HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Tryphiodore, La prise de Troie

Vers 250-299

  Vers 250-299

[250] τοῖσι δὲ τετρηχυῖα καὶ ἄκριτος ἔμπεσε βουλή·
251 οἱ μὲν γὰρ πολέμῳ βαρυπενθέι κεκμηῶτες,
252 ἵππον ἀπεχθήραντες, ἐπεὶ πέλεν ἔργον Ἀχαιῶν,
253 ἤθελον δολιχοῖσιν ἐπὶ κρημνοῖσιν ἀράξαι
254 ἠὲ καὶ ἀμφιτόμοισι διαρρῆξαι πελέκεσσιν·
255 οἱ δὲ νεοξέστοιο πεποιθότες ἔργμασι τέχνης
256 ἀθανάτοις ἐκέλευον ἀρήιον ἵππον ἀνάψαι,
257 ὕστερον Ἀργείοιο μόθου σημήιον εἶναι.
258 φραζομένοις δ´ ἐπὶ τοῖσι παναίολα γυῖα κομίζων
259 γυμνὸς ὑπὲρ πεδίοιο φάνη κεκακωμένος ἀνήρ·
260 αἵματι δὲ σμώδιγγες ἀεικέϊ βεβριθυῖαι
261 ἴχνια λωβήεντα θοῶν ἀνέφαινον ἱμάντων.
262 αὐτίκα δὲ Πριάμοιο ποδῶν προπάροιθεν ἐλυσθεὶς
263 ἱκεσίαις παλάμῃσι παλαιῶν ἥψατο γούνων,
264 λισσόμενος δὲ γέροντα δολοπλόκον ἴαχε μῦθον·
265 ἄνδρα μὲν Ἀργείοισιν ὁμόπλοον εἴ μ´ ἐλεαίρεις,
266 Τρώων δὲ ῥυστῆρα καὶ ἄστεος εἴ με σαώσεις,
267 Δαρδανίδη σκηπτοῦχε, καὶ ὕστατον ἐχθρὸν Ἀχαιῶν
268 οἷά με λωβήσαντο θεῶν ὄπιν οὐκ ἀλέγοντες
269 οὐδὲν ἀλιτραίνοντα, κακοὶ καὶ ἀπηνέες αἰεί·
270 ὣς μὲν Ἀχιλλῆος γέρας ἥρπασαν Αἰακίδαο,
271 ὣς δὲ Φιλοκτήτην ἔλιπον πεπεδημένον ὕδρῳ,
272 ἔκτειναν δὲ καὶ αὐτὸν ἀγασσάμενοι Παλαμήδην.
273 καὶ νῦν οἷά μ´ ἔρεξαν ἀτάσθαλοι, οὕνεκα φεύγειν
274 οὐκ ἔθελον σὺν τοῖσι, μένειν δ´ ἐκέλευον ἑταίρους·
275 οἱ δὲ νοοπλήγεσσιν ἀτασθαλίῃσι δαμέντες
276 εἵματα μέν μ´ ἀπέδυσαν, ἀεικελίῃσι δ´ ἱμάσθλαις
277 πᾶν δέμας οὐτήσαντες ἐπὶ ξείνῃ λίπον ἀκτῇ.
278 ἀλλά, μάκαρ, πεφύλαξο Διὸς σέβας ἱκεσίοιο·
279 χάρμα γὰρ Ἀργείοισι γενήσομαι, εἴ κεν ἐάσῃς
280 χερσὶν ὕπο Τρώων ἱκέτην καὶ ξεῖνον ὀλέσθαι.
281 αὐτὰρ ἐγὼ πάντεσσιν ἐπάρκιος ἔσσομαι ὑμῖν
282 μηκέτι δειμαίνειν πόλεμον παλίνορσον Ἀχαιῶν.
283 ὣς φάτο· τὸν δ´ γέρων ἀγανῇ μειλίξατο φωνῇ·
284 ξεῖνε, σὲ μὲν Τρώεσσι μεμιγμένον οὐκέτ´ ἔοικε
285 τάρβος ἔχειν· ἔφυγες γὰρ ἀνάρσιον ὕβριν Ἀχαιῶν.
286 αἰεὶ δ´ ἡμέτερος φίλος ἔσσεαι, οὐδέ σε πάτρης
287 οὐδὲ πολυκτεάνων θαλάμων γλυκὺς ἵμερος αἱρεῖ.
288 ἀλλ´ ἄγε καὶ σύ μοι εἰπέ, τί τοι τόδε θαῦμα τέτυκται,
289 ἵππος, ἀμειλίκτοιο φόβου τέρας· εἰπὲ δὲ σεῖο
290 οὔνομα καὶ γενεήν, ὁπόθεν δέ σε νῆες ἔνεικαν.
291 τὸν δ´ ἐπιθαρσήσας προσέφη πολυμήχανος ἥρως·
292 ἐξερέω καὶ ταῦτα· σὺ γάρ μ´ ἐθέλοντα κελεύεις.
293 Ἄργος μοι πόλις ἐστί, Σίνων δέ μοι οὔνομα κεῖται·
294 Αἴσιμον αὖ καλέουσιν ἐμὸν πολιὸν γενετῆρα·
295 ἵππον δ´ Ἀργείοισι παλαίφατον εὗρεν Ἐπειός·
296 εἰ μὲν γάρ μιν ἐᾶτε μένειν αὐτοῦ ἐνὶ χώρῃ,
297 Τροίην θέσφατόν ἐστιν ἑλεῖν πόλιν ἔγχος Ἀχαιῶν·
298 εἰ δέ μιν ἁγνὸν ἄγαλμα λάβῃ νηοῖσιν Ἀθήνη,
299 φεύξονται προφυγόντες ἀνηνύστοις ἐπ´ ἀέθλοις.
[250] Dans l'admiration dont les Troyens sont saisis, ils forment mille projets aussi légers qu'absurdes, sans savoir auquel s'arrêter. Ceux-ci, rebutés d'une guerre qui les a épuisés, et détestant une machine qui est l'ouvrage de leurs ennemis, veulent qu'on la précipite du haut des rochers les plus élevés, ou qu'elle soit détruite par le tranchant de la hache : ceux-là, espérant tirer quelque parti d'un chef-d'oeuvre aussi parfait, et désirant de le conserver, veulent en faire une offrande aux immortels, et le suspendre aux voûtes de leurs temples, où il deviendra peut-être dans la suite le sujet de nouvelles hostilités, si les Grecs sont tentés de le reprendre. Tandis qu'on délibérait sur ces divers expédients, on vit paraître dans la campagne un misérable couvert de plaies, et dont aucun vêtement ne cachait l'affreuse nudité : les meurtrissures qui paraissaient à la surface de son corps étaient les marques d'autant de coups de fouet donnés avec force. Il s'approcha, et, se voyant à portée de Priam, il se jeta à ses pieds, lui tendit des mains suppliantes, et après avoir embrassé les genoux du vieillard, il implora sa clémence en lui adressant ce discours artificieux : «Illustre héritier du trône de Dardanus, si tu daignes prendre en pitié un malheureux qui a passé les mers avec les Grecs pour aborder en ces lieux, tu sauveras la vie à un homme destiné à être le libérateur des Troyens et de leur ville, en un mot, à l'ennemi mortel des Grecs. Vois en quel horrible état ils m'ont mis : sans doute ils craignent peu la vengeance céleste. Hélas ! que leur avais-je fait pour me traiter si indignement ? Mais ce n'est pas la première injustice dont ils se sont rendus coupables. N'ont-ils pas commis la plus noire ingratitude en enlevant à Achille le prix de son courage ? Philoctète, abandonné par eux dans une île déserte, n'a-t-il pas éprouvé toute leur perfidie ? Palamède enfin n'est-il pas tombé sous leurs coups, victime d'une basse jalousie ? Que de tourments, ô ciel ! ces barbares m'ont fait souffrir, et cela, parce que j'ai refusé de m'en retourner avec eux, et que j'ai tâché de persuader à mes compagnons de ne point quitter ce rivage. Les cruels ont suivi les conseils des plus jeunes d'entre eux ; ils m'ont battu sans pitié ; après m'avoir dépouillé, ils m'ont horriblement écorché à coups de lanières, et ils m'ont laissé sur une terre étrangère. Prince fortuné, sois toujours l'imitateur fidèle du maître des dieux, de cet auguste protecteur des malheureux réduits à l'état de suppliants. Quel triomphe pour les Grecs, si tu permettais aux Troyens de violer en ma personne les droits de l'infortune et de l'hospitalité ! Daigne m'accueillir, et je te promets que tu n'auras point à craindre de la part des Grecs de nouvelles hostilités». Il dit, et le vieillard cherchait à le rassurer, en lui parlant du ton le plus affable : «Ami, lui dit-il, pourrais-tu encore éprouver des alarmes au milieu de nous, et lorsque tu n'as plus aucune injure à redouter de la part des Grecs ? Tu seras désormais notre ami, et ce titre seul te tiendra lieu de patrie et de biens. Mais, de grâce, dis-moi à quoi bon cette admirable machine ? Dans quelle vue a-t-on construit cet énorme cheval, dont le seul aspect inspire une surprise mêlée d'effroi ? Apprends-moi ton nom, ta naissance ; que je sache enfin d'où sont partis les vaisseaux qui t'ont conduit sur ces bords». L'étranger, toujours fécond en ruses et feignant de prendre courage, repartit ainsi : «Je répondrai à toutes tes questions, puisque tu me l'ordonnes. J'ai reçu le jour dans Argos, et je me nomme Sinon. Aésimus, un mortel blanchi par les années, est mon père. C'est au génie d'Epéus que les Grecs doivent l'invention de ce cheval, que d'anciens oracles leur avaient promis. Sache que les dieux ont arrêté que si vous le laissez dans la campagne, Troie doit tomber au pouvoir des Grecs : si Pallas au contraire le reçoit dans son temple comme un hommage rendu à sa divinité, vos ennemis s'enfuiront, honteux d'avoir fait jusqu'ici d'inutiles efforts.


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Dernière mise à jour : 29/11/2006