[3,3,1] τούτων λεχθέντων ἀνέστησαν καὶ ἀπελθόντες κατέκαιον τὰς ἁμάξας καὶ
τὰς σκηνάς, τῶν δὲ περιττῶν ὅτου μὲν δέοιτό τις μετεδίδοσαν ἀλλήλοις, τὰ δὲ ἄλλα
εἰς τὸ πῦρ ἐρρίπτουν. ταῦτα ποιήσαντες ἠριστοποιοῦντο. ἀριστοποιουμένων δὲ
αὐτῶν ἔρχεται Μιθραδάτης σὺν ἱππεῦσιν ὡς τριάκοντα, καὶ καλεσάμενος τοὺς
στρατηγοὺς εἰς ἐπήκοον λέγει ὧδε. (3.3.2)
-- ἐγώ, ὦ ἄνδρες Ἕλληνες, καὶ Κύρῳ πιστὸς ἦν, ὡς ὑμεῖς ἐπίστασθε, καὶ νῦν ὑμῖν
εὔνους· καὶ ἐνθάδε δ᾽ εἰμὶ σὺν πολλῷ φόβῳ διάγων. εἰ οὖν ὁρᾐην ὑμᾶς σωτήριόν τι
βουλευομένους, ἔλθοιμι ἂν πρὸς ὑμᾶς καὶ τοὺς θεράποντας πάντας ἔχων. λέξατε
οὖν πρός με τί ἐν νῷ ἔχετε ὡς φίλον τε καὶ εὔνουν καὶ βουλόμενον κοινῇ σὺν ὑμῖν
τὸν στόλον ποιεῖσθαι. (3.3.3) βουλευομένοις τοῖς στρατηγοῖς ἔδοξεν ἀποκρίνασθαι
τάδε· καὶ ἔλεγε Χειρίσοφος·
-- ἡμῖν δοκεῖ, εἰ μέν τις ἐᾷ ἡμᾶς ἀπιέναι οἴκαδε, διαπορεύεσθαι τὴν χώραν ὡς ἂν
δυνώμεθα ἀσινέστατα· ἢν δέ τις ἡμᾶς τῆς ὁδοῦ ἀποκωλύῃ, διαπολεμεῖν τούτῳ ὡς ἂν
δυνώμεθα κράτιστα. (3.3.4) ἐκ τούτου ἐπειρᾶτο Μιθραδάτης διδάσκειν ὡς ἄπορον
εἴη βασιλέως ἄκοντος σωθῆναι. ἔνθα δὴ ἐγιγνώσκετο ὅτι ὑπόπεμπτος εἴη· καὶ γὰρ
τῶν Τισσαφέρνους τις οἰκείων παρηκολουθήκει πίστεως ἕνεκα. (3.3.5) καὶ ἐκ τούτου
ἐδόκει τοῖς στρατηγοῖς βέλτιον εἶναι δόγμα ποιήσασθαι τὸν πόλεμον ἀκήρυκτον
εἶναι ἔστ᾽ ἐν τῇ πολεμίᾳ εἶεν· διέφθειρον γὰρ προσιόντες τοὺς στρατιώτας, καὶ ἕνα
γε λοχαγὸν διέφθειραν Νίκαρχον Ἀρκάδα, καὶ ᾤχετο ἀπιὼν νυκτὸς σὺν ἀνθρώποις
ὡς εἴκοσι. (3.3.6) μετὰ ταῦτα ἀριστήσαντες καὶ διαβάντες τὸν Ζαπάταν ποταμὸν
ἐπορεύοντο τεταγμένοι τὰ ὑποζύγια καὶ τὸν ὄχλον ἐν μέσῳ ἔχοντες. οὐ πολὺ δὲ
προεληλυθότων αὐτῶν ἐπιφαίνεται πάλιν ὁ Μιθραδάτης, ἱππέας ἔχων ὡς
διακοσίους καὶ τοξότας καὶ σφενδονήτας εἰς τετρακοσίους μάλα ἐλαφροὺς καὶ
εὐζώνους. (3.3.7) καὶ προσῄει μὲν ὡς φίλος ὢν πρὸς τοὺς Ἕλληνας· ἐπεὶ δ᾽ ἐγγὺς
ἐγένοντο, ἐξαπίνης οἱ μὲν αὐτῶν ἐτόξευον καὶ ἱππεῖς καὶ πεζοί, οἱ δ᾽ ἐσφενδόνων
καὶ ἐτίτρωσκον. οἱ δὲ ὀπισθοφύλακες τῶν Ἑλλήνων ἔπασχον μὲν κακῶς,
ἀντεποίουν δ᾽ οὐδέν· οἵ τε γὰρ Κρῆτες βραχύτερα τῶν Περσῶν ἐτόξευον καὶ ἅμα
ψιλοὶ ὄντες εἴσω τῶν ὅπλων κατεκέκλειντο, οἱ δὲ ἀκοντισταὶ βραχύτερα ἠκόντιζον
ἢ ὡς ἐξικνεῖσθαι τῶν σφενδονητῶν. (3.3.8) ἐκ τούτου Ξενοφῶντι ἐδόκει διωκτέον
εἶναι· καὶ ἐδίωκον τῶν ὁπλιτῶν καὶ τῶν πελταστῶν οἳ ἔτυχον σὺν αὐτῷ
ὀπισθοφυλακοῦντες· διώκοντες δὲ οὐδένα κατελάμβανον τῶν πολεμίων. (3.3.9) οὔτε
γὰρ ἱππεῖς ἦσαν τοῖς Ἕλλησιν οὔτε οἱ πεζοὶ τοὺς πεζοὺς ἐκ πολλοῦ φεύγοντας
ἐδύναντο καταλαμβάνειν ἐν ὀλίγῳ χωρίῳ· πολὺ γὰρ οὐχ οἷόν τε ἦν ἀπὸ τοῦ ἄλλου
στρατεύματος διώκειν·
| [3,3,1] Ce discours fini, toute l'armée se leva, et étant retournée au
camp, brûla les voitures et les tentes. On se distribuait ce qu'on avait de superflu et ce dont un autre
pouvait avoir besoin : on jeta
le reste au feu, puis on dîna. Pendant que les Grecs prenaient ce repas, Mithradate approche du
camp avec environ trente
chevaux, fait appeler les généraux, et leur dit :"Grecs, j'étais, vous le savez, attaché à Cyrus ;
maintenant je me sens de
l'affection pour vous, et je passe ici ma vie dans les plus grandes frayeurs pour moi-même. Si je
voyais donc que vous eussiez
embrassé un parti salutaire, je vous rejoindrais avec toute ma suite. Dites-moi, ajouta-t-il, quel est
votre projet. Vous parlez à
votre ami, à un homme bien intentionné pour vous, qui voudrait partager vos entreprises."0 Les
généraux délibérèrent et résolurent
de lui répondre ainsi (ce fut Chirisophe qui porta les paroles) :"Notre dessein est de retourner en
Grèce, et si l'on nous laisse
passer, de ménager le plus que nous pourrons le pays que nous avons à traverser ; mais si l'on nous
en barre le chemin, nous
ferons tous nos efforts pour nous frayer une route les armes à la main." Mithradate tacha alors de
leur prouver qu'il leur était
impossible d'échapper malgré le roi. On reconnut qu'il fallait se défier de ce Barbare, car un des
parents de Tissapherne
l'accompagnait et en répondait. Dès ce moment les généraux jugèrent à propos de faire publier un
ban pour défendre tout colloque
tant qu'on serait en pays ennemi, car les Barbares qui venaient conférer débauchaient des soldats
grecs. Ils séduisirent même un
chef (Nicarque d'Arcadie), qui déserta la nuit et emmena environ vingt hommes.
Quand l'armée eut dîné et passé le fleuve Zabate, elle marcha en ordre. Les bêtes de somme et les
esclaves étaient au centre du
bataillon carré. On n'avait pas fait encore beaucoup de chemin lorsque Mithradate reparut avec un
escadron d'environ deux cents
chevaux, et précédé de quatre cents archers ou frondeurs, tous légers à la course et agiles. Il
s'avançait vers les Grecs comme
ami ; mais dès qu'il fut près de leur corps, tout à coup sa cavalerie et son infanterie tirèrent des
flèches, ses frondeurs lancèrent
des pierres. Il y eut des Grecs blessés. Leur arrière-garde souffrit sans pouvoir faire aucun mal à
l'ennemi ; car les archers crétois
n'atteignaient pas d'aussi loin que les Perses, et d'ailleurs, comme ils ne portaient point d'armes
défensives, on les avait
renfermés dans le centre du bataillon carré. Ceux qui lançaient des javelots ne pouvaient les faire
porter jusqu'aux frondeurs
ennemis : Xénophon crut en conséquence qu'il fallait repousser ces Barbares. L'infanterie pesante et
les armés à la légère qui se
trouvèrent sous ses ordres à l'arrière-garde, firent volte-face et poursuivirent les Perses, mais n'en
purent joindre aucun, car les
Grecs n'avaient point de cavalerie, et l'infanterie perse prenant la fuite de loin, l'infanterie grecque ne
pouvait la joindre à une petite
distance du gros de l'armée, et n'osait pas s'en écarter davantage.
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