[200] τοῖσι δ´ ἐπεκλήισσε θύρην ἐγκύμονος ἵππου
201 πιστὸς ἀτεκμάρτοιο δόλου πυλαωρὸς Ὀδυσσεύς.
202 αὐτὸς δ´ ἐν κεφαλῇ σκοπὸς ἕζετο· τὼ δέ οἱ ἄμφω
203 ὀφθαλμὼ ποθέοντες ἐλάνθανον ἐκτὸς ἐόντας.
204 Ἀτρείδης δ´ ἐκέλευσεν ὑποδρηστῆρας Ἀχαιοὺς
205 λῦσαι λάινον ἕρκος ἐυγνάμπτοισι μακέλλαις,
206 ἵππος ὅπερ κεκάλυπτο· θέλεν δέ ἑ γυμνὸν ἐᾶσαι,
207 τηλεφανὴς ἵνα πᾶσιν ἑὴν χάριν ἀνδράσι πέμποι.
208 καὶ τὸ μὲν ἐξελάχαινον ἐφημοσύνῃ βασιλῆος.
209 ἠέλιος δ´ ὅτε νύκτα παλίνσκιον ἀνδράσιν ἕλκων
210 ἐς δύσιν ἀχλυόπεζαν ἑκηβόλον ἔτραπεν ἠῶ,
211 δὴ τότε κηρύκων ἀπεκίδνατο λαὸν ἀυτὴ
212 φεύγειν ἀγγελέουσα καὶ ἑλκέμεν εἰς ἅλα κοίλην
213 νῆας ἐυκραίρους ἀνά τε πρυμνήσια λῦσαι.
214 ἔνθα δὲ πευκήεντος ἀνασχόμενοι πυρὸς ὁρμὴν
215 ἕρκεά τε πρήσαντες ἐυσταθέων κλισιάων
216 νηυσὶν ἀνεπλώεσκον ἀπὸ Ῥοιτειάδος ἀκτῆς
217 ὅρμον ἐς ἀντιπέραιον ἐυστεφάνου Τενέδοιο
218 γλαυκὸν ἀναπτύσσοντες ὕδωρ Ἀθαμαντίδος Ἕλλης.
219 μοῦνος δὲ πληγῇσιν ἑκούσια γυῖα χαραχθεὶς
220 Αἰσιμίδης ἐλέλειπτο Σίνων, ἀπατήλιος ἥρως,
221 κρυπτὸν ἐπὶ Τρώεσσι δόλον καὶ πήματα κεύθων.
222 ὡς δ´ ὁπότε σταλίκεσσι λίνον περικυκλώσαντες
223 θηρσὶν ὀριπλανέεσσι λόχον πολυωπὸν ἔπηξαν
224 ἀνέρες ἀγρευτῆρες· ὁ δ´ ἐκκριδὸν οἶος ἀπ´ ἄλλων,
225 λαθρίδιος πυκινοῖσιν ὑπὸ πτόρθοισι δεδυκώς,
226 δίκτυα παπταίνων ἔλαθεν θηροσκόπος ἀνήρ·
227 ὣς τότε λωβητοῖσι περίστικτος μελέεσσι
228 Τροίῃ λυγρὸν ὄλεθρον ἐμήδετο. κὰδ δέ οἱ ὤμους
229 ἕλκεσι ποιητοῖσι κατέρρεε νήχυτον αἷμα.
230 ἡ δὲ περὶ κλισίῃσιν ἐμαίνετο παννυχίη φλὸξ
231 καπνὸν ἐρευγομένη περιδινέα φοιτάδι ῥιπῇ·
232 Ἥφαιστος δ´ ἐκέλευεν ἐρίβρομος· ἐκ δὲ θυέλλας
233 παντοίας ἐτίνασσεν ἐπιπνείουσα καὶ αὐτή,
234 μήτηρ ἀθανάτοιο πυρός, φαεσίμβροτος Ἥρη.
235 ἤδη δὲ Τρώεσσι καὶ Ἰλιάδεσσι γυναιξὶν
236 ὄρθρον ὑπὸ σκιόεντα πολύθροος ἤλυθε φήμη
237 δήιον ἀγγέλλουσα φόβον σημάντορι καπνῷ.
238 αὐτίκα δ´ ἐξέθορον πυλέων πετάσαντες ὀχῆας
239 πεζοί θ´ ἱππῆές τε καὶ ἐς πεδίον προχέοντο
240 διζόμενοι, μή πού τις ἔην δόλος ἄλλος Ἀχαιῶν.
241 οἱ δὲ θοοὺς οὐρῆας ὑποζεύξαντες ἀπήναις
242 ἐκ πόλιος κατέβαινον ἅμα Πριάμῳ βασιλῆι
243 ἄλλοι δημογέροντες· ἐλαφρότατοι δ´ ἐγένοντο
244 θαλπόμενοι περὶ παισίν, ὅσους λίπε φοίνιος Ἄρης,
245 ὀσσόμενοι καὶ γῆρας ἐλεύθερον· οὐ μὲν ἔμελλον
246 γηθήσειν ἐπὶ δηρόν, ἐπεὶ Διὸς ἤθελε βουλή.
247 οἱ δ´ ὅτε τεχνήεντος ἴδον δέμας αἰόλον ἵππου,
248 θαύμασαν ἀμφιχυθέντες, ἅτ´ ἠχήεντες ἰδόντες
249 αἰετὸν ἀλκήεντα περικλάζουσι κολοιοί.
| [200] Ulysse,
à qui l'on avait confié la garde de la porte, eut grand soin de la fermer dès que les flancs du cheval
eurent reçu tous ceux qui devaient y entrer. Il se plaça sur une hauteur, pour être plus à portée de
découvrir au loin. Les Atrides avaient déjà donné leurs ordres pour qu'on employât des ouvriers de
l'armée à démolir la muraille derrière laquelle était caché le chef-d'oeuvre d'Epéus. Ulysse fut aussi
d'avis de le mettre à découvert, afin qu'étant aperçu de plus loin, il attirât les regards de tous ceux qui
seraient à portée de juger de la beauté de ses proportions. En conséquence, la démolition ordonnée
par le roi des rois fut exécutée. Dès que le soleil, précipitant ses rayons dans l'Océan, eut fait place à
la nuit, on entendit des hérauts publier dans le camp qu'il fallait délier les cordages qui retenaient les
vaisseaux à terre, et qu'après avoir porté la flamme dans les retranchements et détruit les tentes qui y
étaient dressées, on devait s'éloigner du rivage troyen. Déjà les Grecs traversaient les flots où se
précipita jadis la fille d'Athamas ; ils ne laissaient derrière eux que le perfide Sinon, qui, pour mieux
tromper l'ennemi et le perdre plus sûrement, s'était lui-même meurtri de coups. Tel on voit un rusé
chasseur se tapir à l'écart entre des branches touffues, tandis que ses compagnons dressent leurs
filets autour d'une enceinte plantée de pieux ; il ne pense pas que sa proie puisse lui échapper ; il
guette en silence, et, l'oeil toujours fixé vers le piège, il observe attentivement tous les animaux qui
viennent s'y rendre : tel le malheureux Sinon, s'étant impitoyablement déchiré le corps, méditait la
ruine des Troyens. Le sang qui sortait de ses blessures ruisselait le long de son dos.
Cependant la flamme,ravageant les tentes des Grecs, brillait au milieu des ténèbres de la nuit ; on la
voyait s'élancer avec impétuosité, et vomir des tourbillons de fumée. Le dieu dont les feux exercent au
loin leur fracas, Vulcain lui-même présidait à cet incendie, c'était lui qui portait dans tout le camp
l'élément destructeur ; la déesse sa mère excitait l'ardeur des flammes par son souffle divin. L'aurore
n'était pas loin de paraître, lorsque la Renommée, qui ne sait rien taire, vint répandre la terreur dans
l'esprit des Troyens et de leurs épouses, en leur montrant les torrents de fumée qui s'élevaient dans
l'air. A l'instant ils se rendirent en hâte hors de leurs portes. Bientôt la campagne fut couverte de gens
à pied et à cheval, cherchant à reconnaître si ce qu'ils voyaient n'était point une ruse de la part des
Grecs. Les uns, traînés dans leurs chariots par d'agiles mulets, accompagnaient hors des murs leur
roi Priam ; les vieillards, ranimés à la vue de ceux de leurs enfants qui avaient échappé à la fureur de
Mars, accouraient en diligence, malgré la pesanteur de l'âge ; ils se promettaient enfin de voir couler
le reste de leurs jours dans une heureuse liberté. Mais hélas ! leur joie ne devait pas durer longtemps,
et les décrets de Jupiter étaient près de s'accomplir.
Les Troyens n'eurent pas plutôt aperçu le cheval de merveilleuse structure, qu'ils se rassemblèrent
autour de lui pour le considérer. Ils ne pouvaient se lasser de se récrier sur la beauté de ce chef-
d'oeuvre : telle on voit une troupe de geais faire retentir l'air de leurs cris, à l'aspect d'un aigle qui
plane au-dessus d'eux, et dont la force les étonne.
|