[3,1,40] νῦν γὰρ ἴσως καὶ ὑμεῖς αἰσθάνεσθε ὡς ἀθύμως μὲν ἦλθον ἐπὶ τὰ ὅπλα,
ἀθύμως δὲ πρὸς τὰς φυλακάς· ὥστε οὕτω γ᾽ ἐχόντων οὐκ οἶδα ὅ τι ἄν τις
χρήσαιτο αὐτοῖς, εἴτε νυκτὸς δέοι εἴτε καὶ ἡμέρας. (3.1.41) ἢν δέ τις αὐτῶν τρέψῃ τὰς
γνώμας, ὡς μὴ τοῦτο μόνον ἐννοῶνται, τί πείσονται, ἀλλὰ καὶ τί ποιήσουσι, πολὺ
εὐθυμότεροι ἔσονται. (3.1.42) ἐπίστασθε γὰρ δὴ ὅτι οὔτε πλῆθός ἐστιν οὔτε ἰσχὺς ἡ
ἐν τῷ πολέμῳ τὰς νίκας ποιοῦσα, ἀλλ᾽ ὁπότεροι ἂν σὺν τοῖς θεοῖς ταῖς ψυχαῖς
ἐρρωμενέστεροι ἴωσιν ἐπὶ τοὺς πολεμίους, τούτους ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ οἱ ἀντίοι οὐ
δέχονται. (3.1.43) ἐντεθύμημαι δ᾽ ἔγωγε, ὦ ἄνδρες, καὶ τοῦτο, ὅτι ὁπόσοι μὲν
μαστεύουσι ζῆν ἐκ παντὸς τρόπου ἐν τοῖς πολεμικοῖς, οὗτοι μὲν κακῶς τε καὶ
αἰσχρῶς ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ ἀποθνῄσκουσιν, ὁπόσοι δὲ τὸν μὲν θάνατον ἐγνώκασι πᾶσι
κοινὸν εἶναι καὶ ἀναγκαῖον ἀνθρώποις, περὶ δὲ τοῦ καλῶς ἀποθνῄσκειν
ἀγωνίζονται, τούτους ὁρῶ μᾶλλόν πως εἰς τὸ γῆρας ἀφικνουμένους καὶ ἕως ἂν
ζῶσιν εὐδαιμονέστερον διάγοντας. (3.1.44) ἃ καὶ ὑμᾶς δεῖ νῦν καταμαθόντας (ἐν
τοιούτῳ γὰρ καιρῷ ἐσμεν) αὐτούς τε ἄνδρας ἀγαθοὺς εἶναι καὶ τοὺς ἄλλους
παρακαλεῖν. (3.1.45) ὁ μὲν ταῦτα εἰπὼν ἐπαύσατο. μετὰ δὲ τοῦτον εἶπε Χειρίσοφος·
-- ἀλλὰ πρόσθεν μέν, ὦ Ξενοφῶν, τοσοῦτον μόνον σε ἐγίγνωσκον ὅσον ἤκουον
Ἀθηναῖον εἶναι, νῦν δὲ καὶ ἐπαινῶ σε ἐφ᾽ οἷς λέγεις τε καὶ πράττεις καὶ βουλοίμην
ἂν ὅτι πλείστους εἶναι τοιούτους· κοινὸν γὰρ ἂν εἴη τὸ ἀγαθόν. (3.1.46) καὶ νῦν,
ἔφη, μὴ μέλλωμεν, ὦ ἄνδρες, ἀλλ᾽ ἀπελθόντες ἤδη αἱρεῖσθε οἱ δεόμενοι ἄρχοντας,
καὶ ἑλόμενοι ἥκετε εἰς τὸ μέσον τοῦ στρατοπέδου καὶ τοὺς αἱρεθέντας ἄγετε· ἔπειτ᾽
ἐκεῖ συγκαλοῦμεν τοὺς ἄλλους στρατιώτας. παρέστω δ᾽ ἡμῖν, ἔφη, καὶ Τολμίδης ὁ
κῆρυξ. (3.1.47) καὶ ἅμα ταῦτ᾽ εἰπὼν ἀνέστη, ὡς μὴ μέλλοιτο ἀλλὰ περαίνοιτο τὰ
δέοντα. ἐκ τούτου ᾑρέθησαν ἄρχοντες ἀντὶ μὲν Κλεάρχου Τιμασίων Δαρδανεύς,
ἀντὶ δὲ Σωκράτους Ξανθικλῆς Ἀχαιός, ἀντὶ δὲ Ἀγίου Κλεάνωρ Ἀρκάς, ἀντὶ δὲ
Μένωνος Φιλήσιος Ἀχαιός, ἀντὶ δὲ Προξένου Ξενοφῶν Ἀθηναῖος.
| [3,1,40] car vous avez sans doute remarqué dans quelle consternation étaient plongés les détachements,
et quand ils ont été prendre leurs armes, et quand ils ont marché aux postes avancés. Tant qu'elle
durera, je ne sais à quoi sera
bon le soldat, soit qu'on ait à l'employer de jour ou de nuit. Mais si l'on détourne ses pensées vers
d'autres objets, si on lui fait
envisager, non pas seulement le mal qu'il peut souffrir, mais encore celui qu'il peut faire, on relèvera
son courage car vous savez
sans doute qu'à la guerre ce n'est ni la multitude des hommes ni leur force corporelle qui donnent les
victoires ; mais ceux qui,
avec les âmes les plus vigoureuses et la protection des dieux, marchent droit à l'ennemi trouvent
rarement des adversaires qui les
attendent, et j'ai fait l'observation suivante : quiconque dans le métier des armes tâche, à quelque prix
que ce soit, de prolonger
ses jours, meurt presque toujours honteusement et comme un lâche ; mais tous ceux qui regardent la
mort comme un mal
commun à tous les hommes, et qu'il faut nécessairement subir, qui ne combattent que pour obtenir
une fin glorieuse, ce sont
ceux-là, dis-je, que je vois surtout parvenir à une longue vieillesse et passer jusqu'à leur trépas les
jours les plus heureux. D'après
ces réflexions, voici le moment où il faut montrer notre courage et réveiller celui des autres."
Xénophon cessa alors de parler.
Chirisophe prit ensuite la parole, et dit : "Je ne vous connaissais point jusqu'ici, Xénophon ; j'avais
seulement entendu dire que
vous étiez Athénien. Je loue maintenant et vos discours et vos actions : je voudrais pour le bien de
tous les Grecs, que la plupart
d'entre eux vous ressemblassent. Ne tardons point, ajouta-t-il. Séparons-nous, compagnons. Que
ceux d'entre vous qui manquent
de chefs en choisissent. Revenez ensuite au centre du camp avec ceux que vous aurez élus ; puis
nous y convoquerons toute
l'armée. Que le héraut Tolmidès ne manque pas de s'y trouver aussi avec nous." À ces mots il se leva
pour qu'on ne différât plus
et que l'on fît ce qui était urgent. On élut ensuite pour généraux Timasion Dardanien, à la place de
Cléarque ; Xanticle Achéen, à la place de Socrate ; Cléanor d'Orchomène, au lieu d'Agias d'Arcadie ;
Philésius Achéen, au lieu de Ménon ; et Xénophon d'Athènes succéda à Proxène.
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