν Κῦρον μᾶλλον ἥδεσθαι τῇ ὑπὸ
πάντων τιμῇ. Τέλος δὲ ὑπήντησε καὶ γυνὴ τοῦ
᾿Αρμενίου, τὰς θυγατέρας ἔχουσα καὶ τὸν
νεώτερον υἱόν, καὶ σὺν ἄλλοις δώροις τὸ
χρυσίον ἐκόμιζεν πρότερον οὐκ ἤθελε λαβεῖν Κῦρος.
(3) Καὶ Κῦρος ἰδὼν εἶπεν·
- « Ὑμεῖς ἐμὲ οὐ ποιήσετε μισθοῦ περιόντα
εὐεργετεῖν, ἀλλὰ σύ, γύναι, ἔχουσα ταῦτα τὰ
χρήματα φέρεις ἄπιθι, καὶ τῷ μὲν ᾿Αρμενίῳ
μηκέτι δῷς αὐτὰ κατορύξαι, ἔκπεμψον δὲ τὸν
υἱὸν ὡς κάλλιστα ἀπ' αὐτῶν κατασκευάσασα
ἐπὶ τὴν στρατιάν· ἀπὸ δὲ τῶν λοιπῶν κτῶ καὶ
σαυτῇ καὶ τῷ ἀνδρὶ καὶ ταῖς θυγατράσι καὶ τοῖς
υἱοῖς τι κεκτημένοι καὶ κοσμήσεσθε κάλλιον
καὶ ἥδιον τὸν αἰῶνα διάξετε· εἰς δὲ τὴν γῆν,
ἔφη, ἀρκείτω τὰ σώματα, ὅταν ἕκαστος
τελευτήσῃ, κατακρύπτειν. »
(4) μὲν ταῦτ' εἰπὼν παρήλαυνεν· δ'
᾿Αρμένιος συμπρούπεμπε καὶ οἱ ἄλλοι πάντες
ἄνθρωποι, ἀνακαλοῦντες τὸν εὐεργέτην, τὸν
ἄνδρα τὸν ἀγαθόν· καὶ τοῦτ' ἐποίουν, ἕως ἐκ τῆς
χώρας ἐξέπεμψαν. Συναπέστειλε δ' αὐτῷ
᾿Αρμένιος καὶ στρατιὰν πλείονα, ὡς εἰρήνης
οἴκοι οὔσης. (5) Οὕτω δὴ Κῦρος ἀπῄει
κεχρηματισμένος οὐχ ἔλαβε μόνον χρήματα,
ἀλλὰ πολὺ πλείονα τούτων ἡτοιμασμένος διὰ
τὸν τρόπον, ὥστε λαμβάνειν ὁπότε δέοιτο. Καὶ
τότε μὲν ἐστρατοπεδεύσατο ἐν τοῖς μεθορίοις.
Τῇ δ' ὑστεραίᾳ τὸ μὲν στράτευμα καὶ τὰ
χρήματα ἔπεμψε πρὸς Κυαξάρην· δὲ πλησίον
ἦν, ὥσπερ ἔφησεν· αὐτὸς δὲ σὺν Τιγράνῃ καὶ
Περσῶν τοῖς ἀρίστοις ἐθήρα ὅπουπερ
ἐπιτυγχάνοιεν θηρίοις καὶ ηὐφραίνετο.
(6) Ἐπεὶ δ' ἀφίκετο εἰς Μήδους, τῶν χρημάτων
ἔδωκε τοῖς αὑτοῦ ταξιάρχοις ὅσα ἐδόκει ἑκάστῳ
ἱκανὰ εἶναι, ὅπως καὶ ἐκεῖνοι ἔχοιεν τιμᾶν, εἴ
τινας ἄγαιντο τῶν ὑφ' ἑαυτούς· ἐνόμιζε γάρ, εἰ
ἕκαστος τὸ μέρος ἀξιέπαινον ποιήσειε, τὸ ὅλον
αὐτῷ καλῶς ἔχειν. Καὶ αὐτὸς δὲ τι που καλὸν
ἴδοι ἐς στρατιάν, ταῦτα κτώμενος διεδωρεῖτο
τοῖς ἀεὶ ἀξιωτάτοις, νομίζων τι καλὸν
κἀγαθὸν ἔχοι τὸ στράτευμα, τούτοις ἅπασιν
αὐτὸς κεκοσμῆσθαι. (7) Ἥνίκα δὲ αὐτοῖς
διεδίδου ὧν ἔλαβεν, ἔλεξεν ὧδέ πως εἰς τὸ μέσον
τῶν ταξιάρχων καὶ λοχαγῶν καὶ πάντων ὅσους ἐτίμα.
- « Ἄνδρες φίλοι, δοκεῖ ἡμῖν εὐφροσύνη τις νῦν
παρεῖναι, καὶ ὅτι εὐπορία τις προσγεγένηται
καὶ ὅτι ἔχομεν ἀφ' ὧν τιμᾶν ἕξομεν οὓς ἂν
βουλώμεθα καὶ τιμᾶσθαι ὡς ἂν ἕκαστος ἄξιος .
(8) Πάντως δὴ ἀναμιμνῃσκώμεθα τὰ ποῖ'
ἄττα ἔργα τούτων τῶν ἀγαθῶν ἐστιν αἴτια·
σκοπούμενοι γὰρ εὑρήσετε τό τε ἀγρυπνῆσαι
ὅπου ἔδει καὶ τὸ πονῆσαι καὶ τὸ σπεῦσαι καὶ τὸ
μὴ εἶξαι τοῖς πολεμίοις. Οὕτως οὖν χρὴ καὶ τὸ
λοιπὸν ἄνδρας ἀγαθοὺς εἶναι, γιγνώσκοντας
ὅτι τὰς μεγάλας ἡδονὰς καὶ τἀγαθὰ τὰ μεγάλα
πειθὼ καὶ καρτερία καὶ οἱ ἐν τῷ καιρῷ
πόνοι καὶ κίνδυνοι παρέχονται. »
(9) Κατανοῶν δὲ Κῦρος ὡς εὖ μὲν αὐτῷ εἶχον
τὰ σώματα οἱ στρατιῶται πρὸς τὸ δύνασθαι
στρατιωτικοὺς πόνους φέρειν, εὖ δὲ τὰς ψυχὰς
πρὸς τὸ καταφρονεῖν τῶν πολεμίων,
ἐπιστήμονες δ' ἦσαν τὰ προσήκοντα τῇ ἑαυτῶν
ἕκαστοι ὁπλίσει, καὶ πρὸς τὸ πείθεσθαι δὲ τοῖς
ἄρχουσιν ἑώρα πάντας εὖ παρεσκευασμένους,
ἐκ τούτων οὖν ἐπεθύμει τι ἤδη τῶν πρὸς τοὺς
πολεμίους πράττειν, γιγνώσκων ὅτι ἐν τῷ
μέλλειν πολλάκις τοῖς ἄρχουσι καὶ τῆς καλῆς
παρασκευῆς ἀλλοιοῦταί τι.
[3,3,1] CHAPITRE III
(1) Le lendemain, Cyrus dépêcha le messager avec les instructions qu’il
avait dites ; le roi d’Arménie et les Chaldéens députèrent aussi ceux
qu’ils crurent les plus propres à le seconder et à dire de Cyrus ce qu’il
fallait en dire. Puis Cyrus pourvut la forteresse d’une garnison suffisante
et de tout le nécessaire ; il y laissa comme chef celui des Mèdes dont il
crut que le choix serait le plus agréable à Cyaxare. Alors il s’éloigna
après avoir rassemblé les hommes qu’il avait amenés, ceux qu’il avait
reçus du roi d’Arménie et environ quatre mille Chaldéens qui
s’estimaient les meilleurs de tous.
(2) Quand il fut redescendu dans les lieux habités, aucun Arménien ne
demeura dans sa maison : hommes, femmes, tous vinrent à sa rencontre,
se réjouissant de la paix, apportant et amenant ce que chacun avait de
précieux. Le roi d’Arménie n’en fut pas contrarié : il pensait que Cyrus
trouverait un surcroît de satisfaction dans ces hommages unanimes. A la
fin, la femme même du roi d’Arménie vint au-devant de lui,
accompagnée de ses filles et de son plus jeune fils, apportant avec divers
présents l’or que naguère Cyrus avait refusé. (3) A cette vue, Cyrus dit :
«Vous n’arriverez pas à faire de moi, en ma présence, un bienfaiteur
intéressé. Mais toi, femme, retourne chez toi avec ce que tu apportes ; ne
laisse pas le roi d’Arménie l’enfouir, mais prends-en une partie pour
faire à ton fils qui doit m’accompagner l’équipage de guerre le plus
magnifique que tu pourras ; avec le reste, acquiers pour toi-même, pour
ton mari, pour tes filles, pour tes fils tout ce qui peut servir à vous parer
plus magnifiquement et à vous faire vivre plus agréablement. Quant à
mettre quelque chose en terre, c’est assez d’y mettre les corps, quand
la mort est venue.»
(4) A ces mots, il reprit sa route, escorté du roi d’Arménie et de tous les
Arméniens qui l’appelaient leur bienfaiteur et le meilleur des hommes, et
ils ne cessèrent point, jusqu’à ce qu’il fût sorti de leur pays. Le roi
d’Arménie, considérant que la paix régnait dans ses États, ajouta de
nouvelles troupes à celles qu’il avait déjà données à Cyrus. (5) Cyrus
partit alors, riche des trésors qu’il avait reçus, beaucoup plus riche
encore de ceux que lui avaient gagnés ses manières d’agir, et dont il
pourrait user au besoin. Ce jour-là il établit son camp à la frontière.
Le lendemain, il envoya l’armée et l’argent à Cyaxare, qui s’était
approché, selon sa promesse. Quant à lui, avec Tigrane et les plus grands
seigneurs perses, il se mit à chasser, partout où il rencontrait du gibier, et
il y prit un vif plaisir. (6) Arrivé en Médie, il donna à chacun de ses
taxiarques tout l’argent qu’il jugea nécessaire pour qu’ils pussent,
eux aussi, accorder des distinctions à ceux qui leur en paraîtraient dignes.
Il estimait, en effet, que si chacun d’eux mettait sa troupe sur un bon
pied, il aurait, lui, une armée magnifique. Lui-même voyait-il quelque
chose de beau pour son armée, il se le procurait et le distribuait toujours
aux plus dignes, convaincu que tout ce qu’il y avait de beau et de bon
dans l’armée était un ornement pour lui-même. (7) En leur distribuant ce
qu’il avait reçu, il tint à peu près ce langage au milieu des taxiarques,
des lochages et de tous ceux qu’il récompensait : «Mes amis, je crois
que nous avons sujet de nous réjouir, d’abord parce qu’il nous est
venu de nouvelles ressources, ensuite parce que nous avons de quoi
récompenser ceux que nous voulons, chacun selon ses mérites. Mais
n’oublions jamais par quels moyens nous avons acquis ces biens.
Réfléchissez-y et vous verrez que c’est parce que nous avons su veiller
quand il le fallait, peiner, courir et résister à l’ennemi. Continuez donc à
être de braves soldats, persuadés que les grands plaisirs, les grands
biens, c’est l’obéissance, l’endurance, les travaux et les dangers
affrontés à propos qui les procurent.»
(9) Cyrus trouvant ses soldats assez endurcis au travail pour supporter les
fatigues de la guerre, assez aguerris pour mépriser l’ennemi, assez
instruits dans le maniement de leurs armes respectives et bien
accoutumés à obéir à leurs chefs, conçut dès lors le dessein de tenter
quelque entreprise guerrière ; il savait que l’hésitation gâte souvent les
beaux préparatifs des chefs.


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Dernière mise à jour : 17/06/2005