[3,5,10] δεήσομαι δὲ καὶ τῶν δεσμῶν οἷς χρῆσθε περὶ τὰ ὑποζύγια· τούτοις ζεύξας τοὺς
ἀσκοὺς πρὸς ἀλλήλους, ὁρμίσας ἕκαστον ἀσκὸν λίθους ἀρτήσας καὶ ἀφεὶς ὥσπερ
ἀγκύρας εἰς τὸ ὕδωρ, διαγαγὼν καὶ ἀμφοτέρωθεν δήσας ἐπιβαλῶ ὕλην καὶ γῆν
ἐπιφορήσω· (3.5.11) ὅτι μὲν οὖν οὐ καταδύσεσθε αὐτίκα μάλα εἴσεσθε· πᾶς γὰρ
ἀσκὸς δύ᾽ ἄνδρας ἕξει τοῦ μὴ καταδῦναι.
(3.5.12) ὥστε δὲ μὴ ὀλισθάνειν ἡ ὕλη καὶ ἡ γῆ σχήσει.
ἀκούσασι ταῦτα τοῖς στρατηγοῖς τὸ μὲν ἐνθύμημα χαρίεν ἐδόκει εἶναι, τὸ
δ᾽ ἔργον ἀδύνατον· ἦσαν γὰρ οἱ κωλύσοντες πέραν πολλοὶ ἱππεῖς, οἳ εὐθὺς τοῖς
πρώτοις οὐδὲν ἂν ἐπέτρεπον τούτων ποιεῖν. (3.5.13) ἐνταῦθα τὴν μὲν ὑστεραίαν
ὑπανεχώρουν εἰς τοὔμπαλιν (ἢ πρὸς Βαβυλῶνα) εἰς τὰς ἀκαύστους κώμας,
κατακαύσαντες ἔνθεν ἐξῇσαν· ὥστε οἱ πολέμιοι οὐ προσήλαυνον, ἀλλὰ ἐθεῶντο
καὶ ὅμοιοι ἦσαν θαυμάζειν ὅποι ποτὲ τρέψονται οἱ Ἕλληνες καὶ τί ἐν νῷ ἔχοιεν.
(3.5.14) ἐνταῦθα οἱ μὲν ἄλλοι στρατιῶται ἐπὶ τὰ ἐπιτήδεια ᾖσαν· οἱ δὲ στρατηγοὶ
πάλιν συνῆλθον, καὶ συναγαγόντες τοὺς ἑαλωκότας ἤλεγχον τὴν κύκλῳ πᾶσαν
χώραν τίς ἑκάστη εἴη. (3.5.15) οἱ δὲ ἔλεγον ὅτι τὰ πρὸς μεσημβρίαν τῆς ἐπὶ
Βαβυλῶνα εἴη καὶ Μηδίαν, δι᾽ ἧσπερ ἥκοιεν, ἡ δὲ πρὸς ἕω ἐπὶ Σοῦσά τε καὶ
Ἐκβάτανα φέροι, ἔνθα θερίζειν λέγεται βασιλεύς, ἡ δὲ διαβάντι τὸν ποταμὸν πρὸς
ἑσπέραν ἐπὶ Λυδίαν καὶ Ἰωνίαν φέροι, ἡ δὲ διὰ τῶν ὀρέων καὶ πρὸς ἄρκτον
τετραμμένη ὅτι εἰς Καρδούχους ἄγοι. (3.5.16) τούτους δὲ ἔφασαν οἰκεῖν ἀνὰ τὰ ὄρη
καὶ πολεμικοὺς εἶναι, καὶ βασιλέως οὐκ ἀκούειν, ἀλλὰ καὶ ἐμβαλεῖν ποτε εἰς
αὐτοὺς βασιλικὴν στρατιὰν δώδεκα μυριάδας· τούτων δ᾽ οὐδέν᾽ ἀπονοστῆσαι διὰ
τὴν δυσχωρίαν. ὁπότε μέντοι πρὸς τὸν σατράπην τὸν ἐν τῷ πεδίῳ σπείσαιντο, καὶ
ἐπιμιγνύναι σφῶν τε πρὸς ἐκείνους καὶ ἐκείνων πρὸς ἑαυτούς. (3.5.17) ἀκούσαντες
ταῦτα οἱ στρατηγοὶ ἐκάθισαν χωρὶς τοὺς ἑκασταχόσε φάσκοντας εἰδέναι, οὐδὲν
δῆλον ποιήσαντες ὅποι πορεύεσθαι ἔμελλον. ἐδόκει δὲ τοῖς στρατηγοῖς ἀναγκαῖον
εἶναι διὰ τῶν ὀρέων εἰς Καρδούχους ἐμβαλεῖν· τούτους γὰρ διελθόντας ἔφασαν εἰς
Ἀρμενίαν ἥξειν, ἧς Ὀρόντας ἦρχε πολλῆς καὶ εὐδαίμονος. ἐντεῦθεν δ᾽ εὔπορον
ἔφασαν εἶναι ὅποι τις ἐθέλοι πορεύεσθαι. (3.5.18) ἐπὶ τούτοις ἐθύσαντο, ὅπως ἡνίκα
καὶ δοκοίη τῆς ὥρας τὴν πορείαν ποιοῖντο· τὴν γὰρ ὑπερβολὴν τῶν ὀρέων
ἐδεδοίκεσαν μὴ προκαταληφθείη· καὶ παρήγγειλαν, ἐπειδὴ δειπνήσαιεν,
συσκευασαμένους πάντας ἀναπαύεσθαι, καὶ ἕπεσθαι ἡνίκ᾽ ἄν τις παραγγέλλῃ.
| [3,5,10] Il me faudra aussi les cordes et les sangles dont vous vous servez aux équipages pour charger
les bêtes de somme. Avec ces liens, j'attacherai les outres que j'aurai disposées les unes près des autres
; j'y suspendrai des pierres que je laisserai tomber en guise d'ancres ; puis mettant à l'eau ce radeau,
et le contenant des deux côtés par de forts liens, je jetterai dessus des fascines, et sur les fascines de la
terre. Vous allez voir que vous ne courrez aucun risque d'enfoncer ; car chaque outre peut soutenir
deux hommes ; et les fascines recouvertes de terre, vous empêcheront de glisser."
Les généraux ayant prêté l'oreille à cette proposition, jugèrent que l'invention était ingénieuse
et l'exécution impossible, car il y avait au-delà du fleuve beaucoup de cavalerie qui aurait empêché
les premières troupes, qui l'auraient essayé, de mettre pied à terre, et qui se serait opposée à tout ce
qu'on aurait tenté. Le lendemain, les Grecs revinrent
sur leurs pas vers Babylone ;
ils occupèrent des villages qui n'étaient pas brûlés, et brûlèrent ceux dont ils sortaient. Les Perses ne
firent point marcher leur
cavalerie contre eux ; ils les contemplaient et paraissaient bien étonnés, ne pouvant concevoir ni où
se porteraient leurs ennemis,
ni quel projet ils avaient en tête. Pendant que le soldat cherchait des vivres, on convoqua une
nouvelle assemblée de généraux, et
de chefs de lochos, et s'étant fait amener tous les prisonniers qu'on avait faits, on tâcha de tirer d'eux
des connaissances sur tous
les pays dont on était entouré. Ils dirent que vers le midi, par le chemin que l'armée avait suivi, on
retournerait à Babylone et dans
la Médie ; que vers l'orient étaient Suse et Ecbatane, où le roi passe le printemps et l'été ; qu'en
traversant le fleuve et tirant au
couchant, on marcherait vers l'Ionie et la Lydie ; qu'enfin vers le nord, en s'enfonçant dans les
montagnes, on se trouverait dans le
pays des Carduques. Ces peuples, disait-on, habitaient un sol montueux, étaient belliqueux, et
n'obéissaient point au roide Perse.
On prétendait qu'une armée de cent vingt mille hommes, envoyée par ce prince, avait voulu y
pénétrer, et qu'il n'en était pas
revenu un seul soldat, à cause de la difficulté des chemins ; on ajoutait que lorsque ces peuples
faisaient un traité avec le satrape
qui commandait dans la plaine, un commerce libre subsistait alors entre eux et les Perses. Après ce
rapport, les généraux firent
séparer les prisonniers qui disaient connaître chaque pays, et ne déclarèrent point quelle route ils
voulaient choisir ; mais ils
avaient jugé nécessaire de se frayer un chemin dans les montagnes des Carduques ; car on leur avait
annoncé qu'après les avoir
traversées, ils entreraient en Arménie, pays vaste et fertile où commandait Orontas. De là on
prétendait qu'il leur serait facile de
se porter où ils voudraient. Ils sacrifièrent ensuite afin qu'il leur fût loisible de partir à l'heure qu'ils
jugeraient convenable, car ils
craignaient qu'on ne s'emparât d'avance du sommet des montagnes. On fit dire à l'ordre que l'armée,
après avoir soupé, pliât ses bagages, puis se reposât, mais fût prête à marcher dès qu'on l'en avertirait.
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