[3,3,10] οἱ δὲ βάρβαροι ἱππεῖς καὶ φεύγοντες ἅμα ἐτίτρωσκον
εἰς τοὔπισθεν τοξεύοντες ἀπὸ τῶν ἵππων, ὁπόσον δὲ διώξειαν οἱ Ἕλληνες, τοσοῦτον
πάλιν ἐπαναχωρεῖν μαχομένους ἔδει. (3.3.11) ὥστε τῆς ἡμέρας ὅλης διῆλθον οὐ
πλέον πέντε καὶ εἴκοσι σταδίων, ἀλλὰ δείλης ἀφίκοντο εἰς τὰς κώμας. ἔνθα δὴ
πάλιν ἀθυμία ἦν. καὶ Χειρίσοφος καὶ οἱ πρεσβύτατοι τῶν στρατηγῶν Ξενοφῶντα
ᾐτιῶντο ὅτι ἐδίωκεν ἀπὸ τῆς φάλαγγος καὶ αὐτός τε ἐκινδύνευε καὶ τοὺς πολεμίους
οὐδὲν μᾶλλον ἐδύνατο βλάπτειν. (3.3.12) ἀκούσας δὲ Ξενοφῶν ἔλεγεν ὅτι ὀρθῶς
αἰτιῷντο καὶ αὐτὸ τὸ ἔργον αὐτοῖς μαρτυροίη. ἀλλ᾽ ἐγώ, ἔφη, ἠναγκάσθην διώκειν,
ἐπειδὴ ἑώρων ἡμᾶς ἐν τῷ μένειν κακῶς μὲν πάσχοντας, ἀντιποιεῖν δὲ οὐ
δυναμένους. (3.3.13) ἐπειδὴ δὲ ἐδιώκομεν, ἀληθῆ, ἔφη, ὑμεῖς λέγετε· κακῶς μὲν γὰρ
ποιεῖν οὐδὲν μᾶλλον ἐδυνάμεθα τοὺς πολεμίους, ἀνεχωροῦμεν δὲ παγχαλέπως.
(3.3.14) τοῖς οὖν θεοῖς χάρις ὅτι οὐ σὺν πολλῇ ῥώμῃ ἀλλὰ σὺν ὀλίγοις ἦλθον, ὥστε
βλάψαι μὲν μὴ μεγάλα, δηλῶσαι δὲ ὧν δεόμεθα. (3.3.15) νῦν γὰρ οἱ πολέμιοι
τοξεύουσι καὶ σφενδονῶσιν ὅσον οὔτε οἱ Κρῆτες ἀντιτοξεύειν δύνανται οὔτε οἱ ἐκ
χειρὸς βάλλοντες ἐξικνεῖσθαι· ὅταν δὲ αὐτοὺς διώκωμεν, πολὺ μὲν οὐχ οἷόν τε
χωρίον ἀπὸ τοῦ στρατεύματος διώκειν, ἐν ὀλίγῳ δὲ οὐδ᾽ εἰ ταχὺς εἴη πεζὸς πεζὸν ἂν
διώκων καταλαμβάνοι ἐκ τόξου ῥύματος. (3.3.16) ἡμεῖς οὖν εἰ μέλλοιμεν τούτους
εἴργειν ὥστε μὴ δύνασθαι βλάπτειν ἡμᾶς πορευομένους, σφενδονητῶν τὴν
ταχίστην δεῖ καὶ ἱππέων. ἀκούω δ᾽ εἶναι ἐν τῷ στρατεύματι ἡμῶν ῾Ροδίους, ὧν τοὺς
πολλούς φασιν ἐπίστασθαι σφενδονᾶν, καὶ τὸ βέλος αὐτῶν καὶ διπλάσιον
φέρεσθαι τῶν Περσικῶν σφενδονῶν. (3.3.17) ἐκεῖναι γὰρ διὰ τὸ χειροπληθέσι τοῖς
λίθοις σφενδονᾶν ἐπὶ βραχὺ ἐξικνοῦνται, οἱ δὲ ῾Ρόδιοι καὶ ταῖς μολυβδίσιν
ἐπίστανται χρῆσθαι. (3.3.18) ἢν οὖν αὐτῶν ἐπισκεψώμεθα τίνες πέπανται
σφενδόνας, καὶ τούτῳ μὲν δῶμεν αὐτῶν ἀργύριον, τῷ δὲ ἄλλας πλέκειν ἐθέλοντι
ἄλλο ἀργύριον τελῶμεν, καὶ τῷ σφενδονᾶν ἐν τῷ τεταγμένῳ ἐθέλοντι ἄλλην τινὰ
ἀτέλειαν εὑρίσκωμεν, ἴσως τινὲς φανοῦνται ἱκανοὶ ἡμᾶς ὠφελεῖν. (3.3.19) ὁρῶ δὲ
ἵππους ὄντας ἐν τῷ στρατεύματι, τοὺς μέν τινας παρ᾽ ἐμοί, τοὺς δὲ τῶν Κλεάρχου
καταλελειμμένους, πολλοὺς δὲ καὶ ἄλλους αἰχμαλώτους σκευοφοροῦντας. ἂν οὖν
τούτους πάντας ἐκλέξαντες σκευοφόρα μὲν ἀντιδῶμεν, τοὺς δὲ ἵππους εἰς ἱππέας
κατασκευάσωμεν, ἴσως καὶ οὗτοί τι τοὺς φεύγοντας ἀνιάσουσιν.
| [3,3,10] Les cavaliers barbares, même lorsqu'ils fuyaient, lançaient des flèches derrière eux,
et blessaient des Grecs ; tout le chemin que ceux-ci faisaient à la poursuite de
l'ennemi, ils l'avaient à faire
une seconde fois en retraite et en combattant, en sorte que dans toute la journée l'armée n'avança
que de vingt-cinq stades, et
n'arriva que le soir aux villages. Le soldat retomba dans le découragement. Chirisophe et les plus
anciens généraux reprochaient à
Xénophon de s'être détaché de l'armée pour courir après l'ennemi, et de s'être exposé sans avoir pu
faire le moindre mal aux Perses.
Xénophon écouta ces généraux, et leur répondit qu'ils l'accusaient avec raison ; et que le fait
déposait en leur faveur. "Mais,
ajouta-t-il, ce qui m'a obligé à poursuivre l'ennemi, c'est que je voyais qu'il faisait impunément souffrir
beaucoup notre arrière-garde
quand nous restions collés à l'armée. En marchant aux Barbares, nous avons constaté la vérité de ce
que vous dites, car nous
n'avons pas pu faire plus de mal, et notre retraite a été très difficile. Grâces soient donc rendues aux
dieux de ce que les ennemis
ne sont pas tombés sur nous en force, et n'ont envoyé qu'un petit détachement ; ils ne nous ont pas
nui beaucoup, et ils nous
indiquent nos besoins, car ni les flèches des archers crétois, ni nos javelots ne peuvent atteindre aussi
loin que les arcs et les
frondes des Barbares. Marchons-nous à eux, nous ne pouvons les suivre loin de notre armée, mais
seulement jusqu'à une petite
distance, et telle qu'un homme à pied, quelque agile qu'il soit, n'en peut attraper un autre qui a sur lui
une avance de la portée de
l'arc. Si nous voulons donc empêcher l'ennemi de nous inquiéter dans notre marche, il faut au plus tôt
nous pourvoir de cavalerie
et de frondeurs. J'entends dire qu'il est dans notre armée des Rhodiens dont la plupart passent pour
savoir se servir de la fronde et
pour atteindre à une portée double de celle des frondes ennemies ; car les Perses lancent des pierres
très grosses, et leurs
frondes, par cette raison, ne percent pas loin, au lieu que les Rhodiens savent aussi lancer des balles
de plomb. Si nous
examinons donc quels sont les soldats qui ont des frondes, si nous leur en payons la valeur, si l'on
promet une autre gratification
à ceux qui voudront en faire de nouvelles, si l'on imagine quelque immunité pour les volontaires dont
se formera notre corps de
frondeurs, il s'en présentera peut-être d'assez bons pour être d'une grande utilité à l'armée. Je vois
des chevaux à notre camp ;
j'en ai quelques-uns à mes équipages. Il en reste de ceux de Cléarque ; nous en avons pris à l'ennemi
beaucoup d'autres que nous
employons à porter des bagages. Choisissons dans le nombre total, rendons pour indemnité à ceux à
qui ils appartiennent d'autres bêtes de somme, équipons des chevaux de manière à porter des cavaliers :
peut-être inquiéteront-ils à leur tour l'ennemi dans sa fuite."
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