[3,2,30] δεῖ οὖν πολὺ μὲν τοὺς ἄρχοντας
ἐπιμελεστέρους γενέσθαι τοὺς νῦν τῶν πρόσθεν, πολὺ δὲ τοὺς ἀρχομένους
εὐτακτοτέρους καὶ πειθομένους μᾶλλον τοῖς ἄρχουσι νῦν ἢ πρόσθεν· (3.2.31) ἢν δέ
τις ἀπειθῇ, (ἢν) ψηφίσασθαι τὸν ἀεὶ ὑμῶν ἐντυγχάνοντα σὺν τῷ ἄρχοντι κολάζειν·
οὕτως οἱ πολέμιοι πλεῖστον ἐψευσμένοι ἔσονται· τῇδε γὰρ τῇ ἡμέρᾳ μυρίους ὄψονται
ἀνθ᾽ ἑνὸς Κλεάρχους τοὺς οὐδενὶ ἐπιτρέψοντας κακῷ εἶναι. (3.2.32) ἀλλὰ γὰρ καὶ
περαίνειν ἤδη ὥρα· ἴσως γὰρ οἱ πολέμιοι αὐτίκα παρέσονται. ὅτῳ οὖν ταῦτα δοκεῖ
καλῶς ἔχειν, ἐπικυρωσάτω ὡς τάχιστα, ἵνα ἔργῳ περαίνηται. εἰ δέ τι ἄλλο βέλτιον ἢ
ταύτῃ, τολμάτω καὶ ὁ ἰδιώτης διδάσκειν· πάντες γὰρ κοινῆς σωτηρίας δεόμεθα.
(3.2.33) μετὰ ταῦτα Χειρίσοφος εἶπεν·
-- ἀλλ᾽ εἰ μέν τινος ἄλλου δεῖ πρὸς τούτοις οἷς λέγει Ξενοφῶν, καὶ αὐτίκα ἐξέσται
ποιεῖν· ἃ δὲ νῦν εἴρηκε δοκεῖ μοι ὡς τάχιστα ψηφίσασθαι ἄριστον εἶναι· καὶ ὅτῳ
δοκεῖ ταῦτα, ἀνατεινάτω τὴν χεῖρα. (3.2.34) ἀνέτειναν πάντες. ἀναστὰς δὲ πάλιν
εἶπε Ξενοφῶν·
-- ὦ ἄνδρες, ἀκούσατε ὧν προσδοκεῖ μοι. δῆλον ὅτι πορεύεσθαι ἡμᾶς δεῖ ὅπου ἕξομεν
τὰ ἐπιτήδεια· ἀκούω δὲ κώμας εἶναι καλὰς οὐ πλέον εἴκοσι σταδίων ἀπεχούσας·
(3.2.35) οὐκ ἂν οὖν θαυμάζοιμεν εἰ οἱ πολέμιοι, ὥσπερ οἱ δειλοὶ κύνες τοὺς μὲν
παριόντας διώκουσί τε καὶ δάκνουσιν, ἢν δύνωνται, τοὺς δὲ διώκοντας φεύγουσιν,
εἰ καὶ αὐτοὶ ἡμῖν ἀπιοῦσιν ἐπακολουθοῖεν. (3.2.36) ἴσως οὖν ἀσφαλέστερον ἡμῖν
πορεύεσθαι πλαίσιον ποιησαμένους τῶν ὅπλων, ἵνα τὰ σκευοφόρα καὶ ὁ πολὺς
ὄχλος ἐν ἀσφαλεστέρῳ εἴη. εἰ οὖν νῦν ἀποδειχθείη τίνας χρὴ ἡγεῖσθαι τοῦ πλαισίου
καὶ τὰ πρόσθεν κοσμεῖν καὶ τίνας ἐπὶ τῶν πλευρῶν ἑκατέρων εἶναι, τίνας δ᾽
ὀπισθοφυλακεῖν, οὐκ ἂν ὁπότε οἱ πολέμιοι ἔλθοιεν βουλεύεσθαι ἡμᾶς δέοι, ἀλλὰ
χρᾐμεθα ἂν εὐθὺς τοῖς τεταγμένοις. (3.2.37) εἰ μὲν οὖν ἄλλο τις βέλτιον ὁρᾷ, ἄλλως
ἐχέτω· εἰ δὲ μή, Χειρίσοφος μὲν ἡγοῖτο, ἐπειδὴ καὶ Λακεδαιμόνιός ἐστι· τῶν δὲ
πλευρῶν ἑκατέρων δύο τὼ πρεσβυτάτω στρατηγὼ ἐπιμελοίσθην·
ὀπισθοφυλακοῖμεν δ᾽ ἡμεῖς οἱ νεώτατοι ἐγὼ καὶ Τιμασίων τὸ νῦν εἶναι. (3.2.38) τὸ δὲ
λοιπὸν πειρώμενοι ταύτης τῆς τάξεως βουλευσόμεθα ὅ τι ἂν ἀεὶ κράτιστον δοκῇ
εἶναι. εἰ δέ τις ἄλλο ὁρᾷ βέλτιον, λεξάτω. ἐπεὶ δ᾽ οὐδεὶς ἀντέλεγεν, εἶπεν·
-- ὅτῳ δοκεῖ ταῦτα, ἀνατεινάτω τὴν χεῖρα. ἔδοξε ταῦτα. (3.2.39)
-- νῦν τοίνυν, ἔφη, ἀπιόντας ποιεῖν δεῖ τὰ δεδογμένα. καὶ ὅστις τε ὑμῶν τοὺς οἰκείους
ἐπιθυμεῖ ἰδεῖν, μεμνήσθω ἀνὴρ ἀγαθὸς εἶναι· οὐ γὰρ ἔστιν ἄλλως τούτου τυχεῖν·
ὅστις τε ζῆν ἐπιθυμεῖ, πειράσθω νικᾶν· τῶν μὲν γὰρ νικώντων τὸ καίνειν, τῶν δὲ
ἡττωμένων τὸ ἀποθνῄσκειν ἐστί· καὶ εἴ τις δὲ χρημάτων ἐπιθυμεῖ, κρατεῖν
πειράσθω· τῶν γὰρ νικώντων ἐστὶ καὶ τὰ ἑαυτῶν σᾐζειν καὶ τὰ τῶν ἡττωμένων λαμβάνειν.
| [3,2,30] Il faut donc que les nouveaux commandants soient beaucoup plus vigilants que les précédents,
et que le soldat se montre beaucoup plus discipliné et obéisse aux chefs avec
une exactitude tout autre que par le passé. Si vous décidez que tout homme qui se trouvera présent
aidera le commandant à
châtier quiconque aura désobéi, l'espérance des Perses sera bien trompée : au lieu d'un seul
Cléarque, ils en verront renaître en
un jour : dix mille, qui ne permettront à aucun Grec de se conduire en lâche. Mais il est temps de finir
: l'ennemi va peut-être
déboucher sur nous tout à l'heure. Ce que vous approuvez de mon discours, faites-le passer en loi au
plus vite pour qu'on
l'exécute. Si quelqu'un a un meilleur avis à ouvrir, qu'il parle avec hardiesse, ne fût-il qu'un simple
soldat ; car il s'agit du salut commun, et tous les Grecs y ont intérêt."
Chirisophe parla ensuite :"S'il y a, dit-il, quelque chose à ajouter à ce qu'a dit Xénophon, on le peut,
et c'en est le moment ; mais
je suis d'avis d'approuver sur-le-champ et d'arrêter ce qu'il propose : que ceux qui pensent comme
moi lèvent la main." Tous les
Grecs la levèrent. Xénophon se releva et dit encore :" Ecoutez-moi, soldats, je vais vous exposer les
événements qu'il convient, à
ce qu'il me semble, de prévoir. Il est évident qu'il nous faut aller où nous pourrons avoir des vivres.
J'entends dire qu'il y a de
beaux villages à vingt stades au plus de notre camp. Je ne serais pas étonné que les ennemis nous
suivissent pour nous harceler
dans notre retraite, semblables à ces chiens timides qui courent après les passants et les mordent,
s'ils le peuvent, mais qui
fuient à leur tour dès qu'on les poursuit. L'ordre le plus sûr pour notre marche est peut-être de
former avec l'infanterie pesamment
armée une colonne à centre vide, afin que les bagages et les esclaves, étant au milieu, n'aient rien à
craindre. Si nous désignions
dès à présent qui dirigera la marche et commandera le front, qui surveillera sur les deux flancs et qui
sera à la queue ; lorsque les
ennemis marcheront à nous, nous n'aurions point de délibération à faire, nous nous trouverions
formés et en état de combattre.
Quelqu'un a-t-il de meilleures dispositions à proposer, qu'on les adopte ; sinon qu'aujourd'hui
Chirisophe marche à notre tête,
d'autant qu'il est Lacédémonien ; que les deux plus anciens généraux s'occupent des deux flancs ;
Timasion et moi, comme les
plus jeunes, nous resterons à l'arrière-garde. Dans la suite, après avoir essayé de cet ordre de
marche, nous pourrons toujours
agiter, suivant les circonstances, ce qu'ils y aura de plus avantageux pour nous. Si quelqu'un a de
meilleures vues, qu'il parle."
Personne ne s'opposant à celles de Xénophon, il reprit :"Que ceux donc qui approuvent lèvent la
main." Le décret passa. "
Maintenant, dit Xénophon, il faut faire exactement, en nous retirant, ce qui vient d'être arrêté. Que
celui d'entre vous qui veut
revoir sa famille se souvienne de se conduire avec courage, car c'en est le seul moyen ; que celui qui
veut vivre tache de vaincre
; car les vainqueurs donnent la mort et les vaincus la reçoivent. J'en dis autant à qui désire des
richesses : en remportant la
victoire, on sauve son bien et l'on s'empare de celui de l'ennemi."
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