[3,5,1] ἔνθα δὴ οἱ μὲν βάρβαροι στραφέντες ἔφευγον ᾗ ἕκαστος ἐδύνατο, οἱ δὲ
Ἕλληνες εἶχον τὸ ἄκρον. οἱ δὲ ἀμφὶ Τισσαφέρνην καὶ Ἀριαῖον ἀποτραπόμενοι
ἄλλην ὁδὸν ᾤχοντο. οἱ δὲ ἀμφὶ Χειρίσοφον καταβάντες ἐστρατοπεδεύοντο ἐν κώμῃ
μεστῇ πολλῶν ἀγαθῶν. ἦσαν δὲ καὶ ἄλλαι κῶμαι πολλαὶ πλήρεις πολλῶν ἀγαθῶν
ἐν τούτῳ τῷ πεδίῳ παρὰ τὸν Τίγρητα ποταμόν. (3.5.2) ἡνίκα δ᾽ ἦν δείλη ἐξαπίνης οἱ
πολέμιοι ἐπιφαίνονται ἐν τῷ πεδίῳ, καὶ τῶν Ἑλλήνων κατέκοψάν τινας τῶν
ἐσκεδασμένων ἐν τῷ πεδίῳ καθ᾽ ἁρπαγήν· καὶ γὰρ νομαὶ πολλαὶ βοσκημάτων
διαβιβαζόμεναι εἰς τὸ πέραν τοῦ ποταμοῦ κατελήφθησαν. (3.5.3) ἐνταῦθα
Τισσαφέρνης καὶ οἱ σὺν αὐτῷ καίειν ἐπεχείρησαν τὰς κώμας. καὶ τῶν Ἑλλήνων
μάλα ἠθύμησάν τινες, ἐννοούμενοι μὴ τὰ ἐπιτήδεια, εἰ καίοιεν, οὐκ ἔχοιεν ὁπόθεν
λαμβάνοιεν. (3.5.4) καὶ οἱ μὲν ἀμφὶ Χειρίσοφον ἀπῇσαν ἐκ τῆς βοηθείας· ὁ δὲ
Ξενοφῶν ἐπεὶ κατέβη, παρελαύνων τὰς τάξεις ἡνίκα ἀπὸ τῆς βοηθείας ἀπήντησαν
οἱ Ἕλληνες ἔλεγεν· (3.5.5)
-- ὁρᾶτε, ὦ ἄνδρες Ἕλληνες, ὑφιέντας τὴν χώραν ἤδη ἡμετέραν εἶναι; ἃ γὰρ ὅτε
ἐσπένδοντο διεπράττοντο, μὴ καίειν τὴν βασιλέως χώραν, νῦν αὐτοὶ καίουσιν ὡς
ἀλλοτρίαν. ἀλλ᾽ ἐάν που καταλείπωσί γε αὑτοῖς ἐπιτήδεια, ὄψονται καὶ ἡμᾶς
ἐνταῦθα πορευομένους. (3.5.6) ἀλλ᾽, ὦ Χειρίσοφε, ἔφη, δοκεῖ μοι βοηθεῖν ἐπὶ τοὺς
καίοντας ὡς ὑπὲρ τῆς ἡμετέρας. ὁ δὲ Χειρίσοφος εἶπεν·
-- οὔκουν ἔμοιγε δοκεῖ· ἀλλὰ καὶ ἡμεῖς, ἔφη, καίωμεν, καὶ οὕτω θᾶττον παύσονται.
(3.5.7) ἐπεὶ δὲ ἐπὶ τὰς σκηνὰς ἦλθον, οἱ μὲν ἄλλοι περὶ τὰ ἐπιτήδεια ἦσαν, στρατηγοὶ
δὲ καὶ λοχαγοὶ συνῇσαν.
καὶ ἐνταῦθα πολλὴ ἀπορία ἦν. ἔνθεν μὲν γὰρ ὄρη ἦν ὑπερύψηλα, ἔνθεν δὲ ὁ ποταμὸς
τοσοῦτος βάθος ὡς μηδὲ τὰ δόρατα ὑπερέχειν πειρωμένοις τοῦ βάθους. (3.5.8)
ἀπορουμένοις δ᾽ αὐτοῖς προσελθών τις ἀνὴρ ῾Ρόδιος εἶπεν·
-- ἐγὼ θέλω, ὦ ἄνδρες, διαβιβάσαι ὑμᾶς κατὰ τετρακισχιλίους ὁπλίτας, ἂν ἐμοὶ ὧν
δέομαι ὑπηρετήσητε καὶ τάλαντον μισθὸν πορίσητε. (3.5.9) ἐρωτώμενος δὲ ὅτου δέοιτο,
-- ἀσκῶν, ἔφη, δισχιλίων δεήσομαι· πολλὰ δ᾽ ὁρῶ πρόβατα καὶ αἶγας καὶ βοῦς καὶ
ὄνους, ἃ ἀποδαρέντα καὶ φυσηθέντα ῥᾳδίως ἂν παρέχοι τὴν διάβασιν.
| [3,5,1] Les Barbares tournèrent alors le dos, et chacun d'eux se sauva comme il put.
Le détachement de Xénophon fut maître des hauteurs. L'armée de Tissapherne et
celle d'Ariée se détournèrent et prirent un autre chemin. L'armée grecque, aux ordres de Chirisophe,
descendit dans la plaine, et
cantonna dans un village plein de vivres. Il y en avait beaucoup d'autres aussi bien approvisionnés
dans le même canton, sur les
bords du Tigre. Pendant l'après-midi, l'ennemi paraît à l'improviste dans la plaine, et passe au fil de
l'épée quelques Grecs qui s'y
étaient dispersés pour piller ; car on avait pris beaucoup de troupeaux, dans le moment que les
conducteurs les faisaient passer
de l'autre côté du fleuve. Alors Tissapherne et ses troupes essayèrent de mettre le feu aux villages, et
quelques Grecs s'en
désespéraient, craignant de ne plus trouver où se fournir de vivres, si les Barbares prenaient le parti
de tout brûler. Chirisophe
avec ses troupes, revenait après avoir porté secours aux Grecs épars, sur qui étaient tombés les
Barbares. Xénophon, qui
descendait de la montagne, courant en ce moment le long des rangs :"Grecs, leur dit-il, vous voyez
les Barbares regarder déjà
cette contrée comme à nous. Ce sont eux qui transgressent la condition qu'ils nous avaient imposée
par le traité, de ne rien brûler
dans l'empire du roi. Ils y portent le feu comme en pays qu'ils ne possèdent plus ; mais dans quelque
lieu qu'ils laissent des vivres
pour eux-mêmes, ils nous y verront marcher. Je suis d'avis, Chirisophe, ajouta-t-il, de porter
secours, contre ces incendiaires, aux
villages qu'ils brûlent, comme à notre bien. - Je ne suis point du tout de votre opinion, dit Chirisophe,
mettons-nous plutôt
nous-mêmes à brûler : c'est le moyen le plus prompt de faire cesser les Barbares." De retour à leurs
tentes, les généraux et les
chefs de lochos s'assemblèrent, tandis que le soldat s'occupait à chercher des vivres.
On se trouvait dans un grand embarras.
D'un côté étaient des montagnes excessivement élevées de l'autre un fleuve si profond, qu'en le
sondant avec les piques on n'en pouvait toucher le fond.
Un Rhodien vient trouver les généraux qui ne savaient quel parti prendre.
"Je me charge de faire passer l'armée, dit-il, et de transporter quatre mille hommes d'infanterie
à la fois au-delà du Tigre, si vous voulez me fournir les matériaux dont j'ai besoin, et me promettre
un talent pour récompense. - De quoi avez-vous besoin, lui demanda-t-on ? - Il me faudra, dit-il,
deux mille outres. Mais je vois beaucoup de moutons, de chèvres, de bœufs, d'ânes ; en les
écorchant et en soufflant leurs peaux, je vous procurerai un moyen facile de passer.
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