[3,1,30] ἐμοί, ὦ ἄνδρες, δοκεῖ τὸν
ἄνθρωπον τοῦτον μήτε προσίεσθαι εἰς ταὐτὸ ἡμῖν αὐτοῖς ἀφελομένους τε τὴν
λοχαγίαν σκεύη ἀναθέντας ὡς τοιούτῳ χρῆσθαι. οὗτος γὰρ καὶ τὴν πατρίδα
καταισχύνει καὶ πᾶσαν τὴν Ἑλλάδα, ὅτι Ἕλλην ὢν τοιοῦτός ἐστιν.
(3.1.31) ἐντεῦθεν ὑπολαβὼν Ἀγασίας Στυμφάλιος εἶπεν·
-- ἀλλὰ τούτῳ γε οὔτε τῆς Βοιωτίας προσήκει οὐδὲν οὔτε τῆς Ἑλλάδος παντάπασιν,
ἐπεὶ ἐγὼ αὐτὸν εἶδον ὥσπερ Λυδὸν ἀμφότερα τὰ ὦτα τετρυπημένον. (3.1.32) καὶ
εἶχεν οὕτως. τοῦτον μὲν οὖν ἀπήλασαν· οἱ δὲ ἄλλοι παρὰ τὰς τάξεις ἰόντες, ὅπου
μὲν στρατηγὸς σῷος εἴη, τὸν στρατηγὸν παρεκάλουν, ὁπόθεν δὲ οἴχοιτο, τὸν
ὑποστράτηγον, ὅπου δ᾽ αὖ λοχαγὸς σῷος εἴη, τὸν λοχαγόν. (3.1.33) ἐπεὶ δὲ πάντες
συνῆλθον, εἰς τὸ πρόσθεν τῶν ὅπλων ἐκαθέζοντο· καὶ ἐγένοντο οἱ συνελθόντες
στρατηγοὶ καὶ λοχαγοὶ ἀμφὶ τοὺς ἑκατόν. ὅτε δὲ ταῦτα ἦν σχεδὸν μέσαι ἦσαν
νύκτες. (3.1.34) ἐνταῦθα Ἱερώνυμος Ἠλεῖος πρεσβύτατος ὢν τῶν Προξένου
λοχαγῶν ἤρχετο λέγειν ὧδε.
-- ἡμῖν, ὦ ἄνδρες στρατηγοὶ καὶ λοχαγοί, ὁρῶσι τὰ παρόντα ἔδοξε καὶ αὐτοῖς
συνελθεῖν καὶ ὑμᾶς παρακαλέσαι, ὅπως βουλευσαίμεθα εἴ τι δυναίμεθα ἀγαθόν.
λέξον δ᾽, ἔφη, καὶ σύ, ὦ Ξενοφῶν, ἅπερ καὶ πρὸς ἡμᾶς. (3.1.35) ἐκ τούτου λέγει τάδε
Ξενοφῶν.
-- ἀλλὰ ταῦτα μὲν δὴ πάντες ἐπιστάμεθα, ὅτι βασιλεὺς καὶ Τισσαφέρνης οὓς μὲν
ἐδυνήθησαν συνειλήφασιν ἡμῶν, τοῖς δ᾽ ἄλλοις δῆλον ὅτι ἐπιβουλεύουσιν, ὡς, ἢν
δύνωνται, ἀπολέσωσιν. ἡμῖν δέ γε οἶμαι πάντα ποιητέα ὡς μήποτε ἐπὶ τοῖς
βαρβάροις γενώμεθα, ἀλλὰ μᾶλλον ἐκεῖνοι ἐφ᾽ ἡμῖν. (3.1.36) εὖ τοίνυν ἐπίστασθε
ὅτι ὑμεῖς τοσοῦτοι ὄντες ὅσοι νῦν συνεληλύθατε μέγιστον ἔχετε καιρόν. οἱ γὰρ
στρατιῶται οὗτοι πάντες πρὸς ὑμᾶς βλέπουσι, κἂν μὲν ὑμᾶς ὁρῶσιν ἀθύμους,
πάντες κακοὶ ἔσονται, ἢν δὲ ὑμεῖς αὐτοί τε παρασκευαζόμενοι φανεροὶ ἦτε ἐπὶ τοὺς
πολεμίους καὶ τοὺς ἄλλους παρακαλῆτε, εὖ ἴστε ὅτι ἕψονται ὑμῖν καὶ πειράσονται
μιμεῖσθαι. (3.1.37) ἴσως δέ τοι καὶ δίκαιόν ἐστιν ὑμᾶς διαφέρειν τι τούτων. ὑμεῖς γάρ
ἐστε στρατηγοί, ὑμεῖς ταξίαρχοι καὶ λοχαγοί· καὶ ὅτε εἰρήνη ἦν, ὑμεῖς καὶ χρήμασι
καὶ τιμαῖς τούτων ἐπλεονεκτεῖτε· καὶ νῦν τοίνυν ἐπεὶ πόλεμός ἐστιν, ἀξιοῦν δεῖ
ὑμᾶς αὐτοὺς ἀμείνους τε τοῦ πλήθους εἶναι καὶ προβουλεύειν τούτων καὶ
προπονεῖν, ἤν που δέῃ. (3.1.38) καὶ νῦν πρῶτον μὲν οἴομαι ἂν ὑμᾶς μέγα ὠφελῆσαι
τὸ στράτευμα, εἰ ἐπιμεληθείητε ὅπως ἀντὶ τῶν ἀπολωλότων ὡς τάχιστα στρατηγοὶ
καὶ λοχαγοὶ ἀντικατασταθῶσιν. ἄνευ γὰρ ἀρχόντων οὐδὲν ἂν οὔτε καλὸν οὔτε
ἀγαθὸν γένοιτο ὡς μὲν συνελόντι εἰπεῖν οὐδαμοῦ, ἐν δὲ δὴ τοῖς πολεμικοῖς
παντάπασιν. ἡ μὲν γὰρ εὐταξία σᾐζειν δοκεῖ, ἡ δὲ ἀταξία πολλοὺς ἤδη
ἀπολώλεκεν. (3.1.39) ἐπειδὰν δὲ καταστήσησθε τοὺς ἄρχοντας ὅσους δεῖ, ἢν καὶ
τοὺς ἄλλους στρατιώτας συλλέγητε καὶ παραθαρρύνητε, οἶμαι ἂν ὑμᾶς πάνυ ἐν
καιρῷ ποιῆσαι.
| [3,1,30] Mon avis, braves chefs, est de ne plus laisser cet homme prendre rang avec nous, de lui ôter
son grade, de lui mettre des bagages sur le dos, et de nous en servir à cette vile fonction ; car il est Grec,
mais par ses sentiments il déshonore et sa patrie et toute la Grèce."
Agasias de Stymphale reprit : " Cet homme n'a rien de commun ni avec la Béotie ni
avec la Grèce ; car je lui ai
vu les deux oreilles percées comme à un Lydien, et ce fait était vrai." On le chassa donc, et les autres
chefs de lochos marchant
le long de la ligne, appelaient le général, s'il était en vie ou, si le général était mort, ceux qui
commandaient sous ses ordres. Tous
s'étant assemblés, s'assirent en avant des armes. Les généraux et les autres chefs qui s'y trouvèrent
montaient au nombre de
cent à peu près. Il était alors environ minuit. Hiéronyme Éléen, le plus âgé parmi ceux de la section
de Proxène, prit le premier la
parole et tint ce discours :"Généraux et chefs de loches, en jetant les yeux sur notre situation, il nous
a paru convenable de nous
assembler et de vous appeler pour délibérer ensemble et trouver, si nous le pouvons, quelque
expédient avantageux. Redites
donc ici, Xénophon, ajouta-t-il, ce que vous nous avez communiqué." Xénophon parla alors en ces
termes :"Nous savons tous
que le roi et Tissapherne ont fait arrêter autant de Grecs qu'ils ont pu. On ne peut douter qu'ils ne
tendent des pièges au reste et
ne nous fassent périr s'ils en ont les moyens ; je pense donc qu'il nous faut faire les derniers efforts
pour ne point tomber au
pouvoir des Barbares, mais pour qu'ils tombent plutôt au nôtre s'il se peut. Soyez bien convaincus
qu'il s'en présente, à tous tant
que nous sommes ici, la plus belle occasion. Il n'est point de soldats qui n'aient les yeux tournés sur
vous ; s'ils vous voient
consternés, ils se conduiront tous en lâches ; mais si vous paraissez vous disposer à marcher à
l'ennemi et y exhortez le reste de
l'armée, sachez et qu'elle vous suivra et qu'elle tâchera de vous imiter. Il est juste que vous différiez
un peu du simple soldat :
vous êtes les uns ses généraux, les autres commandent les subdivisions des sections placées sous
leurs ordres.
Pendant la paix on vous considérait plus que le soldat, vous jouissiez d'une plus grande opulence :
vous devez donc maintenant,
que nous sommes en guerre, vous estimer encore vous-mêmes plus que la multitude qui vous suit.
Vous devez prévoir, vous
devez travailler pour elle, s'il est nécessaire, et je pense d'abord que vous rendrez un grand service à
l'armée de vous occuper à
remplacer au plus tôt les généraux et les autres chefs qu'elle a perdus ; car, pour m'expliquer en deux
mots, sans eux, rien de
glorieux, rien de vigoureux à espérer nulle part, mais surtout à la guerre. La discipline est, à mon avis,
le salut des armées : l'indiscipline en a perdu beaucoup.
Après avoir élu autant de nouveaux chefs qu'il nous en manque, je pense qu'il sera très à propos que
vous rassembliez et encouragiez le reste des Grecs ;
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